- Chapitre 8 -

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Lundi 7 septembre 2020, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.

Front collé à la vitre, Jeremy observait les paysages monotones de Dourney défiler sous ses yeux. La banlieue résidentielle de Modros occupait l’ouest, le nord et le nord-est de sa périphérie. L’école de S.U.I s’y trouvait, à la limite du cœur de la ville. Même si les adolescents étaient rarement sortis de Seludage, Dourney n’offrait pas spécialement de dépaysement avec ses quartiers résidentiels, ses centres commerciaux et ses locaux d’entreprises.

Une quinzaine de minutes seulement s’était écoulée depuis qu’ils avaient quitté Seludage et rejoint le véhicule de service des agents, alors garé dans un parking à la limite d’un autre quartier. Les adolescents s’étaient concertés quelques minutes avant d’accepter la proposition de Dimitri. En réalité, Ryusuke avait accepté et Jeremy avait suivi, à défaut de pouvoir faire autre chose. Il espérait qu’accompagner les agents lui permettrait de faire appel à leur aide. Rapidement, les adultes leur avaient intimé de préparer un sac d’affaires – vêtements, trousse de toilette, papiers d’identité, effets personnels de valeur – à emmener avec eux. Ils avaient dû faire un détour par l’appartement de Ryu pour que le garçon récupère ses propres affaires. Puis ils avaient grimpé dans un tramway qui les avait menés vers le parking de la voiture.

Ryu observait ses mains entrelacées dans un silence tendu. Il n’avait pas adressé la parole à Jim depuis qu’ils étaient montés dans la voiture des deux agents. Les deux sacs à dos posés entre eux ne favorisaient pas le dialogue. Quant à Jim, il brûlait d’envie de questionner son ami à propos de son oncle, mais n’osait pas amorcer la discussion en présence des adultes. L’adolescent avait l’impression d’être déconnecté. Il avait parfois des visions fugaces de la petite fille tuée et violée sous ses yeux quelques heures plus tôt. Le sourire de sa sœur venait alors se superposer aux traits affaissées de la fillette décédée. La voix réconfortante de sa mère envahissait un coin de son esprit tandis que Kurt Dert ou la femme métisse lui hurlaient de s’arrêter. La carte de visite d’Alexander Maas se confondait avec l’acte de décès de l’oncle de Ryu entre ses doigts fantômes.


— Ryu… finit par souffler timidement Jeremy en tournant la tête vers son ami. Oji-san

Ryusuke le coupa d’un regard perçant. Une boule dans la gorge, Jeremy le dévisagea dans le silence étouffant de l’habitacle. Il avait employé le japonais dans l’espoir que les agents ne le comprennent pas, mais ses efforts étaient vains si son ami refusait tout dialogue.

Ce qu’il, à vrai dire, comprenait sans mal.

— Plus tard, murmura finalement Ryu en lui adressant un mince sourire. Il y a ta sœur et ta mère avant.

À court d’arguments, Jeremy baissa les yeux en se replaçant dans son siège. Avaient-ils bien fait d’accepter la proposition des agents de la A.A ? Jim n’était pas certain d’avoir saisi tout ce qu’on attendait d’eux. Dimitri et son partenaire avaient promis de leur fournir plus d’explications quand ils seraient à l’école de S.U.I, mais qu’allait-il leur arriver une fois là-bas ?

L’expression avide, mélange d’espoir et de désespoir, qu’avait affiché Ryusuke à l’annonce de Dimitri avait fait céder Jeremy. Comment aurait-il pu dire « non » alors que son dernier point de repère à ses côtés, son ami d’enfance, dévisageait l’agent comme s’il s’apprêtait à réaliser un miracle ? Par principe, les deux garçons avaient pesé les pour et les contre, mais Jim avait rapidement compris que son ami ne ferait pas demi-tour. À ses yeux, il n’y avait qu’un chemin à suivre et c’était celui que l’agent de la A.A leur avait ouvert.

Pourtant, au fur et à mesure que la voiture s’éloignait de chez lui, un mauvais pressentiment enflait en Jim. Il avait l’impression déroutante d’avoir abandonné sa mère et sa sœur derrière lui. Sans compter que Ryu n’avait pas profité de son passage chez lui pour mettre au clair sa situation familiale. C’était comme s’il avait déjà fait une croix sur sa vie passée et n’attendait que d’arriver à sa prochaine destination. Mais Jeremy se sentait tiraillé, encore accroché à cet appartement en désordre qu’il avait quitté en quelques minutes, où les photos de famille, les jouets de Thalia et les bibelots de sa mère patientaient dans le silence et le noir.

Maman, songea Jeremy en collant de nouveau le front contre la vitre pour s’assurer que personne ne remarquait ses yeux humides. Thallie. Vous êtes où ?

Dents serrées pour contrer l’afflux de détresse soudaine, Jim serra fort les paupières.

Vous êtes vivantes ?


Cinq minutes plus tard, Dimitri fit ralentir la voiture à hauteur d’un parking occupé par quelques autres véhicules. La plupart des places étaient libres. Intrigués, les deux adolescents observèrent les alentours. De l’autre côté de la route s’étendaient un complexe sportif – gymnase, piscine, stade d’athlétisme – et des immeubles à perte de vue. En face du parking, une enceinte grillagée et des bâtiments à étages.

— On est arrivés, déclara tranquillement Dimitri en coupant le moteur.

L’air penaud, il se tourna vers les adolescents, qui le dévisageaient en silence. Leurs traits tirés et leurs regards hésitants lui pincèrent le cœur. Avait-il bien fait de leur soumettre une telle proposition ? Seraient-ils à la hauteur de ce qu’Alex et lui attendaient d’eux ?

En même temps, on ne pouvait pas les laisser seuls.

— On va devoir passer par quelques obligations administratives, ajouta l’agent en grimaçant. J’espère qu’on n’en aura pas pour longtemps. Mais, ce qui est sûr, c’est que vous aurez un toit pour la nuit et l’assurance qu’on s’occupe de vous dès maintenant.

Si le visage du jeune asiatique se détendit, celui de son ami à la peau bronzée se froissa.

— Et qui va s’occuper de nous ? J’ai pas l’impression que vous soyez partants pour ça.

— On… on ne sera effectivement pas des tuteurs comme les services sociaux pourraient vous en fournir, mais on sera quand même en partie responsables de vous, expliqua Dimitri en jetant un coup d’œil à son partenaire.

Alexander, le visage tourné vers la fenêtre, l’ignorait délibérément.

— Vous serez nos Recrues et on sera vos recruteurs, conclut Dimitri avec un mince sourire.

Les deux amis le dévisagèrent en silence. Ces mots ne signifiaient pas grand-chose pour eux. Comprenant qu’il ne les enfonçait qu’un peu plus dans un brouillard de termes inconnus, Dimitri fit un geste de la main.

— Venez, vous comprendrez mieux tout ça avec le service administratif.


Ils laissèrent derrière eux la voiture de service des agents pour s’avancer vers l’entrée de l’école. Un poste de contrôle était occupé par un gardien à l’air sévère qui les toisait avec insistance. Jim et Ryu restèrent en retrait, intimidés par le grillage de trois mètres qui ceignait l’école et par les caméras disposées dès l’entrée du périmètre. Décidément, l’accès était surveillé.

— Venez ! leur lança Dimitri dès que le gardien accepta leurs papiers d’identité.

— Vous entrez comme vous voulez ? s’enquit Jeremy en réajustant son sac sur son épaule gauche.

— Manquerait plus qu’on puisse pas, marmonna Alexander, les mains dans les poches de son pantalon en coton noir. Évidemment que l’École nous autorise l’accès. On y a été élèves nous-mêmes. Et, même si ça avait pas été le cas, on reste des agents la A.A. On a accès à toutes les infrastructures de S.U.I.

— Il y en a beaucoup ? l’interrogea timidement Ryu en observant les environs avec admiration.

— En plus du siège administratif à Down-Town, il y a une prison et une clinique gérées par S.U.I à Dourney. Sans compter l’École, évidemment.

Quelques adolescents vaquaient çà et là dans la cour bétonnée de l’institut. Mais ils n’étaient qu’une dizaine ; les cours avaient pris fin depuis plusieurs heures. Un long bâtiment à deux étages occupait l’ouest du périmètre et une bâtisse semblable en taille – si ce n’était qu’elle avait un étage de plus – lui faisait face. Droit devant eux, au nord, s’étendait un édifice imposant aux nombreuses fenêtres. Son rez-de-chaussée était occupé par une cantine d’un côté et par une supérette de l’autre.

— Le service administratif et la direction de l’École se trouvent ici, leur indiqua Dimitri en se dirigeant vers le bâtiment à droite. Il y a aussi l’accueil, l’infirmerie et l’internat. Je ne sais pas si ça a changé depuis, mais, quand on était élèves ici, on l’appelait le Centre.

Les adolescents hochèrent la tête, encore sonnés par la grandeur des lieux. Leur collège semblait minuscule à côté.

— Et nous y voilà, annonça Dimitri, d’un ton qu’il espérait enjoué, en ouvrant une porte vitrée.

Il la tint le temps que les garçons et son partenaire passent, puis les suivit à l’intérieur. Le hall d’entrée donnait directement sur un comptoir en demi-lune, où travaillait une secrétaire aux vêtements impeccables.

Tout est impeccable, avec S.U.I, songea Jeremy avec aigreur en observant les lieux.

Des appliques murales diffusaient une lumière chaleureuse qui éclairait les sofas en cuir noir installés le long des murs. Des arbustes en pot séparaient les canapés les uns des autres et deux distributeurs automatiques ronronnaient dans le fond de la pièce, près du comptoir. Juste à côté, une entrée donnait sur ce qui devait être l’infirmerie, d’après le caducée entouré de serpents affiché juste au-dessus.

C’était plutôt accueillant et Jim se sentait presque frustré de cette constatation. Depuis longtemps, il diabolisait S.U.I et ses filiales, persuadé que cette société ne travaillait que pour ceux qui avaient le pouvoir ou l’argent de s’attirer leurs faveurs. Autrement dit, pour un gamin de Seludage, les agents de S.U.I n’étaient pas familiers. Le quartier minable de Modros n’était pas le terrain d’intervention favori de l’organisation.

— Le service administratif est au rez-de-chaussée, leur expliqua Dimitri en s’avançant vers le comptoir. Mais, à cette heure-là, je ne suis pas sûr qu’un bureau soit encore ouvert. Si on peut au moins voir le directeur avant qu’il ne parte, on pourra peut-être lui expliquer la situation et…

— M. Scott n’est pas là.

Surpris, l’agent se tourna vers la secrétaire, qui lui adressa un sourire d’excuse.

— Je vous ai entendu parler du directeur… mais je suis navrée de vous apprendre qu’il est à Down-Town pour une réunion exceptionnelle. Est-ce que je peux vous aider d’une autre manière ?

Dimitri la dévisagea en silence pendant un instant, avant de soupirer. À ses côtés, Alex ne s’était pas déridé et observait les lieux avec une indifférence désarmante.

— Est-ce qu’un bureau d’inscription est encore ouvert ? J’ai deux élèves retardataires à inscrire sous le régime des Recrues.

Hochant la tête, la secrétaire consulta son écran, chercha les informations dont elle avait besoin, avant de saisir son téléphone en composant un numéro interne. Quelques sonneries plus tard, son collègue décrocha.

— Le bureau est encore ouvert, mais plus pour longtemps, les informa la secrétaire en reposant son téléphone. Vous avez bien vos papiers d’identité et ceux des élèves ?

— Normalement oui, acquiesça Dimitri avant de décocher un sourire reconnaissant à la femme. Merci pour votre aide !

— Je vous en prie.

Sans attendre plus longtemps, les agents menèrent les deux amis vers le service administratif, long couloir où de multiples portes se faisaient face. Ils se plantèrent devant l’un des derniers bureaux encore ouverts. Dimitri s’éclaircit la gorge pour attirer l’attention du jeune homme en costume installé devant son ordinateur.

— Bonsoir, souffla l’agent dès que le secrétaire tourna les yeux vers lui. Votre collègue a dû vous appeler il y a quelques…

— Vous êtes là pour les deux Recrues ? le coupa l’homme en se levant. Je vous en prie, entrez.

Il n’y avait que deux chaises, mais les agents les laissèrent aux adolescents. Ryu et Jim s’installèrent lentement, mal à l’aise sous le regard inquisiteur du secrétaire. Ce dernier leur adressa un sourire pincé, avant de sortir des dossiers vierges d’une étagère de rangement.

— On va commencer par remplir les papiers d’inscription, leur annonça-t-il en poussant les pochettes devant les deux amis. Je vais avoir besoin de votre carte d’identité. Si vous avez vos dossiers scolaires et médicaux, ce serait bien aussi.

— On les a pas pris, s’excusa Ryusuke en grimaçant. On a juste nos cartes d’identité.

— Vous nous ferez passer le reste plus tard, c’est pas grave. Je vous laisse remplir les documents pendant que je discute avec vos recruteurs ?

Sans attendre de réponse de la part des garçons, le jeune homme se leva, récupéra deux feuilles informatives à remplir et les tendit aux agents. Dimitri récupéra la sienne avec un sourire, mais Alexander se contenta de la tenir du bout des doigts.

— Je vais avoir besoin de vos cartes d’agents, les informa-t-il en leur tendant des stylos. Et, une fois cette feuille remplie, il faudra la faire signer par votre responsable de section. De mon côté, je vais avoir besoin de la validation de M. Scott. Sans l’une de ces signatures, l’inscription n’est pas valide. (Il s’éloigna d’un pas puis ajouta à voix basse :) Ces enfants ont des tuteurs ? Si oui, j’ai aussi besoin de leurs signatures.

Alex et son partenaire échangèrent un regard. La situation des adolescents était assez délicate, mais, en pratique, ils n’avaient pas de tuteurs à l’heure actuelle.

— Ryusuke est orphelin, l’informa Dimitri d’un ton rauque. Quant à l’autre… sa famille a disparu. Je ne pense pas qu’il y aura quelqu’un pour s’opposer à leur inscription.

— Je vois, acquiesça le secrétaire avant de se tourner vers les deux adolescents. Tout se passe bien, vous n’avez pas besoin d’aide ?

Jim jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour le toiser d’un air mauvais.

— Ça va, on sait lire et écrire.

De son côté, Ryu était presque arrivé à la fin de la première partie du dossier. Il se retrouvait bloqué à la ligne où il devait indiquer l’identité de son recruteur. Perplexe, il releva le nez de sa feuille pour interroger du regard les agents de la A.A.

— Excusez-moi… Lequel de vous deux sera mon recruteur ?

— C’est moi, annonça Dimitri de but en blanc en s’approchant. Mon nom de famille, c’est Tchev. Tu veux que je te l’épèle ?

Alors qu’il énonçait les lettres une à une, Alexander l’agrippa brusquement par le bras. Étonné, son partenaire releva les yeux vers lui, fronçant les sourcils face à son expression atterrée.

— Dimi… tu me laisses le punk ?

Il y eut un instant de flottement où les deux agents se dévisagèrent. Puis Dimitri se redressa complètement pour considérer son ami avec perplexité.

— Ça me semblait évident que je m’occuperais de Ryusuke.

— Mais… souffla Alex en reculant d’un pas, perdu. Je peux pas me coltiner l’autre sauvage.

— Va te faire foutre, susurra Jim en le fusillant du regard. Ça me fait aussi chier d’être ta Recrue, si ça peut te rassurer.

L’agent le toisa avec animosité avant de se tourner d’un bloc vers son partenaire.

— Dimitri, on va s’étriper mutuellement. Je connais même pas son prénom, bordel. Et je suis sûr que ce sera à moi de me coltiner sa mère et sa sœur disparues. J’ai pas envie de m’occuper de ça. (Il adressa un regard en coin à l’adolescent avant de se détourner.) Désolé, petit, mais j’ai pas signé à la A.A pour jouer les babysitteurs.

Visage fermé, l’adolescent ne répondit rien. Il n’en voulait pas à l’agent de refuser d’être son recruteur. Après tout, lui-même n’était pas tout à fait certain de vouloir s’inscrire dans cette école. Avant qu’il ait pu dire quoi que ce soit, Dimitri se pencha par-dessus son épaule pour récupérer son dossier puis se planta face à son partenaire. Il entreprit de lire les informations inscrites sous son nez.

— Il s’appelle Jeremy Michael Wayne, il est né à Modros le trois mars 2007, sa mère s’appelle Maria Wayne et sa petite sœur, Thalia Grace. (Dimitri baissa les yeux vers Jim, qui le dévisageait sans comprendre.) Mon râleur de partenaire ici-présent s’appelle Alexander Maas, il est né en 1995, est l’aîné d’une fratrie de cinq enfants et s’est fiancé au printemps dernier.

Avec un soupir, Dimitri confia le dossier à son ami avant de poser une main sur l’épaule de Jeremy, qui avait légèrement pâli.

— À présent, on recommence : Jeremy, ton recruteur est Alexander Maas.

Ces derniers échangèrent un regard méfiant et tendu, comme prêts à se bondir dessus.

— Jeremy Wayne, finit par souffler Alex d’un ton étouffé. On est quand même loin de Jim Pierce. (À ces mots, l’adolescent retint un sourire fugace avant de se renfrogner de nouveau.) Tu… tu veux que je t’épèle mon nom ?

Yeux au plafond, Jim fouilla dans sa poche avant d’en extirper la carte de visite que lui avait donnée Alex des heures plus tôt. Il l’agita sous son nez.

— Le punk est peut-être sauvage, mais il a encore un cerveau.

Alors qu’Alexander ouvrait la bouche pour répliquer, Dimitri lui prit le bras en secouant la tête. Frustré, Alex enfonça les mains dans ses poches en serrant les mâchoires.

— Bordel de merde, que j’aime pas ça, finit-il par gronder à voix basse en toisant sa Recrue d’un air irrité.

— Le plaisir est partagé ! lui lança Jeremy d’une voix sarcastique sans même se retourner.

Avec un long soupir, Alex ferma les yeux. La rentrée n’allait pas être de tout repos.

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