Chapitre 72 : Jenna

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Voilà, nous y étions. Notre chez nous.

Je me tenais debout au milieu de la vaste pièce. Je n'étais pas mécontente de quitter l'Angleterre. Glasgow était une ville bouillonnante, très tournée vers l'expression artistique et notamment musicale. Même si beaucoup de groupes jouaient de la musique traditionnelle, voire du rock celtique, les influences étaient nombreuses et la ville respirait l'ouverture sur le monde. Si Londres était cosmopolite, j'allais bien souvent me faire la réflexion que Glasgow n'avait vraiment rien à lui envier.

Le chantier était désormais terminé et nous avions ramené toutes nos affaires de Manchester. Cela avait tenu dans une grande camionnette, puisque le meuble le plus imposant que nous ayons eu à transporter était le réfrigérateur qui serait d'ailleurs installé dans la petite cuisine encore en cours d'aménagement, au rez-de-chaussée. Nos cartons étaient empilés dans la pièce de vie. Cours, livres, vêtements et vaisselle. C'était finalement assez minimaliste face à tout l'espace dont nous disposions maintenant.

Lors des deux dernières semaines, alors que de mon côté je terminais l'emballage de nos affaires à Manchester, Lynn avait réceptionné la livraison de tous les éléments de la cuisine, d'un grand canapé, de plusieurs fauteuils et d'un lit King Size pour notre chambre.

Je m'approchai de la verrière pour jeter un oeil au dehors. J'avais déjà pu, à quelques reprises lors de visites du chantier, admirer la vue sur la Clyde et la rive gauche. En regardant vers l'est, vers le centre-ville, je pouvais apercevoir l'immeuble dans lequel Snoog avait trouvé son propre appartement. Il ne serait vraiment pas loin de nous. Treddy, lui, habitait une petite maison à la sortie de Glasgow, sur la rive nord. Ce ne serait pas trop compliqué non plus pour lui de rejoindre le local de répétition. Quant à Stair, pour l'instant, il restait habiter à Manchester car Ally y avait trouvé un contrat ; il logerait chez Snoog dès qu'ils entameraient la phase de travail pour le prochain album. Ally le rejoindrait lors de ses jours de repos. Ensuite, ils aviseraient.

Lynn et moi avions donc désormais un lieu de vie qui nous ressemblait, que nous avions choisi et aménagé à notre goût. Nous avions suivi son idée première, faisant tomber toutes les cloisons. La pièce de vie couvrait ainsi une grande partie de la surface de l'étage. Nous avions conservé des piliers porteurs, en briques, et gardé également une partie des briques des murs apparentes, sur une hauteur d'environ un mètre. Cela rappelait l'usage industriel du bâtiment. Un gros poêle à bois complétait l'ensemble et nous apporterait une bonne source de chaleur, l'hiver.

La cuisine se trouvait dans le fond, donnant sur la pièce de vie et seulement séparée de celle-ci par une longue table-bar. Du côté est, nous avions aménagé la salle de bain et une chambre d'amis. Nous avions gardé l'idée de la mezzanine pour notre chambre, car je l'aimais beaucoup. Elle était grande, nous avions encore de la hauteur de plafond, même si on devinait la pente du toit sur les côtés. Elle mesurait toute la largeur du bâtiment. Je la voulais assez épurée et à part notre grand lit, nous avions fait aménager des placards et une penderie sur le côté ouest. Et pour y apporter encore plus de lumière, le mur à l'est avait été percé pour y créer une belle fenêtre.

Les murs de notre chambre étaient peints en blanc, et crème pour ceux du premier niveau, ce qui ajoutait encore de la clarté. Mais pour rendre la cuisine plus lumineuse, car elle était quand même à l'opposé de la verrière, nous avions fait ouvrir une longue fenêtre sur le mur ouest.

L'escalier débouchait sur le côté ouest de la pièce principale, mais plus au milieu par rapport à l'ancien petit escalier métallique en colimaçon : celui-ci avait été remplacé par un plus large, en bois, et après un léger décroché, il repartait vers la mezzanine.

J'abandonnai la vue sur le fleuve et me retournai. Les cartons à destination de notre chambre se trouvaient devant la table-bar et j'entrepris de monter les premiers. Je fis ainsi trois allers-retours avant de commencer à les déballer.

- T'es passée où, baby ?

- C'est tellement grand que je m'y perds ! répondis-je en riant.

- Ah, t'es là-haut ?

- Oui, je commençais à ranger les affaires. Ca se voit que Gordon a bien pourvu à ta collection de t-shirts de Motörhead...

- J'viens t'aider. J'ai fini d'installer ma batterie.

C'était évidemment la priorité pour lui : mettre la batterie en place dans la salle de répétition. L'ampli de Stair et le reste du matériel devaient arriver demain, Treddy ayant ramené son propre ampli précédemment. Le chantier du rez-de-chaussée n'était pas encore tout à fait terminé, mais la salle de répétition, elle, était achevée. De même que les cuisine et salle de douche. Il restait encore des travaux à effectuer dans le bureau de Gordon et dans le studio lui-même. Cela devrait être achevé d'ici deux semaines maximum.

Lynn fit son apparition en haut de l'escalier. Il avait deux cartons dans les bras.

- Tiens, en voilà d'autres.

- Merci, fis-je avant d'ajouter : tiens, là, le paquet, c'est pour toi.

- Pour moi ?

- Oui. Un petit cadeau pour notre arrivée ici.

Il eut un petit sourire un rien énigmatique, dont je ne comprendrais la signification qu'un peu plus tard. Il s'assit sur le lit et défit le papier cadeau. C'était un paquet assez volumineux, mais souple. Je le fixai pendant qu'il déballait les vêtements que j'avais trouvés pour lui.

- Wah, super, baby ! J'le kiffe à mort, c'lui-là ! s'exclama-t-il avec des étoiles plein les yeux en laissant se dérouler la veste portant le symbole de Motörhead en grand dans le dos et en plus petit sur le côté gauche.

- Il te plaît ?

- Ouaip ! J'adore !

- J'ai pensé qu'il n'y avait pas que Gordon à pouvoir alimenter ta collection...

Il rit en réponse :

- Ouais, mais celui-là, t'as pas à t'inquiéter : j'l'oublierai pas dans une loge...

Je souris. Il était déjà impatient de découvrir le reste :

- Ah, ha, celui-là, Stair va en être jaloux.

- Je te rassure, j'étais avec Ally quand on a choisi et il aura le même.

- Ally a été prudente... Et celui-là ? Ah, un t-shirt de Motörhed. Tu crois vraiment que je n'en ai pas assez ?

J'éclatai de rire.

- Je pense que tu n'en auras jamais assez...

Il se redressa, son regard fit le tour de la pièce, puis il s'approcha de moi :

- Merci, baby. Très beaux cadeaux. Bonne came, en plus.

- Ben oui, on a été dans un magasin spécialisé avec Ally, et on a bien vu que c'était de la bonne qualité.

- Et sinon, là, ça te plaît ? L'appart', comment on a placé les meubles en bas ?

- Oui, c'est chouette, répondis-je. Le canapé rend bien, ça fait sobre et chaleureux en même temps. Je suis certaine qu'il est confortable.

Alors que je me redressais, il m'attrapa par les hanches et me tourna vers lui. Il me fixa un moment avant de glisser ses lèvres dans mon cou et de me murmurer à l'oreille :

- Moi, j'peux t'assurer que le lit, lui, il est super-confortable... J'ai choisi l'plus grand possible. Faut qu'on ait de la place, baby. On devrait l'essayer à deux...

Lynn avait en effet dormi deux nuits tout seul ici, déjà, avant le déménagement.

- Je te vois venir... fis-je en passant mes bras autour de son cou.

- Ah ouais ? répondit-il alors qu'une chaude lueur s'allumait dans ses yeux noirs.

Je n'ajoutai rien, mais le fis basculer sur le lit, lui arrachant un petit cri de surprise. Je ne lui laissai pas le temps de protester et glissai déjà une main sous son t-shirt. Puis je l'embrassai longuement.

- En fait, t'étais impatiente de tester le lit, toi aussi, baby, me fit-il quand nous rompîmes notre baiser.

- Très. Il est immense et je suis certaine qu'on peut rouler d'un bord à l'autre sans se casser la figure. Même en plein câlin, lui répondis-je avec malice.

Ses yeux noirs pétillèrent et il me fit retourner d'un coup, comme pour me prouver que mon hypothèse était juste. Il me surprit quelque peu, à ne pas se montrer aussi fougueux que je m'y attendais, mais à prendre le temps de retirer nos vêtements un à un, puis de m'installer beaucoup plus confortablement au centre du lit, avant d'entreprendre des caresses légères au début, puis plus marquées, jusqu'à devenir carrément indécentes.

Nous étions en plein après-midi et la chambre était lumineuse, même si le soleil n'y donnait plus directement. Mon regard se perdait au plafond alors que Lynn caressait mes seins et embrassait mon ventre, avant de plonger son visage entre mes cuisses. Je gémis et m'abandonnai à la chaude vague qui montait en moi, glissant mes doigts dans ses cheveux. Mais il ne la laissa pas monter trop haut et se redressa bien vite pour reprendre ses baisers sur tout le reste de mon corps. D'abord mes chevilles, mes jambes, mon ventre à nouveau avant de s'emparer de l'un de mes seins, puis de l'autre. Je n'étais pas en reste et le caressais autant que possible, avide de le toucher et de l'émouvoir autant qu'il m'émouvait. Alors que mes doigts frôlaient son sexe tendu, il me grogna à l'oreille :

- Doucement, baby, va pas trop vite...

Je me mordis la lèvre pour ne pas éclater de rire, puis attirai son visage près du mien et l'embrassai avec fougue. Il en avait de bonnes, lui, à ne pas vouloir aller trop vite alors que j'étais si proche de l'explosion, mais qu'il me la refusait encore. Et s'il pensait que notre baiser allait me tempérer, c'était qu'il se mettait à croire au Père Noël.

Je profitai de faire durer notre baiser pour nouer mes jambes autour de ses reins afin de chercher notre union parfaite, intime et délicieuse. Ses lèvres s'écrasèrent plus fermement sur les miennes et je compris que j'avais gagné. Il vint cependant en moi lentement, comme pour savourer ce moment magique. Mais, bien vite, nous ne pûmes ni l'un, ni l'autre, résister à notre désir et la vague atteignit son apogée, nous emportant dans un long tourbillon de plaisir.

**

Quand je rouvris les yeux, Lynn me tenait tout contre lui. Ma tête reposait sur son torse et ma main sur son ventre. Il m'avait entourée de ses bras. J'étais bien, détendue et heureuse du plaisir partagé. Il tourna légèrement la tête pour déposer un baiser dans mes cheveux, puis il y glissa les doigts.

- Bienvenue chez nous, baby, me souffla-t-il avec un petit sourire.

Je lui répondis par un sourire épanoui.

- Oui, c'est chez nous. Vraiment notre chez nous.

- Ouais, tu t'en rends compte ? C'est à nous, tout ça.

Et il fit un large geste du bras pour désigner la chambre, mais aussi l'appartement en-dessous.

- Ca ne fait qu'une ou deux heures que je suis arrivée, répondis-je, mais je peux t'assurer que j'y suis déjà très bien.

- La faute au câlin ?

- La faute à toi, fis-je. Peu importe l'endroit où nous sommes, tant que j'y suis avec toi, c'est tout ce qui compte pour moi.

Il se tourna pour se retrouver sur le flanc, face à moi. Ses yeux sombres me fixaient avec douceur et amour. Du bout du doigt, il effleura ma tempe, repoussa une mèche de cheveux derrière mon oreille, puis descendit le long de ma joue jusqu'à mes lèvres.

- Tant que cette vie te convient, baby, moi, ça m'convient aussi. Le plus important pour moi, c'est qu'tu sois heureuse.

Puis il m'embrassa légèrement, avant de faire glisser sa main jusqu'entre mes seins et de frôler la perle qu'il m'avait offerte et que je n'enlevais que pour prendre ma douche. Un rien songeur, il joua un instant avec, avant de reprendre mes lèvres pour un baiser plus prononcé et de m'emmener pour un nouveau voyage, au creux de notre lit.

**

Quand je rouvris les yeux, j'étais seule dans le lit. Je l'entendis s'activer en sifflotant au rez-de-chaussée. Puis ses pas firent craquer l'escalier et sa tête apparut. Il me sourit, satisfait semblait-il que je sois réveillée.

- Dis-moi, ma marmotte, t'as l'intention de me laisser faire tout le rangement tout seul ?

- Je crois que tu fais ça très bien, ris-je en réponse. Et puis, t'es plus musclé que moi pour porter les cartons.

- Ca, ok. Je veux bien faire le transport. Quoique là, j'avais une boîte super-lourde.

Je le fixai, un peu étonnée. Dans les mains, il ne portait qu'une toute petite boîte de rien du tout, qui tenait dans sa paume. Il s'approcha du lit, s'assit près de moi. Je me redressai, tirant juste un peu les draps sur mes genoux. Son regard coula le long de mon buste et je sentis ma peau frémir comme s'il m'avait caressée.

- Moi aussi, j'ai eu envie de t'faire un p'tit cadeau de bienvenue, chez nous, dit-il en me tendant ce qui se révéla être un petit écrin.

- Merci, Lynn, je suis touchée...

J'ouvris la boîte sans tarder. A l'intérieur se trouvait un fin bracelet d'or. Tout simple, mais vraiment joliment ouvragé.

- Il est très beau, fis-je.

- Tu peux le mettre au poignet ou à la cheville, comme tu veux. J'ai d'mandé à la vendeuse.

- Hum, c'est vrai, c'est une bonne idée à la cheville ! Voyons ça.

Après avoir ouvert la petite attache, je repoussai les draps, rapprochai ma jambe en la pliant. J'entourai ma cheville ainsi. Le bracelet tombait juste comme il faut.

- Et voilà ! fis-je en me redressant. Qu'en penses-tu ?

- Hum, dit-il en caressant doucement ma jambe, faisant glisser sa main de mon genou à ma cheville. J'en pense... que c'est hyper-sexy, baby. Vraiment.

Et il m'embrassa sans attendre et, sans hésiter bien longtemps, je l'entraînai, l'attirant sur moi. Ses mains remontèrent sur mes cuisses, mes hanches, puis ses lèvres parcoururent mes seins, suçant l'un, puis l'autre avec délectation. Je gémis, me laissant envahir par les sensations délicieuses qu'il provoquait toujours en moi et songeant que nous allions vraiment réussir le baptême de notre nouveau lit. Surtout quand ses lèvres vinrent se perdre entre mes cuisses, goûtant et savourant tous mes recoins secrets.

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