Chapitre 9

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Les vacances avaient filées, entraînant avec elles les souvenirs joyeux qu’Avril conservait précieusement dans un coin de sa tête, ne les ressortant qu’au moment de s’endormir afin de sombrer emmaillotée de douces pensées.

Au fil des semaines, Ronan et elle avaient trouvé leur place au sein du petit groupe. Les journées s’étaient écoulées entre pique-niques, jeux de société, promenades en forêt et baignades dans le lac. Tous ensembles, ils avaient contemplé le feu d’artifice du quinze août depuis les rives du lac. Les lumières explosant dans le ciel s’étaient reflétées sur la surface lisse de l’eau, tandis que les déflagrations faisaient vibrer les cœurs des spectateurs.

Avril avait découvert Le Seigneur des Anneaux à l’ombre des arbres, dévorant les trois tomes pendant qu’Hippolyte s’extasiait devant l’univers de Jules Verne. Raphaëlle avait tenté de lui apprendre à faire du roller avant d’abandonner suite aux multiples chutes de son élève. Cependant, il avait suffi de peu de temps pour qu’Avril parvienne à nager seule, sans boire la tasse. Désormais, elle laissait son corps flotter à la surface de l’eau chaque fois qu’ils se rendaient au lac, et Tim faisait de même, laissant négligemment sa main frôler celle de la jeune fille.

Seul Etienne était resté distant, dissimulé derrière sa caméra. Pourtant, Avril avait tenté à plusieurs reprises de briser la glace, mais il demeurait inflexible. Elle voyait toutefois l’affection qu’il portait envers Ronan à travers les regards et les sourires discrets qui le trahissaient. Il finissait cependant par reprendre ses esprits et dégainait sa caméra pour se cacher derrière l’objectif, évitant de créer toute relation avec eux. Ses amis ne semblaient pas s’en offusquer, probablement habitués à ce genre de comportement de la part du jeune homme.

— Avril, tu crois qu’on pourra refaire la cabane ?

Interrompue dans ses pensées, Avril baissa les yeux vers son petit frère. Il faisait allusion à l’abri qu’ils avaient tentés de construire tous ensemble dans la forêt, au cours de l’été. Mais leurs tentatives avaient toutes été soldées par un échec, le bois n’étant pas suffisamment fort, la base pas assez solide, ou bien Bidouille trop excité à la vue de tous ces morceaux de bois.

— Je ne sais pas. Peut-être.

Elle leva la tête et regarda si leurs amis étaient sortis de la maison hantée. Ils avaient décidés de se rendre à la fête foraine située en bordure de la ville avant que les attractions ambulantes ne plient bagage. Au cours de l’heure précédente, ils avaient testé les auto-tamponneuses, le palais des glaces, les montagnes russes et le palais du rire. Avril et Ronan attendaient que les autres sortent de l’attraction effrayante avant de pouvoir se rendre à la grande roue. Leurs éclats de rire leurs parvinrent avant qu’ils ne les voient.

— Vous auriez dû voir ça, s’écria Tim en rigolant. Etienne filmait quand un acteur déguisé s’est placé juste devant l’objectif. Il a fait un de ces bonds !

— Forcément, toi rien ne te fait peur ! rétorqua Etienne. T’as même serré la main d’un croque-mitaine !

Ils continuèrent de débattre en rigolant, revivant la visite jusqu’au pied de la grande roue. Raphaëlle et Hippolyte qui s’étaient éloignés les rejoignirent avec une immense barbe à papa, presque aussi grande que Ronan.

Ils grimpèrent dans une nacelle et se serrèrent les uns contre les autres avant que la porte ne se referme. La roue se mit à tourner, les entraînant de plus en plus haut. Avril se mit à rire en découvrant le visage de son frère barbouillé de sucre rose. Elle observa le paysage après l’avoir nettoyé à l’aide d’un mouchoir.

La surface scintillante du lac apparu, le village devait se trouver non loin de là, dissimulé par les arbres. En tentant d’apercevoir le clocher de l’église, Avril réalisa que l’été touchait à sa fin et que Ronan retournait à l’école la semaine suivante. La perspective de se retrouver seule effaça son sourire.

Le soleil allait laisser place à la pluie, entraînant avec lui les rires des jours passés. Raphaëlle, Hippolyte, Tim et Etienne allaient probablement rentrer chez eux dans peu de temps, laissant la maison aux lanternes se vider de leur présence. La poussière se posera de nouveau sur les meubles et les mauvaises herbes envahiront le terrain d’ici quelques semaines.

Et s’ils restaient, se sentirait-elle capable d’aller les voir sans Ronan ? Elle chérissait les moments passés avec eux, mais elle avait toujours veillé à garder le contrôle de ses émotions, évitant de placer de faux espoirs dans des relations qu’elle savait éphémères. Alors que les sourires gagnaient les visages de ses voisins de nacelle, elle ne put empêcher la tristesse de s’installer dans son cœur à l’idée que la gaieté qu’elle avait connu ces dernières semaines allait s’envoler aussi facilement qu’elle était venue.

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