Anne de Green Gables

4 minutes de lecture

Le 17 octobre 2020

 Commençons par une devinette à la François Busnel.

 Elle est l’auteure canadienne de langue anglaise la plus lue dans le monde. La ferme où elle a vécu une partie de son enfance est à l’origine de la création d’un parc national devenu lieu de pèlerinage pour ses admirateurs. Son premier roman publié en 1908 après plusieurs refus d’éditeurs obtient finalement un succès international. Il fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle traduction en français et vient de paraître aux éditions Toussaint Louverture dans un beau cartonnage avec une illustration de couverture particulièrement réussie. Nous parlons de Lucy Maud Montgomery (1874 - 1942) et de son roman « Anne de Green Gables ».

 Je remercie babelio et les éditions Toussaint Louverture de m’avoir adressé ce livre. Il m’a permis de découvrir l’univers d’une grande romancière, mais aussi celui d’un éditeur particulièrement attentif à l’esthétique et à la qualité d’impression de ses publications.

 L’histoire peut se résumer simplement :

 Matthew et Marilla, frère et sœur, sont de brave et honnête exploitant du domaine agricole de « Green Gables » situé sur l’île du prince Édouard au Canada. Au seuil de leur vieillesse, ils souhaitent adopter un enfant pour les aider plus tard à la ferme. Ils ne peuvent cacher leur déception en découvrant que, suite à une méprise, l’administration leur envoie une jeune fille au lieu du garçon qu’ils attendaient. Ils sont d’autant plus perturbés qu’Anne Shirley, l’orpheline, âgée de seulement onze ans, est dotée d’une personnalité particulièrement envahissante et vient bousculer leur vie plutôt paisible. Elle est volubile, pleine de vie, possède une imagination débordante et est curieuse de tout. C’est un vrai ouragan qui s’introduit dans la vie de Matthew et Marilla, un ouragan aux cheveux roux et au visage constellé de taches de rousseurs. Dès les premières minutes, elle ne laisse aucun répit au calme et timide Matthew venu l’accueillir à la gare. Ce dernier est rapidement conquis par la pipelette aux « cheveux de Titien », mais Marilla, plus revêche, ne transige pas et décide de ramener l’orpheline là d’où elle vient dès le lendemain de son arrivée. Toutefois cette attitude hostile est de courte durée, les deux sexagénaires tombent sous le charme de cette adolescente romanesque, intelligente et sensible qui vit chaque instant de sa vie avec intensité. Anne est heureuse d’être adoptée et manifeste sa reconnaissance avec beaucoup de chaleur et de spontanéité. Son éducation peut commencer, mais elle ne sera pas de tout repos pour ses parents adoptifs tant la fillette possède l’art de s’attirer des ennuis. Malgré sa bonne volonté elle se laisse débordée par son imagination et doit subir de nombreuses déconvenues. Attendrie par un bonimenteur elle achète une lotion pour ses cheveux, après traitement ceux-ci prennent une teinte vert bronze des plus étranges. Souhaitant répéter avec ses camarades une scène de théâtre sur une barque, l’affaire tourne au tragique quand l’embarcation prend l’eau au milieu de la rivière. Se vantant de pouvoir marcher en équilibre sur le haut d’un toit elle tombe et se brise la cheville et fait cent sottises pareilles.

 Chaque expérience d’Anne fait l’objet d’un chapitre, elle découvre l’amitié avec Diana, la compétition puis la séduction avec Gilbert Blythe, elle apprend à prendre des décisions, à faire des excuses, à dominer sa vanité, à garder son sang froid à accepter la discipline de l’école… Les événements s’enchaînent à un bon rythme et l’on découvre le parcours initiatique d’une jeune fille depuis ses onze ans jusqu’aux prémisses de son émancipation. Face aux difficultés qu’elle rencontre pour se faire accepter et en dépit des catastrophes qu’elle déclenche Anne conserve un optimiste indestructible. Elle exprime à plusieurs reprises cette pensée désarmante : « On ne peut pas rester triste très longtemps dans un monde aussi intéressant, vous ne croyez pas ? ».

 On est littéralement ensorcelé par le magnétisme et l’énergie qui émane de cette féministe en herbe.

 Ce récit est en partie autobiographique. Comme l’auteure à son âge, Anne préfère les cours de littérature à la géométrie et fait preuve d’une imagination exceptionnelle. L’histoire est ponctuée de descriptions très poétiques de la nature et des saisons qui défilent. On est séduit par la qualité et la fraîcheur de l’écriture. Les personnages sont admirablement campés. Toutes les aventures vécues sont autant de leçons formatrices pour l’adulte que va devenir Anne Shirley et l’auteure exploite habilement toutes les situations pour en tirer non pas une morale, mais au moins un enseignement sur la vie. Le parcours d’Anne est semé d’embûches et elle doit faire face à des épreuves douloureuses qu’elle surmonte avec courage.

 Ce roman écrit pour la jeunesse d’avant-guerre possède des qualités lui permettant de séduire encore les jeunes adolescents romantiques d’aujourd’hui, mais aussi leurs parents et grands-parents qui y retrouveront le charme délicieusement désuet des livres d’antan.

 La sensibilité et la poésie qui se dégage de l’œuvre de L.M. Montgoméry lui confèrent une aura de séduction résistante à l’érosion du temps. Ce roman à l’optimisme revigorant est une belle découverte.

 Cette œuvre s’est vendue à 60 millions d’exemplaires à travers le monde et a fait l’objet de traduction dans plus d’une trentaine de langues.

 Au livre est joint un petit journal « édition spéciale Anne de Green Gables » daté du 20 juin 1876. Cette gazette a été confectionnée par l’éditeur afin de permettre aux lecteurs de découvrir les personnages et quelques-uns des thèmes du roman de Lucy Maud Montgomery.

Bibliographie :

– « Anne de Green Gables », Lucy Maud Montgomery, Monsieur Toussaint Louverture (2020), 382 pages. Reliure imitation toile, fort cartonnage, couverture originale illustrée en couleur, titrage doré du plus bel effet. Un livre agréable fait pour durer et passer de mains en mains. La réalisation soignée de cette édition aurait enchanté le bibliophile Jules Richard qui écrivait dans « l’art de former une bibliothèque » : « Le goût du livre est enfanté par le goût de la lecture et il ne faut pas que le goût de la lecture soit entravé par les apparences repoussantes du livre. »

L’éditeur prévoit de publier les autres livres de la série « Anne ».

Citation :

« Je suis une “livrolique”, tout simplement. Les livres exercent sur moi la même irrésistible tentation que l’alcool sur son adepte. Je ne peux leur résister. » — Lucy Maud Montgomery

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