Chapitre 4 - Entraînement

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Nous sommes le dixièmes, et dernier, jour de la semaine 23. Deux semaines se sont écoulées depuis cette rencontre. Toujours aucune nouvelle de Vīian.

En fin de semaine 22, j’y croyais encore, mais maintenant, je pense que je me suis juste fait avoir comme un idiot. Pourtant, je garde une once d’espoir. Je ne comprends pas pourquoi quelqu’un me proposerait comme ça de m’entraîner. Et je n’aime pas ce que je ne comprends pas. Je suis frustré.

Autant commencer à s'exercer seul.

Je suis sur la colline de Wille, non loin de Sisthe. J’aime beaucoup venir ici. Le haut de la colline est plat et dégagé. L’herbe est douce et fine. J’y marche toujours sans chaussure. J’aime la sensation moelleuse et fraîche sous mes pieds nus. Un unique arbre centenaire, gigantesque, fournit toute l’ombre nécessaire pour être parfaitement installé pour lire ou penser pendant des heures. De plus, Ooka a ses habitudes et sa place favorite entre deux branches pour roupiller, mais surtout garder un œil sur moi. Dans sa première forme, elle n’a aucun mal à voleter jusqu’à son perchoir et s’y lover, la truffe enfouie dans sa queue touffue.

D’ailleurs, la voilà déjà installée. Je dépose mon sac et mes chaussures au pied du grand arbre et me dirige quelques mètres plus loin. Je m’entraînerai ici.

Je lance un regard à Ooka dans l'arbre, mais la bête dort déjà à poings fermés. Satisfait, je m’assois. Très bien, maintenant que faire ?

Mon Aptitude est assez banale. Je peux sauter haut, voire très haut, et atterrir sans me blesser. Bien. Comment peut-on se battre avec ça. Car le concours est un combat, non ? Je n’ai même pas demandé à Dun. Quel sot.

Après quelques minutes, pendant lesquelles je me suis principalement maudit sur mon manque d’informations, j’ai décidé d’expérimenter tout en notant mes découvertes au fur et à mesure. Je réfléchirais après, d’abord testons.

Je me relève et saute. Une fois, deux fois, de plus en plus haut, de plus en plus vite. Je commence à analyser la position de mon pied, l’axe de l’impulsion. Quelques dizaines de minutes, après avoir amplement questionné tous mes mouvements, je décide d’utiliser la méthode que j’ai transcrite dans mon carnet pour effectuer plusieurs fois des sauts longs identiques à la suite.

Je m’élance et saute d’à peine un mètre, soit un saut classique pour un humain normal. Je réitère mon essai en prenant bien soin d’appliquer dans les détails ce que j’ai noté. Un saut normal. Troisième essai, quatrième, cinquième. Au sixième, je désespère et me laisse tomber dans l’herbe.

Je m’assois. Mon cerveau bouillonne d’incompréhension et je décide de revenir aux bases. Droit, j’effectue un saut sur place sans préméditation. Encore un saut classique.

Je m’étale à nouveau sur le sol frais, tandis qu’une intuition me traverse l’esprit. Avant, je sautais instinctivement sans me poser de question, est ce que réfléchir à la mécanique de mon pouvoir m’aurait fait perdre cette faculté naturelle. Une sueur froide coule le long mon cou.

« Bonne déduction mon garçon, c’est effectivement ce que tu as fait. En tout cas, je suis heureux de ne pas avoir loupé ce spectacle ! » lance une voix non loin de moi.

Je me mets sur les coudes pour localiser la voix. C’est là que j’aperçois Vīian, perché dans le grand arbre, dévisagé par une Ooka furieuse d’avoir été dérangée dans sa sieste.

Je réprime un sourire, il va sans dire que le bonhomme sait soigner ses apparitions.

J’ai l’ai définitivement déjà vu quelque part !

Maintenant assis au pied du grand arbre, et après un bonjour bien trop classique pour cette arrivée plus que spéciale, Vīian continu sur sa lancée.

« Tu fais partie de ces enfants qui découvrent instinctivement leur Aptitude. Beaucoup comme toi, se contentent d’utiliser ce qu’ils font naturellement, d’autre très talentueux peuvent faire évoluer leur pouvoir sans se pencher sur la technique. Comme tu n'appartiens pas aux quelques privilégiés et maintenant que tu as exploré ton saut, tu ne pourras pas revenir en arrière.

Rien de bien affolant, tous les naturels comme toi passent par cette étape un jour ou l’autre »

Vīian fait une pause, j’attends la suite. Il doit le lire dans mes yeux, car il s’empresse de continuer.

« Tu vas devoir, tout simplement, rapprendre ton Aptitude, comme le font tous ceux qui ne sont pas naturels. Je ne sais pas si on t’a déjà expliqué, mais ta manière, d’utiliser ton pouvoir n’est pas habituelle. Normalement, un enfant est testé à l’Aptitude vers ses six ans. Si le résultat est positif, il suivra une série de tests et exercices pour déterminer la nature de ses capacités. Après, pour les plus riches d’entre-deux, un professeur spécialisé les suivra jusqu’à leur entrée dans les écoles d’Aptitude. Les autres devront se contenter de l’école primaire et de leur entraînement personnel. Il n’est pas rare de voir dans les campagnes, là où les enfants ne vont à l’école qu’à partir de dix ans, une grosse proportion de naturel.

— Donc dès que j’aurais suivi votre entraînement, je pourrais de nouveau sauter ? » m’empressé-je de demander.

Vīian prit quelques secondes de réflexion puis répondit.

« Oui et non, car ton Aptitude n’est certainement pas le saut. En effet, cette capacité que tu as développée en tant que naturel n’est sûrement qu’une petite partie de tout ce que tu peux réellement faire. Alors tu pourrais rapprendre à sauter si tu veux, mais peut-être vas-tu simplement trouver de nouveaux pouvoirs plus utiles, surtout pour le combat comme tu souhaites passer les tests des grandes écoles. »

Je ne savais pas tout ça. Alors ça veut dire que j’aurais peut-être les moyens de me battre. Enjoué, je demande : « Par quoi je commence ? »

L’homme, amusé, m’annonce : « D’abord, je vais te faire tester, puis nous aviserons. Ton Aptitude semble intéressante alors ne t’inquiète pas trop, tu entreras forcement dans une école »

Sûr de moi, je réplique : « Je ne veux pas n’importe quelle école, je veux la meilleure !

— Mais bien sûr mon garçon, mais bien sûr » glousse Vīian. L’homme n’a plus rien de froid et renfermé, il sourit malicieusement.

« Vous vous moquer de moi, pourquoi ne pourrais-je pas aspirer au meilleur » demandé-je, quelque peu contrarié.

« Simplement parce que tu ne fais pas partie de l’Élite. Mais ne te méprends pas, ce n’est pas par rapport à tes qualités. C’est surtout parce que les hautes écoles recrutent principalement parmi l’Élite et, elles laissent peu de place aux Normos, même talentueux. Allez activons nous, avant que le vieux ne vienne te chercher. »

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