M'sieur de Voronoy

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La principauté de Voronoy était passée sous l'égide de l'empire à peine un siècle plus tôt. C'est dans le château forteresse de Chornyy Zamok, que Krasny de Voronoy vint au monde en l'an 1586 du calendrier impérial. Il appartenait au sang de la lignée royale de Voronoy et vécut son enfance parmi la noblesse. Très tôt, ce garçon fut éduqué à la fierté de son pays, et conçut une certaine rancœur envers les envahisseurs Gotts. Il suivit, comme tous les nobles, une éducation poussée en tactique militaire et au maniement des armes, mais elle fut doublée d'un enseignement particulièrement dur dans les traditions de Voronoy. Dès son plus jeune âge, ses parents le confrontèrent à des épreuves de force et de vigueur, le firent nager dans les eaux glaciales de la Nordsee, le trainèrent dans la boue et dans la neige, lui donnèrent du fouet ou même du nagaïka à la moindre occasion. Le garçon en conçut de la rancœur pour sa famille également, mais cette éducation participa à faire de lui l'homme qui changerait la face du continent. Les gens qui l'ont connu plus tard dirent de Krasny qu'il était si accoutumé à des conditions extrêmes qu'un climat doux lui était insupportable.
Dès ses quinze ans, il s'engagea dans l'armée du Kaiserreich. D'abord moqué pour ses origines étrangères, il se tailla rapidement une place de premier choix, en ne reculant par ailleurs devant rien.
Il devint officier sous les ordres du général Zheilmart, et c'est sous ses ordres qu'il participa à réprimer maintes révoltes. Il gagna la réputation d'un chien de guerre féroce après avoir « surinterprété» des ordres. Zheilmart lui avait donné pour instruction de ne laisser aucun rebelle s'échapper. Pour éviter qu'une de ses cibles ne s'échappe, Krasny avait alors incendié un village entier, tuant toute la population.
Après cet acte, Krasny fut jugé pour crime de guerre et acquitté après avoir fait jouer ses influences.
Le jeune officier monta vite en grades et intégra les sphères très fermées du haut commandement après s'être distingué lors de la bataille des gorges de Hardelles, contre le royaume de Rivedaux.
Lors de cette bataille, les forces impériales étaient désorganisées après la mort du général Zheilmart dans des circonstances suspectes. On sut plus tard que Krasny n'avait pas hésité à assassiner son propre supérieur. Le jeune noble de Voronoy avait alors pu s'improviser commandant et aux gorges de Hardelles avait fait une manœuvre impressionnante avec ses piquiers qui lui permit, pour la première fois de l'histoire, de stopper net une charge de la légendaire cavalerie lourde de Rivedaux. Cette victoire lui permit de capturer un grand nombre de chevaliers issus de la haute noblesse, mais plutôt que de se retirer avec ses otages, Krasny fit exécuter les prisonniers pour ensuite reprendre l'avance en territoire ennemi. Il justifia plus tard cet acte en disant que ses prisonniers étaient beaucoup trop nombreux pour que ses soldats puissent tous les surveiller, surtout tant qu'ils étaient en territoire ennemi.
Krasny lança alors la légendaire offensive «coup de poing» en Rivedaux, qui devait lui devoir son surnom de «Foudre de guerre». Sans en avoir reçu l'ordre, il avança dans la campagne en écrasant tout sur son passage. Bientôt, il devint avec son armée une menace sérieuse pour le royaume de Rivedaux, mais il parvint à défaire l'ennemi à chaque tentative visant à l'arrêter. Sans attendre les ordres des dirigeants du Kaiserreich, Krasny prenait des villes et les mettait à sac, ou les contournait si son armée n'était pas en état de les prendre. Il avança si loin en si peu de temps qu'il finit par ne plus être possible d'établir de lignes de ravitaillement, et le Kaiser ne pouvait même pas le contacter pour le rappeler. On soupçonne d'ailleurs que Krasny aurait sciemment ignoré ses lettres.
L'armée impériale se nourrissait aux dépens de la population, et ne faisait preuve d'aucune pitié avec la noblesse locale. Toutefois il est important de noter qu'à l'époque, les gens de Rivedaux pensaient que le meneur de cette armée était toujours Zheilmart, ce qui explique que Krasny n'ai pas eu de problèmes à se dédouaner de tous les crimes perpétrés durant l'offensive «coup de poing».
Cette campagne ne dura que trois mois, et Krasny eut le temps de remporter plus de trente batailles, de prendre une dizaine de cités, et de tuer plusieurs milliers de nobles. Finalement, ce n'est qu'en arrivant aux portes de la capitale de Rivedaux, Sardon, qu'il fit rebrousser chemin à son armée. À son retour, il fut officialisé dans son rang de général eut droit à une décoration, mais il ne fut pas pour autant accueilli en héros.
L'offensive «coup de poing» avait beau être une série de victoires tactiquement parlant, le bilan global était effroyable. Krasny avait totalement négligé les conséquences stratégiques et diplomatiques de ses actes. En laissant une ligne ouverte à l'ennemi il avait laissé le Kaiserreich sans défense face à une attaque ennemie. Il avait fait durer une guerre inutile et attiré la rancune éternelle du royaume de Rivedaux. La moitié des familles nobles du royaume voulaient sa tête, mais il échappa au jugement car le Kaiser fit croire que feu le général Zheilmart était responsable de ces actes impardonnables.
Krasny de Voronoy devint un personnage controversé dans tout le Kaiserreich de Steinadler. Le peuple facétieux lui composa une chanson populaire, la « marche de M'sieur de Voronoy», à mi chemin entre patriotisme aveugle et ironie contestataire. Krasny devint connu, ce qui était exactement l'effet escompté.

En 1606, le Kaiser Friedrich VII, de Palatium contracta la tuberculose et s'éteignit peu de temps après avoir acquitté Krasny pour ses crimes de guerre. Sans surprise, les électeurs choisirent Wilhelm IV de Hesburig pour être le nouveau Kaiser.
C'est la même année qu'éclata le mouvement réformateur. Une petite secte religieuse qui réclamait depuis longtemps que soit réformée la religion de l'empire et avait insidieusement prit de l'ampleur au cours du temps. Ces réformateurs, qui s'appelaient eux même les «Parfaits», passaient simplement pour des originaux souhaitant se démarquer. Ils s'habillaient en noir, professaient l'abandon des icônes du fleuve pour se tourner directement vers dieu, et militaient pour des réformes que le commun jugeait absurdes, comme le droit pour les femmes de prêcher, et l'obligation pour les prêtres d'être châtrés.
Mais finalement, les Parfaits gagnaient en influence même parmi les membres de la plus haute noblesse, et des provinces entières de l'empire suivirent leurs seigneurs et se convertirent à la nouvelle foi.
Le Kaiser Wilhelm, fervent orthodoxe voyait d'un mauvais œil la façon dont se répandait cette hérésie.

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