6.1 : Lestaque

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— Salut ! Commissaire à l’approche ! lança PL avec entrain le lundi matin. J’espère que tout le monde a passé un bon week-end. On fait le point tout de suite ?

Pour une fois, il était le dernier. Il se débarrassa de son écharpe et de son imperméable sur son fauteuil avant de rejoindre l’équipe, assemblée à la hâte dans l’allée de la salle commune. Regonflé à bloc par son escapade chez Luc, il attaqua sans tarder :

— Bon, on reprend tout. Clara, les analyses du labo ?

— Trop tôt. Je te dis quand elles arrivent.

— Audrey ?

— J’ai passé mon samedi sur les téléphones. Le jour où le gouvernement paiera les RTT en retard, je vous invite aux Bahamas ! Concernant ce coup de fil louche de Patricia Demécourt tous les mercredis et vendredis, les collègues de la municipale m’ont refourgué un nom qui va avec le numéro : Mouss. Jean-Maurice Rose, de son vrai nom. Il est dans nos fichiers. Interpellé pour trafic de drogue, relâché à chaque fois.

— Un donneur, commenta Pierre, le genre qui dénonce la concurrence et agrandit son territoire. Je déteste quand les stups jouent ce jeu-là. Jeu dangereux…

— Plutôt un « grand frère ». J’ai compris à demi-mot que ce triste sire recevait occasionnellement des missions de la part du cabinet du maire. Et les subsides qui vont avec. On n’a pas voulu m’en dire plus, termina Audrey.

— Attends un peu. Comment tu as dit ? « Mouss » ? J’ai déjà entendu ce nom… Mince, ça ne me revient plus.

Il ferma les yeux et se concentra un instant avant d’abandonner :

— Non, on verra plus tard.

Exceptionnellement, le commissaire désirait écourter leur « prise de tête » en répartissant immédiatement les rôles. Lui-même prévoyait de mener tous les entretiens de la matinée, et certains des témoins convoqués patientaient déjà en bas. Notamment Bétouni avec son air de chien battu.

— Clara, trouve-moi où il crèche, ce Mouss, mets les collègues du 93 dessus et qu’ils aillent me le cueillir. Audrey rappelle chez les Moret, je veux m’assurer que Léa va bien. Sam, tu t’occupes de la DDASS et tu ne les lâches pas. Laurent, j’ai ramené de Metz un nom et un numéro.

Il lui tendit une note.

— J’ai laissé trois messages ce week-end. Continue à faire sonner, toutes les heures, s’il te plaît.

Bon, je vous mets au jus de ce que j’ai ramené de Metz : Marie-Odile et sa mère y habitaient jusqu’à il y a six ans. Primo, Maud a eu un accident de voiture, avec le couple Rugier. La femme y est passée, leur enfant a été gravement blessé et il vient de mourir aussi. On n’a pas chopé Rugier, mais une voisine nous a filé son numéro. Laurent, c’est lui, sur le papier que je t’ai donné : il paraît qu’il est à Paris, il faut absolument qu’on l’entende.

Deuxio. Tout porte à croire que Maud a été mise enceinte par un flic qui la battait : Fabio Goncalves. Un triste sire, récidiviste. Pour cacher la grossesse, Maud et sa mère ont fui à Villepinte, et pour encore plus de sûreté, elles ont fait passer Léa pour la fille de Patricia. Maud Demécourt est tuée pile quand elle récupère sa fille. Est-ce que ce serait un mobile ? Peut-être… Ou alors la vengeance, un délire alcoolique, j’en sais rien. J’ai vu Goncalves. Il savait très bien où elles étaient. Je n’ai rien pu en tirer d’autre. Il aurait un alibi pour le soir du meurtre, opportunément fourni par sa mère. Voilà où on en est… Cela nous fait donc trois nouveaux suspects, en plus de Bétouni et Fantômas : Rugier, Goncalves et le dénommé Mouss. Des questions ? Des remarques ?

— Fantômas ? demanda Clara

PL se souvint que seuls Audrey et lui avaient profité de la rencontre avec le prédateur aux textos.

— Ah, oui, ça, c’était vendredi soir. Audrey, tu leur décris le zigoto et sa relation avec Maud, s’il te plaît ? Vous allez adorer ! affirma-t-il aux autres. Je vous quitte, je voudrais avoir le temps de réfléchir un peu, avant de me coltiner les interrogatoires. Continuez à me tenir au courant, et on se voit tout à l’heure.

— Pierre ! l’interrompit Audrey. J’ai eu un technicien de la scientifique ce matin. Ils peuvent déjà dire que le téléphone de Patricia Demécourt a été essuyé. Aucune empreinte, pas même les siennes.

— Et sur celui de Maud ?

— Attends, je regarde… Les siennes, celles de Léa, et celles de Sylvie Moret. Tu auras le rapport dans la journée.

— Mince, rien d’anormal. Et ce n’est pas sur le pavé qui a assommé Maud ou sur la pierre qui a tué Patricia qu’on aura quelque chose d’exploitable. Bon tant pis, il reste encore une chance avec les prélèvements effectués sur les scènes de crime. Est-ce que tu peux rappeler le labo ? Dis-leur qu’on cherche à relier un des lieux à Fabio Goncalves, brigadier à Metz. Son ADN et ses empreintes sont dans le fichier maison.

Au fait, chez Sylvie Moret, son cambriolage, ça a donné quelque chose ?

— Personne n’y est passé, c’était le week-end, je te signale. Je suppose qu’ils iront dans la journée. Ils doivent nous prévenir, tu avais dit que tu les accompagnerais.

— Ah… Oui… On verra ça…

Pendant que ça s’agitait, Pierre regagna sa tanière, en égrenant mentalement la liste de ses « clients » du matin. Mû par une inspiration, il en ressortit aussitôt avec une mission particulièrement urgente pour Clara : il voulait la photo de tous ceux qui gravitaient autour des crimes.

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