Je suis pris d'une grande émotion et je m'excuse honteux de blesser un être si bon :

-Je suis désolé Jon... Pour tout.

Ses lèvre se soulèvent juste un instant pour sourire en coin. Il répond la mort dans l'âme :

-C'est pas grave. Tu es qui tu es, et moi j'ai choisis de t'aimer malgré tout.

Je fronce les sourcils et m'approche pour lui prendre fermement le bras. Surpris par mon geste, il sursaute et m'écoute monter la voix :

-Non, Jon ! Tu peux pas dire ça ! Tu mérite mieux que de te plier à mon caractère de merde ! Tu peux m'engueuler ! Tu peux me frapper même ! Je tiens trop à toi, alors ne me laisse pas te faire du mal ! Je...je ne sais pas me contrôler. Avec la vie que j'ai eu, je ne connais pas les limites à ne pas franchir... Alors n'ai pas peur de me remettre à ma place ! Fais le s'il te plaît...je... J'ai...

Ma pensée se disperse dans mon esprit. Je suis si en colère contre moi, que j'en bégaie et j'en perds mes mots !

Jon, les yeux brillants, me répond enfin :

-Tu as raison... Je dois être plus fort pour réussir à te garder.

-Non...je ne veux pas que tu te force...

-C'est pas le cas. Je t'admire depuis toujours, Damian. Quand j'étais petit, je te voyais comme un justicier solitaire. Je te trouvais trop classe ! Et maintenant...je voudrais être plus qu'un simple « petit fan » à tes yeux. Je voudrais être important pour toi...

Il finit en chuchotant, le rouge aux joues. Je lâche doucement son bras et glisse jusqu'à sa main. Nos doigts s'entrelacent et je murmure en regardant nos mains :

-Crois moi tu es bien différent à mes yeux aujourd'hui...

Un petit sourire timide me réchauffe doucement le cœur. Mais ce moment est brisé par une sonnerie. Je regarde mon téléphone en soupirant. Je lis à voix haute le message d'Alfred :

« Jeune maître, vos invités vous attendent pour le petit déjeuner. Il faudrait vous hâter de rentrer au manoir.

Alfred. »

Jon glousse en se mettant debout :

-C'est marrant ces adultes qui signe toujours leur texto !

Je répond en souriant :

-Ouais t'as raison !

Je prend mon casque et m'assoie sur ma selle quand je vois Jon s'approcher. Il pose sa main sur mon casque pour m'empêcher de le mettre, et m'embrasse doucement. Le temps que je réagisse, il monte derrière et s'écrit :

-En avaaaant !!

Je ris dans ma barbe et démarre. Il cri tout le temps ! C'est dans ces moments là que je me souviens qu'il n'a que 15 ans...

Une fois au manoir, Jon me prend par la main et nous montons à la salle à manger privée. Mais juste avant de rentrer, nous nous lançons un dernier regard réconfortant, et sa main quitte la mienne.

Gardons notre amour intacte. Vierge de tout regard extérieur. Pour le moment, nous n'avons pas besoin du regard des autres et des problèmes qui en découlerons.

Après mangé, tout le monde est de retour dans la piscine. Nous chahutons joyeusement. Mon caractère de cochon oublié, je me lâche et rit aux éclats avec mes amis.

Mais je me sens bizarre...

A chaque fois que ma main se pose sur Jon, même un instant, je ne peu m'empêcher d'avoir envie de...heum...l'embrasser.
Je ne comprends pas. Depuis notre premier baiser j'ai envie de plus..?

Je finis par m'asseoir sur les marches de la piscine pour reprendre mon souffle. On chahute depuis des heures dans l'eau, je vieillis moi ! A peine ai-je le temps de m'asseoir, que Jon regarde dans ma direction, sûrement inquiet de ne plus m'avoir dans son champs de vision. Je lui lance un sourire auquel il répond. C'est bon. Je suis pas trop loin pour lui...

Mon regard et mes pensées s'égarent un instant. Puis mes yeux se fixent automatiquement sur Jon. Grand, finement musclé, la peau rosée, les doigts fins, les cheveux hébène en batailles, ses yeux bleus... Il ressemble à ces jeunes hommes grecs que de vieux artistes, idolâtrait et peignait et sculptait, tant qu'ils en avaient la force.
Une sorte de jeune prince. Une pureté qui parait simple mais qui, néanmoins, n'a pas de prix.

Toute ces choses, je ne l'ai avait jamais remarqué chez lui.

Il a grandit. Et...je crois que je peux dire qu'il me plaît comme ça.

Je m'enfonce plus dans l'eau et observe maintenant chaque détail de ce jeune homme qui semble m'hypnotiser de plus en plus. Il tire la langue à Cybi et sort de l'eau par un rebord. Puis il retire la langue. Ce bout de chair rose pétant semble me faire réagir : je serre les jambes et soupire.

J'ai déjà embrassé avec la langue une fille une fois. C'était pas terrible... Mais en même temps je ne savais pas faire. Je l'ai engouffré dans sa bouche sans savoir ce que je faisait. La honte.

Personne le saura jamais ça !

Mais, j'aimerais essayer avec Jon. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'avec lui ça n'aura rien de bizarre ou de honteux. Au contraire.

Est ce que tout ce que je pense est malsain ? C'est que c'est un garçon et moi je ne pensais pas être homosexuel. Enfin je crois. Je me sens un peu perdu...

D'un coup, un visage à l'envers, descend du ciel. Je lève les yeux et découvre Jon et son sourire.
Il pouffe :

-Ça va Damian ? Tu fais une drôle de tête !

Je plonge mon visage dans l'eau sans rien dire.

J'ai chaud... ET CETTE EAU CHAUFFÉE N'ARRANGE RIEN !

Le jeune brun se penche un peu plus, un peu plus près et chuchote :

-Tout va bien ?