Chapitre 52 - 2236*

9 minutes de lecture

Chapitre 52

À force de sortir toutes les nuits pour déconner dans le camping, Paulo et Max commencent à être vraiment crevés. Ce soir, j’ai du mal à les motiver pour rejoindre notre petit groupe. De plus, Paulo vient de plaquer sa deuxième meuf et il n’a pas envie de la croiser.

— Allez les gars, juste un tour !

J’insiste alors que mes deux frères n’ont pas bougé d’un millimètre depuis ma dernière supplication, une demi-heure plus tôt. Max se languit d’Agathe, il est vraiment accro malgré la distance. C’est amusant de l’entendre lui susurrer des mots d’amour sur son portable à longueur de journée. Quant à Paulo, il veut laisser passer la soirée pour repartir chasser demain. Je ne compte pas dormir de suite et je persévère dans mon idée. Je pourrais sortir tout seul comme je le faisais avant, cependant je dois avouer que j’apprécie de plus en plus quand on est tous les trois. Nos escapades nocturnes génèrent entre nous davantage de connivence. Ils ne sont plus sur mon dos à me dicter ma conduite, au contraire, ils me suivent dans mes délires.

— Minuit trente, on y go ? je demande en jetant un coup d’œil sur mon portable.

— Non, elle va me casser les couilles ! refuse catégoriquement Paulo.

Il s’allume une clope et met ses oreillettes pour lancer une série sur sa tablette. Il me désespère avec ses copines. Il embrasse la fille le premier soir, la baise le deuxième et l’abandonne le troisième… Il m’énerve à toujours arriver à ses fins avec tant de facilité.

— T’avais qu’à pas la pécho ! je lui reproche en lui jetant ma paire de chaussettes sales dans la tronche.

— Fais pas chier, petit con ! Je te la laisse, si tu veux !

Il demeure concentré sur sa série et me rebalance les chaussettes avec beaucoup de puissance. Je les réceptionne aussitôt en ripostant :

— Je prends pas tes restes, trou du'c !

— Tu disais pas ça l’an dernier avec Véra, intervient Max qui est allongé sur le dos.

Il vient de clôturer sa communication avec son amoureuse et passe la tête à travers sa toile de chambre pour admirer notre début d’engueulade.

— Ta gueule, Max ! je réplique en lui envoyant mes chaussettes. À l’époque, j’étais puceau !

— Arrête, mytho ! me coupe Max en me les retournant. Tu l’es encore !

Au moment où Paulo balance sa clope à l’extérieur de la tente, j’aperçois deux ombres qui se rapprochent de nous. La nuit est plutôt calme, aucun bruit de voisinage ne se fait entendre, mis à part le chuchotement de mon prénom.

— Tonio ?

Intrigué, j’échange un regard avec mes frères, puis je me redresse et jette un coup d’œil à l’extérieur pour découvrir Éva et Claire, toutes les deux intimidées. Je siffle assez fort pour les interpeller. Aussitôt, elles s’avancent vers moi. Dans le contre-jour du lampadaire, je remarque qu’elles se sont habillées. Ça me change de ne pas les voir en maillot de bain, comme tous les matins. Éva a mis une petite robe colorée, nouée sur sa nuque. Je suppose qu’elle a le dos nu et je la trouve vraiment très belle. Elle s’est maquillée, pas trop, mais suffisamment pour que je distingue ses yeux dans la pénombre.

— Ouais ? je réponds en m’interrogeant sur leur présence.

— C’est qui ? me demande aussitôt Paulo qui a repéré Éva.

Évidemment, préparée comme elle l’est, elle fait plus vieille que son âge, et elle est tout à fait au goût de mon aîné.

— Ça te regarde pas, trou du'c !

Je le calme direct par un lever de majeur dans mon dos.

— Tonio, je peux te parler ? me sollicite Claire à qui je n’ai encore accordé aucune attention.

— J’arrive !

J’enfile mes baskets pour rejoindre au plus vite les deux filles avant que mes deux frères ne se décident à taper l’incruste.

Nous longeons tous les trois en silence le chemin goudronné, pour nous éloigner de l’emplacement du mobil-home de ma tante qui reste éteint. Je ne sais pas trop ce qu’elles me désirent, mais je suis tellement curieux que je ne peux pas attendre plus longtemps pour m’enquérir de la suite.

— Alors ? Il se passe quoi ?

— Oh, pas grand-chose, se défend aussitôt Claire. Éva voulait te voir !

— Ah !

Je suis un peu surpris, surtout après le râteau qu’elle m’a foutu dans la piscine et que j’ai encore du mal à digérer. Je me tourne vers l’adolescente qui semble gênée. Elle détourne les yeux et joue avec une mèche de cheveux. Puis elle tente de se justifier pour interrompre les futures révélations de son amie. Elle se met à balbutier un charabia incompréhensible.

— OK ! Tonio, je peux te parler tout seul ? me demande Claire en échangeant un regard complice avec Éva.

Claire s’agrippe à moi pour m’entraîner sur un banc de l’allée. Nous nous retrouvons tous les deux isolés.

— Oui ? j’approuve en m’asseyant à côté d’elle.

Éva continue sa route en solo sur le petit chemin lugubre ; je l’observe s’éloigner lentement de nous, ses bras le long du corps, avec une démarche quelque peu embarrassée.

— En fait, Éva te kiffe depuis le début !

— On dirait pas ! Elle m’a friendzoné en beauté, et même plus que ça !

Alors qu’Éva a disparu de mon champ de vision, je me retrouve en tête-à-tête avec sa pote qui tente de m’expliquer qu’en vérité, Éva est morte de trouille, car elle n’a jamais embrassé de mec.

— Ce matin à la piscine, elle a paniqué… me dit-elle.

— Ah !

Je suis médusé par cette confidence. Je m’attendais à tout sauf ça. Bah oui, on y revient : Éva est une de ces filles à qui il faut tout enseigner, alors que moi, je ne cherche que des meufs expérimentées qui pourraient m’apprendre…

— Mais en vrai, elle a vraiment envie de sortir avec toi !

— OK !

J’approuve bêtement sans savoir ce qu’elles attendent de moi. Enfin si, je suis en train de comprendre qu’elles sont venues me trouver pour que j’offre à Éva son premier baiser. Bordel, c’est bien ma veine de tomber sur une petite fille.

— Donc tu vas sortir avec elle ?

Sortir avec elle ? Non, mais comment lui expliquer que moi, Tonio, je ne sors jamais avec personne... Que je cherche juste une meuf pour finir de me dépuceler !

— Oui ! Elle est où ?

Dans quelle galère, je vais encore me mettre ? Je ne vais pas leur avouer que j’accepte uniquement pour m’amuser et passer le temps, en quelque sorte rendre service. Moi, le grand romantique, comment vais-je bien pouvoir embrasser Éva sans la traumatiser à vie ?

— Sur le muret, juste là, m’indique Claire.

— OK, je vais la voir !

Dans la pénombre du camping, je retrouve vite Éva, assise sur un petit mur. Elle patientait tandis que son amie terminait sa plaidoirie en sa faveur. J’arrive à sa hauteur, si mal à l’aise que je ne sais ni où me mettre ni quoi faire. Je suis censé être l’homme de la situation alors qu’au final, je suis complètement tétanisé. Éva attend de moi son premier baiser et elle l’espère probablement merveilleux.

Comment est-ce que je vais bien pouvoir me sortir de cette affaire ? Ces deux filles ne me connaissent pas, parce que sinon, il est clair qu’elles n’auraient pas fait appel à moi. Je ne suis ni romantique ni délicat, et tout le monde le sait dans mon entourage. Il n’empêche que si je ne veux pas choquer la jolie Éva, il va bien falloir que je fasse un effort et que j’essaie de trouver le truc qu’elle va apprécier.

Nous sommes tous les deux assis côte à côte sur le muret. Dix petits centimètres nous séparent. Éva regarde le sol en se tordant les doigts et moi, je cherche par terre ce qui l’intrigue autant. J’imagine que si je la fais rire, elle pourrait se détendre. J’ai un putain de registre de blagues et cependant, aucune ne me vient en tête. Je songe juste à ce baiser et j’ai l’impression qu’il s’agit, pour moi aussi, du premier. Il est bien loin, pourtant, ce premier bisou que j’ai volé à Marion…

— Alors, comme ça, tu veux sortir avec moi, mais t’as la trouille ?

Mais pourquoi je lui dis un truc si naze ? Je suis trop con, maintenant elle va penser que je suis un gros prétentieux.

— Mmm, approuve-t-elle sans bouger.

Je dois réagir rapidement. Le plus vite sera le mieux, sinon je vais monter en pression et faire de la merde. Je descends du mur pour lui faire face. Elle n’ose pas lever la tête vers moi, alors je saisis ses mains dans les miennes. Elle est un peu trop loin et je dois me rapprocher d’elle pour la prendre dans mes bras. Lui faire un câlin avant de l’embrasser, ça, c’est une excellente trouvaille !

Je me colle contre elle, mais comme elle a les genoux serrés, c’est Popol qui la touche. Non, ce n’est pas une si bonne idée, finalement. Popol reste sage et cette fille est innocente. Je me recule à nouveau juste pour lui écarter légèrement les cuisses et appuyer mon bassin contre le muret. Elle est en jupe et j’évite de me faire un film. Non, en vrai, j’y pense… Je suis contre elle, alors qu’elle a les jambes écartées et qu’elle est EN JUPE… Évidemment que ça m’excite ! Je lâche ses doigts pour l’enlacer et sentir son odeur, un mélange vanillé et fleuri. Elle s’est parfumée ce soir. Je dégage ses cheveux de son cou pour y poser un bisou. Elle s’accroche à moi et met ses mains dans mon dos. Ouf ! J’imagine que c’est bon signe. Je reste une ou deux minutes ainsi, immobile contre elle. Je suis juste bien. Je suis toujours bien contre les filles. J’apprécie la douceur de leur peau et de leurs gestes. J’aime quand elles me câlinent.

Puis lentement, ma bouche longe son cou pour remonter sur son visage. Avant d’atteindre ses lèvres, je me recule et je l’oblige à me regarder en maintenant sa tête avec mes mains.

— Tu as toujours peur ?

— Oui ! me souffle-t-elle.

Je souris à son acquiescement presque muet. Éva fait si fragile et naïve malgré son maquillage et sa tenue.

— C’est quoi ton bonbon préféré ?

— Fraise Tagada ! me chuchote-t-elle.

— Comme moi ! je dis en rigolant sans la lâcher. Ferme les yeux et imagine que tu manges ce bonbon…

Aussitôt, certainement plus sécurisée de ne pas avoir à me regarder, elle m’obéit. J’avance mes lèvres pour les poser délicatement sur les siennes et lui faire un bisou intense, mais chaste. Je sens sa bouche se crisper légèrement pour me rendre le baiser. Évidemment que j’ai envie de beaucoup plus, mais je ne sais pas si c’est le moment. Je préfère attendre et quitter la douceur de sa peau.

— Ça va ? je lui demande quand elle ouvre enfin les yeux.

Elle me sourit en guise de réponse et je pose mon front contre le sien. Nous restons comme ça à profiter de notre étreinte quelques secondes.

— J’ai envie de goûter ta langue…

Bon, ok, cette phrase est nulle. Je me suis pris pour Christian Grey ou Hardin qui veulent goûter la chatte de leur pucelle. J’ai un peu pété l’ambiance, je dois me ressaisir. À priori, Éva n’a pas prêté attention à la référence. Elle ne doit pas connaître ces deux romans cochons. J’en profite pour l’embrasser à nouveau et insister sur sa lèvre inférieure que j’aspire légèrement, mais suffisamment pour humidifier nos bouches. J’incline davantage ma tête sur le côté pour entrouvrir ma mâchoire. Ma langue pénètre lentement entre ses dents pour trouver la sienne. Je joue d’abord avec le bout tout doux de sa langue que je titille et que j’effleure, puis je finis de m’introduire en elle pour l’entortiller plus intensément. Éva est vraiment agréable à embrasser et je ne veux pas me séparer d’elle. Sa bouche est tendre et mielleuse, avec un léger goût fruité. Je la soupçonne d’avoir mâché un chewing-gum avant que j’arrive. Je me contente de caresser sa nuque avec mes doigts en pensant que pour une novice j’ai tiré le bon numéro. Il n’est pas question pour l’instant de tenter de la tripoter, bien que ce ne soit pas l’envie qui me manque. Elle a un décolleté vraiment attirant…

Je finis par rompre le charme en terminant ma galoche par deux petits bisous mouillés. Elle me sourit et semble moins tendue que tout à l’heure.

— On va peut-être rejoindre ta pote ? je lui dis en me reculant.

— Bonne idée.

Éva descend du muret et je lui prends la main avant de nous avancer vers Claire qui n’a pas bougé du banc.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Antoine COBAINE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0