Chapitre 30

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La première chose qu’Avril sentit en se réveillant fut le corps de Tim collé au sien et le bras du jeune homme sur son ventre, lui procurant une sensation de sécurité réconfortante. Elle s’étira et fixa le plafond, guettant les bruits de la maison endormie. Apaisée, elle sourit en entendant des petits sons différents, mais reconnaissables : une porte grinça, des pas furtifs se firent entendre et la porte de la chambre s’ouvrit tout doucement, laissant apparaître une petite silhouette. La jeune fille tourna la tête et contempla cette merveilleuse image : son petit frère, dans son pyjama désormais à sa taille, les yeux encore bouffis, son pouce dans la bouche et son éternel doudou coincé sous son coude. Il resta posté à côté du lit sans bouger, jusqu’à ce qu’Avril soulève un coin de la couette. Un grand sourire se dessina sur le visage de Ronan qui grimpa se blottir contre sa sœur.

Tim se réveilla doucement tandis que des lattes de parquets craquèrent. Raphaëlle apparut dans le couloir et s’immobilisa en les découvrant tous les trois dans le même lit. Elle fit demi-tour et revint quelques minutes plus tard, accompagnée d’Hippolyte encore endormi. Ils s’allongèrent sur le lit, écrasant Avril et Tim et firent signe à Etienne, à moitié éveillé dans son lit, de les rejoindre.

Pelotonnés les uns contre les autres, Avril pensa que c’était sûrement à cela que devait ressembler le bonheur : six personnes lovées dans un lit simple tandis que le soleil se levait. Etienne releva la tête et se tourna vers la fenêtre.

— Vous devriez regarder dehors, suggéra-t-il d’une voix ensommeillée.

Ce qu’ils découvrirent ravit leur âme d’enfant et réveilla leurs esprits endormis : la forêt qui les entourait était tapissée d’un charmant duvet blanc, la neige avait recouvert chaque millimètre de verdure pendant la nuit.

Ils s’empressèrent de sortir du lit et s’habillèrent avant de gagner l’air frais. Vêtus de gants, de bonnets et de gros manteaux, ils coururent dans le paysage blanc, laissant leurs empreintes sur le sol.

Les bonhommes de neige naquirent autour de la maison et le jardin se transforma en terrain de bataille de boules de neige. Pendant qu’Avril poussait Ronan sur sa nouvelle balançoire, Bidouille s’amusait à attraper les flocons qui tombaient des arbres. Raphaëlle traçait des dessins dans la couche de neige recouvrant le van, Tim et Etienne tentaient de jouer au foot et Hippolyte courait autour de la maison, tentant d’échapper à Bidouille qui s’était désormais lancé à ses trousses. Les rires résonnaient entre les arbres.

Submergée de bonheur, Avril s’allongea et laissa l’humidité traverser son manteau jusqu’à gagner sa peau, lui rappelant que tout ceci était bien réel. Elle songea que la neige avait cette merveilleuse capacité de rendre les gens heureux. Ronan la rejoignit et s’allongea sur son ventre. Ils restèrent ainsi, l’un contre l’autre, comme une tache de couleur au milieu d’une page blanche.

Le reste de la journée s’écoula paisiblement entre jeux de société, films et paquets de bonbons. Ronan entreprit d’utiliser tous ses nouveaux crayons de couleur sur un seul dessin, recouvrant la feuille de mille couleurs flamboyantes.

Aux alentours de dix-sept heures, Raphaëlle, Tim, Hippolyte et Etienne se préparèrent à partir chez la tante des jumeaux qui vivait à deux heures d’ici, pour le dîner.

— Tu es sûre de vouloir rester ici ? demanda Tim au moment de partir. C’est pas une bonne idée, je préférerais que vous veniez.

— Non, Ronan doit retourner à l’école demain. De toute façon mon beau-père est en garde à vue et Raphaëlle m’a laissée son portable, en cas de problème je vous appelle. Et j’ai Bidouille aussi.

En entendant son nom, le chien leva la tête et aboya, comme pour confirmer qu’il avait la situation bien en main.

— T’es sûre ? Bon, se résigna-t-il. On vous enverra un message quand on sera sur la route du retour.

Avril et Ronan regardèrent leurs amis partir depuis le perron avant de fermer toutes les portes à clefs. Ils jouèrent ensemble jusqu’au dîner puis montèrent se coucher. Ils lurent le livre sur l’espace, observant attentivement chaque image, avant de poursuivre leur lecture du Petit Prince.

Regardez le ciel. Demandez-vous : « Le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ? » Et vous verrez comme tout change… Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance !

Avril resta éveillée bien après que le petit garçon ait fermé les yeux, incapable de trouver le sommeil. Elle caressait les cheveux de son frère en regardant les branches des arbres éclairés par la lune.

L’écran du téléphone posé sur la table de chevet s’alluma. 23h58. Hippolyte. « On part, on est là dans deux heures maximum si Tim respecte les limitations de vitesse, ce qui semble mal barré ». Rassurée, Avril se rallongea et tenta de s’assoupir.

Les aboiements de Bidouille résonnèrent dans la maison, brisant le silence. Avril se redressa et tendit l’oreille. Une vitre se brisa. Effrayée, elle s’empressa d’envoyer un message à Hippolyte avant de prendre Ronan dans ses bras et de quitter la pièce. L’éclairage blafard du téléphone oublié sur le lit tranchait l’obscurité. Sur l’écran, trois mots apparaissaient, d’un noir sombre contrastant avec le blanc pâle de la lumière.

00h13.

« Il est là ».

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