Chapitre Vingt-trois :Un village de morts-vivants de Nicodico

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Chapitre Vingt-trois :Un village de morts-vivants de Nicodico

Après une bonne nuit de sommeil, Stella se réveilla de bonne humeur. Elle avait rêvé de Tonnerre et de son baiser, et espérait qu'elle retrouverait un jour cette jeune femme pleine de caractère.

Le village avait soudainement perdu sa splendeur, et Stella décida qu'elle devait changer d'atmosphère. Elle rangea rapidement ses affaires et sortit de l'hôtel. Elle déambula dans la ville, sans but, jusqu'à tomber devant une grande affiche. Elle avait suffisament de vocabulaire japonais pour comprendre le sens :

- Fukushima ! A deux kilomètres !

Stella se rappela cette terrible tragédie en 2011, un accident dans une centrale nucléaire qui avait causé la mort de 2000 personnes environ. Sans savoir pourquoi, les jambes de Stella se mirent automatiquement en route vers Fukushima.

En chemin, elle put voir la dégradation lente du paysage : certains arbres devenaient gris, d'autres étaient difformes et elle put voir un ou deux animaux qui semblaient avoir des malformations génétiques.

- Cet incident a du être terrible pour causer une telle dégradation du paysage ! pensa Stella. La faune et la flore s'en trouvent modifiés, peut-être pour des centaines d'années !

Elle vit alors devant elle des panneaux indiquant dans différentes langues un danger :

- Village de Fukushima à deux cents mètres ! Attention, restes de déchets radioactifs dans l'air ! N'approchez pas plus !

- Je pensais que la zone était nettoyée depuis longtemps, pensa Stella. Mais les déchets sont persistants, je suppose.

Elle décida de faire le tour de la zone pour prendre quelques photos, et en réflechissant déjà à son prochain article. La forêt se dégagea brusquement pour laisser place à un assemblage de petites maisons, tout juste en bordure de la zone de sécurité.

D'abord intimidée, Stella s'avança et appela :

- Excusez-moi ? Il y a quelqu'un ?

- Ne nous approchez pas trop ! lui répondit une voix haut perchée venant d'une des maisons.

- Qui êtes-vous ? demanda Stella.

- Nous sommes d'anciens ouvriers de Fukushima ! répondit une voix d'homme. Nous sommes radioactifs, et nous sommes tenus à l'écart de la société. Et vous, qui êtes-vous ?

- Je suis une journaliste, je voyage pour faire un point sur l'humanité et les relations humaines et sociales. Pouvez-vous me raconter votre histoire ?

- Vous êtes bien aimables de venir jusqu'ici malgré les risques, c'est pourquoi je vais vous raconter ce qui nous est arrivé !

Stella sortit d'un geste expert son carnet et un crayon, et cria :

- C'est bon ! Je suis prête !

- Lorsqu'il y a eu l'explosion de Fukushima, des déchets radioactifs ont été propagés jusqu'à une cinquantaine de kilomètres ! Nous avons été chargés de nettoyer la zone, pour la rendre plus habitable !

- Étiez-vous volontaires ?

- Peu d'entre nous l'était, au vu des risques, et le gouvernement a du désigner des hommes. Nous avons donc nettoyé la zone pendant sept ans. J'ai vu des choses effroyables, vous savez... Certains de nos compagnons sont morts à cause de la radioactivité, mais nous avons survécu, tout du moins à court termes. Ensuite, nous avons rencontré d'autres personnes, plus directement touchées par l'accident. Elles avaient des malformations...

- Comme ?

- La perte de cheveux, la perte de peau parfois, le début d'un troisième bras ou jambe, rien de très ragoutant... Et puis nous avons constaté aussi des changements sur la nature : les animaux avaient aussi des malformations, même certains arbres ont été touché !

- La radioactivité a des conséquences inimagible, acquiesça Stella. J'ai pu le constater.

- Puis nous sommes rentrés, et nous avons commencé à avoir des problèmes nous aussi : des cancers, des maladies, des problèmes de peau ect...

- Nous sommes à présent éxilés ici ! continua une autre voix. Vous êtes la première personne que nous rencontrons depuis deux mois !

- Et vos conditions de vie ici, sont-elles bonnes ?

- On vient nous apporter de la nourriture tous les jours, et les maisons assez confortables, mais nous savons tous que nous n'en avons plus pour très longtemps... Je suis désolé, mais je vous recommande à présent de partir d'ici, avant que vous ne soyiez touchée à votre tour...

Stella remercia le petit village puis retourna vers son hôtel. Cette visite l'avait troublée, mais aussi profondement choquée. Elle décida qu'elle partirait le lendemain, elle avait assez voyagé au Japon. Puis le souvenir de Tonnerre lui revint en mémoire, et elle fut un peu moins catégorique..

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