Chapitre 5

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Je reste calme. Il ne m’a pas reconnu.

Je peux pas foncer tête baissée, il me faut un plan.

Le vendeur me demande une pièce d’identité pour la location du film.

Je fais style de chercher dans mon imper et lui réponds tout penaud.

- Mince, j’ai dû laisser mes papiers dans ma voiture.

- Ok allez-y, je mets votre film de côté.

Bien sûr, comme si quelqu’un allait se perdre dans ce trou à rat pour louer « Jack Burton »

Je fonce à ma voiture. M’assois. Ferme la portière et je réfléchis…

J’enlève mon imper, enfile mon masque, allume le contact. Je fais rugir le moteur, comme les blaireaux aux feux rouges qui se croient dans « Fast and Furious »

Je mets la ceinture, passe la première, j’accélère en direction du vidéo club. J’accélère encore et encore.

Impact dans deux secondes.

J’arrive devant le magasin. Je défonce la vitrine et dans un fracas assourdissant, viens m’écraser contre le comptoir. Le vendeur n’a pas le temps de réaliser, qu’il traverse mon pare-brise et finit tête première sur le siège passager.

La place du mort…

Y’a du verre partout. Le moteur fume. Je suis un peu secoué. Je reprends mes esprits et tente tant bien que mal de sortir de la caisse.

La porte de la réserve s’ouvre.

Le Jean-Clone.

Après quelques secondes d’hésitation, il comprend la situation. Il se jette sur les restes du comptoir, sort un flingue.

Merde.

Il me vise. Je me jette à terre. Tire trois-quatre coups.

Je me prends une balle dans l’épaule et une autre dans le dos.

Ça fait un mal de chien. Je suis à terre, plus de force pour me relever ou même faire quoi que ce soit.

Le Jean-Clone s’approche. Je lève la tête. Je suis en joue.

Il tire …

Je sursaute. Je me passe les mains sur la figure. Je suis trempé. Pour le coup, j’ai un peu trop réfléchi.

Toujours dans ma voiture, le gars du vidéoclub doit me trouver un peu long.

Bon…Ben finalement je ne vois pas d’autres solutions. J’enfile mon masque. Respire un bon coup.

C’est parti. ..Pourvu que ça se passe mieux.

Trop tard pour reculer. Alors que ma caisse fonce tout droit sur la vitrine, j’ai comme une intuition.

Ou plutôt un flash. Ou plutôt la trouille.

En fait, je ne le sens vraiment pas.

J’enlève ma ceinture et me jette de la voiture. Celle-ci va s’écraser dans le magasin alors que je m’éclate par terre et finis ma course dans un tapis de débris de verres.

Pas le temps d’avoir mal. J’ai carrément super mal, mais pas le temps de m’apitoyer si je ne veux pas finir une balle dans la tête.

Le magasin est en miettes.

Comme prévu, ma voiture a terminé sa course contre le comptoir.

Le vendeur a dû se lever et guetter devant la porte car il n’a pas fini sur le siège passager mais en steak haché sur mon pare-choc. C’est dégueu mais je vais mieux.

La porte de la réserve s’ouvre. Je ne laisse pas le temps au Jean-Clone de sortir que je referme violemment la porte d’un coup de pied.

D’après le bruit, il se l’est bien mangée et dévale les escaliers de la réserve.

Je le suis.

Quand je vois le nombre de marches, je me dis qu’il ne va pas être beau à voir.

J’arrive en bas. Prévisible. Il est tout désarticulé.

On dirait qu’on a jeté un vieux chiffon sur les marches pour couvrir une mare de sang.

La réserve est minuscule. Toujours pas de trace de Lucy.

C’est un vrai foutoir, des dizaines de cartons empilés les uns sur les autres, remplis de vhs.

Mais comment il a fait pour retrouver ma cassette dans tout ce bordel ?

Je pourrais réfléchir à la question ou même émettre deux-trois hypothèses si la situation n’était pas si grave.

Je fais le tour de la pièce en mode « je tâtonne les murs à la recherche d’un passage secret comme j’ai pu le voir dans pleins de films ».

Mais je trouve tout simplement une porte sous les escaliers.

Je tire. Fermée. Merde.

Au cas où, je pousse. Non c’est bien fermé.

Tant pis pour le bruit, je la défonce. Bim ! Elle ne bronche pas. Tant pis pour mon épaule…

Subitement, je suis pris d’un doute. J’attrape la poignée et fais coulisser la porte vers la droite.

Elle s’ouvre. Tant pis pour ma fierté…

Je franchis la porte et longe un couloir. Pas de lumière, je n’y vois rien du tout. Ça doit mener à une cave ou un truc du genre.

Je sens un obstacle, une porte. Je trouve la poignée, cette fois-ci elle s’ouvre en tirant.

Je pénètre dans une pièce, enfin je pense car je ne sens plus les murs étroits sur les côtés. Par contre il fait toujours aussi noir.

Je m’arrête. Je tends l’oreille. J’entends une respiration.

Y’a quelqu’un.

- Lucy ! C’est toi ? je chuchote.

Une voix masculine et hautaine me répond.

- Enfin, le lapin est sorti de son terrier.

Un projecteur s’allume, m’aveugle et inonde la pièce.

Wouah, ça pique les yeux. Á demi clos et larmoyants, ces derniers font l’inventaire des lieux.

Je ne suis pas dans une cave mais dans un immense salon, chaleureux et je dois l’avouer très bien décoré.

En face de moi, mon interlocuteur assis dans son confortable canapé d’angle se lève et dit.

- Bien fort et sec.

- Non merci, j’ai pas soif, je dis sans conviction.

J’ai compris deux secondes plus tard qu’il ne parlait pas à moi mais au connard dans mon dos qui a très bien appliqué la consigne.

Ma nuque se prend un bon coup, bien fort et sec.

Knock out.

Je perds connaissance.

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