Le choix de Dieu...

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Je suis furieuse, lui aussi d'ailleurs, néanmoins il n'en démord pas. Qu'il se soit trompé de personne ou pas, il veut faire de moi sa messagère, je m'insurge :

— Tu n’es pas bien fini toi. Je suis mariée, mère, grand-mère, et je fêterai allégrement mes 60 ans à la fin de l'année prochaine, en plus je suis athée, je ne travaille pas, je n’ai pas de réseau, et je n’ai pas le permis. Alors ton message, à condition que je veuille bien le transmettre, je fais comment ? Hé, je ne suis pas Jeanne d'Arc !

— Heureusement ! s'exclame Dieu.

— Tu plaisantes ? Tu en as fait une sainte ?

— Moi ? Sûrement pas ! Elle a rien compris la gamine. Je lui demande d'œuvrer pour la paix, elle part en guerre contre les anglais. C'est pas du tout ce que je voulais.

J'attrape une casserole dans mon placard, le déjeuner ne se fera pas tout seul. Je décide d'ignorer mon divin visiteur. Mécontent, il ne trouve rien de mieux que de me barrer le passage jusqu'à la cuisinière.

— D'accord, tu n’es pas la meilleure candidate. Mais tu as un ordinateur, tu écris un peu, tu vas sur Scribay, donc mon message, tu peux le transmettre via ce site.

Je prends sur moi pour ne pas insulter ce vieux barbu en toge, auréolé d'un cercle doré au-dessus de la tête, question cliché on ne fait pas mieux. Quand même, il aurait pu choisir une autre apparence ! Comme s'il devinait mes pensées, d'ailleurs, c'est sûrement ça, il rétorque :

— C'est sous cette forme que les humains m'imaginent le mieux, sous quelle apparence aurais-tu souhaité me voir ?

Malgré moi l'image de Richard Gere dans Pretty woman, me traverse l'esprit.

— Ah d'accord ! S'il n'y a que cela pour te faire plaisir...

Brusquement Richard se tient devant moi, Je me sens rougir comme une adolescente. Il se rapproche de moi et reprend :

— Alors, tu vas le transmettre mon message ?

Hypnotisée, je m'entends répondre d'une toute petite voix :

— Ouiiiiii......

Satisfait, mon accord lui a suffi, il s'exclame en souriant, à la façon de Richard Gere, bien sûr :

— Merci Béatrice, ne doute pas que ta place te soit réservée au paradis.

Il disparait sur ses mots. Bon à présent il me faut le délivrer ce foutu message :

"FAITES L'AMOUR PAS LA GUERRE !"

Comment ça, c'est tout ? C'est déjà pas si mal, et puis l'amour du prochain et la paix ce n'est pas ce que nous serinent les différentes religions depuis des siècles ? Que voudriez-vous qu'il transmette d'autre, Dieu ?

En tous les cas ne m'en demandez pas plus. La visite du tout-puissant m'a déjà valu assez d'ennuis comme ça. Parce que, pendant qu'il me parlait, Dieu, et que je répondais à voix haute comme une conne, mon conjoint et une de mes filles se trouvaient dans la pièce voisine.

Quand l'Éternel a regagné ses pénates, ils se tenaient tous les deux sur le seuil de la cuisine et me regardaient, la bouche ouverte, et visiblement très inquiets, pour ma santé mentale.

Le résultat ? Je suis dans la salle d'attente du médecin. Il manquerait plus que celui-ci me diagnostique Alzheimer et, chers amis de scribay, je pourrais bien vous écrire mon prochain texte en direct d'un EHPAD !

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