Rédemption

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Il commençait à peine à faire nuit lorsque des coups puissants résonnèrent à la porte.

Prask se leva et rangea son livre dans son cabinet secret. Les coups reprirents de plus belle. "Il est bien pressé, celui-là" pensa le ministre. Il alla ouvrir.

Trois soldats royaux se tenaient dans l'encadrure.

  • Messire le ministre de l'information ?
  • C'est exact, fit Prask un peu dubitatif.
  • L'empereur souhaite vous voir sur-le-champs. Veuillez nous suivre.

Prask resta un instant immobile, bouche bée. Puis il se reprit.

  • Permettez moi de mettre un manteau plus élégant. On ne fait pas l'injure d'être mal vêtu à l'Empereur, n'est-ce pas ?

Le garde jugea la proposition un instant puis hocha vaguement la tête. Prask s'habilla. Il hésita devant l'armoire dissumulant son secret. Il devait savoir si quelqu'un tentait de l'ouvrir. Il glissa un petit morceau de parchemin entre la porte et le bois de l'armoire. Il vérifierais en rentrant s'il y était toujours. Bon, il devait se dépêcher, les gardes n'étaient pas réputés pour être patients.

  • Messieurs, je suis prêt.

Les gardes l'entourèrent donc et avancèrent. De l'extérieur, on pouvait croire qu'il s'agissait d'un ministre qui se faisait escorter. Malin. Ainsi personne n'appercevait alors la pression écrasante qui pouvait peser sur le gouvernement et l'apparence de stabilité et d'ordre était concervée. Ils traversèrent les couloirs du palais, croisant parfois certains courtisans qui adressaient des signes polis ou au contraire exubérants à Prask. "Non, rectifia-t-il pour lui-même, au ministre." Prask n'avait pas d'importance pour eux, seule comptait sa fonction.

Après les couloirs des chambres des fonctionnaires et les bureaux, ils traversèrent un salon, somptueux et richement décoré, pour arriver enfin dans l'antichambre. Cette partie du palais était plus ancienne, puisqu'elle dâtait d'avant le nouvel Empire et l'élargissement du daepalace. Daepalace... quel nom pompeux pour dire la même chose que "palais impérial".

Arrivés devant les portes, les gardes s'écartèrent de part et d'autre de Praks dans une coordination et une symétrie parfaites.

  • Avancez, messire Prask. L'empereur vous attend.

Et on ne faisait pas attendre l'empereur. Prask respira un coup et poussa les lourdes portes ouvragées.

La salle du trône était immense. Des drapeaux pendaient le long des colonnes de marbre noir et une coupole gigantesque protégeait l'ensemble, dominé par des couleurs noires, rouges et argent. Le trône, créé spécialement pour l'empereur actuel, était lui aussi rouge et noir et était monté sur une petite estrade. Une hauteur symbolique.

Et sur ce trône, l'empereur Watrakash. Grand, maigre, vêtu d'un grand manteau noir et bordeau, il inspirait, à défaut du respect, la peur et la puissance. Il tenait quelques papiers officiels dans ses mains, qu'il délaissa dès qu'il vit entrer le ministre. Il darda ses yeux gris d'acier sur Prask, qui sentit son estomact se serrer. Que lui voulait l'empereur ? Etait-il au courant de ses actions en résistances ?

  • Prask le Spectre... commença le maître des lieux.
  • Votre Majesté.
  • Cela fait un moment que je ne t'ai pas vu, tu mérites bien ton surnom. Mais tu dois te douter que je ne t'ai pas fait venir pour avoir de tes nouvelles.

Prask ne bougeait pas. Il respirait à peine, même s'il camouflait bien sa terreur. Tout pouvait se jouer maintenant. Que savait l'empereur ?

  • En effet, votre Majesté, répondit le convoqué. Même si je dois avouer que j'ignore pourquoi.
  • Je vois, fit Wakatrash en regardant ses mains gantées.

Il voulait probablement paraître calme et désintéressé, mais son regard trahissait une colère froide. Ou bien était-il tout le temps comme ça ? Difficile à dire. Prask attendit que son supérieur reprenne :

  • Peut-être que le nom de Korgo te dit quelque chose, dans ce cas ?

Le ministre mit un moment à comprendre. Puis tout fut clair. Le seigneur Korgo, un intellectuel, était un de ses détenteurs de livres interdits. Prask avait réussi à faire comme s'il n'avait rien vu et ainsi à le protéger. Mais apparemment, il avait moins bien réussi qu'il ne le croyait. C'était grave, mais pourtant il ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu soulagé. L'empereur semblait ignorer sa place dans la résistance qui se jouait contre le pouvoir.

  • En effet, votre Majesté. Il s'agissait d'un démon accusé de détenir des livres illégaux. Nous avons fouillé sa maison et nous n'avons rien trouvé. Nous en avons déduit que ces accusations était infondées.
  • Vous avez failli à votre tâche, alors. Car il y a quelque jours, un de ces livres fut retrouvé par un garde. L'enquête a découvert que c'était le seigneur Korgo qui l'avait égaré. En fouillant ses appartements, nous en avons trouvé d'autre. J'ai du mal à croire que tu sois passé à côté, Prask. Soit tu as fait preuve de mauvaise volonté ce jour-là, soit tu l'as protégé... Et sache qu'aucune de ces deux réponses ne me satisfait.

Parsk serra les dents. Il se doutait qu'un jour le pouvoir le rattraperait. Mais à présent que ce jour était venu, il ne savait pas comment réagir.

  • Je m'excuse, votre Altesse. Soyez certain que je n'ai pas cherché à défendre un ennemi de la nation, mais j'ai manqué de vigilance. Cela ne se reproduira plus.

L'empereur n'avait pas l'air convaincu, mais hocha la tête.

  • Tu as intérêt, Prask. D'autant que le seigneur Kalr s'inquiéte au sujet de certaine de tes fréquentations. Tu as toujours bien servi l'empire jusqu'à ce jour alors j'ai encore confiance en toi, mais si jamais ma confiance venait à être trahie...

Prask se glaça. Kalr était le responsable de la démoniapole. Il n'y avait pas de doute possible : cette "fréquentation" devait être Lakr. S'il l'avait dans le colimateur... Il préférait ne pas y penser tout de suite. L'empereur fit signe à Prask de se lever.

  • Continue à servir l'empire. Et n'épargne plus nos ennemis. Tu peux disposer.
  • Bien, votre Altesse.

Prask sortit de la salle du trône. Il se sentit immédiatement soulagé. La salle du trône était un lieu oppressant, surtout depuis que l'empereur y siégeait.

Le ministre releva la tête. Il fallait prévenir Lakr du danger qui planait sur lui.

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