Chapitre 24

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Allongée sur le lit, Avril tenait son petit frère dans ses bras, attendant qu’il s’endorme. Les yeux rivés sur la fenêtre, elle observait les branches du grand sapin blanc qui bougeaient légèrement avec le vent, éclairées par les pâles rayons de la lune.

— Avril ? murmura Ronan.

La jeune fille quitta la nuit des yeux pour regarder le petit garçon.

— Je veux pas y retourner. À la maison. Je veux pas y retourner.

— Moi non plus, répondit-elle en l’embrassant dans les cheveux. Il faut dormir maintenant.

Elle reprit sa contemplation des ombres. Au bout de quelques minutes, la voix de son frère la tira à nouveau de ses pensées.

— Avril ? J’aimerais bien rester ici. On est bien, non ?

— Moi aussi j’aimerais rester. On va tout faire pour. Je te le promets.

— Est-ce qu’Il va revenir ? demanda-t-il d’un air anxieux.

Sentant la peur de son frère, Avril mit ses inquiétudes de côté. Elle se cala un peu plus contre lui, l’embrassa sur le front et caressa ses cheveux avec sa main, de manière à l’endormir.

— Et si tu me parlais d’un rêve ? proposa-t-elle.

— Non. Toi, parle-moi de ton plus grand rêve.

Surprise, Avril regarda Ronan dans les yeux. Si elle avait passé des années à faire en sorte que son frère n’oublie jamais ses rêves, elle ne s’était jamais posé la question pour ce qui était des siens. Elle ferma les paupières et chercha ce qu’elle désirait le plus au monde. La vision s’imposa d’elle-même, limpide, claire et évidente.

— Je rêve de voir la mer, comme toi, déclara-t-elle en rouvrant les yeux. Je rêve de partir d’ici, de ce village, avec toi. On vivrait n’importe où, ça n’a pas d’importance. Je travaillerais, tu iras à l’école. Et le soir, on se promènerait sur la place, sous les étoiles. Nous deux, le bruit des vagues et la lune.

— Et les autres ? Et Bidouille ?

— Je crois que ce sera encore mieux avec eux, oui. Mais tu sais, c’est toi qui comptes le plus à mes yeux. Rien que toi.

— Parce que tu m’aimes.

— Oui. Jusqu’à la lune.

— Moi aussi.

Ronan attrapa Le Petit Prince posé sur la table de chevet et l’ouvrit là où ils s’étaient arrêtés la veille. Avril l’écouta lire maladroitement, ou du moins réciter l’histoire qu’il connaissait par cœur.

Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire !

Une fois Ronan endormi, Avril redescendit dans le salon où ses amis l’attendaient en silence. Raphaëlle était assise sur les genoux d’Hippolyte, les yeux rivés sur le feu qui crépitait dans la cheminée. Tim observait Avril depuis l’autre fauteuil. Etienne regardait le sol, assis sur le canapé. Avril s’assit à ses côtés, lui sourit lorsqu’il leva la tête, et porta son regard sur le feu. Elle sentait bien qu’ils attendaient quelque chose. Elle savait bien qu’ils voulaient comprendre. Et elle était prête.

— Quand j’avais cinq ans…

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