Chapitre 96 : Jenna

14 minutes de lecture

- C'était d'enfer, Wembley.

Je souris avec une pointe d'amusement. J'avais bien remarqué qu'un de mes cousins, de deux ans plus jeune que moi, tentait depuis un moment d'engager la conversation avec nous, mais qu'il ne savait pas trop comment s'y prendre.

L'après-midi touchait à sa fin et le repas avait un peu traîné en longueur, autour des longues tables couvertes de nappes blanches, installées à l'ombre. Tout le monde s'était égayé dans les jardins, en petits groupes, selon les affinités. Mes parents étaient demeurés un moment avec nous, ma mère était radieuse de pouvoir profiter de Thilia. A n'en pas douter, notre fille était un très bon moyen de garder un contact cordial et de renouer des liens. Bien sûr, je n'étais pas objective - et Lynn encore moins -, mais elle était quand même une très jolie petite poupée. Elle avait la peau légèrement mate de son père, des cheveux sombres, même si elle n'en portait pas encore beaucoup et qu'il était difficile, de ce fait, de savoir si elle les aurait plutôt sombres comme Lynn ou plus clairs comme les miens. Ce qui était certain, c'était que nous n'avions pas fait une petite Suédoise à la blondeur diaphane. Pour la couleur de ses yeux, il était aussi trop tôt pour se prononcer, mais ils avaient tendance à s'éclaircir, ce qui faisait dire à Lynn que si elle avait mon regard, il ne répondrait plus de rien.

Après avoir donc passé un moment avec nous, mes parents s'étaient éloignés pour rejoindre d'autres membres de la famille et notamment les frères et soeurs de mon père, pour une série de photos avec ma grand-mère. Tout cela avait un petit côté théâtral. Nous avions fait la grande photo de famille avant le repas, une fois tout le monde arrivé. Puis nous étions restés un petit moment seuls, Lynn, Thilia et moi. Il faut dire qu'elle faisait sa sieste, lovée au creux des bras de son père et que c'était la raison idéale par excellence qu'il avait ainsi trouvée pour ne pas - trop - se retrouver mêlé à ma famille.

Thilia dormait encore, mais elle n'allait sans doute pas tarder à se réveiller. Mon cousin, Luke, s'était donc approché de nous pour discuter. Contrairement à une bonne partie de mes cousins, il avait toujours affiché une certaine simplicité et avait le contact facile. Il n'était pas du genre arrogant. Néanmoins, je sentais bien que Lynn l'impressionnait et après avoir échangé quelques mots avec moi et Jessica, sa soeur qui l'accompagnait, il s'était finalement lancé. Pour l'encourager et alors que Lynn prenait un air modeste, je dis :

- Tu y étais ?

- Oui, oui ! Bien sûr ! Je n'allais pas rater ça... J'adore les grands concerts à Wembley.

- Oui, c'était vraiment bien, renchérit Jessica, des étoiles pleins les yeux. Il y avait une sacrée ambiance et puis...

Son regard devint rêveur et elle soupira :

- Qu'est-ce qu'il est beau, le chanteur...

Je me retins à grand peine d'éclater de rire. Rien que d'imaginer Snoog draguant ma cousine était une image que je n'étais pas prête à oublier. Son frère leva les yeux au ciel et dit :

- Jessica... Arrête de rêver... Quand ce n'est pas un chanteur, c'est un acteur de cinéma ou de séries... Il faudrait que tu aies un peu les pieds sur terre, quand même.

- Tu es gonflé, Luke, de dire cela.

- Ce qui est intéressant, c'est la musique. Et je pense que Lynn sait très bien que son ami plaît aux filles.

- Oh, ça va... Tu es d'un rabat-joie ! lança-t-elle avec une fausse petite moue boudeuse.

Ils avaient toujours aimé se taquiner et il n'y avait rien de méchant dans les quelques traits qu'ils s'envoyaient ainsi. Mais je sentais bien que Luke avait envie de parler de musique. D'ailleurs, ce fut Jessica qui remit la conversation sur ce terrain-là.

- Quand même, Jenna... Quelle chance folle tu as d'avoir une chanson juste pour toi... C'était si émouvant ! J'en ai eu des frissons, tu sais.

Lynn sourit et intervint alors :

- Y'a juste erreur. Y'a deux chansons pour Jenna. Le slow et Redemption.

Jessica en resta bouche bée. Luke dit :

- C'est la dernière chanson. Celle qui est aussi sur le premier album.

- Oh, fit Lynn. Je vois que tu connais bien notre discographie.

- Oui, répondit-il en jouant le modeste à son tour. J'ai découvert ton groupe avec le deuxième album et aussi en apprenant que Jenna... Enfin... Tu sais que ça a quand même fait du bruit, ajouta-t-il un peu hésitant en me regardant avant d'enchaîner très vite sur la suite. Du coup, ça a attisé ma curiosité. Je sais que ce n'est pas très courant, dans la famille...

Il avait prononcé cette dernière phrase en haussant légèrement les épaules, comme pour s'excuser.

- Quel album préfères-tu ? demandai-je avec intérêt, sachant que Lynn n'aurait peut-être pas osé poser une question aussi directe concernant leur oeuvre, tout en étant cependant très vivement intéressé par la réponse.

- Ils sont tous les trois très différents, je trouve, répondit Luke avec sincérité et visiblement très heureux de pouvoir donner son avis à un des membres du groupe. Le premier a un côté très spontané que j'aime bien. Le deuxième est plus sombre, ça se comprend aussi...

Il s'arrêta et me jeta un nouveau coup d'œil. Je hochai la tête : il avait dû lire quelque part ce qui était arrivé à Ruggy, et aussi, peut-être, faire le lien avec la façon dont Stair avait présenté la chanson Dark Night lors du concert. Il reprit :

- Mais il a aussi un côté plus... Comment dire... Sans te vexer, Lynn, mais plus abouti, musicalement.

- Je suis d'accord, répondit Lynn. C'est grâce à Treddy. Avec Stair, ils font un super boulot sur les arrangements. Et on a trouvé un ingé-son qui comprend mieux ce qu'on attend aussi.

- Il a bossé avec vous pour le deuxième album ?

- Non, seulement pour le troisième. C'est un copain à Treddy. Un Ecossais, aussi, sourit-il.

- Vous avez émigré, c'est vrai, dit Luke avec un peu d'humour.

- On est plus tranquille à Glasgow, expliquai-je. Et les garçons ont maintenant un lieu pour travailler qui est vraiment à la hauteur.

- Tu en as des photos, Jenna ? demanda Jessica avec curiosité.

Je me penchai vers le sac dans lequel étaient rangées nos affaires et sortis mon téléphone. Je fis défiler quelques photos et les montrai à ma cousine. Penchée au-dessus de mon épaule, elle put ainsi découvrir le studio.

- Oh, mais c'est immense !

Je repris le téléphone, pour lui montrer une photo de l'extérieur et précisai :

- C'est un ancien entrepôt, le long de la Clyde. Notre appartement est situé au-dessus.

- Et ça ne te gêne pas ? Le bruit quand ils répètent ?

- On fait pas du bruit, fit Lynn. On joue.

- Oh, pardon ! rougit Jessica.

A cet instant, Thilia commença à gigoter et à s'agiter un peu. Lynn se pencha aussitôt vers elle, et ce fut comme s'il entrait dans une bulle dont rien n'aurait pu le faire ressortir. Il lui murmura des petits mots tout doucement et elle ouvrit les yeux sans crier et sans pleurer. Il avait une capacité à apaiser ses pleurs qui était impressionnante. Elle bougea un peu ses bras, il glissa un doigt dans sa petite main et elle le porta vivement à la bouche, pour téter.

- Elle a faim, me dit-il sans relever les yeux.

- Je vais lui préparer un biberon. Je reviens.

Je sortis le nécessaire du sac et me levai. Jessica dit :

- Je peux venir avec toi ?

- Bien sûr !

**

Nous gagnâmes rapidement la cuisine d'été, située à l'arrière du manoir. Elle était très grande et il y avait de l'activité : un traiteur et ses employés préparaient le buffet du soir. Je pus cependant aisément faire chauffer le biberon de Thilia. En ressortant, nous croisâmes l'aînée de nos cousines. Elle, c'était tout l'opposé de Jessica et de Luke et elle me toisa d'un air hautain. Si elle s'était rendu compte que je me fichais de son opinion comme de ma première culotte...

- Tu n'as pas beaucoup d'esprit, Jessica, dit-elle sans m'adresser la parole.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Tu traînes avec une débauchée...

J'éclatai de rire. Si elle pensait me mettre en colère et créer un esclandre, donner une mauvaise image de moi, elle se fourrait le doigt dans l'oeil, loin, vraiment très loin. Lynn et moi avions très bien réussi à éviter les provocations jusque-là - il y en avait eu très peu, d'ailleurs, je devais bien le reconnaître, on nous avait plutôt ignorés -, ce n'était pas pour commencer maintenant.

Jessica, elle, haussa les épaules et dit :

- Bah, la stupidité restera toujours la chose la mieux partagée au monde. Tu nous excuses, cousine, il y a une jolie petite fille qui attend son repas...

Et elle lui passa devant sans rien ajouter. Je la suivis sans jeter le moindre regard à ma cousine, mais j'eus bien la sensation du sien, fixé dans mon dos, planté comme un poignard, qui nous suivait.

Lorsque nous rejoignîmes les garçons, mes parents, ainsi que ceux de Jessica et Luke, les avaient rejoints. Mon oncle - le frère de papa - n'était pourtant pas du genre à fréquenter des hard-rockeurs et je remarquai bien qu'il s'était assis, de même que ma tante, plutôt face à Luke, que face à Lynn. Mais leur présence me fit plaisir. Au moins, tout le monde ne réagissait pas comme ma cousine et ne nous considérait pas comme des pestiférés. Même si les propos iraient sans doute bon train par la suite, je notais avec attention tous ces petits détails qui faisaient que certains se comportaient avec plus d'urbanité que d'autres.

Ma mère avait pris Thilia dans ses bras. Dès qu'elle me vit arriver avec le biberon, ma fille poussa un grand cri qui fit rire tout le monde.

- Eh bien, fit mon oncle, elle était affamée, cette enfant !

Ma tante eut un sourire attendri. Ses enfants n'étaient pas encore en couple, et elle devait secrètement envier ma mère d'avoir déjà une petite-fille.

- Tu lui donnes, maman ? proposai-je.

- Je veux bien, oui.

Et ma mère s'absorba avec un rien de tendresse béatifiante dans sa tâche. Tout le monde la regarda faire, et je sentis qu'un petit silence un peu gêné s'était installé, comme si personne ne savait trop quoi dire. Quand Thilia eut fini son repas, Lynn la reprit pour lui faire faire son rot. Elle avait parfois un peu de mal à le faire, surtout quand elle se trouvait dans des bras inconnus. Mais malgré toute l'attention qu'il lui portait et le fait d'avoir pris un bavoir pour se protéger, il ne put éviter une belle régurgitation sur sa chemise.

Ma tante prit cette fois un petit air pincé et dégoûté, maman sourit. Lynn, toujours très pragmatique, me tendit Thilia, puis il se leva, fouilla dans le sac et en sortit son t-shirt de rechange. Sans façon, il déboutonna sa chemise, la retira et apparut alors torse nu. Je vis bien les réactions féminines sur les trois visages autour de moi et j'eus bien du mal à garder un sourire poli plutôt qu'éclater de rire. Mais c'était vraiment amusant de voir l'air estomaqué de ma mère, celui tout aussi estomaqué mais un rien admiratif de ma tante, et celui prêt à se pâmer de ma cousine. Et je me dis qu'elle aurait de quoi fantasmer pour les prochaines nuits à imaginer Snoog dans le même appareil.

Lynn ne leur laissa pas le loisir d'admirer son torse musclé bien longtemps et enfila rapidement son t-shirt de rechange. Je l'avais choisi et j'avais veillé à prendre le plus neutre possible et surtout pas un avec ce bon vieil Eddie.

- Tu veux que je reprenne la petite ? me proposa-t-il.

- Je peux l'avoir un peu ? demanda Jessica.

- Oui, bien sûr, dis-je à ma cousine en lui tendant Thilia.

- C'est toi qui va être baptisée, Jessy ! lança son frère d'un ton taquin.

- Jaloux ! lui répliqua-t-elle.

Lynn se rassit à mes côtés et passa son bras par dessus mon épaule. Le bref froncement de sourcils de mon père ne m'échappa pas, or je ne voyais pas en quoi cela était répréhensible. Lynn faisait attention à tout, à ne pas choquer, je le sentais bien. Mais lui interdire un petit geste tendre était vraiment impossible et, de toute façon, je n'avais pas envie de cacher mes propres sentiments. Mon oncle, qui n'avait rien remarqué, eut alors une remarque qui me laissa sans voix :

- Hem, Lynn... Heu... Comment dire... Ils sont très réussis, tes tatouages.

- Merci, fit-il. J'les ai fait faire par un des meilleurs tatoueurs du pays. J'pense que j'en ferai un autre, un jour.

- Ah ? fit toujours mon oncle.

- Oui, un pour Thilia. C'lui-là, fit-il en remontant un peu la manche de son bras gauche, c'était pour Jenna.

Ma cousine qui était du bon côté se pencha pour voir et s'exclama :

- Ah oui, c'est très ressemblant !

Mon père et ma mère échangèrent un regard un peu gêné. Lynn poursuivit ses explications :

- Oui, j'avais emmené une photo de Jenna avec moi, pour son visage. Moi aussi, je trouve qu'il est très réussi.

- Heu... Ca doit faire mal, quand même, dit ma cousine.

- Bah, ça va. Y'a pire comme douleur.

Son froncement de sourcils ne donna pas envie de renchérir. Et mon cousin qui avait bien senti les choses, lança alors :

- Et toi, Jenna, tu aurais envie de t'en faire un ?

- J'y réfléchis, oui, répondis-je et je crus bien que mon père allait avoir une attaque. Il sera très discret, fis-je pour lui amortir le choc.

Et j'ajoutai pour vraiment tempérer mes propos et leur faire croire que je n'avais pas encore pris ma décision :

- Mais je n'y suis pas encore prête.

Pourtant, ma décision était belle et bien prise, mais je n'avais tout simplement pas encore eu le courage de franchir le pas. Et mon idée était aussi bien précise. Je savais ce que je voulais et comme d'autres choses dans ma vie, je ne reculerais pas devant la bêtise ou l'ignorance pour l'obtenir.

**

Le repas du soir était un grand buffet, servi sur les mêmes tables que le midi. Des lampions avaient été allumés un peu partout dans le jardin et il était même prévu un petit feu d'artifice, tiré de l'autre côté de l'étang qui ornait les jardins. Si le manoir était fastueux, je reconnaissais cependant que les jardins étaient très beaux et très agréables.

Les musiciens avaient commencé à jouer, pour agrémenter le repas. C'étaient des airs très classiques, avec quelques standards de jazz.

Bien que soupçonnant mon cousin Luke, je n'eus cependant jamais la preuve que c'était lui qui avait vendu la mèche aussi fus-je très surprise quand j'entendis le chanteur faire son annonce :

- Mesdames et messieurs, nous espérons que vous passez tous une bonne soirée et que, Madame Grant, vous prenez plaisir à profiter de toute votre famille. Nous avons ici des invités prestigieux...

Et il commença à citer les noms de mes cousins ou oncles qui occupaient des fonctions importantes entre les ministères, Westminster, les chefs de service d'hôpitaux, etc... jusqu'au moment où il dit :

- Mais aussi une rock-star !

Lynn et moi nous regardâmes les yeux ronds. Il était le dernier à vouloir se mettre en avant et je sentis un frisson courir le long de mon échine, mais aussi de la sienne.

- Hé oui ! Et nous étions quelques-uns, ici présents, à assister au grand concert donné par son groupe, les Dark Angels, à Wembley, il y a quelques mois. Je vous demande d'applaudir Lynn, le batteur du groupe !

Le regard de Lynn resta ancré dans le mien, alors que Jessica l'encourageait :

- Vas-y, vas-y !

Ma mère sourit et applaudit discrètement. Lynn se sentit alors obligé de se lever et il gagna l'estrade. Il serra la main du chanteur, puis des autres musiciens. Entre ses jeans et son t-shirt noirs, il ne contrastait finalement pas tant que cela avec eux, vêtus eux aussi de noir, mais avec des costumes, certes légers du fait de la saison, mais des costumes quand même.

- Vous savez, reprit le chanteur qui n'avait vraiment pas du tout les habitudes de Snoog, quand on est musicien, on est forcément curieux de ce que font les autres. Et oui, même parmi les musiciens de classique, il y a des amateurs de hard-rock. Et parmi les plus grands groupes de rock et de hard-rock, beaucoup ont joué avec des musiciens classiques et réciproquement. Je peux vous citer Scorpions, ou encore Freddie Mercury qui se frotta à des classiques d'opéra.

Il marqua une petite pause, fit quelques pas sur l'estrade avant de revenir vers Lynn : je me doutais que ce dernier se demandait bien ce qu'on allait attendre de lui et moi-même, j'appréhendais vraiment. Jusque-là, la journée avait été plutôt réussie et s'était bien passée, mais s'il se mettait à jouer...

- Je sais, Lynn, c'est une surprise pour vous. Vous ne vous attendiez pas à devoir nous rejoindre, aussi, nous avons choisi d'interpréter avec vous, si vous êtes d'accord bien entendu, un de vos derniers morceaux. Beaucoup ici ne l'ont pas entendu, ne le connaissent pas. Il fallait être à Wembley pour cela.

Je compris alors que les musiciens avaient dû apprendre le morceau qui m'était dédié, ce slow écrit juste pour Wembley. Mais le chanteur se trompait : rares étaient ceux qui s'étaient déplacés à Wembley, certes, mais personne parmi les autres n'avaient eu la curiosité d'écouter ne serait-ce qu'un ou deux morceaux des Dark Angels. Déjà, Lynn répondait :

- Ok, ok. Mais à une condition...

- Laquelle ?

- Je fais l'intro. A ma façon.

Et là, ce fut à toute ma famille de frémir.

Le batteur laissa volontiers sa place à Lynn, lui souriant avant de lui passer ses baguettes. Lynn se cala, effleura les toms et la grosse caisse : je savais qu'il cherchait ses repères, intuitivement. Il recula un peu le siège, puis fit un simple petit signe pour dire qu'il était prêt.

Et il attaqua.

Il avait les yeux fermés, était concentré comme quand il montait sur scène le premier pour amener ses amis à le rejoindre et embarquer déjà le public. Je ne savais pas s'il allait embarquer ma famille avec lui. J'espérais juste que personne ne le trouverait ridicule. Je ne pus m'empêcher de frissonner en réentendant les premiers battements, le frémissement des cymbales : je revis Ally me sourire, quand je l'avais regardée avec étonnement. Elle seule avait été dans la confidence, comme un juste retour des choses.

Lynn termina son intro, et les autres musiciens le rejoignirent, puis le chanteur entama les paroles. Il avait un timbre différent de Snoog, il ne mettait pas la même émotion, mais il chantait très bien, sa voix était belle et portait, emportait aussi. C'était vraiment un bon interprète et je me dis qu'il allait réussir à émouvoir certains, du moins je l'espérais. Maman, qui était assise près de moi, me passa le bras autour des épaules un instant.

Ton rire me rend plus fort...

Le chanteur répéta les derniers mots, les musiciens jouèrent encore quelques mesures, puis Lynn conclut le morceau par un effleurement des cymbales. Un petit silence marqua la fin de la chanson avant qu'un applaudissement se fasse entendre. D'autres le rejoignirent, et bien vite, je vis ma grand-mère s'avancer vers la scène. Le chanteur l'aida à monter les quelques marches.

- Je voudrais dire quelque chose, commença-t-elle en parlant dans le micro tendu par le chanteur. Je suis très fière et très heureuse qu'une chanson ait été écrite pour l'une de mes petites-filles. Cela n'était encore jamais arrivé dans la famille. Nous avons eu des artistes, des peintres, quelques poètes. Mais pas encore une chanson. Merci Lynn, merci Jenna.

Mes pas me portèrent à mon tour vers la scène et j'y rejoignis ma grand-mère. Elle me serra dans ses bras et j'eus bien du mal à retenir une petite larme.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Pom&pomme ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0