Chapitre 17 : Jenna

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Il faisait nuit noire. En s'éloignant du centre-ville, on quittait aussi l'agitation, l'animation qui y régnaient ce soir-là. Lynn gara la moto à l'abri devant un grand immeuble des années 50, à la façade un peu décrépite. Ainsi, c'était là qu'il habitait. Il me prit la main et nous entrâmes dans le bâtiment. Là, pas de code d'entrée, pas d'interphone. Je ressentais un mélange de peur et d'excitation aussi. Je savais ce qui m'attendait là-haut, ou plutôt, je savais ce qu'il allait se passer chez lui. Et malgré une petite appréhension, je me sentais sûre de moi : ce que j'allais vivre, là, maintenant, c'était avec Lynn que je voulais le vivre. Pas avec un autre. Je ne savais pas ce que la vie me réserverait, quels choix seraient les miens, ce que nous aurions à affronter. Si notre histoire durerait ou pas. Mais tout ce dont j'étais certaine, c'était que je voulais qu'il soit le premier.

Ma décision était prise. J'y avais réfléchi aussi aux cours des dernières semaines, depuis que je l'avais rencontré. Depuis qu'il me draguait et m'emmenait pour des balades surprenantes, dans des lieux où je n'aurais jamais été sans lui. Depuis que je découvrais son monde, aussi. Et ce que j'avais vécu à Londres, les pensées que j'avais eues, n'avaient fait que renforcer ma détermination, mon choix.

L'appartement était situé au troisième étage. Assez dépouillé. De ce que j'en vis, même si ce n'était vraiment pas là-dessus que se porta mon attention, les peintures des murs étaient un peu fatiguées et il avait punaisé de grands posters de groupes de hard-rock ou de rock. La plus impressionnante était certainement une affiche de Motorhead, de par sa taille et de par ce qu'elle représentait. Elle couvrait quasiment tout un pan de mur.

- Voilà mon antre, baby, dit-il. C'est pas un palace, j't'avais prévenue.

- Je sais. C'est pas grave. Je veux dire... Ca me plaît aussi de découvrir où tu vis.

- C'est juste une piaule, fit-il. L'endroit où j'vis vraiment, c'est la salle de répét' et puis sur scène. C'est là, ma vie. Enfin...

Il laissa planer les derniers mots.

Après une petite entrée, nous nous trouvions dans une pièce qui était tout à la fois le salon et la chambre. En fait non, c'était directement sa chambre. Lynn n'avait pas besoin d'un salon. Deux portes, face à face, y donnaient. L'une menait à une minuscule cuisine, dont l'équipement le plus utile - je le découvrirais vite - était le réfrigérateur, et l'autre à la salle de bain.

Il me tenait toujours la main et me fit tourner rapidement vers lui. Son regard était brûlant. Rien que par ce regard, il alluma un incendie dans mon corps. Alors que dire de son baiser et de ses mains caressant mon cou, de ses doigts se glissant entre les mèches de mes cheveux, frôlant ma nuque. Sans que je ne puisse rien contrôler, mon corps se colla au sien. C'était cela, le désir. Je le savais bien maintenant.

- Lynn... soupirai-je déjà perdue, alors qu'il abandonnait ma bouche pour couvrir ma gorge de baisers brûlants.

- Oui, baby ?

Je déglutis. Il fallait que je parle tant qu'il en était encore temps. Après... Après ce serait trop tard.

- Tu... Tu ne vas pas me faire du mal, hein ?

- Bien sûr que non, baby. J'ai jamais fait d'mal à une fille. T'es pas là pour que j'te fasse du mal, n'est-ce pas ?

Il m'avait répondu sans vraiment interrompre ses baisers. Puis il ajouta :

- Qu'est-ce qui t'fait penser ça ?

Je pris une profonde inspiration. Le flot de chaleur qui se répandait en moi était presque insupportable.

- C'est juste... Que tu vas être le premier.

Il s'arrêta d'un coup. Comme si je lui avais asséné un coup de fouet ou qu'il avait reçu une violente décharge électrique. Ca ne lui aurait pas fait plus d'effet. Ses lèvres restèrent posées sur la peau tendre de mon cou, comme collées à elle, comme incapables de s'en détacher.

- Tu peux répéter ce que tu viens de dire, là ? fit-il enfin en se redressant, s'écartant légèrement, mais me tenant toujours dans ses bras.

Je le fixai droit dans les yeux. Si son regard s'était fait interrogateur, il n'en restait pas moins sombre et envoûtant.

- J'ai dit que tu vas être le premier, répétai-je avec beaucoup plus de conviction que je ne pensais pouvoir en posséder à cet instant.

Son regard se fit alors comme perdu. Il le cacha assez bien, mais je sus qu'il était surpris. Il ne s'attendait pas à ça, ce qu'il me confirma l'instant d'après :

- T'es sûre de toi, là, baby ?

- Parfaitement sûre de moi. Enfin, comme on peut l'être quand... Enfin...

- Ok. Ok, répéta-t-il comme pour se convaincre lui-même qu'il m'avait bien entendue.

Je posai doucement ma main sur sa joue râpeuse, caressant sa barbe naissante.

- Je le veux vraiment. Je veux que ce soit toi.

Ce fut à son tour de prendre une profonde inspiration, puis, soudain, comme s'il n'y avait pas d'autre issue, il m'embrassa à nouveau, profondément. Et ce fut, cette fois, son corps qui se colla au mien, l'une de ses jambes se glissant entre les miennes. Je me retrouvai plaquée contre le mur. Je ne pouvais plus bouger. Là non plus, il n'y avait pas d'issue. Ou plutôt, pas d'autre issue que son lit.

**

Toujours appuyée contre le mur, répondant au baiser de Lynn, je le sentis se détendre un peu, les muscles de ses épaules se relâcher sous mes mains. J'avais envie de le caresser, de sentir sa peau sous mes doigts. C'était une envie prenante, primaire et sauvage. J'étais loin de l'image de petite fille sage qu'on pouvait avoir de moi, qu'on voulait voir à travers moi. J'étais déjà un volcan proche de l'éruption, le sang en ébullition.

Ma main droite abandonna les épaules de Lynn, se glissa sous son t-shirt. Il gémit dans ma bouche et cela me transporta de joie. Je fermai les yeux de bonheur. Le toucher était si bon... Il abandonna notre baiser, appuya son front contre le mien et me souffla :

- Un peu aventurière, baby ? Ce n'est pas pour me déplaire...

Mais son sourire atténuait l'aspect sauvage de ses mots. Et sa main se porta alors vers l'échancrure de mon corsage faisant sauter les boutons l'un après l'autre, avec une lenteur presque désespérante. Puis sa main remonta jusqu'à effleurer la dentelle de mon soutien-gorge, avant de poser sa paume sur mon sein, juste là où battait mon cœur. Il m'arracha ma première plainte alors que mon téton se nichait dans le creux de sa paume et me dit d'une voix très chaude et profonde :

- Ca va être bon, baby. T'inquiète pas de ça... Et je vais faire très attention. Les belles choses, faut en prendre soin. On n'en a pas souvent dans la vie.

Puis il reprit mes lèvres et entreprit de me retirer mon corsage. Ma main gauche rejoignit la droite, sous son t-shirt, remontant lentement le long de son dos. Il s'écarta un peu, et dit :

- Vas-y. Enlève-le. T'en meurs d'envie...

C'était totalement incongru, mais j'éclatai alors de rire, comme faisant ainsi éclater la tension, voire la bulle d'inquiétude que mes révélations avaient provoquée, en lui plus qu'en moi encore.

**

Je me retrouvai vite étendue sur le lit. Lynn s'était allongé à mes côtés, sur le flanc. Il me regardait avec tendresse et caressait doucement mon visage. Nous étions tous deux torse nu et je savourai de le découvrir moi aussi. J'avais ressenti cette envie dès notre sortie en bord de mer, quand il m'avait pris la main sans façon pour marcher le long de la grande plage de Fleetwood. Juste avant notre premier baiser. Pour la première fois, je pouvais caresser le tatouage du dragon, en dessiner les contours de la pulpe de mes doigts.

Puis, petit à petit, ses caresses se firent plus précises, plus aventureuses. Ses lèvres rejoignaient ses mains sur ma poitrine, m'arrachant des plaintes, puis des cris. Je me surprenais moi-même à ressentir tout à la fois le feu, le désir, la fougue, la joie.

J'eus à peine conscience qu'il faisait glisser mon pantalon, le sien, que nous fûmes bientôt nus. Je n'étais pas en reste pour le caresser, partant à la découverte, à sa découverte. Avais-je donc l'âme si aventurière qu'il le disait ? C'était bien possible. Je savais aussi que je voulais tout goûter, tout voir, tout sentir. Tout ressentir. Certes, je me sentais par moment un peu intimidée, plutôt ne sachant pas trop quoi faire. Alors, simplement, je le caressais ou l'embrassais.

Mais, bientôt, nos corps ne purent supporter d'être seulement l'un contre l'autre. Nous voulions nous toucher plus encore, nous voulions plus que nous frôler, plus que nous effleurer. Notre soif de découverte, notre désir l'un de l'autre prenaient le dessus sur toute considération. Après coup, je fus reconnaissante à Lynn d'avoir pensé à nous protéger. Je n'y pensais plus moi-même. Pas à ce moment-là.

Il me prit dans ses bras, à demi-couché sur moi, une jambe glissée entre mes cuisses. Sa bouche semblait ne jamais se rassasier de mes seins, les rendant si sensibles que j'en devenais folle. Mais sans savoir sur quoi allait déboucher cette folie. Serait-ce vraiment intense ? Douloureux ?

Il ramena son visage près du mien, une goutte de sueur perlait à son front, comme lorsqu'il jouait. Je portai mes lèvres jusqu'à elle, pour la goûter. L'instant d'après, sa langue prenait possession de ma bouche, comme s'il allait pouvoir s'y abreuver. Je le sentais affamé, assoiffé, et ne fus pas surprise lorsque sa voix, devenue plus rauque, me souffla à l'oreille :

- J'ai tant envie de toi, baby...

Sa main glissa sous l'oreiller, trouva le sachet du préservatif, l'ouvrit d'un geste sûr et le plaça. Couché au-dessus de moi, appuyé sur ses bras tendus, picorant encore mon visage de ses lèvres, il était prêt.

Et moi aussi.

- Maintenant, baby ? Vraiment ?

- Oui...

Il me surprit en m'embrassant tendrement, longuement, tout en me pénétrant. La douleur fut fugace, comme une langue de feu qui s'éteint aussitôt. Ou plutôt une langue de feu qui se fond dans une toute autre chaleur. La sienne. La mienne. La nôtre. Ce n'était plus lui. Ce n'était plus moi.

C'était nous.

Et l'embrasement fut total.

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