Chapitre 22 - 1407*

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Chapitre 22

Ce soir, je déconne avec Max, Jimmy et Dylan. Nous sommes retournés squatter tous les quatre le petit salon du vieux château pour nous cloîtrer dans cette pièce délabrée du dernier étage pour fumer tranquillement.

Dakota, la fan de M. Pokora, ne va pas tarder à revenir pour passer les vacances chez son père. Je le sais, car nous correspondons tous les deux par messages et j’aime bien lui répondre, même si je ne lui laisse aucun espoir de relation. J’entretiens tout de même nos échanges et je lui envoie des Snaps aguicheurs de moi sur la plage ou en train de faire le con. Je fais d’elle officiellement ma nouvelle crush et ça n’est pas du tout du goût de mon pote Jimmy.

J’adore le vanner sur sa sœur avec toute la délicatesse que chacun me connaît.

— Elle est folle de mon corps, j’y peux rien !

Debout, au milieu de la pièce, je me vante, un pétard entre les dents. Je soulève mon T-shirt pour passer la main sur mes abdos et imiter un strip-teaseur.

— Dans tes rêves !

Affalé dans le canapé vétuste et miteux, il ne se donne même pas la peine de jeter un œil sur moi.

— Si on l’écoute, elles sont toutes folles de lui ! se moque Max, assis à côté de Jimmy, en me faisant un doigt. C’est comme « ton » Agathe !

Je serre les dents en imaginant mon frère peloter « mon » Agathe. Finalement, m’envoyer cette vanne est de bonne guerre après le Cap que je lui avais réservé.

— Et il a pas pécho, ce mytho ! ajoute Dylan pour m’enfoncer encore davantage.

Pour me faire plier, ils peuvent s’y mettre à trois, car j’aime avoir le dernier mot et je veux prendre le dessus dans les conversations. C’est simple, j’ai toujours raison, même quand j’ai tort !

— J’ai pécho ta sœur et la tienne aussi, d’ailleurs ! je prétends en montrant Dylan et Jimmy du doigt.

Je pense à Marion. Je n’apprécierais pas que mes amis parlent d’elle de la façon dont je fais référence à leurs propres sœurs, mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi. J’aime les faire râler.

— T’es toujours puceau ! souffle Jimmy qui ne veut plus entendre un mot sur ce que je pourrais potentiellement faire à Dakota.

— Plus pour longtemps, ta frangine arrive dans quinze jours !

Je provoque mon meilleur pote. Je me positionne devant lui pour me caresser un téton en le regardant dans les yeux. Il perd patience.

— Oh, le con, éclatent de rire Dylan et Max.

— T’as plutôt intérêt à pas trop t’approcher d’elle !

Jimmy se crispe et commence à trembler de rage. Il devient menaçant et ça me fait encore plus marrer.

— C’est elle qui va se jeter sur moi !

Je continue de prendre des positions obscènes, mais c’en est trop pour lui.

— Ta gueule ! craque-t-il en me faisant un bras d’honneur. T’as quatorze ans, faudrait déjà que tu puisses bander.

— Pas de soucis pour ça, mon pote ! J’y peux rien, elle a fondu sous mon charme quand elle est venue pour ton anniversaire…

Je n’arrive pas à rester calme très longtemps, surtout face à l’agressivité de mon ami. Au plus profond de moi je sens que la tension monte. Je me crispe pour ne pas exploser, mais c’est plus fort que moi, je commence à perdre le contrôle de mes mots.

— C’est bon, change de sujet ! me coupe Max qui me connaît et qui sait parfaitement que je ne vais pas me maîtriser bien ad vitam æternam.

Il a dû repérer le clignement excessif de mes paupières. Je monte très vite en puissance, et lorsque mes nerfs lâchent, je deviens ingérable.

— Je l’ai pécho dans la cuisine !

Je mime à Jimmy la pelle monumentale que Dakota m’a roulée.

— Mais ta gueule, Speed !

Irrité, il donne un puissant coup dans le mur. En détaillant la trace de sa frappe imprimée dans le plâtre, je continue :

— Elle a une de ces paires de nibards, sérieux !

Je montre avec mes deux mains la taille la plus grande que je puisse imaginer pendant ce temps, Jimmy se frotte le poing et serre les dents.

— T’es lourd ! finit par abandonner Jimmy. Moi, je me casse !

— Oh le mauvais ! Il est à peine deux heures !

— Ouais beh demain, il faut ramener tous les livres au lycée ! nous rappelle tout d’un coup Dylan, en se levant pour rejoindre Jimmy.

— Ah ouais, merde ! approuve Max. Bouge-toi, Tonio ! On y va !

Je les rejoins dans l’escalier, satisfait d’avoir eu le dernier mot. Nous quittons tous les quatre notre planque pour rentrer chez nous.

Au petit matin, j’émerge difficilement, ce qui est rare. À ma grande surprise, il est dix heures passées. J’ai dû trop rêver de Dakota… ou trop fumer hier soir. Je comprends la zen attitude de Jimmy, maintenant. Une fois mes deux pieds posés par terre, je descends dans la cuisine pour déjeuner, en repensant à tous mes livres qu’il faut que j’aille rendre aujourd’hui au lycée. En faisant un rapide tour dans la maison, je découvre que mes deux abrutis de frères sont déjà partis sans moi. Ils ne m’ont pas réveillé, et je suis là comme un imbécile avec ma dizaine de bouquins. Je m’en moque, mais pas tout à fait, car si je ne les remets pas, je vais perdre la caution. Je ne vais pas paniquer pour ce genre d’emmerdes, advienne que pourra…

Le reste de la matinée, je la passe sur mon iPad à faire des parties de Loups Garous en ligne. Puis vers midi, j’ai vraiment trop faim. Aucun signe de vie des deux autres cons, ni de mon vieux. S’ils pensent que je vais les rejoindre à pied, ils peuvent toujours attendre ! Le lycée est à au moins huit kilomètres, alors pas question d’user la gomme des roues de mon skate pour un tas de manuels scolaires.

Je commence à me faire à bouffer un petit repas tranquille : des cacahuètes en entrée puis des chips et du saucisson. Je ne suis pas nutritionniste, je ne compte pas les calories, ce n’est pas mon truc. Au dessert, il y a des glaces de chez Picard. D’ailleurs mes deux frères n’en auront plus, car je m’enfile là boîte. J’adore faire ça ! Finir le pack de panachés ou les paquets de glaces et de barres de chocolat… Rien de tel pour les embêter. Je peux tout avaler pour le plaisir de voir leurs gueules en ouvrant le frigo. Je suis un sadique avec eux.

Une fois largement rassasié, je vais farfouiller dans la chambre de Paulo. Dans celle de Max, il n’y a jamais rien d’intéressant mis à part ses affaires toujours bien rangées. De plus, il est tellement maniaque que si je bouge quoi que ce soit, il va s’en apercevoir tout de suite. Par contre, mon plus grand frère laisse tout traîner. Des choses les plus anodines comme ses clopes, ce qui me permet de faire le plein de mon paquet, jusqu’à son ordinateur… Il n’a toujours pas changé son code d’accès qui est le même que celui de son portable.

J’adore fouiner l’historique de son PC parce que ça me dévoile toutes ses mauvaises habitudes : ses jeux de poker en ligne, ses connexions régulières à des sites pornos, son compte Facebook et Messenger avec toutes ses discussions, les nudes qu’il échange avec une meuf de sa classe. Sophie appréciera.

Évidemment, je screene toutes ses informations et je les envoie aussitôt à ma pote Marion. Il serait regrettable que je perde mon téléphone… Finalement, Marion me félicite de mes trouvailles et elle me propose de m’emmener poser mes livres en même temps qu’elle. Trop de chance de l’avoir dans ma vie ! Grâce à elle, j’arrive à temps au lycée, ce qui me permet de récupérer le chèque de caution. Mes frères, toujours sur place, sont surpris de me voir débarquer tout sourire. Je choisis d’ignorer totalement leurs moqueries, ma vengeance est bien plus satisfaisante. J’ai hâte qu’il la découvre.

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