La vie secrète des écrivains

3 minutes de lecture

Le 10 juin 2020

 Attiré par la réputation de l'auteur dont le nom est régulièrement cité dans tous les médias ; intrigué par le titre : "La vie secrète des écrivains" et séduit par la couverture - un beau carton légèrement gaufré de couleur crème sur lequel se détache le nom de l'auteur en rouge sang - je me suis enfin décidé à lire mon premier "Musso".

 Il fallait bien satisfaire ma curiosité pour l'œuvre d'un auteur à propos duquel on dit qu'il pourrait - grâce au succès commercial de ses romans - sauver la librairie française ! Un auteur très populaire traduit en quarante-deux langues et qui tire en France à 400 000 exemplaires mérite attention. Si tant de lecteurs apprécient ses histoires, c'est qu'il possède un certain talent. Quand bien même l'engouement du public ne doit pas être considéré comme un critère exclusif, j'ai eu envie de découvrir son travail pour forger ma propre opinion.

 Le personnage central du roman est Nathan Fawles, un écrivain célèbre qui après avoir publié trois best-sellers décide subitement et sans donner de raison, de ne plus jamais écrire. Il s'installe sur une petite île isolée de la Méditerranée afin de mieux rompre tous les contacts avec les médias et ses lecteurs. Pour préserver sa solitude, il n'hésite pas à menacer d'un fusil de chasse les visiteurs qui viennent l'importuner.

 J'ai tout de suite été happé par les premiers chapitres, le style est simple, direct, efficace, entièrement au service de l'histoire. Mon intérêt n'a pas vraiment faibli durant cette lecture qui s'est faite presque en continu. Je dois signaler cependant un point de bascule important à partir de la page 70. Jusque-là, j'avais été séduit par l'aura mystérieuse qui se dégage de cet écrivain et par les personnages qui gravitent autour de lui : un jeune écrivain débutant en quête de conseils auprès de son idole ; un libraire désabusé ; une journaliste déterminée à mener son enquête. Et puis on plonge subitement dans le thriller avec la découverte du corps d'une femme affreusement mutilé et cloué sur le tronc d'un eucalyptus. L'intrigue principale se subdivise en plusieurs sous-intrigues liées à l'histoire des personnages secondaires.

 À partir de là s'enchaînent des événements épouvantables qui transforment la paisible thébaïde de l'écrivain en "île du docteur Moreau" (H.G. Wells). Le mystère s'épaissit à mesure que les meurtres s'enchaînent.

 Je n'ai jamais eu de prédilection pour les polars ou les thrillers, mais je suis quand même allé au bout de cette lecture avec un certain intérêt, car l'auteur est parvenu à maintenir en permanence un suspense très réussi. L'histoire est truffée de rebondissements et est aussi un prétexte à des considérations critiques sur la vie des écrivains, l'acte d'écrire et le monde de l'édition. L'intérêt est renforcé par l'usage habile de figures de style telle la mise en abîme, où par l'introduction, en exergue des chapitres, de documents administratifs ; procédé qui vise à renforcer le réalisme du récit. L'histoire est bien construite même si j'ai trouvé que les explications données pour justifier tous les événements parfois rocambolesques qui surviennent, étaient un peu tirées par les cheveux. Quoi qu'il en soit l'auteur retombe toujours sur ses pieds et l'histoire se tient jusqu'à la surprise finale.

 Après l'épilogue Guillaume Musso nous livre quelques confidences intéressantes sur les origines de son inspiration.

 Pour conclure, je dirais que Musso n'est pas une révélation pour moi, mais je comprends mieux maintenant son succès ; c'est un écrivain qui maîtrise parfaitement les mécanismes qui président à l'écriture d'un roman. Il met tout son talent au service de l'histoire et sait parfaitement capter l'attention du lecteur. Que demander de plus ?

 Pourtant, au terme de cette lecture, j'éprouve un sentiment mitigé. J'oscille entre le plaisir d'avoir été embarqué dans une histoire originale et la sensation d'avoir été manipulé par l'expertise technique du romancier. Il me manque ce petit moment d'après-lecture où le pouvoir magique de l'auteur vous maintiens en suspension dans son monde imaginaire. La mécanique et le côté artificiel de l'écriture de Musso sont trop visibles pour créer cet enchantement.

 Une partie de l'explication de mon ressenti est peut-être donnée par Musso lui-même au travers d'une des citations dont il émaille tous ses débuts de chapitre :

« - Qu'est-ce qu'un bon roman ? - Vous créez des personnages qui suscitent l'amour et la sympathie de vos lecteurs. Puis vous tuez ces personnages. Et vous blessez votre lecteur. Alors, il se souviendra toujours de votre roman. » John Irving

 Une ficelle un peu grosse, mais qui fonctionne souvent.

Bibliographie :

- "La vie secrète des écrivains", Guillaume Musso, Calmann-Lévy (2019), 372 pages.

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