Chapitre 14 - 1580*

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Chapitre 14

Je suis le mec le plus poisseux de la terre. Non, mais sérieusement, je me retrouve enfermé avec ma crush qui semble vouloir enfin se déclarer, chez ma meilleure amie avec qui je suis en train de me réconcilier. Dans tous les cas, je fais face à Agathe, et constate à nouveau que je suis aussi grand qu’elle.

— C’est Max qui t’envoie ? murmure-t-elle.

Pourquoi parle-t-elle si bas et de surcroît de mon frère ? Je ne vois pas du tout où elle souhaite en venir.

— Max ? je l’interroge en enfonçant mes mains dans les poches de mon jean's pour paraître à l’aise.

— Pour ce que tu as à me dire ? ajoute-t-elle nerveusement.

Je devine vite qu’elle est anxieuse, car elle mordille sa lèvre inférieure. Ses yeux bleus me sondent et je ne comprends pas leurs questions. Je me languis devant elle, je tenterais bien de l’embrasser. J’incline légèrement ma tête vers elle. Je craque sur cette fille depuis si longtemps.

— Non, c’est moi !

— Ok, tu pourras lui donner ce mot ? fait-elle en me tendant un petit papier plié.

— C’est quoi ?

Je saisis le papier et le mets dans ma poche en soupirant. Je commence à comprendre ce qu’il se passe et ma déception est immense. J’ai juste envie d’anéantir mon frère. La jalousie me foudroie sur place.

— Tu sais, le soir où nous sommes allés au cinéma, et bien après on s’est embrassés et depuis, il m’ignore totalement, alors je lui ai écrit ! me lâche-t-elle tristement. Et je ne comprends pas pourquoi il fait ça !

— Tu es sortie avec Max ? j’articule en écarquillant les yeux.

C’est donc bien pire que tout ce que j’imaginais. Je me laisse tomber sur le lit de Marion, abattu par l’annonce que vient de me faire ma crush, la fille dont je rêve depuis mes douze ans. Elle est en kiff sur mon frère. Moi, je n’ai rien vu ! Et cet abruti de Max, si ça se trouve, n’en a rien à cirer. Tous mes plans et mes projets sexuels s’effondrent !

— Oui ! Tu lui donneras mon mot ? insiste-t-elle.

— Bien sûr !

Non, je ne pense pas. Je soupire excessivement. Qu’ils se débrouillent tous les deux ! J’en n’ai franchement plus rien à foutre de leurs vies. Je souffre, j’ai le cœur qui vient d’exploser en mille morceaux.

— Merci Tonio, t’es trop chou, dit-elle en se penchant pour m’embrasser sur la joue avant de rejoindre Sophie.

Lorsque Marion revient dans la pièce, tout s’éclaire. Je me repasse ma soirée au cinéma. Le mec qu’Agathe aime, mais qui est plus jeune. Marion qui fait la gueule et qui se fout de moi pour Agathe.

— Agathe est sortie avec Max et t’étais au courant ! je lui reproche aussitôt.

Je me lève du lit et tourne en rond dans la chambre. Marion reste immobile, le dos contre la porte à me regarder m’agiter.

— Et alors, c’est pas la fin du monde ! Tu m’as roulé une pelle et quinze minutes après, tu t’es tapé Whitney !

— Rien du tout avec Whitney ! je lui avoue. Elle m’a juste chauffé à mort ! Et rien de plus !

— Tu veux dire qu’elle s’est foutue de ta gueule ?

Après m’être animé inutilement, je suis sous le choc, complètement catastrophé qu’aucune fille ne s’intéresse à moi. Je me lamente, contrarié en me jetant à nouveau sur son lit :

— Non, je veux dire qu’elle m’a pris pour ce que je suis ! Un puceau désespéré !

— Ouais et bien le puceau, il se calme ! rit-elle en s’allongeant à côté de moi. Mais t’as fait quoi exactement avec Whitney ?

— Moins qu’avec toi, si tu veux savoir !

Je tremble nerveusement et fixe le plafond. Marion tente de me détendre, elle se penche sur moi et tapote mon torse.

— Raconte, je veux tout connaître de ta vie sexuelle avec les mouches !

— Attends, Agathe m’a filé un mot pour Max, je lâche en fouillant dans mes poches. Regarde !

Je me redresse et déplie les petites pensées secrètes d’Agathe.

— Vas-y, montre ! m’arrache-t-elle le papier des mains.

Max, Je ne comprends pas pourquoi tu m’ignores comme ça. Je te garde une place dans le bus demain matin pour que l’on discute et que tu me dises franchement ce que tu ressens. Je t’aime. Agathe

Agathe aime Max et j’ai rien vu. Il est si différent depuis le décès de maman, souvent dans la lune. Il ne communique plus, comme s’il était déconnecté de ce qui se passe autour de lui. Il a perdu sa joie de vivre et demeure réservé. Ce con est devenu tellement introverti qu’il ne doit pas oser lui avouer ses propres sentiments.

— C’est mort ton plan Q dépucelage avec Agathe ! ironise Marion.

— Ouais, on dirait bien !

— Tu vas donner le mot à Max ?

— Non ! Il n’y a pas écrit facteur ici, je m’esclaffe en montrant mon front avant de balancer le papier directement dans la poubelle.

Putain, deux ans que je bave sur elle ! Dès l’instant où je l’ai croisée dans les couloirs et que son parfum est parvenu jusqu’à moi, il n’y a pas un jour où je n’ai pas pensé à elle et à tout ce que nous pourrions faire ensemble d’indicible.

Le lendemain dans le bus, à mon plus grand amusement, Max ignore totalement Agathe qui se morfond dans son siège. Évidemment, ça déclenche chez Marion et moi un fou rire qui durera toute la journée.

En classe, assise au dernier rang à côté de moi, durant le cours d’anglais, Marion énumère toutes les filles potentielles avec lesquelles je pourrais me faire la main. C’est horrible comme propos et dénué de sentiments, mais j’en veux à toutes les « Agathe » du lycée et j’ai besoin d’une nouvelle crush pour me changer les idées et élaborer un plan d’action.

— Tu as Kesly ! Elle t’aime bien, elle peut faire l’affaire, elle a déjà baisé avec Dylan, commente Marion à voix basse en faisant semblant de suivre son cours.

— Pas assez de seins !

Je recale la suggestion de ma pote en matant autour de moi chaque poitrine. Les nichons, c’est le critère de base depuis que j’ai découvert Whitney !

— Et Angela, elle est petite, mais tu aurais de quoi tâter !

— Elle a les dents de traviole !

Ce critère est également primordial, et passe même avant le soutien-gorge. Je suis un obsédé de la dentition. À moins d’être totalement bourré et inconscient, je refuse catégoriquement d’embrasser une bouche imparfaite.

— Tant qu’elles ne sont pas pourries, et qu’elle ne pue pas de la gueule ! me lance Marion, hilare.

— Non ! En plus, j’aime pas son rire, imagine qu’elle couine de la même façon au pieu, je serai pas à l’aise !

Marion lève les yeux au ciel et me regarde avec désespoir.

— Non, mais tu as de ces idées tordues, toi ! Il y a Mégane qui te mate en sport ! Bon, elle est timide, mais elle est pas mal !

— Mégane ?

J’étudie la brune aux cheveux longs du premier rang qui remonte ses lunettes.

— Oui, elle n’est pas blonde, mais je pense qu’elle t’aime bien !

— Attends, je lui envoie un mot pour tâter le terrain ! je chuchote en déchirant un bout de ma feuille de cours.

J’écris un message court, franc et direct, puis je le plie en petits morceaux. Je mets un coup dans l’épaule de Jimmy qui est devant moi et je lui dis de le faire passer à Mégane. Mais ce con appelle un peu fort ma favorite et cela interpelle l’enseignante qui fait aussitôt signe à Jimmy de lui donner mon billet.

Oh, bordel ! Pourvu qu’elle ne le lise pas ! Je m’enfonce direct dans ma chaise.

— Euh, je tiens à préciser que je ne suis pas l’auteur du mot, c’est Tonio, madame ! lance Jimmy en tendant le papier à la vieille prof de maths qui enfile ses lunettes.

— Balance !

Je frappe dans le dos de Jimmy pour le faire taire, en vain.

— Et à qui était-ce destiné ? m’interroge la prof.

— Mégane !

Cet enfoiré de Jimmy continue de répondre alors que je lui remets une tape derrière la tête avec ma règle cette fois-ci.

— « Tu couches ? » Ça, c’est romantique !!! Tonio, vous allez chez le CPE. Vous verrez ce qu’il en pense !

La classe éclate de rire. Tous les yeux sont tournés vers moi. Jimmy et Dylan m’applaudissent alors que Max hausse désespérément les épaules.

— Non, mais tu crois sérieusement pécho en envoyant « tu couches » à une meuf ? me reproche Marion en me ramenant à la réalité.

Je l’ignore. Fier et droit, mon carnet de liaison à la main, je me lève pour traverser la haie d’honneur que me font les élèves jusqu’à la sortie. Puis, j’affiche un large sourire et fais un salut théâtral, digne des plus grands comédiens. Avant de quitter la classe, je fais un clin d’œil à Mégane qui se mord la joue en me voyant partir, ruminant sa vengeance.

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