L'heure court et je m'aperçois qu'il est presque 18 h 00, deux heures déjà que je suis auprès de toi, seule avec toi à te raconter ma vie sans toi.

Deux heures volées à l'éternité, c'est tellement peu et pourtant pour moi, ces deux heures m'ont fait un bien énorme. J'ai enfin pu me libérer de beaucoup de non-dits.

Revenir en arrière, revivre auprès de toi un temps qui n'est plus et qui ne sera plus. Aujourd'hui tout comme il y a 17 ans tu me laisses seule.

Aurais-je le courage de continuer le chemin ? Aurais-je le courage de me lever chaque matin ? pour qui ? pour quoi ?

Même si physiquement tu n'étais pas près de moi, j'avais toujours en moi cette petite flamme qui me disait, il doit se lever lui aussi, se préparer, partir au bureau. Vivre ta vie par procuration était devenu mon quotidien, mais aujourd'hui, ceci n'a plus lieu d'être.

Tourner la page, voilà ma guérison, le pourrais-je ? y suis-je prête ? Rien n'est moins sûr. Demain quand tu partiras à tout jamais pour rejoindre ta dernière demeure, je ne t'accompagnerai pas. Ma place n'est pas auprès de toi, je laisserai ce rôle à Laurence, ton épouse.

Je resterai chez moi, t'accompagnant par ma pensée et, comme nous avions tous deux, la même croyance, je sais que la mort n'est qu'un passage et que l'on se retrouvera.

J'écouterai en boucle "l'hymne à l'amour" qui me redonnera l'espoir à travers les mots d'Edith PIAF "Dans le ciel plus de problème, Dieu réunit ceux qui s'aiment".

Adieu Daniel où plutôt à bientôt.