Chapitre 35 - 1292*

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Chapitre 35

Après notre épopée de cette nuit dans le camping du curé, toute mon équipe de potes se cloître pour dormir. Seulement moi, je ne supporte pas l’inactivité. Durant ce temps, j’apprends à skater à mon chien. Mon père n’en veut pas, mais Gipsy me suit partout, jusque dans mon lit… Impossible de m’en séparer.

Il pleut et les orages m’empêchent de surfer. Juillet s’annonce pourri niveau météo. À défaut de surf, je me prépare à passer la journée près de la plage.

Avant de partir, je prends tout de même le temps de partager mon petit-déj avec mon fidèle cabot. Quand quelqu’un sonne chez moi, en bon chien de garde, Gipsy se met à aboyer et réveille mes frères qui dorment encore à l’étage. En ouvrant la porte d’entrée, je découvre Dakota et Marion sur mon perron, le sourire aux lèvres. Bordel ! Je reste stoïque ne sachant plus comment me comporter devant ma meilleure amie, avec qui j’entretiens sournoisement une relation ambiguë, et la sœur de mon pote, que j’essaie de me taper sans vouloir m’engager. Qu’est-ce qu’elles peuvent bien foutre ensemble et de surcroît chez moi ? Est-ce que Dakota a raconté à Marion notre partie de touche-pipi et est-ce que Marion lui a avoué que c’était elle, mon ancienne partenaire de jeu ? Un tas d’interrogations me traversent l’esprit quand Marion s’avance pour me dire bonjour, suivie de Dakota que je n’hésite pas à décevoir en lui présentant ma joue, histoire que les choses soient claires entre nous. Les deux complices, qui ont gagné en assurance depuis qu’elles sympathisent, sont venues m’informer d’une fête pour ce soir.

— On voudrait inaugurer la nouvelle salle que le conseil municipal nous a attribuée, commence Dakota. Tu penses que tu seras là ?

— Ouais ! je réponds en soufflant, soulagé qu’il ne soit question que de ça.

— T’as toujours ton chien ? continue-t-elle de m’interroger alors que Marion nous observe du coin de l’œil.

— Ouais ! Je dois le ramener cet aprèm… Mon père ne veut pas que je le garde !

Je me penche pour caresser tristement le flanc de mon clébard.

— Ah ? fait-elle, compatissante.

— Il appartient à quelqu’un, il est tatoué… Mon vieux croit que je l’ai volé.

— C’est un peu ça, me reproche Marion.

— Non ! Il errait sous la pluie. Bref, je vais en profiter pour aller skater.

J’indique d’un coup de menton ma planche posée à proximité de la porte d’entrée.

— Oh, cool ! s’exclame ma pote en affichant une mine réjouie. On pourrait se faire un aprèm là-bas, ensemble !

— Bonne idée !

Quelques heures plus tard, nous sommes en train de déconner sur le skate park, Ashton, Jimmy, Dylan, mon frère Max et moi, accompagnés de Marion et Dakota. Il se recommence à pleuvoir et nous devons nous résoudre à nous abriter sous la rampe.

Avec Gipsy, je m’assois par terre le premier, suivi de Marion qui vient aussitôt s’appuyer contre moi, à la grande surprise de Dakota. Ma meilleure pote veut semble-t-il marquer son territoire et moi j’adore jouer à ça. D’abord parce que Jimmy en pince pour Marion et il est vert de jalousie, ensuite car Dakota me fusille du regard et que ça doit lui mettre une pression d’enfer de me voir dans cette position. Je remonte ma main sous le T-shirt de Marion qui gesticule dans tous les sens.

— Tonio, arrête ! rigole-t-elle, chatouilleuse comme elle est. Qu’est-ce que tu fais ?

— Je vérifie si tu portes un soutif !

En entendant ma réflexion, tout le monde éclate de rire, sauf Dakota, bien entendu… Elle me décoche un regard noir que j’ignore. Par chance, Max me sauve la mise en changeant de sujet.

— On joue au trou du cul, propose Max en sortant des cartes.

Il mélange le jeu dans ses mains avec agilité.

— Ouais ! valide Jimmy qui est un grand amateur de cartes. Bonne idée !

— Moi, je vais me chercher un truc à bouffer, je reviens ! je lance en me levant. Gipsy, on y va !

Je pousse Marion pour me mettre debout.

— Je t’accompagne, s’impose Dakota en me rejoignant.

Je pars rapidement sans l’attendre. Elle m’agace. Je sens l’explication ou le pleurnichage, et je n’ai pas envie de l’affronter… J’accélère le pas pour la fuir, mais elle me rattrape à toute vitesse et nous marchons sous la pluie côte à côte.

— Tu m’ignores ? me reproche-t-elle d’entrée de jeu.

— Pourquoi tu dis ça ?

Je soupire fortement, énervé par ce qui va suivre.

— Ça fait deux jours que tu ne réponds pas à mes messages ! continue-t-elle en faisant la moue.

— J’étais occupé ! je mens sans la regarder.

— À promener ton chien ?

— Tu me fais une scène ou je rêve ?

Je hausse les épaules. Je n’ai pas envie d’en entendre davantage. Voilà pourquoi je ne veux pas d’une meuf : pour ce genre de prise de tête ! Non, mais sérieux, je souhaite simplement être libre !

— Pas du tout ! se défend-elle.

— T’as raconté quoi à Marion sur nous ?

— Rien ! souffle-t-elle. Tu veux que je lui dise quoi ? Y a rien à dire, si ?

Je m’arrête net et m’abrite dans l’encadrement d’une porte d’entrée pour me mettre à l’abri, Dakota vient se placer à côté de moi. Je me tourne vers elle et lui fais front. C’est vraiment une belle fille, avec ses longs cheveux blonds et ses grands yeux bleus. C’est quand même flatteur pour moi de la voir se languir au moindre de mes gestes. Elle s’adosse à la porte contre laquelle je prends appui avec mes mains, de chaque côté de sa tête. Elle est en train d’humidifier ses lèvres pulpeuses et j’imagine que ça doit être agréable de les toucher.

— Dakota, je ne veux pas sortir avec toi.

— Menteur ! m’accuse-t-elle en se plongeant dans mon regard.

— Je te promets ! je murmure la vérité en baissant mes yeux vers sa bouche. J’ai juste envie de t’embrasser de temps en temps, tu comprends ?

— Non !

Elle plisse les paupières, essayant de deviner les intentions malsaines que j’entretiens à son égard.

— Bien sûr que si ! je continue en penchant doucement mon visage vers le sien, les mains toujours en appui sur la porte.

— Moi, je veux sortir avec toi !

— Je veux pas m’engager.

Je m’approche lentement de sa bouche et je fais glisser mes lèvres sur les siennes.

— C’est dégueulasse, ce que tu fais ! balbutie-t-elle.

Elle déglutit et regarde autour d’elle pour essayer de lutter. Alors je continue de lui parler pour captiver à nouveau ses yeux et la piéger.

— Je sais ! Je t’oblige pas !

Elle tombe aussitôt dans mon embuscade et colle sa bouche sur la mienne. Ma langue, sans contrôle, cherche instinctivement la sienne. Dakota passe ses doigts dans mon dos et s’accroche à moi pour me retenir le plus longtemps possible contre elle.

Nous restons ainsi un moment avant de nous décider à rentrer dans la boulangerie pour acheter quelques chocolatines ainsi qu’une poche de bonbons. Puis silencieusement, nous prenons le chemin du retour. Dakota essaie de glisser sa main dans la mienne. Mais je prétends être gêné par les viennoiseries. Déçue, elle se mordille l’intérieur de la lèvre jusqu’à ce que nous retrouvions les autres. Ni vu ni connu, je me réinstalle contre Marion pour démarrer notre partie de cartes.

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