Poésies
Le vautour.
Les humains le détestent et le chassent parfois
Souvent objet de haine ou pire de dégoût,
Nul peuple en ce monde ne serait assez fou
Pour le diviniser. Funeste oiseau de proie.
Solitaire, il plane. chassant du haut des cimes
Il descend, attiré par les chairs putréfiées,
Mange, parcimonieux, ce qu’autrui a laissé.
Tous l’ont banni, sauf la mort, son amie intime.
Les hommes s’entretuent pour des motifs futiles
Ils restent au ras du sol, animaux malhabiles,
Lui moque ces bêtes mortes avant d’être nées…
Tant pis si on le hait : la solitude est belle
Pour qui a une vue digne des immortels
Et qui du triste monde a su se libérer…
Vanité
La ville chatoyante étonne par sa vie
Dans la consommation le vulgaire se plait
C’est sur la bassesse que se forge la paix.
Mais l’homme de raison n’en est pas réjoui.
La vie est absurde pour qui vit sur les cimes !
Un regard pénétrant ne voit que déraison :
Nulle valeur ne vaut pour un esprit profond.
Seule est certaine la mort. O ! Néant sublime !
Dans un flacon de vin, ce dangereux sirop,
Devons-nous nous tourner pour trouver le repos ?
Ou dans les bras des femmes espère-t-on encore
Que les jours sont heureux ? La chair est écoeurante
Et l’ivresse trompeuse. Existence aberrante !
Nul moyen d’échapper à notre triste sort…
Les fourmis.
Austères et ordonnées, les fourmis vont et viennent
N’ayant nul autre but que l’éternel ouvrage.
Sisyphes sans douleurs ! La paix est leur servage,
Le néant de leurs âmes oblitère leur peine…
Elles édifient seules de parfaites cités.
Faisant fi du destin, chacune joue son rôle
Tel un robot zélé, servile et sous contrôle
D’ un ordre spontané fait pour décerveler.
Mais que vienne un tapir, brisant la fourmilière,
Et les insectes fuient, accablés de misère.
Le mammifère fait le divin jugement !
Livrées nues au hasard, paniquées elles errent
Ces animaux soumis, morts au moindre revers,
Dont les âmes vides les rend insignifiant !
Solian.
Tu hantes mes couchers, nourrissant mes espoirs
Me soumets au devoir, camisole chimique.
Qui donc peut t’accepter, maîtresse diabolique,
Sans sitôt te haïr ? Cigüe si sale à boire…
Est-ce l’infirmité ou bien ma perdition
Qui cause ces souffrances ? A moins que ton venin,
Puissant neuroleptique, broyant mes intestins
Encourage mon âme à la déréliction.
Pourrai-je un jour guérir, fatigué de t’étreindre ?
Ou bien comme Sisyphe et ne cessant de geindre
Boirai-je ton calice, usé, jusqu’à la lie ?
La folie est un mal soigné par un poison.
De Charybde en Scylla, sans fin, ma damnation
Transforme ma psychose en toxicomanie…
La télé et la guerre.
A la télé, la radio,
La guerre apparaît chaque instant
Un champ de cadavres s’étend
Exhibés pour les Editos.
Devant sa télé en couleurs
L’occidental, voyeur obscène,
Met des génocides en scène
Sans jamais verser aucun pleur…
Repu de ce sang virtuel
Et à l’abri de son confort
Le spectateur se pense fort
Mais son silence est criminel.
Média ! Tes images brutales
Flattent notre instinct de voyeur
Mais sous tes écrans de couleur
Il y a hélas un vrai mal.
Platon abhorrait les images
Nous, de même, rejetons les !
Sans fard, évitons les excès
Et pour toujours faisons-nous sages…
Le soleil brille.
Le soleil brille et c’est le soir
Les bourgeois font leurs bacchanales
Eros se montre triomphal.
Le ciel est bleu, mon âme est noire…
La ville part en Dyonisies
Et les passants pour un peu d’or
Peignent de rires le dehors…
L’été n’est pas dans mon esprit.
La plèbe dans son ignorance
Minaude au bon soleil couchant
La mort est pourtant au tournant,
Certaine de notre impuissance.
Sous la loi de l’astre solaire
Les gens folâtres ont l’air heureux
Leurs vains plaisirs me rend envieux
Et leur futilité amer.
La grande braderie.
Le soleil éclatant luit à n’en plus finir. Il s’immisce dans les moindres espaces des esprits empesés, déversant sans relâche des couleurs chatoyantes, illusions polychromes polluant le noir horizon de notre vacuité.
La foule vulgaire, plèbe multicolore, troupeau kaléïdoscopique, inonde les rues écarlates telle une marée au flux toujours plus vigoureux. C’est la grande braderie ! La fête ! La bombance ! Les margoulins pour un peu d’or vendent des chiffons peinturlurés, des colliers de bois exotiques. Le rêve est sur tous les étal ; il est même en promotion, à sept euros cinquante !
Les chalands hypnotisés par ces verroteries se pressent en masse pour arracher de leur écrin la perle factice qui les rendra heureux jusqu’au lendemain. C’est la valse consumériste sans début ni fin, au tempo de plus en plus frénétique…
Lorsque la masse grouillante sera partie, on ne verra plus que les immondices, le sang, la boue, la pourriture, les charognes, laissées là par l’intempérance et la bêtise.
Alors la pluie arrivera et nettoiera cette graisse ignoble, rendant aux anarchistes, pour un temps, leur divine liberté jusqu’à la prochaine orgie…
Les biches.
Les biches vont, peinturlurées,
De boutiques en magasins,
Acheter vêtements, parfums,
Dans des centres sécurisés.
La beauté est leur capital
Et sans compter elles dépensent
Pour soigner leur belle apparence
Et vivre comme des cigales.
Mais sous le fard de leurs atours
On perçoit des agissements
Imprégnés d’un morne néant,
Qu’on sent dans leurs tristes discours.
Quand elles sont en compagnie
C’est avec de pauvres garçons,
Des bellâtres souvent très cons
Leur double en crétinerie.
Et elles continuent de boire,
Dansent dans des boites vulgaires
Et baisent avec des coqs tout fier
Qui ne les aimeront qu’un soir.
Le matin elles se réveillent
Rendues plus seules que jamais.
Pour quelqu’un qui les aimerait
Elles offriraient monts et merveilles.
Mais quand le week end est passé
Elles retournent travailler
La tristesse du quotidien
Fait taire leur morne destin.
Les Don Juan.
Dans les bars interlopes et les cafés branchés
Traînent les don Juan, rusés renards urbains.
Avides de divas, ils chassent dès matin
Amoureux carnivores aux mille procédés.
Ils sourient ! Ils plaisent ! Parlent littérature,
Lisent Libération bien en vue, en terrasse,
Afin que tous les voient et surtout les pétasses
Eblouies, se pâmant pour leur pauvre culture.
Mesdames méfiez-vous de ces êtres trompeurs !
Leur beauté cache mal leur misère intérieure.
Vous tombez dans leurs rets, sensibles aux apparences.
Ils sont incapables de chérir plus d’un soir
Les belles naïves qui se sont fait avoir
Croyant trouver l’amour sous les plaisirs des sens…
Les voitures.
De Lille jusqu’à Perpignan
En d’insolites processions
Suivant toutes les directions
Les voitures vont, vrombissant.
L’été est là et son soleil
Le moteur tremble d’impatience
D’emmener famille en vacance
Vers des lieux chargés de merveilles
La route envahie de chaleur
Assomme l’humble maisonnée
Cloîtrée dans son carcan d’acier.
La plage vaut bien ces douleurs !
Parfois les parents voient passer
Une orgueilleuse Mercedes
La vile envie alors les presse
D’une plus belle posséder.
Sous l’astre brillant du mois d’août
Les émigrants n’entrevoient plus
La triste fumée qui pollue
Tuant toute vie lors du raout.
Enfin quand tout sera fini
Tous reprendront leur morne vie
La voiture alors leur servant
A parader comme des paons.
Ma folie.
Ma pathologie, impudique
Se montre à toutes occasions
Une extravagante affliction
Ronge mon âme famélique.
La solitude est mon bonsoir
Les amis se défient de moi
J’ai beau crier sur tous les toits
Je récolte le désespoir.
La nuit, hurlant avec les loups
Je prie la lune, mon amie
De ne pas me faire ennemi
De ces hommes qui me bafouent :
C’est malgré moi qu’il me haïssent
J’ai beau souvent me démener
Je vis tout seul et opprimé
Par mes actes qui me trahissent.
Et mon insondable martyre
Me pousse à la déréliction
Cherchant en vain le repentir
Je ne trouve que damnation.
D’une ténébreuse prison
Innocent me suis enfermé
Mon espoir est dans la clarté
Le beau diamant qu’est la raison.
Quand viendra l’heure de juger
C’est l’enfer qu’on me promettra
Seuls les bons, ceux qui ont la foi,
Pourront pardonner mes péchés.
Le football.
Avec leurs bas peinturlurés,
Leurs maillots, leurs shorts colorés
Ils cavalent après un ballon rond,
Tout heureux d’être des champions.
Leur orgueil les pousse à courir
Tirer, tâcler ou se frapper
Et une fois le match gagné
La coupe va les abrutir.
Hérauts des anciennes nations
Ces contemporains gladiateurs
Vont jusqu’à répandre des pleurs
Lorsqu’ils ont manqué le ballon.
Et leur discours teinté de gloire
Cache mal leur esprit vulgaire
Leur renom masque la misère
D’une vie vécue pour l’avoir.
La foule inepte les encense,
Ces soldats du spectaculaire
Et ne voit pas que c’est la guerre
Qui sous le fard du jeu avance.
Footballeurs, votre âme stupide
Entretient les relents putrides
De l’horrible compétition
Conduisant à la déraison.
Le clochard.
Assis sur le trottoir, seul jusqu’à en vomir
Il contemple Babel, cet immonde cloaque,
Tel un moine reclus. Le mauvais vin l’attaque,
Consomme sa carcasse à coups d’éclats de rire.
Est-ce d’avoir trop bu qu’il ne désire rien ?
Ou bien est-il blasé de l’humaine souffrance,
Réfugié dans le gêne et la désespérance,
Ermite par dégoût, laissant sa part aux chiens ?
Sous son air miséreux on l’imagine triste
Son esprit enfiévré est celui d’un artiste
Détaché de son œuvre. L’ivresse est son honneur.
Patiemment il attend l’heure de son décès
Il vit son agonie en exaltant l’excès
L’alcool est son couvent et la rue son bonheur.
Les jeunes.
Dépenaillés et nonchalants
Ils envahissent les troquets
De bière ils n’ont jamais assez
L’alcool les rend indifférents.
Ils profitent de leur jeunesse
Enthousiastes et conformistes
Suivis par de mauvais artistes
Et des trafiquants de paresse.
On loue leurs airs désinvoltes
Pour mieux leur vendre des objets
Habits, disques, colifichets
On marchandise leur révolte.
Quand l’un d’entre eux, original
Se méfie des plaisirs vulgaires
Voulant retourner à la terre,
Ils condamnent le marginal.
Foin des bocks, de la limonade,
Ils ne semblent pas exister
Superficiels, se rencontrer
Ne se fait qu’entre camarades.
Croyant le monde entre leurs mains
Ils s’encanaillent, vaniteux,
Pour un partenaire mielleux
Qui partira le lendemain.
Pour eux le bonheur est facile
Enfermés dans leur suffisance
Leurs esprits guidés par la chance
Rend là leur vertu malhabile.
La matrice.
Le chef dans son palais, à l’abri du besoin
Mitonne ses décrets, répugnant démagogue ;
A ses pieds réunis, une foule apologue
Entretient l’illusion de brillants lendemains.
Qu’ils sont simples les jours quand l’affreuse Babel
Vous nourrit de son sein et exauce vos vœux.
L’illusion, la chimère est tout ce que l’on veut :
La fausse opulence rend la caverne belle !
Le salut passe par la misère et la fange :
Marginaux, aliénés, voilà ce qui dérange.
C’est leur différence qui nous montre la voie.
Alors les réprouvés, heureux de n’être rien
Sans craintes ni espoirs, affranchis de tous biens,
Sauront nous délivrer de l’argent et ses lois.
L’autre.
Le monde est empli de vivants
Copulant toujours sans raison
Et dans ce spectacle grouillant
Je cherche en vain ma rédemption.
D’hommes j’ai cherché l’entourage
Dorénavant j’en suis fourbu
Peut être que je prends de l’âge
Mais autrui m’a beaucoup déçu.
La solitude nous enferme
Si bien qu’à la moindre figure
De nos peines on croit voir le terme
Hélas rien dans l’humain n’est sûr…
Nous sommes d’éternels vampires
Nous prenons sans jamais donner
Narcisses qui croyons aimer
Nous faisons bien souvent le pire
Autrui est là qui nous enivre
Détruisant notre liberté
Stoïques, saurons-nous quitter
La masse pour enfin mieux vivre…
Ernest Antoine Sellière.
Tu ne sais pas qui sont les autres
Et pourtant tu fais la leçon.
Ignorant, jouant à l’apôtre
D’une liberté sans raison.
Enfermé dans ton univers
Tu n’as connu que réussite
Et ton point de vue sollipsiste
Se veut scientifique et ouvert.
D’un revers de main tu balaies
L’impuissante contradiction,
Imposant de mille façons
Tes préjugés et tes conseils.
Tellement tu es plein de toi
Tellement, si fort, tu t’aimes
Tellement sûr de ton bon droit
Que tu te crois la raison même.
Pourtant si un jour le bon dieu
Sur la terre faisait justice
A ce moment tu ferais mieux
De te préparer au supplice.
Ce Dieu vengeur dissiperait
La brume de ton égoïsme
Enfin, renonçant au cynisme
Moine mendiant tu te ferais.
*
Tu montres ta colère, enfant de la banlieue
En détruisant la voiture d’un prolétaire
Vois-tu dans ta révolte on peut faire beaucoup mieux :
En collant une balle au bon baron Sellière.
L’homicide est hélas notre dernier moyen
Pour faire la justice au pouvoir de l’argent
Bon baron plein de toi tu fais moins le malin
Quand la loi du plus fort brise tes faux talents.
Le juge.
Sous ton manteau d’hermine on t’imagine sain
Pourtant tu n’es qu’un homme à la chair si friable
Qu’un diplôme obtenu fait qu’on te croit capable
De juger en conscience. Et tu te crois certain
Car fondé sur le droit d’envoyer en prison
Qui a violé la loi. Pauvre fou tu t’égares !
Tu ne fais qu’opprimer, châtier au hasard
Le quidam qu’on t’exhibe et qui perd la raison.
O ignoble verdict ! Justice trop humaine
Sous le fard de la loi c’est la vie qu’on enchaîne !
Tu te fais le garant d’une vertu inique
Sans la force tu perds toute ta dignité
Ton empire est fini quand naît la liberté
Un jour nous briserons ton faux masque cynique.
Injustice.
Il est chez le vulgaire une idée répandue
Qui est que le quidam récolte seul son dû
Que le méchant puni, le bon récompensé
Trouvent dans cette vie la sanction méritée.
Brisant l’idée reçue, le destin capricieux
S’amuse à torturer un humain innocent,
Déréglant son âme, l’accablant de tourments.
L’homme ne comprend pas et devient malheureux.
Quand donc, Dieu de justice, voudras-tu effacer
L’iniquité naissant de nos infirmités ?
C’est au hasard que tu punis et récompense.
Si tout est trop inégal en cette triste vie
C’est que nous sommes bêtes, à jamais pervertis…
La sanction divine est que plus rien n’a de sens !
La ville.
Ton cœur O Babylone, bats au rythme maudit
D’étreintes frénétiques à l’odeur vermoulue
La vie que tu exhales est bien là, corrompue
Tu sens la charogne en polluant notre esprit.
Tes dédales nous noient, ignoble labyrinthe.
Dans ce grand désert d’hommes on n’entend pas nos plaintes
Et les mirages attirent les ventres faméliques
D’anges désespérés, aux espoirs fantastiques.
L’illusion nous entraîne à notre avilissement
Ta luxure perverse achève lentement
De guider nos âmes vers la déréliction
Si jamais un ascète tente de s’échapper
Tu rappelles, catin, que c’est pour copuler
Sortir de la fange qu’est ta destination…
Fantasmes.
J’ai dans le cœur mille visages
Souvenirs éreintant, sans âges
Qui de luxure vibrionnent
A en faire rougir Pétrone.
Ces talons hauts, ces jupes à fleur
S’amoncellent dans mon esprit
La féminité m’obscurcit
Au point de faire mon malheur.
Et mon sentiment esthétique
Ne pourra nullement chasser
De mon gros cortex vicié
Toutes ces femmes impudiques
Alors…
Rongé de morbides fantasmes
Je marche sans répit, avide
De prostituées impavides
Qui iront consommer mes spasmes.
Christian n’est pas là ce soir.
Christian n’est pas là ce soir
Quand je sonne la porte est close
Alors désespéré je n’ose
Imaginer son désespoir.
En prison à quoi rêves-tu ?
Toi que je sais si malheureux
Accusé d’un crime honteux
Par ceux qui ne t’ont pas connu.
C’est triste que tu sois là bas
Ta solitude est ton malheur
Et je jure que sur mon cœur
Je souhaite tant que tu sois là
Déboussolé, qu’espères-tu ?
Penses-tu enfin à la vie ?
Ou bien pour toi tout est fini ?
Ton âme doit être si nue…
L’aliéné.
Il déambule au hasard
Ce sont ses rêves qui le guident
Si son délire l’invalide
C’est qu’il ne prend jamais sa part…
Face aux bourgeois qui l’injurient
Il rétorque par l’innocence
La terreur alliée d’ignorance
L’entraîne jusqu’à l’infamie…
Solitaire il ne connaît pas
Les plaisirs de l’humanité
Mais il comprend la vacuité
D’une vie vécue sans éclat.
Ange déchu ! Ton existence
Est le signe de nos péchés
La raison dont tu es spolié
Ne rachète pas nos souffrances.
L’argent.
Universelle prostituée
Tu échappais à mes œillades
Alors las je me suis tourné
Vers de plus simples camarades.
Pourtant pour toi je ferais tout
Pour une fois, vainqueur, t’étreindre,
Mais face à toi ne fais que geindre
Oui, vraiment, tu me rendras fou !
Et toi dans la rue tu t’étales !
Que ne ferais-je pour consommer
Tes formes qui comme Tantale
S’exhibent en publicité…
La mort est sous tes maquillages
Tu me provoques sans faiblir
Jusqu’à ce qu’à un certain âge
Je décide enfin d’en finir…
Volutes.
Las ! la douleur se fume et ceint l’habit moiré
De volutes proscrites aux reflets mordorés.
Les râles sont morbides à qui suit Epicure
C’est la mort que je crache, invisible morsure…
Nous échappons au pire, réfugiés en ivresse
En croyant nous enfuir mais notre maladresse
A être enfin en paix ne donne pas au monde
Les couleurs espérées. Triste ville inféconde !
Les sots t’ingurgitent, fumée cancérigène,
Ils refont le monde sans sagesse et sans peine
Créant par leur délire un futur étouffant,
Une prison de trop. Libère-toi avant !
Mais si haut tu t’élèves ne retombe jamais
Dans les prisons dorées d’une fumée trompeuse
Libère ton esprit et le temps à l’arrêt
Tu contemple le monde en vision bienheureuse…
Consommez.***
Il est tellement naturel
Sans conscience de se gaver
De bibelots artificiels
Où le bonheur est acheté.
ces cadeaux c’est là l’impuissance
A vivre notre humanité
Délivré de la dépendance
De la tyrannie des objets
Car le destin du dernier homme
Se joue dans les supermarchés
Dans son caddie il fait la somme
De toutes ses infirmités.
Consommez ! C’est la loi divine !
Le peuple attend hypnotisé
La discipline du marché
Et de ses tristes officines.
Mais lorsque survient un stoïque
Faisant loi la sobriété
On lui répond économique
Pour mieux masquer l’indignité
Liberté ! Je te veux lucide !
Pas simplement irraisonnée.
Suivons plutôt la piste aride
D’un dénuement revendiqué.
Amusons-nous.
Quand le soir le haschisch nous a trop enfiévré
Sommes mélancoliques et nos jeunes années
Sont désormais perdues, souvenirs embrumés.
Souffle déjà la mort sur nos cœurs attristés.
Buvons ! Enivrons nous, avant que la faucheuse
Fasse œuvre charitable ! Et d’une voix heureuse
Chantons à perdre haleine, ivres jusqu’à midi.
Evitons la tristesse, tant que nous sommes en vie.
Inévitablement, nos amis, nos parents
Reposent avant nous sous le beau marbre blanc
Ne sois pas effrayé, supporte sobrement
Tous les coups du destin. soigne toi en dansant.
Savoure les instants comme si la mort noire
A ce moment précis venait prendre sa part
N’attends pas de miracle et n’aie pas non plus peur
La mort est impuissante à régner sur ton cœur !
Les bonobos.
Si nous étions des bonobos
Et pas de simples chimpanzés
L’amour serait notre credo
Rejetant la bestialité.
Pour agrandir le territoire
Mille tribus prennent les armes
La mort venue, viennent les larmes
Par cette inepte envie d’avoir.
La raison, funeste instrument
Est l’alibi des génocides
Et distille le fiel acide
Du nationalisme affligeant
Mais si, régulés par l’amour,
Nous accueillons nos congénères
En finirons avec la guerre
L’harmonie guidera nos jours.
Mission to Mars.
L’homme est un étrange animal
A l’esprit encore archaïque
Par malheur sa pensée magique
Le pousse loin vers les étoiles.
Emprisonné sur son caillou
Il souffre et meurt en ignorant
Pourquoi il vit isolément
A tel point qu’il en devient fou.
Il ne se connaît pas lui même
Ne sait pas aider son prochain
Mais de Mars veut piller les biens
Tant il se complait dans l’extrême.
S’il connaissait, ce miséreux
La vanité des rêveries
Qui le dérèglent à l’infini
Il pourrait enfin être heureux.
Banlieue.
Enfant des hautes terres, tu erres
Entre les murailles de l’ennui
Un joint, c’est tout ton univers
Mais l’ivresse te rend aigri…
Ami de tous et de personne
Tu veux vivre toutes les vies
La couleur de ta peau détonne
Les gens ont peur de ton ethnie…
Ta différence est ton atout
Et pourtant on te la reproche,
Egaré tu te fais voyou,
Tu t’amuses en faisant les poches…
Et si le destin te rend riche
Les ornements ostentatoires
Autour de toi soudain s’affichent
Tu remplaces l’être en avoir.
En vieillissant, soudain, tu jettes
Déçu par tous ces oripeaux
Ce monde honni qui te rejette
Pour embrasser le vert drapeau
S’il est digne que tu t’engages
Pour que triomphent tes valeurs
Sache bien qu’on est vraiment sage
Que grâce au djihad intérieur.
Le moine lubrique
Sortant de la cellule, on entend un beau chant
Doux et triste à la fois, pour le repos des morts.
On l’imagine austère et pourtant l’on a tort :
Le moine psalmodie… Tout en se masturbant !
L’office est en latin, et ses ouailles il bénit
Il récite la messe en une humble chapelle
Il consacre le pain et caché sous l’autel
Un sacristain le suce… Après l’eucharistie !
En public il sillonne les rues, solitaire,
Tout à la lecture d’un antique bréviaire
S’il marche c’est qu’il va rencontrer une sœur…
Et quand il frappe la porte du prieuré
Il est bien accueilli, alors court s’enfermer…
Et puis sodomise la mère supérieure !
Les nouveaux beaufs
L’ancien beauf se gave d’un triste casanis
Ecoute sans arrêt du Johnny Halliday
Le nouveau, quand à lui, préfère Bob Marley
Substitue au pastis le hideux cannabis…
Le vieux beauf s’égare, traînant ses jeans usés
En des bars interlopes, abruti de Valstar…
Le jeune se croit beau, flanqué de sa guitare
Et chante un air inepte, enfiévré de fumée…
Mais ce qui lie ceux-là dans leur beauf-attitude
Est que leur ivresse tourne à la platitude
De frapper bassement leur amie misérable
Pour eux la femme n’est qu’une vulgaire chose
Baiser, boire et fumer, voilà leur vie morose !
Ils se croient merveilleux mais ce sont des minables...
Les rats
Les rats vont, calmes et austères,
Tristes mais industrieux
Et jusqu’à un âge très vieux
Arrachent le sang de la terre
Car c’est sans répit qu’ils amassent
L’or qui les excite tant
Ils thésauriseraient leur sang,
Mettraient en bourse leur carcasse.
Leurs ongles durcis se referment
Sur une existence étriquée
Leur cœur sec est rasséréné
Quand le contrat arrive à terme.
Alors ils prennent le café
Regardant leur morne nombril
Heureux d’éviter les périls
De ceux qui n’ont pas su gagner.
Leurs yeux gris ne pleurent jamais
Et surtout pas pour les cigales,
Ceux qui passent leur vie au bal :
Ils inspirent des cris d’orfraie.
Les rats vont, calmes et austères,
Certainement pas généreux
Et pour ne pas faire d’envieux
Arrachent le sang de la terre…
Ce feu qui me dévore
Il ronge lentement ma chétive carcasse
Le feu de l’infamie, de la honte et du mal
Il dévore ma vie, incendie infernal
Assassin immortel qui veut prendre ma place
La nuit noire envahit ma chambre aux murs livides
Alors sale tumeur, je hurle d’épouvante
Ma souffrance me mue en triste sycophante
Mais mes cris de douleur se heurtent aux parois vides
Alors tête baissée, par les rues, triste et sombre
Mon cœur traîne, meurtri, envahi par les ombres
Mon esprit malade ne cesse de saigner
Mon âme pleure tant, je suis si malheureux
Je ne suis après tout qu’un être cancéreux
Un infirme de trop épris de liberté…
Des milliers d'œuvres vous attendent.
Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.
En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.
Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion