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Quand la forêt referma ses mâchoires sur la troupe d’Héritiers en route pour le rituel, le son étouffé des sabots dans l’humus remplaça le chant des grillons. L’air, sous les frondaisons, paraissait plus frais, plus musqué. Le Maître de Chasse guida les prétendants le long de sentiers secrets, au milieu de résineux aux fragrances sucrées. Enfin, ils débouchèrent dans la clairière de l’étoile, un espace marqué par le départ de huit chemins forestiers, balisés de huit stèles de porphyre torsadées.

— Laissez vos chevaux ici, ordonna le Maître de Chasse. Vous connaissez la règle : le premier qui arrive au Cirque avec une corne de licorne sera admis à l’intérieur et pourra délivrer sa Vierge. Ceux qui arriveront après se contenteront d’attendre. Ceux qui n’arriveront pas…

Il se tourna vers Palys et Arian, avec un sourire narquois.

— … pourront retenter leur chance l’année prochaine ! Bonne chance !

Les Héritiers attachèrent leurs carquois et leurs épées à leurs baudriers puis s’éloignèrent en se jetant des regards de défi. Baptix approcha d’Arian avec un air matois.

— Ne perds pas ta drôlesse dans les bois, l’attardé. Il pourrait lui arriver des broutilles.

— Viens, Arian, murmura Palys, méprisant l’importun. Le temps est compté.

Elle tira le jeune homme par la manche et l’attira sur un des chemins.

— Cette nuit, dit-elle quand les frondaisons eurent avalé les deux lunes jumelles, le Domaine sacré ne sera un lieu sûr pour personne.

Arian sortit son ardoise, sur laquelle il avait déjà tracé un mot : Bisclaveret ? La jeune fille hocha le menton et lui tendit un pendentif en argent.

— Tiens, porte ça bien en évidence. Tu seras protégé.

Avant qu’il ait pu l’attacher autour de son cou, Baptix avança hors du couvert des arbres, son visage juvénile baigné d’ombres. À sa ceinture brillaient deux pistolets à poudre. Devinant le regard d’Arian, il tapota les crosses de bois ferré.

— On fait parfois des exceptions, surtout quand on laisse entrer un monstre sur le territoire sacré.

Quatre silhouettes enténébrées glissèrent entre les troncs, avançant sous le ciel nocturne, armées de mousquets et de lances aux pointes brillantes.

— Le pendentif… donne !

Comprenant la situation, Arian jeta le bijou au visage du cadet, et dégaina sa rapière. Il poussa Palys dans le fossé et se jeta sur le premier acolyte, le renvoyant dans le sous-bois d’un coup d’épaule. Un second braqua sa lance dans sa direction et chargea. Arian dévia la pointe et accueillit le téméraire d’un coup de garde au menton. Deux autres se jetèrent sur lui. Il espéra que le temps gagné suffirait pour que Palys prenne la fuite sous le couvert des arbres. Un coup de feu claqua, suivi du craquement d’un tronc déchiqueté. Arian culbuta le tireur et s’élança à son tour dans la nuit.

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