Le sang et la haine

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Krasny s'engagea en théorie dans le camp des parfaits, mais en réalité il ne poursuivait que ses propres ambitions. Il se lança avec son armée dans une conquête du royaume de Carrambez. Sa réputation le précédant, les villes sur sa route préférèrent se rendre, et Krasny parvint ainsi à conquérir la majeure partie du pays sans avoir recours à la violence. Il parvint ainsi jusqu'à la capitale où les ministres étaient encore en train de se chamailler sur la succession de Cortes, celui ci étant mort sans femme ni enfant. La cour voulut fuir la ville, mais le vizir Sancho de Gellmini envoya lui même ses agents prévenir Krasny pour qu'il les attrape.
Krasny s’autoproclama régent du royaume de Carrambez après avoir fait sobrement défenestré tous les prétendants au trône et avoir pendu Sancho de Gelmini qui ne lui inspirait aucune confiance.
Krasny tint alors un discours devant le peuple, dans lequel il accusait les Gottes Volk d'être la cause de tous les malheur et appela le peuple à se rebeller contre l'empire. Il exposa son projet de profiter de la guerre pour abattre le Kaiserreich et donner son indépendance à chaque royaume assimilé par les Gotts. Il termina son discours par le cri «smert' ugnetatelyam», mort à l'oppresseur. Même si les gens de Carrambez n'avaient pas compris ce que cela voulait dire, ils commencèrent à voir Krasny comme le véritable continuateur de Cortes et de sa volonté de rendre le royaume indépendant. Les rumeurs se répandirent comme quoi les Gotts étaient les assassins du Cid, et le peuple prit les armes pour massacrer les citoyens Gotts de la région. Krasny se lança alors dans ce qu'on appela la «marche sanglante». Son armée traversa les royaumes vassaux de Carrambez, Varègues, Bomôt, et Voronoy; et en route il répétait son discour et menait des massacres à l'encontre des Gotts. Des familles entières furent impitoyablement tuées et leurs corps jetés dans les flammes.
Lorsque Krasny arriva à Voronoy, il fit pression avec son armée pour pousser ses parents à rejoindre la rébellion. Ceux ci refusèrent de s'opposer militairement au Kaiserreich, mais acceptèrent d'organiser à l'échelle de tout le territoire de Voronoy et des autres royaumes vassaux la déportation et l'élimination systématique de tous les individus d'origine Gottes volk.
Ces actes semèrent le chaos au sein du Kaiserreich de Steinadler, renfonçant les divisions ethniques déjà compliquées à gérer. Les actes de paranoïa puis de représailles et de représailles aux représailles se multiplièrent partout. Le cri «smert' ugnetatelyam», devint le cri de ralliement de tous les indépendantistes, même ceux qui ne comprenaient pas le sens de ces mots.
Pendant ce temps, le roi du royaume étranger de Fargivrode, le terrible Auguste Angström, se joignit à la guerre du côté des parfaits. Il retourna le cours de la guerre que les orthodoxes étaient sur le point de gagner. Ses armées déferlèrent depuis le nord et infligèrent de terribles défaites aux forces du Kaiser.
Angström révolutionna l'art de la guerre en généralisant l'usage des fusils et en remettant au premier plan la cavalerie, souvent délaissée depuis la bataille des gorges de Hardelles. Angström entra surtout dans les mémoires de la science militaire pour avoir mis au point la méthode d'entraînement qui porte son nom. La méthode Angström consiste à faire répéter mécaniquement aux recrues des mouvements de combat et de formation jusqu'à ce qu'ils deviennent instinctifs. Grâce à cela, il optimisait le recrutement et après chaque bataille son armée semblait croître au lieu d'être réduite.
En 1630, Auguste Angström combattit aux côtés des corbeaux de sang à la bataille de Kronstedt. Ils firent face à une armée dirigée par le Kaiser Wilhelm IV en personne.
Les deux armées étaient si dantesques que les coordonner était presque impossible. N'osant pas risquer un assaut, les deux camps se firent face sans bouger pendant un moment. Chaque général s'efforçait de positionner ses troupes du mieux possible avant l'éclatement de la bataille. C'est alors que se produisit un événements des plus invraisemblable et pourtant confirmé par toutes les sources. Un simple soldat anonyme, que la légende retint sous le nom de Gaspard l'impertinent, relevant sans doute un défi idiot lancé par ses camarades de division, se détacha des rangs pour s'approcher dangereusement des lignes ennemies avant de baisser son pantalon et de montrer son derrière aux soldats du Kaiser.
Ceux ci se ruèrent sur lui, mais Gaspard l'impertinent parvint à regagner ses lignes intact. Cela entraîna un échange de coup de feu entre deux compagnies qui entraînèrent les autres. Cette farce d'un seul soldat suffit finalement à déclencher la bataille prématurément alors qu'aucun des deux camps ne s'estimait encore prêt.
Une féroce bataille s'engagea, qui vit de nombreux coups d'éclat dont il serait trop long de dresser la liste. En plein milieu des combats, Krasny ordonna d'atteler les canons à des chevaux pour les déplacer rapidement et ordonnait aux ingénieurs de les recharger tout en les déplaçant. Les manœuvres furent ardues, mais cette artillerie mobile devint dès lors insaisissable et pût infliger de très lourds dégâts aux orthodoxes, permettant notamment à l'infanterie alliée de se frayer un chemin jusqu'à l'artillerie adverse pour la capturer. On dit qu'au cœur des combats, les soldats chantèrent «la marche de M'sieur de Voronoy».
De son côté, le roi de Fargivrode n'était pas en reste. À la tête de la cavalerie, il écrasait les groupes de soldats qui se dispersaient pour éviter les tirs de canon tandis que l'artillerie mobile pulvérisait les soldats qui se rassemblaient en groupes compactes pour se prémunir de la cavalerie. Cette synergie entre cavalerie et artillerie fut la principale cause de la victoire des parfaits. La seconde est que le roi Auguste Angström parvint à tuer lui même le kaiser Wilhelm en combat singulier, mais périt lui même peu après d'une balle dans la tête.
La bataille fut une victoire des Parfaits, mais l'armée de Fargivrode se retira de la guerre après la mort de leur roi, l'héritier n'ayant alors que huit ans.
Les orthodoxes nommèrent comme Kaiser Wilhelm V de Hesburig, fils du précédent Kaiser, et qui hérita notamment des terres de sa mère, Alice de Beffroi, à savoir d'un duché en Rivedaux. Le nouveau Kaiser voulait plus que tout continuer la guerre, d'autant qu'avec le retrait des forces de Fargivrode, la victoire semblait déjà acquise pour les orthodoxes. Mais un nouvel ennemi vint s'opposer à lui.
L'idée d'être cernés à la fois par le Kaiserreich de Steinadler au nord et le duché de Beffroi au sud n'enchantait guère le roi de Rivedaux. Bien que ce royaume soit, religieusement parlant, plus proche des orthodoxes, Rivedaux déclara la guerre au Kaiser.

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