La Danse Macabre

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Galata eut un sommeil agité pendant la nuit. Bien que profondément endormie, elle refit ce rêve qu'elle faisait souvent et qui lui semblait si réel à chaque fois. Elle n'arrivait jamais à se rappeler des détails de ce cauchemar, seulement des flashs, des voix, des cris et un grondement sourd. Et à chaque réveil, elle était dans un état de panique, en sueur et haletante. Il lui arrivait même quelques fois de pleurer à chaudes larmes, sans vraiment savoir pourquoi, comme ce fut le cas pour cette nuit-là. Elle ne criait plus comme autrefois quand elle était enfant pour appeler Mama mais elle aurait aimé le faire afin d'être réconfortée. Elle reprit ses esprits peu à peu et sortit de son lit. Son réveil indiqua 3h16, il était encore trop tôt mais ses draps étaient trempés par la sueur et elle ne supportait pas la sensation si désagréable que de dormir dans cette humidité. Elle décida de les changer puis elle sortit pour se rendre dans la cuisine pour prendre un verre d'eau sans prendre la peine d'enfiler un peignoir, vêtue seulement d'un boxer et d'un débardeur qui remontait au-dessus du nombril. Le liquide frais lui fit du bien à l'intérieur. Elle alla ensuite dans la salle de bain pour s'asperger le visage puis resta un moment au-dessus du lavabo, les gouttes perlant de son visage, les yeux fermés. Impossible de se souvenir de ce fichu rêve et pourtant, c'était bien le même à chaque fois. Jusqu'à présent, personne n'avait pu l'aider à le déchiffrer ni même le révéler. Un médecin émit, un jour, l'hypothèse qu'il s'agissait d'un souvenir très douloureux vécu durant sa petite enfance et enfouit au plus profond d'elle-même. Il était possible qu'un jour elle puisse arriver à s'en souvenir à force d'efforts, de concentration et de patience. Mais Galata ne parvenait jamais à retrouver la moindre bribe de souvenir.

Elle s'essuya le visage et retourna se coucher.

Galata se leva assez tard dans la matinée mais elle se sentait en pleine forme malgré le cauchemar de cette nuit. Comme la veille, le soleil brillait à travers les volets en bois de sa fenêtre qu'elle ouvrit pour faire entrer l'air doux de ce début d'été. La jeune fille était bien plus calme qu'à son premier réveil mais ce dernier continuait de la perturber, même si elle avait pris l'habitude avec les années. Elle ne se souvenait plus de la première fois qu'elle s'était réveillée en pleurs car cela remontait déjà à ses trois ans. Mama venait régulièrement la réconforter au milieu de la nuit mais en grandissant, Galata voulait devenir forte et ne plus se laisser troubler par ce mauvais rêve dont il était impossible de se souvenir.

Elle enfila un peignoir en soie fin, cadeau luxueux de Mama pour son dernier anniversaire qu'elle avait confectionné elle-même à partir de tissus très chers, et descendit prendre son petit-déjeuner. Mama était en train de nettoyer la cuisine lorsqu'elle la vit arriver.

— Bonjour ma chérie, la salua-t-elle. Tu as bien dormi ?

— Bonjour, ça va oui.

— Je t'ai entendu te lever cette nuit, as-tu encore fait ce rêve ?

On ne pouvait décidément rien lui cacher. Galata préféra dire la vérité :

— Oui. Mais je ne peux toujours pas m'en souvenir précisément, à part des cris, ceux d'une femme je crois, et des flashs de lumière aveuglante… c'est tout.

— C'est déjà pas mal, fit remarquer Mama. Avant tu n'arrivais pas à te rappeler de quoi que ce soit. Ne t'inquiète pas ma petite Galata, nous finirons bien par savoir de quoi il s'agit. Manges en attendant, tout est prêt.

— Merci ma petite Mama, tu es la meilleure.

Elle l'embrassa affectueusement sur la joue avant de se mettre à table.

— Tu es devenue une bien jolie jeune fille tu sais, lui dit la nourrice en reprenant son ménage. Tu dois attirer pas mal de garçon dans ton lycée, non ?

— Non pas vraiment, répondit Galata en préparant son pain.

— Tu sais tu peux m'en parler, ma chérie. Il n'y a pas un garçon qui t'attire plus que les autres ?

— Pas que je sache.

— Et ce garçon qui est venu hier… comment s'appelle-t-il déjà… ? Mayt !

— C'est juste un ami, Mama. On s'entend bien, c'est tout.

— La base d'une relation saine c'est de bien s'entendre.

— Je ne me vois pas faire ma vie avec un garçon comme Mayt, dit Galata, simplement. Lui-même n'est pas prêt pour une relation amoureuse. Il n'a que les jeux vidéo en tête et ne sait même pas ce qu'il veut faire après l'école.

— Je vois. Et cette jeune fille, Lailah… qu'est-ce qu'elle veut faire plus tard ?

— Je ne sais pas trop… elle a plusieurs idées en tête mais se tâte encore entre de la médecine et de l'humanitaire…

— Elle est si charmante cette petite, déclara Mama en frottant sa cuisinière avec sa brosse. Elle sera une véritable femme modèle.

— Mama…, ronchonna Galata. Pas de comparaison, s'il-te-plaît.

— Et elle est si mignonne en plus, continua Mama sans relever la remarque de sa protégée. Elle aussi doit avoir du succès auprès des garçons.

— Elle est bien trop timide pour ça…

— Et en plus elle est modeste ! Elle a tout pour elle cette jeune fille.

— Bon, lança Galata avec une pointe d'exaspération, je vais aller me préparer pour aller au gymnase.

— Tu vas encore aller te battre ! s'indigna la nourrice.

— Bien sûr, ce sont les quarts de finale. Je ne vais pas louper ça, surtout face à cette mégère de Janess…

— Galata ! gronda Mama. Qu'est-ce que j'ai déjà dit ?

— Je sais… pardon, on ne parle pas comme ça des autres…

Elle fila dans sa chambre pour s'habiller sans finir son déjeuner.

Mayt et Lailah attendaient leur amie devant les portes du gymnase tandis que les gens commençaient à rentrer pour s'installer sur les gradins. Comme la veille, il y avait beaucoup de monde et le jeune garçon craignait ne pas avoir de bonnes places pour s'asseoir face au ring.

— Mais qu'est-ce qu'elle fait bon sang ? s'exclama-t-il en mangeant un sandwich acheté sur la route. On va se retrouver tout en haut des marches !

— Soit un peu patient, lui intima Lailah. Les matchs sont loin de commencer encore et Galata ne passe qu'en deuxième. Oh, là là ! J'espère qu'elle ne va pas avoir de soucis face à Janess… Elle devrait peut-être déclarer forfait, non ?

— Quoi ? s'indigna Mayt. Mais ça ne va pas ? Galata n'abandonnera jamais un combat même perdu d'avance !

— C'est bien ce qui me fait peur…, gémit la petite blonde en frissonnant.

— La voilà ! s'écria Mayt en montrant du doigt la touffe de cheveux orange qui courrait vers eux.

— Ouf ! souffla-t-elle en arrivant à leur hauteur. Juste à temps…

— Tu as bien faillit être en retard, gronda Mayt. Regarde tous ces gens qui sont venus pour te voir !

— Je l'ai fait exprès, expliqua Galata en reprenant son souffle. Maître Rayzen m'a dit qu'en se mettant en retard cela nous force à courir pour rattraper le retard et cela permet d'être bien échauffé avant le combat.

— Dans ce cas tu es toute excusée, dit Mayt en lui tapant l'épaule. Allez, il est temps de te préparer, vas vite au vestiaire et surtout reste bien concentrée !

— T'inquiète, lui dit-elle en lui tapant la main. On se voit tout à l'heure !

— Courage, Galata.

Les gens commençaient à la reconnaitre et à la pointer du doigt sur le chemin des vestiaires.

Ça doit être ça, le début de la notoriété, pensa-t-elle.

Elle continua sans faire attention aux regards majoritairement admiratifs mais dont certains étaient plutôt moqueurs. Sachant que Janess était son adversaire, il était fort à parier que Bérine avait mis sa main à la patte pour essayer de ternir l'image de Galata. Arrivée au vestiaire, elle se changea pour enfiler sa tenue de combat et se rendit à l'espace dédié aux combattants. A côté de la porte et adossé contre le mur, Maître Rayzen attendait son élève, portant toujours son chapeau de cow-boy et son grand manteau noir.

— Comment te sens-tu aujourd'hui ? lui demanda-t-il en levant les yeux vers elle.

— Je me sens prête, répondit Galata.

— Ton adversaire à une technique très particulière basée sur une dance ancestrale. Tu dois faire très attention à ses mouvements.

— D'accord. Une petite astuce ?

— Souviens-toi des mouvements que je t'ai enseignés à l'entrainement. Ils t'aideront.

— Sympa le conseil…, ronchonna l'élève.

Les autres combattants étaient déjà là. Certains s'échauffaient, d'autres se concentraient en méditant. Seules Bérine et Janess étaient dans un coin à discuter, comme si le tournoi n'était qu'une formalité. En la voyant du coin de l'œil, elles se mirent à pouffer mais lorsque maître Rayzen arriva derrière sa protégée, elles se turent en tournant la tête de l'autre côté.

— Ne te laisse pas déconcentrer ou décontenancer, lui dit le maître. Commence ton échauffement.

— Bien maître.

— As-tu suivit mon conseil sur le retard ?

— Oui, maître. J'ai couru comme j'ai pu pour arriver à l'heure.

— Bien.

Pendant qu'elle s'étirait, Rayzen observa les autres concurrents. Il avait déjà remarqué les deux filles dans le coin. Bien qu'ayant un certain potentiel, ce n'était que du menu fretin. Les quatre suivants ne représentaient pas grand intérêt non plus. L'un d'eux, vêtu d'une combinaison de catch, avait gagné de justesse au combat de la veille. Quant aux autres, ils pouvaient mettre à mal son élève mais n'étaient pas un véritable danger pour elle. Il s'attarda sur le tout dernier et huitième adversaire. Il était habillé entièrement de noir avec une capuche sur la tête et un masque rouge de démon sur le visage. Sa posture de méditation lui rappelait vaguement quelqu'un.

— Hum…, marmonna-t-il.

— Quelque chose ne va pas ? demanda Galata, sa jambe droite derrière la tête.

— Ne t'inquiète pas, lui dit son maître. Garde ta concentration.

Une voix résonna dans la pièce annonçant le premier combat. Bérine et son adversaire, le catcheur, sortirent de la pièce pour se rendre sur le ring. Des acclamations résonnèrent des gradins.

— Je vais aller observer le match, dit Rayzen à Galata. Continue de t'échauffer et répète quelques pas de danse.

— Bien chef !

Le maître sortit par l'autre porte pour se rendre sur les gradins.

— Il est marrant, marmonna Galata pour elle-même, mais il n'y a pas assez de place ici pour faire des pas de danse.

Elle sortit également pour aller dans le couloir. Il n'y avait personne et l'espace était assez grand pour bouger sans avoir d'obstacle. Elle se positionna, respira profondément et commença à danser. Sur la pointe des pieds, un pas en avant, puis sur le côté, trois en arrière et les bras au-dessus de la tête. Ses mouvements étaient amples, souples et légers, telle une plume volant au gré d'une brise légère. Après quelques autres pas, pirouettes et autres figures artistiques, elle s'arrêta net. Deux lycéens étaient en train de l'observer à deux mètres d'elle. Elle les reconnu comme étant deux garçons de sa classe.

— Ah, heu…, salut… bredouilla-t-elle.

— Whoa ! s'exclama Opi.

— Quelle souplesse, renchérit Derk.

Galata était toute gênée. Elle n'aimait pas danser devant un public, aussi restreint soit-il.

— Ne t'arrête pas pour nous, lui dit Opi.

— On a été super impressionné hier, s'enthousiasma Derk. Je ne savais pas que tu connaissais les arts martiaux.

— On est à fond pour toi, ajouta Opi. Tu peux compter sur nous pour t'encourager !

— Ah ? Merci, c'est gentil les gars. Je… Je dois y aller… le deuxième combat… va commencer…

Elle rentra dans l'espace combattant en trottinant rapidement.

Oh, la honte ! Ils m'ont vu danser

Les deux garçons restèrent là à la regarder s'en aller.

— Je crois que je tombe amoureux…, souffla Opi.

— Moi aussi…, ajouta Derk.

Sur les gradins, Mayt et Lailah observaient les soigneurs ramener le catcheur sur une civière. Ce dernier avait percuté violemment le mur en face des spectateurs après une prise de la part de Bérine.

— Bérine est peut-être douée au combat mais sa victoire est due à l'incompétence de son adversaire, commenta Mayt. Quel lourdaud celui-là ! Il est pire que Borjac, ce mec !

— Il a dû se faire très mal, s'inquiéta Lailah. Il a pris un sacré choc…

— Galata ne va pas tarder à rentrer sur le ring. Voilà déjà cette pimbêche de Janess.

En effet, la jeune fille à la peau mate entra dans la grande salle. En croisant Bérine, elles se tapèrent dans la main, sûres d'elles. Galata entra à son tour sous les applaudissements du public. Elle se plaça face à Janess qui se préparait physiquement en se déhanchant et en mettant ses attributs en valeur.

— Heu… c'est pas un shooting de magazine de mode, lui lança Galata, gênée.

— Fais la maline, répondit Janess avec un sourire narquois. Je vais te montrer ce qu'est un vrai combat d'aujourd'hui !

— Parce que c'n'est pas pareil qu'hier ?

— Hein ? De quoi ?

— Laisse tomber, dit Galata déçue d'avoir raté sa vanne.

L'arbitre annonça le début du combat. Galata prit sa position habituelle tandis que Janess se mit à sautiller en rythme.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? demanda Galata.

— Amènes-toi ! lança Janess.

Bon, puisque c'est ce qu'elle veut

Elle s'élança en courant prête à frapper du poing mais au moment de la toucher, Janess esquiva rapidement sur un pas de danse. Galata n'en cru pas ses yeux. Quelle vitesse !

— Essaye encore ! lança de nouveau son adversaire.

Elle était plus proche qu'avant et Galata en profita pour la frapper d'un revers latéral du pied. Encore un coup dans le vide.

Mais comment elle fait pour esquiver aussi vite ?

La jeune combattante portait simplement un vêtement serré qui ne pesait presque rien contrairement à Galata qui avait son plastron en metaplast qui devait faire dans les deux ou trois kilos.

Même avec ça sur le dos, je ne perds pas autant de vitesse que ça, réfléchit-elle. Il doit y avoir autre chose...

Elle tenta une autre approche en frappant comme la première fois mais de manière à pouvoir donner un second coup si le premier venait à échouer, ce qui fut le cas, mais au moment de donner le second, Janess le contra facilement dans un simple levé de bras. Puis elle enchaina avec une prise à l'aide de son autre bras autour de celui de Galata et, tout effectuant encore un pas de danse, l'envoya à terre brutalement. La petite rouquine ne savait pas ce qui venait de lui arriver. Elle avait l'habitude des combats rustres et brutaux mais là, elle avait à faire à une adversaire d'un tout autre genre, tout en finesse et souplesse de mouvement.

Quel étrange art martial, se dit-elle. Rien à voir avec la fois où je l'ai vu s'entrainer. Elle est plus forte que je ne pensais.

Elle comprenait qu'il était inutile de chercher à foncer tête baissée, il lui fallait ruser pour gagner ce match. En l'observant sautiller en rythme, elle se rappela ce que lui avait dit maître Rayzen quelques minutes auparavant : "souviens-toi des mouvements que je t'ai enseignés à l'entrainement !"

Mais comment des pas de danse pouvaient-ils l'aider là-dedans ? Rayzen les lui avaient appris afin de l'aider à gagner en souplesse et en équilibre, mais aucun mouvement n'étaient destinés à frapper un quelconque adversaire. C'est alors qu'elle comprit le sens de cette phrase. Lors de cette partie de son entrainement il y a des années, une chose lui avait paru plus compliqué que d'apprendre à frapper une cible : le rythme.

Janess sautillait en rythme sur un tempo bien défini. Galata s’était entrainé pendant près de deux ans avant d'arriver à effectuer ses pas de danse en accord avec le rythme. Et au moment où son adversaire avait esquivé son coup, c'était dans le rythme. Sans le vouloir, Galata s'était calquée sur ce tempo et agissait en conséquence. Il fallait donc la prendre à contretemps… et être plus rapide qu'elle.

Elle ferma les yeux, fit deux moulinets avec ses bras pour se concentrer et respira. Elle entendit les pas de son adversaire à chaque saut, un rythme parfait. Elle ne bougea pas.

— Qu'est-ce t'attends ? lança Janess qui perdait patience. Amènes-toi !

Elle ne réagit pas. Puis elle s'élança tout à coup, prenant Janess de court qui eut un réflexe de défense en envoyant son pied droit en avant. Galata plongea la tête la première tout en se rattrapant de ses deux mains sur le sol afin d'esquiver le coup. Puis, elle leva ses deux pieds en l'air en prenant la position du scorpion, la première technique acrobatique que lui avait appris Rayzen. Ses deux pieds se placèrent de chaque côté de la tête de Janess en la serrant très fort, ce qui lui permit de se retourner tout en empoignant la jambe de son adversaire. pour finir, elle se servit de son poids pour basculer en arrière et mit son advesaire à terre. Dans le public, tout le monde retint sa respiration pendant le mouvement complexe qu'elle venait d'effectuer. Janess était ainsi bloquée au sol mais l'arbitre, craignant un étouffement, vint alors les séparer.

— Vendu ! s'écria Mayt avec d'autres spectateurs qui exprimaient leur déception.

— Mayt ! s'indigna Lailah. Ne dis pas des choses comme ça, il ne fait que son travail !

— Je pari qu'il a été payé par le père de Bérine ! s'exclama Mayt. C'est de la corruption !

Galata fut obligée de reculer de trois pas de Janess. Celle-ci avait perdu son assurance habituelle et paraissait énervée d'avoir été plaquée au sol de cette manière. Elle reprit ses sautillements mais bien qu'ayant repris le rythme, ses mouvements étaient plus tendus et secs. Galata souriait. Elle avait réussi à décontenancer son adversaire, ce qui pouvait faciliter la suite. Elle effectua quelques mouvements de ses bras avant de se remettre en position puis lui fit signe de venir attaquer avant de lancer :

— A ton tour de me montrer ce que tu sais faire !

— Espèce de sale merdeuse, lança Janess à son tour. Tu vas me payer ce coup bas.

Elle courut pour prendre de l'élan avant de sauter en l'air pour réaliser une pirouette en avant et tendre ensuite le pied en avant pour frapper. Galata fut cependant plus rapide et refit son "coup du scorpion" ce qui lui permit d'esquiver l'attaque de Janess et de porter un coup impossible à esquiver pour cette dernière. Le choc l'envoya rouler sur le ring à proximité de la limite de la surface de combat. Elle se releva presque immédiatement et revint à la charge en lançant une série de coup de poing direct. Galata les bloqua aisément un par un de ses bras puis reçu un coup de pied latéral dans les côtes, ce qui la fit tituber légèrement avant de reprendre son équilibre et bloquer un autre coup par l'autre côté.

— Et bah voilà qui est mieux, dit-elle à son adversaire.

— Bien mieux ? Tu vas regretter de m'avoir mise en colère. DANSE MACABRE !

— Hein ?

Janess se mit à danser de nouveau mais différemment cette fois-ci. Les pupilles de ses yeux se rétrécirent, ses gestes étaient redevenus souples et rapides mais le rythme était beaucoup plus saccadé, telle une danse tribale. Puis sans crier gare, elle s'approcha de Galata pour l'affronter. Cette dernière fut déconcertée par les mouvements de la danseuse qui étaient difficiles à prévoir. Elle réussit à en parer quelques-uns mais se fit toucher à plusieurs reprises. Ce n'était pas des coups très violents mais répétés à ce rythme effréné, cela devenait usant pour celui ou celle qui les recevait.

C'est une danse de combat, conclut Galata.

L'enchainement de coups portés par Janess était un mélange de frappe de poing et de pied à différents endroits du corps de son adversaire et enchainé de manière très improbable. Elle savait maitriser cet art du combat rapproché comme Galata n'aurait su l'imaginer.

L'épuisement commençant à se ressentir, elle ne put parer le coup de pied dans le creux du bras droit, suivit d'un coup de paume sur la poitrine et d'un pied glissé qui la projeta en arrière dans un roulé sur elle-même. L'arbitre se précipita pour voir l'état de la combattante. Il se mit à compter mais Galata se releva au bout du quatrième décompte.

— Ouuuuuuuuuuuf ! souffla Mayt qui avait des sueurs froides. C'était chaud !

— Pauvre Galata, gémit Lailah qui avait fermé les yeux pendant que son amie recevait une sévère dérouillée. Elle doit souffrir atrocement…

En réalité, celle-ci se fit craquer quelques vertèbres et ses épaules avant de se remettre en position. Elle avait bien encaissé les coups mais une autre attaque de ce genre pouvait lui être fatale.

Il faut que j'en finisse ou je vais perdre ce combat, songea-t-elle. Ce que je vais faire est risqué mais peut m'amener à la victoire.

Elle attendit que Janess revienne à l'attaque. Elle sut dès le premier coup que sa théorie était juste et contrattaqua aussitôt. Elle envoya une salve de coups de poing direct dans le torse et le ventre de la danseuse après avoir esquivé le premier et deuxième mouvement. Galata avait compris que ce que Janess avait effectué pour sa précédente attaque était tout simplement un enchainement appris par cœur, une chorégraphie, qui plus est avait été effectuée deux fois de suite. Galata avait alors pris la peine de mémoriser l'enchainement lorsqu'elle se rendit compte que les mouvements étaient similaires. Son hypothèse confirmée, elle savait alors comment esquiver l'attaque et ainsi quand et comment riposter.

Janess tomba en arrière, secouée par la rafale de coup de poing. Elle en avait le souffle presque coupé et peinait à se relever à son tour. L'arbitre se mit au décompte. Tout le monde retenait de nouveau son souffle. Galata en profita pour reprendre sa propre respiration à un rythme plus lent. Soudain, Janess se replia sur elle-même, en proie à une vive douleur au ventre. L'arbitre termina le décompte et annonça la victoire de Galata pour ce second match des quarts de final du tournoi régional des arts martiaux.

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