4.7 Lestaque

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— Ça, c’est vu… Et ça ? OK, c’est bon…

Lestaque marmonnait en parcourant les fichiers qu’il recevait sans répit. En cette fin d’après-midi, son ordinateur contenait enfin l’ébauche d’une investigation : descriptions des scènes de crime, procès-verbaux des témoins, un dossier sur chacune des deux victimes. De quoi travailler avant d’obtenir les analyses scientifiques.

Une exclamation l’interrompit. Immédiatement, il se leva et rejoignit Audrey. Il ne supportait pas de crier, encore moins d’utiliser un appareil alors qu’ils n’étaient distants que de quelques mètres. Dans l’historique des appels de Patricia Demécourt, elle avait dégotté un numéro composé tous les mercredis et vendredis à 13 h 45 pile, pour des communications d’une durée de moins de dix secondes. Elle soupçonnait un code ou un signal en lien avec le trafic de drogue.

Elle tapa les dix chiffres, raccrocha au déclenchement de la boîte vocale. La ligne était active. Ils envisagèrent un instant de laisser un message, mais craignant d’effaroucher l’oiseau, ils optèrent pour une réquisition auprès de l’opérateur dans l’espoir d’obtenir une identité.

De retour derrière son bureau, Pierre se saisit d’une de ses multiples listes, la compléta avec une énième question qu’il souligna :

4) dealer de Patricia D. ?

En tête du feuillet figuraient :

1) père de Léa D. ?

2) proches de Marie-Odile D. ?

3) proches de Patricia D. ?

Le père présumé de Léa, Clara et Élodie bossaient dessus. Elles avaient d’abord croisé le fichier des policiers de Metz avec celui des violences aux personnes. Sans réussite. Elles remontaient maintenant dans le passé des deux femmes Demécourt, précédant leur arrivée à Paris : leurs adresses, leurs activités, la mort du mari de Patricia… Élodie établissait le profil de chaque individu dont le nom apparaissait dans leurs découvertes. Pierre avait renoncé à consulter les infos au fur et à mesure qu’elles les partageaient, il attendrait qu’elles aient terminé de les compiler.

Lui bossait sur le point numéro deux : les relations de Maud. Il venait de se fader des heures à éplucher ses innombrables messages.

Il y avait des échanges singuliers avec un certain « Manu », rangé dans son répertoire sous le pseudo « Fantômas ». Quantitativement, cet homme-là caracolait largement en tête des conversations, bien avant « Mehdi », « Cygne » et « maman », dans l’ordre. La victime avait convenu d’un rendez-vous avec le quidam le lendemain de sa mort. Ce dernier ne s’était pas inquiété de son silence subit.

Un peu plus tôt, Pierre avait demandé à Audrey de joindre ce « Fantômas ». Elle avait enregistré un message afin que celui-ci les contacte rapidement.

Ils tenaient donc pour le moment trois pistes : le trafiquant, le mystérieux géniteur, le petit copain. Quatre avec Bétouni, qui avait mariné au frais une bonne partie de la journée. Pierre consulta l’horloge sur son écran, soupira, s’appuya sur les accoudoirs de son fauteuil pour se donner une impulsion. Ses lombaires résistèrent un peu, et une fois debout, il étira douloureusement ses cervicales.

Enfin, il s’avança au milieu de la grande salle. Les raclements de chaises cessèrent. Plus de crépitement de claviers, plus de conversation par-dessus le bourdonnement des tours. Une attente.

— Laurent, fais sortir Bétouni, il encombre. Toutes ses données GPS confirment ses déplacements, aussi ineptes soient-ils. Avant de le libérer, teste-le un peu, et raconte-moi comment tu le sens. Il doit être à bout, il n’est pas rentré chez lui depuis hier matin. Avertis-le que je veux le revoir lundi à la première heure. Convoque aussi les collègues du Paradis des Cancans, l’instit de Léa, la jeune baby-sitter… tous ceux dont les noms sont en lien avec les victimes. Je les verrai lundi. On finit là-dessus pour aujourd’hui. Envoyez vos derniers rapports. Je veux tout sur mon ordi ce soir. Merci les gars, beau boulot.

Samuel intervint avant qu’il ne s’échappe :

— Commissaire, je n’ai pas de solution pour la petite Léa ! J’ai eu les services sociaux, ils sont débordés, ils ne veulent rien entreprendre d’ici la semaine prochaine.

— Zut, j’avais zappé ce problème-là. Bon ben, tu les recontactes lundi, puisqu’il n’y a rien d’autre à faire. Qui bosse demain au fait ?

Trois mains se levèrent, dont celle d’Audrey :

— Moi, je ne suis pas censée être là, mais j’imagine que ce sera compté en heures sup ?

La plaisanterie, bien qu’éculée, déclencha quelques ricanements.

— OK, convoquez-moi tout ce beau monde pour lundi. Clara, établis le planning pour la salle 7, si possible, qu’on ne s’enrhume pas. Bon week-end à ceux qui ont la chance d’en avoir un !

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