Pompéi, la ville oubliée

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Le 27 février 2020

 Vivre dans une bibliothèque n'exclut pas le besoin d'emprunter des livres ailleurs. Il m'arrive encore assez souvent de me rendre à la médiathèque de ma ville où à celle du département, pour y rechercher quelques ouvrages que je ne trouve pas chez moi. C'est de cette manière que je me suis documenté afin de satisfaire ma curiosité sur l'histoire de Pompéi. Après la consultation de mes encyclopédies et dictionnaires pour dégrossir le sujet, j'ai parcouru le roman "Les derniers jours de Pompéi" d'Edward Bulwer-Lytton. Mais, au roman historique, je préfère toujours le document authentique, au plus près du réel. Un tel événement, devenu un mythe et un thème littéraire, n'a pas besoin du secours de la fiction pour frapper l'esprit. Le simple exposé des faits, tel que relaté par les témoins de l'époque ou déduit des travaux archéologiques réalisés depuis deux siècles est suffisamment éloquent. Lorsque l'impossible se déroule sous nos yeux pourquoi le réinventer ?

 Je n'évoquerai ici que le livre de Tatiana Pedrazzi "Pompéi, la ville oubliée". Ce livre nous fait découvrir, en une vingtaine de chapitres assez courts, la vie quotidienne à Pompéi en 79 après J.C. Il est agrémenté d'une très riche iconographie en couleur qui nous fait revivre, comme dans un film, le tragique scénario. Le commentaire va au-delà de la simple chronologie des faits et constitue en même temps, une introduction à la vie dans l'Empire romain au 1er siècle après J.C. À cette époque le pouvoir des Romains était à son apogée, ils ont conquis tous les pays qui entourent la Méditerrannée, une partie de l'Europe, l'Afrique du Nord jusqu'en Egypte ainsi que la Syrie.

 Pompéi est alors une ville d'environ 15 000 habitants située à environ 20 km du Vésuve. Ses habitants y mènent une vie prospère au cœur d'une campagne fertile, proche de la mer et jouissant d'un climat propice à la culture de la vigne. La plupart des habitants sont des notables, grands propriétaires ou artisans. L'économie est basée sur l'agriculture et le recours aux esclaves permet aux riches Romains de mener une vie paisible et raffinée. La ville s'étend sur environ 70 hectares dont les deux tiers sont occupés par des habitations. La circulation à l'intérieur de la cité est très réglementée, les équipements collectifs sont nombreux et attirent des visiteurs venus de toute la région. Un grand théâtre peut accueillir 5 000 spectateurs, il existe trois établissements thermaux ouverts aux hommes et aux femmes avec bains chaud ou froid et massages. Des combats de gladiateurs se déroulent dans l'amphithéâtre qui peut recevoir jusqu'à 20 000 spectateurs. Le grand gymnase (Palestre) est un vaste terrain aménagé et bordé d'un portique de colonnes, il est utilisé pour l'entraînement des gymnastes.

  L'eau était distribuée par un aqueduc qui alimentait aussi Naples. La cité comportait de nombreux temples religieux dédiés aux dieux ou à d'anciens empereurs romains. L'intérieur des habitations était richement décoré, les sols recouverts de pavements de faïences. Sur les murs des mosaïques ou des peintures reproduisaient de nombreuses scènes de la vie quotidienne, mais aussi des thèmes inspirés de la mythologie.

 Cette vie trépidante, largement consacrée à l'otium (les loisirs) à été frappée par le réveil brutal du Vésuve. La vie romaine de l'époque s'est cristallisée à Pompéi le 24 août 79 (1). Pline le Jeune (61-112 après J.C.), à l'époque âgé de dix-sept ans, témoigne :

«Déjà sur ses vaisseaux volait la cendre plus épaisse et plus chaude à mesure qu'ils approchaient ; déjà tombaient autour d'eux des pierres ponces et des lapilli (2) calcinés. Cependant, on voyait luire, de plusieurs endroits du Vésuve, de grandes flammes et des embrasements dont les ténèbres profondes de la nuit augmentaient l'éclat. La mer semblait refluer, comme chassée en arrière par le tremblement et, du point de vue du rivage, une nuée noire et effrayante, déchirée par des crépitements de feu vacillants, se fendait et laissait s'échapper de longues flammes semblables à des éclairs, mais qui étaient beaucoup plus impressionnantes...».

 L'éruption fit environ 3 000 victimes. Grâce aux moulages réalisés par l'archéologue Fiorelli qui dirigea les travaux de fouilles de 1860 à 1875, les corps des habitants ont été conservés dans le plâtre, figés dans leur dernière attitude. Ce qui distingue Pompéi des autres sites archéologiques est la conservation presque parfaite de tout l'environnement, poterie, sculpture, outillage, jusqu'au repas préparé le jour de la catastrophe. Toute une population, les habitations et les objets du quotidien ont été pétrifiés dans un écrin de lave, ensevelis sous plusieurs mètres de cendre. Une ville entière s'est retrouvée captive comme l'insecte conservé intact dans l'ambre du Miocène.

 Pompéi fait toujours l'objet de fouilles intensives, il reste environ un tiers du site à explorer. Nous avons encore la chance de pouvoir visiter cette cité dans un état proche de celui d'origine, mais pour combien de temps ? Des millions de visiteurs déambulent dans la ville antique chaque année. La citadelle qui a résisté à l'éruption du Vésuve saura-t-elle affronter sans dommages le flot des touristes ? Les deux tiers des édifices sont aujourd'hui menacés d'écroulement, la question de la conservation des vestiges est posée. N'oublions pas que Pompéi à été bombardée par les alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, dans un secteur où les Allemands avaient installé leur DCA antiaérienne. Heureusement les dégâts ont été limités. Pourra-t-on cependant empêcher les voyagistes de provoquer la deuxième mort de Pompéi ?

Bibliographie :

"Pompéi, la ville oubliée", Tatiana Pedrazzi, Eyrolles (2007), 189 pages.

(1) Cette date est retenue dans beaucoup d'ouvrage, cependant des études plus récentes semblent démontrer que l'éruption se serait produite plutôt fin octobre 79.

(2) Fragments de lave éjectés par les volcans.

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