Chapitre 61 - 1827*

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Chapitre 61

Ce matin, je file sur mon skate en direction de chez celle qui est désormais devenue ma sex-friend, quand je tombe sur Dylan. Il vient de rentrer de son pèlerinage gitan et me fait signe de m’arrêter dès qu’il me voit. Nous nous serrons rapidement la main.

— Salut Speed, alors tes vacances ?

— Nickel et toi ?

— Bien, bien ! Tu vas où ?

— Nulle part… Je me promène !

Je décide de garder mes parties de jambes en l’air pour moi. Mes potes ont tout le loisir d’apprendre que je me tape la petite Jenny.

— On pourrait aller surfer ? propose Dylan.

Le temps est couvert et il y a un peu de vent ce qui annonce forcément de belles vagues. C’est toujours mieux que lorsque la mer est plate. La tentation est grande. Jenny ne devrait pas trop m’en vouloir si je fais l’impasse sur elle ! Après tout, ça fait bientôt trois semaines qu’on passe nos journées en tête-à-tête…

— Pourquoi pas ? On prend le bus de midi ?

— OK ! T’as des nouvelles de Jimmy et Marion ? m’interroge Dylan.

— Pas plus que ça… Pourquoi ?

— Comme ça ! Je me demandais juste s’ils étaient toujours ensemble !

— De quoi tu parles ?

Je plisse le front pour chercher à comprendre l’allusion. Dylan semble connaître des choses que j’ignore et je suis pendu à ses lèvres.

— T’es pas au courant ? s’arrête-t-il pour m’observer, ne sachant pas si je plaisante.

— Au courant de quoi ?

— Bah que Jimmy et Marion sortent ensemble.

Je ne me sens pas bien du tout en entendant Dylan me balancer cette information. Une profonde amertume m’envahit. J’imagine ma Marion en train d’embrasser ce gros porc de Jimmy qui doit essayer de la tripoter. Ça me fend le cœur, bordel ! Je suis mort de jalousie. Depuis combien de temps je n’ai pas de nouvelles de Marion ? Je ne sais même pas. Elle ne m’a quasiment pas écrit depuis que je suis parti à Nice. Je ne l’ai pas contacté non plus. Presque pas. Un message comme ça, mais rien de très profond. Elle s’est bien gardée de me dire qu’elle avait embrassé Jimmy !

Quand nous nous sommes séparés en juillet, elle était plus ou moins contrariée que je sois sorti avec Dakota. Et sentir Marion se mêler de ma vie me saoule tellement que je l’ai ignorée. Je déteste qu’elle ait de l’emprise sur moi, j’ai l’impression qu’elle se comporte comme si nous étions en couple.

— Depuis quand ils sont ensemble ?

— Depuis ton départ !

Je crois défaillir en apprenant la nouvelle. J’ai besoin d’air ! J’étouffe. Un mois et demi que je suis parti. Mais putain !

— Je dois y aller ! j’annonce, totalement bouleversé par la révélation.

— Et pour le surf ?

— Non, finalement, j’ai plus envie !

— Et demain ? insiste-t-il alors que je n’entends plus rien. Speed ?

J’arrive chez Jenny complètement paniqué. Je tremble, je transpire, je suis au bord de l’évanouissement ; en fait je suis sur le point de chialer comme le pauvre type que je suis.

Je suis tellement en colère, d’abord parce qu’elle est en couple avec Jimmy, mais aussi, car elle ne me l’a pas dit ! Je me sens déplorable, seul et exclu. Lorsque Jenny m’ouvre la porte de sa maison, elle comprend tout de suite que quelque chose s’est produit.

— Marion sort avec Jimmy ! je lui balance à la figure en me jetant sur un fauteuil de son salon.

— Ça ne date pas d’aujourd’hui, je sais !

Jenny se pavane devant moi en petite tenue, mais je l’ignore complètement. À cet instant, seule Marion compte.

— Quoi, tu sais ?

— Tout le monde le sait…

— Non, pas moi, je savais pas !

— C’est quoi le problème, Speed ? Vous n’étiez pas ensemble !

Jenny aspire le lobe de mon oreille et tente de s’asseoir à califourchon sur moi. Mais je la repousse violemment pour me libérer de son emprise.

— Tu ne peux pas comprendre !

Je suis énervé, je préfère quitter sa maison et rentrer chez moi. J’ai besoin de réfléchir et de me poser pour digérer toute la morosité qui m’est tombée dessus.

Marion me connaît par cœur. Elle et Jimmy sont furax contre moi à cause de Dakota. L’une est jalouse, l’autre est vénère car j’ai touché sa sœur ! Jimmy sait que je n’apprécie pas qu’il tourne autour de Marion, et elle, elle est consciente que je suis possessif ! Ils se vengent en sortant ensemble. Belle comédie ! Ça marche presque. Quelle bande d’enfoirés ! Deux nuits que je ne dors pas à cause d’eux et que je rumine intérieurement mon désespoir. À un moment donné, j’ai presque pensé que j’étais amoureux de Marion !

Je dois en avoir le cœur net et je tente de m’expliquer avec elle, mais son texto cinglant me dissuade très vite :

Speed : Slt Poulette, ça va ? Tu ne vas pas le croire : Dylan vient de m’en apprendre une bonne sur toi et Jimmy !

Marion : Fais pas ton malin à m’écrire alors que ça fait 1 mois et demi que je n’ai quasi aucune nouvelle de ta part ! T’étais certainement bien trop occupé à t’amuser avec je ne sais pas qui pour te soucier de la pauvre conne que je suis ! Alors, lâche-moi avec Jimmy ! On est super bien ensemble et ce que tu en penses, je m’en balec !

Ça au moins, c’est dit ! La rentrée est dans moins d’une semaine maintenant et j’ai vraiment hâte de me retrouver face à elle. Ça promet d’être sportif !

Je n’ai plus qu’à filer me consoler dans les bras de Jenny, enfin plutôt entre ses cuisses. Nous avons eu de nombreuses discussions sur notre relation. J’ai toujours été clair avec elle, il n’est pas question pour moi d’être en couple et de m’engager ! Je tiens plus que tout à ma liberté et c’est vraiment indispensable pour mettre à exécution les plans que je prépare pour le retour de Marion.

— Le premier qui rencontre quelqu’un le dit franchement à l’autre et basta !

— Ça me va ! j’approuve en regardant Jenny manger sa glace, allongée sur son lit. On baise tous les vendredis soirs si tu veux, mais je passe mes samedis avec mes potes !

— OK, officiellement, on n’est pas en couple ! m’avertit-elle. J’ai pas envie qu’on m’affiche au lycée avec un gosse de quinze ans !

— Ah ouais ? Mais tu sais ce qu’il te fait, le gosse de quinze ans ?

Je la tire par les pieds pour tenter de lui retirer sa culotte. Elle hurle, résiste et se débat en faisant attention de ne pas étaler le chocolat de sa glace partout.

— Speed, arrête ! Mes parents ne vont pas tarder ! C’est pas le moment !

Elle tient sa culotte d’une main et serre les cuisses. Je ne peux pas la forcer, je préfère capituler avec beaucoup de déception.

— T’es pas marrante, comme fille !

Les choses sont limpides avec Jenny et cette relation me convient parfaitement.

La veille de la rentrée, Dylan me prévient par texto que Jimmy est revenu et qu’il lui a confirmé qu’il était toujours avec Marion. Même si je me suis fait une raison sur leur faux couple, j’appréhende sérieusement la journée qui va suivre. Je n’en dors quasiment pas de la nuit… Je passe une bonne partie de la soirée sur internet et le reste à me tourner et retourner dans mon lit.

Je dois avouer que je n’ai pas pris régulièrement mon traitement contre les insomnies et l’hyperactivité depuis juin, soit plus de trois mois. Je ne me suis jamais couché avant deux heures du matin durant les vacances. Je suis complètement déréglé sur le plan du sommeil et je vais avoir beaucoup de mal à récupérer un rythme équilibré. À cela s’ajoute toute la tension de mes retrouvailles avec Marion…

Le jour J, il n’y a personne quand j’arrive à l’arrêt de bus et ça me rassure ! Je n’aurai pas à dire bonjour le premier, et je vais pouvoir observer les comportements de chacun. Dylan me rejoint rapidement, suivi de mon frère Max qui gueule, car son sac qu’il avait préparé la veille est vide. Hier soir, pour déconner, j’ai planqué son agenda et ses stylos et j’ai complètement oublié de lui redonner. Je préfère l’ignorer, d’autant plus que j’aperçois Jimmy à l’autre bout de la rue. J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure. Ce crétin ne presse pas le pas pour autant. Dylan me fait la conversation, mais je ne l’écoute pas. Le dos appuyé contre la grille de la place publique, je fixe la porte d’entrée de la maison de Marion qui aurait dû s’ouvrir depuis un moment déjà. Je suis dans tous mes états, mais j’essaie de ne rien laisser paraître. J’ai besoin de la voir et je redoute ce moment. J’ai peur. J’ai peur de m’être caché la vérité à son sujet. Je ne veux pas que Marion appartienne à quelqu’un d’autre que moi.

Jimmy me serre la main comme si de rien n’était. Je le méprise royalement jusqu’à l’arrivée du bus. Je jette à nouveau un coup d’œil accablé vers chez Marion quand Jimmy m’interpelle :

— Elle se rend directement au lycée, ce matin ! Sa mère l’emmène.

— T’es bien renseigné, connard !

Il ne relève pas ma remarque insultante et préfère monter dans le bus pour s’asseoir à côté de Dylan, me laissant comme un pauvre type à désespérer tout seul à l’idée de revoir Marion.

En arrivant devant l’établissement, je traverse la cour goudronnée pour m’informer de la composition des classes. Je suis désormais en Première S, tout comme Max, Dylan, Jimmy et Marion… Pendant que je consulte la feuille affichée au tableau, Jenny passe à côté de moi et nous échangeons rapidement un coup d’œil complice. Le silence est souvent plus parlant que bien des mots.

En tournant la tête, mon regard s’arrête sur Marion qui m’observe un peu plus loin dans la cour. Droite et statique, elle me dévisage froidement. Elle a changé. Elle est bien bronzée et ça fait ressortir la blondeur de ses cheveux et ses grands yeux bleus. Nous nous détaillons sans bouger, dubitatifs et déçus l’un par l’autre.

Le charme est rompu quand Jimmy s’approche d’elle pour l’embrasser et briser en quelques secondes toutes les illusions que je m’étais faites…

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