Chapitre 59 : Interview du groupe

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Mark Milton, journaliste au Heavy News :

- Messieurs, merci de nous recevoir alors que votre deuxième album, Dark Death, fait carton plein. Le disque est sorti il y a à peine un mois et il grimpe déjà bien dans les charts. Nous allons revenir sur la genèse de cet album, mais déjà, quelques premiers mots : êtes-vous satisfaits de ce disque ?

Snoog : Dire le contraire serait n'importe quoi.

Treddy : C'est un bel album. Equilibré, représentatif de notre travail. Nous espérons qu'il va continuer à plaire au public.

MM : Bien. Alors cet album était attendu, après le premier, Lies, more lies ! C'est toujours un tournant, un nouveau disque, et ce virage était d'autant plus difficile à négocier pour vous que vous accueillez un nouveau guitariste. Snoog, Stair, Lynn, vous êtes les trois membres d'origine des Dark Angels. Pouvez-vous nous dire ce que l'arrivée de Treddy a changé pour vous ?

Snoog : Un mot d'abord sur notre ami Ruggy. Il est cloué sur une chaise roulante pour la fin de ses jours. Il est toujours avec nous quand on joue, par l'esprit, par les morceaux que nous avions composés avec lui. Et nous espérons que le public, les fans de la première tournée, s'en souviendront. Treddy fait désormais totalement partie du groupe, et en est un membre à part entière.

MM : C'était là pour le plan humain. Mais sur le plan musical ? Créatif ?

Stair : Treddy est un excellent guitariste. Il a très vite su saisir l'esprit de nos morceaux et les nouvelles compositions que nous créons avec lui sont dans la même lignée, pour nous trois.

MM : Comment se présente ce deuxième album, Dark Death ? Vous avez dû en reporter l'enregistrement, du fait de l'accident de Ruggy. Et cela vous a sans doute influencés ?

Stair : C'est indéniable. Il était difficile pour nous tous de nous reprendre après ce qui est arrivé. Nous avons traversé une période très dure, nous nous sommes tous les trois remis en question aussi. Il n'était pas de journée qui passait sans qu'on se dise "et si...". Et si on l'avait empêché de partir, et si on était intervenu, et si...

MM : C'est d'ailleurs le thème d'une de vos chansons. Les regrets...

Snoog : Oui. Je l'ai écrite d'un jet, un jour où je ressentais beaucoup de colère après avoir rendu une visite à Ruggy à l'hôpital. Il venait de sortir du coma. Le choc était difficile à exprimer pour moi. Nous avons composé la musique tous les trois. C'est une chanson très violente, car nous avions besoin d'exprimer cette violence.

MM : C'est un album assez sombre, l'une des chansons raconte la vie d'un pauvre type, l'autre est un cri de désespoir, d'horizon bouché. On retrouve là quelques thèmes du premier album.

Lynn : Il faut avoir à l'esprit que nous avons à notre actif une bonne trentaine de chansons, sans les reprises. Nous les faisons tourner lors des concerts. Nous ne produisons jamais le même spectacle, le même enchaînement de morceaux, même si certains sont incontournables. Une grande partie des chansons qui figurent sur ce deuxième album existe en fait depuis longtemps. Nous les avons retravaillées, exploitées sur scène aussi. Et finalement, nous avions envie de les graver sur un disque.

MM : Vous parlez des incontournables. Il en est une de ce nouvel album, je le pense sincèrement, avec mon avis et mon oreille de critique rock, qui va très vite en faire partie. Je veux parler de No man's land. Cette chanson, comme toutes les autres, a une histoire, n'est-ce pas ?

Snoog : Oui. Et une histoire sombre, forcément. Je l'ai écrite lorsque nous étions en Ulster, quelques jours avant de donner deux concerts à Belfast. Nous avions fait un peu de "tourisme". Il y avait des endroits qu'on voulait voir, depuis longtemps. Belfast m'a beaucoup marqué, par l'atmosphère particulière qui y règne et qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. C'est une ville en deuil, c'est une ville de combat, c'est une ville qui n'oublie pas. C'est très impressionnant. Et en même temps, c'est une ville où les gens essayent de se construire un avenir.

MM : Mais No man's land ne porte pas sur Belfast, pas exactement...

Snoog : Non. Je laisse à chacun la possibilité de l'interpréter, d'imaginer l'endroit dont nous parlons.

Stair : Ca pourrait être à Berlin. Ou en Ukraine. Ou même en Afrique du Sud...

MM : Mais c'est en Ulster, n'est-ce pas ?

Les quatre (petit sourire en coin).

MM : Très bien, nous n'en saurons pas plus. Mais peut-être que vous m'en direz plus au sujet de la chanson Reviens ! Je fais un parallèle avec le premier album et, sincèrement, je m'attendais à ce qu'elle figure en dernière place. Pourtant, vous avez choisi de la mettre au milieu des autres. Elle marque comme une respiration...

Treddy : Nous avons rencontré plusieurs difficultés au cours de l'enregistrement et notamment, concernant l'ordre des chansons. Nous avons beaucoup discuté entre nous. La plus difficile à placer, pour nous tous, était Dark Night. Pendant un moment, nous étions assez d'accord pour que ce soit la dernière chanson de l'album, puis Snoog a proposé autre chose. Et cela a donc aussi entraîné le fait que Reviens ! arrive juste après, pour marquer cette respiration.

Snoog : J'ai réfléchi et je n'ai finalement pas voulu que ce soit la dernière, car une dernière chanson, comme une première, c'est particulier sur un disque. Soit elle est ratée et on la trappe à l'écoute, soit elle est réussie et laisse alors une impression forte à l'auditeur. C'est une place délicate, un choix que nous n'avions pas eu à faire pour le premier album car Redemption s'était imposée très naturellement.

MM : Vous voulez laisser entendre que, le plus difficile finalement, ce n'était pas de trouver la dernière chanson, mais de placer Dark Night à l'endroit qui vous semblait le mieux convenir ?

Snoog : Exactement.

Lynn : Tout le reste en a alors découlé.

MM : Je reviens à Reviens ! justement... Pouvez-vous nous en dire plus ?

Snoog : Rien.

(Silence appuyé des trois autres).

MM : Chacun peut l'interpréter comme il le souhaite... ou plutôt comme elle le souhaite ?

Snoog : Oui.

MM : Mais vous vous attendez quand même à ce qu'elle reçoive un certain succès ?

(Nouveau silence).

MM : Bien, je reviens maintenant sur des propos que vous avez tenus tout à l'heure, concernant vos concerts, les morceaux que vous jouiez, le fait que ce ne sont pas toujours les mêmes. Je le confirme pour vous avoir vus vous produire plusieurs fois. Mais il est cependant une donnée qui ne change pas : vous terminez toutes vos prestations par Redemption. Est-ce un hasard ?

Snoog : Pas du tout.

Stair : Je confirme. Tout sauf un hasard.

(Hochement de la tête de Treddy).

MM : Et... ?

Lynn : La raison en est très simple : je suis incapable de jouer quoi que ce soit d'autre après ce morceau. J'y mets toujours toute l'énergie qui me reste à la fin d'un concert. C'est la raison pour laquelle Redemption est incluse dans les rappels. Si on décide de faire un rappel, mais, maintenant, c'est presque incontournable.

MM : Ce qui signifie donc que, lorsque le public vous entend, Lynn, entamer votre solo de batterie, il sait alors que c'est la fin...

Lynn : Exactement.

MM : Pour des musiciens qui vous dites anticonformistes, rebelles, vous instituez là une tradition...

Lynn : Yep. Et ça nous plaît bien.

(hochements de tête approbateurs des trois autres)

MM : Vous allez partir en tournée très prochainement. L'Europe vous attend de pied ferme. On annonce des dates dans les grandes villes, sur tout le continent. Comment vous sentez-vous à la veille de ce nouveau départ ?

Stair : Impatients.

Lynn : Heureux de retrouver le public.

Treddy : Beaucoup d'envie de partage, de jouer ces morceaux-là. Certains n'ont encore jamais été interprétés sur scène. Ca rend très curieux des réactions à venir, voir si les nouvelles chansons plaisent ou pas.

MM : Le show prévu sera plus imposant que pour la précédente tournée...

Snoog : On garde les pieds sur terre quand même. Il y a des choses qu'on ne veut pas faire. Mais c'est certain que les concerts seront plus aboutis, plus pros que pour la première tournée. Nous avons acquis de l'expérience.

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