- Chapitre 20 -

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Vendredi 11 septembre 2020, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.

D’une pression sur la télécommande, Valentina mit le film en pause dès que les haut-parleurs commencèrent à grésiller dans le couloir. Au fil de l’annonce, le visage de Mia se tendit et celui de Ryu pâlit.

— Mais qu’est-ce qu’il a fichu ? marmonna Valentina en se levant. Ryu, accompagne-moi à ta chambre.

Sourcils froncés, elle ouvrit la porte et s’engagea derrière Ryusuke qui la guida jusqu’à sa chambre. Mme Jekins s’y trouvait déjà, en compagnie d’un agent de la sécurité. En les apercevant, la responsable de l’étage s’arrêta au milieu de sa discussion puis s’approcha de Ryu.

— Dis-moi, mon garçon, tu ne saurais pas où est Jeremy ?

— Pas du tout, avoua l’adolescent en secouant la tête. J’étais avec Valentina et Mia, je sais pas ce que Jim a fait depuis qu’on est sortis de cours.

— Jim ? répéta Mme Jekins d’un air étonné.

— Jeremy, se corrigea aussitôt Ryusuke en rougissant. Je… j’espère que c’est rien de grave.

L’adolescent comprit au visage fermé de la responsable qu’elle ne pourrait pas le contredire. L’annonce parlait d’une altercation, sans préciser sa nature ou son ampleur.

— Jeremy s’est battu avec un autre élève ? s’enquit Ryu d’un ton nerveux.

— Battu, battu… Ça s’est passé très vite, d’après les témoins, répondit l’agent de sécurité en croisant les bras sur sa poitrine. Il a frappé une élève puis a pris la fuite.

— Quoi ? s’étrangla Ryusuke en blêmissant de stupeur.

À côté de lui, Valentina plissa les yeux puis s’approcha un peu plus des deux adultes.

— On peut savoir qui est l’autre élève impliquée ?

— Je vous le dis seulement parce que vous êtes dans la même classe, soupira Mme Jekins en refermant la porte de la chambre de Ryu. Il s’agit d’Emily Hobs. Elle est blessée à la bouche et aux dents. Rien de très grave, mais on lui a posé trois points de suture. Et ses parents risquent de dépenser en frais dentaires.

Trop stupéfait pour réagir, Ryu garda les yeux braqués dans le vide, bouche entrouverte. Quant à Valentina, elle fronça le nez en se retenant de révéler ses pensées acerbes à propos d’Emily.

— Et… reprit Ryusuke en se remettant de sa surprise, Jeremy risque d’être sanctionné ?

Devant l’air à la fois égaré et inquiet de l’adolescent, Mme Jekins pinça les lèvres d’un air malheureux. Elle s’obligea toutefois à répondre :

— Il le sera, c’est presque certain. La question est de savoir ce que le conseil disciplinaire décidera. Il risque une exclusion.

— Définitive ? murmura Ryu, dont les tripes se mirent à tournoyer dans son ventre.

— Je ne pense pas ! le rassura la responsable en posant une main sur son épaule. En même temps, les parents d’Emily ont du réseau dans l’administration de l’École, alors…

Elle laissa sa phrase en suspens, mais Ryu n’avait pas besoin d’en entendre plus. Avec cette histoire d’altercation, son ami risquait bien sa place au sein de l’École.


Le ciel tournait au gris anthracite au-dessus de sa tête. Un vent lourd chargé d’humidité s’était levé et avait obligé Jim à enfoncer le menton dans son col. S’il se mettait à pleuvoir, il ne pourrait pas rester indéfiniment sur le toit… même sans la pluie, à vrai dire.

Avec un soupir, Jeremy se leva, déambula pour se dégourdir les jambes, puis s’approcha du bord. Les élèves qui disputaient un match de basket un peu plus tôt étaient en train de rentrer, sûrement refroidis par le temps qui tournait. Le poste de contrôle était toujours occupé par deux agents de sécurité et les passages étaient systématiquement surveillés. L’idée de passer en force avait quitté Jim : il était déjà dans de beaux draps avec cette histoire d’altercation ; hors-de-question d’en rajouter une couche.

En même temps… songea-t-il en longeant lentement le bord du toit, je fais quoi ? Si je me fais chopper, c’est mort pour contacter Mike.

Dépité, il s’arrêta et se laissa choir sur le rebord qui suivait le périmètre de la toiture. Il ne craignait pas les mètres qui le séparaient du sol. Déjà petit, il n’était pas spécialement sujet au vertige. En grandissant, il s’était même amusé à grimper des murets, des poteaux, des grillages… jusqu’à ce l’escalade se transforme en instants hors du temps où il se sentait maître de lui-même. Maria l’avait souvent mis en garde contre ses manies de grimper partout où il le pouvait, sans jamais réussir à le faire changer d’habitude.

Maman, soupira-t-il en fourrant les mains dans les poches de sa veste pour s’empêcher de les tripoter nerveusement. Désolé.

Il aurait dû être là quand Thalia et sa mère avaient été agressées. Il n’aurait pas dû partir au hangar avec Ryu. Il se serait sûrement fait enlever avec le reste de sa famille, mais, au moins, il aurait des réponses. Où étaient Maria et sa sœur ? qui les avait enlevées et pourquoi ? Quant à la femme métisse qui l’avait poursuivi au bas de son immeuble… que voulait-elle vraiment ?

Un grésillement des haut-parleurs le coupa dans ses pensées. L’annonce fut répétée par la voix formelle, qui précisa que les élèves étaient invités à témoigner auprès de la sécurité s’ils avaient des informations.

Super, des collabos, songea aigrement Jim en serrant les dents.

Une goutte d’eau s’écrasa sur sa joue. Cœur pincé, l’adolescent leva le nez, observa le ciel bas et menaçant puis fit la moue. En deux minutes, il se mit à pleuvoir pour de bon.


Recroquevillé sur le rebord d’une bouche d’aération, Jim attendait de voir si la pluie allait se calmer. Cela faisait bien dix minutes qu’il prenait l’humidité et frissonnait à intervalles réguliers. Sa capuche et sa veste fermée jusqu’au col ne parvenaient pas à empêcher toutes les gouttes de passer. Il en sentait dégouliner dans son dos et son cou.

Déterminé à affronter la mauvais temps – et surtout à conserver sa cachette – Jim attendit encore une quinzaine de minutes. Cette fois, ses vêtements lui collaient à la peau et des gouttes glissaient dans son cuir chevelu. Quand il sentit que ses chaussures prenaient l’eau, il se décida à se lever. En s’approchant de la bordure là où il avait accédé au toit, il s’assura que personne ne l’attendait en bas. La tôle du préau lui cachait en partie la vue, mais il n’entendait aucune discussion. Avec précaution, il passa une jambe par-dessus le rebord, positionna ses bras en cherchant sa première prise, puis laissa tomber son deuxième pied. L’adolescent testa ses appuis avant de s’engager et, une fois assuré de sa stabilité, il entreprit sa descente.

Son pied droit glissa sur le rebord humide d’une fenêtre, lui arrachant un plainte de surprise. Le cœur soudainement déchaîné, il resta figé quelques secondes, le temps de retrouver un appui stable. Ses bras tremblaient lorsqu’il posa enfin pied sur le toit du préau. Collé au mur pour s’assurer que personne ne le voyait par les nombreuses fenêtres du Centre, il s’accorda quelques secondes de repos. Où pourrait-il se cacher à présent ? Y’avait-il un endroit dans l’internat qu’il ne connaissait pas et qui pourrait être utile ?

Avec un grognement, Jeremy se laissa glisser sur les fesses jusqu’au bord du préau, où il chercha le pilier qu’il avait escaladé une heure plus tôt. Il dut ramper deux mètres sur la droite pour être au bon endroit, puis bascula une jambe dans le vide. Cinq longues secondes furent nécessaires pour qu’il retrouve l’encoche liée à l’usure. Doigts engourdis par le froid, il garda les mains crispées sur le bord du toit avant de laisser son corps descendre. La pointe de sa chaussure râpa contre le pilier, ses cuisses protestèrent violemment et son souffle se tendit lorsqu’il dut lâcher une main pour trouver une nouvelle prise. Ses doigts restés accrochés à la toiture glissèrent brusquement avant qu’il n’ait pu trouver la moindre encoche.

Jim se sentit basculer en arrière, mais atterrit à genoux sur le banc avant d’avoir pu se fracasser le crâne sur le sol. Respiration hachée, yeux écarquillés, il observa ses mains tremblantes de fatigue et nervosité. Il pouvait dire merci aux architectes qui avaient installé ce banc ici. Ses genoux douloureux lui arrachèrent une grimace lorsqu’il se releva et il fit quelques pas pour s’assurer qu’il ne s’était rien esquinté. Il avait mal et il sentait ses articulations grincer à chaque mouvement, mais rien qui ne lui semblait alarmant…

Quand il se retourna vers le bâtiment pour aller se mettre à l’abri, il se figea. M. Cross était adossé au mur, un filet de ballons posé à ses pieds et un sachet de caramels à main. Son regard perçant était posé droit sur Jeremy.

— Salut, Wayne.

Il s’écoula deux terribles secondes durant lesquelles Jeremy se demanda si son professeur avait saisi l’entièreté de la situation. S’il était au courant.

Mais évidemment qu’il l’est ! se morigéna-t-il tandis qu’une sueur froide grimpait sa colonne vertébrale. Tous les haut-parleurs ont passé l’annonce.

Élève et professeur se toisèrent en chiens de faïence dans l’attente que l’un d’eux réagisse. M. Cross se décolla finalement du mur en repliant son paquet de friandises.

Si je dis à personne que je vous ai vu manger des caramels avant le dîner, vous dites rien en retour ?

Jim n’eut pas le courage de prononcer ces mots à voix haute. Pétrifié d’appréhension, il resta figé sous la pluie tandis que son professeur le lorgnait en silence.

— Alors t’étais caché là-haut ? reprit M. Cross d’un ton badin en pointant du doigt le préau – et le toit au-delà. Malin. Mais dangereux. T’aurais pu te briser la nuque.

L’adolescent n’osa pas répondre. Son professeur n’avait pas l’air pressé de le retenir. Mais, en même temps, c’était dans ses obligations de l’amener devant le directeur…

— Je… souffla Jim d’une voix rendue inaudible par sa gorge serrée d’angoisse.

— Hein ? lança M. Cross en faisant quelques pas vers lui. Rien entendu, Wayne.

Épaules crispées, Jeremy déglutit péniblement avant de trouver la force de reprendre distinctement :

— Vous allez m’arrêter ?

Une expression étonnée passa sur le visage de M. Cross. Puis, devant l’air mortellement sérieux de son élève, il s’esclaffa bruyamment.

— Oui, je vais t’arrêter. Ou, plutôt, tu vas gentiment m’accompagner chez M. Scott et lui expliquer ce qui t’est passé par la tête.

La vision rendue floue par un voile de pluie et de peur, Jeremy toisa son professeur en silence. M. Cross approchait d’un pas nonchalant, sûr de lui. Il dépassait l’adolescent de deux têtes et pesait le double de son poids. À vrai dire, il avait même l’air pataud avec ses membres épais et son torse puissant. Jeremy avait peut-être ses chances de le vaincre à la rapidité.

Il n’hésita pas une seconde de plus : d’une impulsion des talons, il s’élança vers l’entrée de l’École, bien décidé à passer en force cette fois-ci. Avec une bonne allure, peut-être surprendrait-il les agents de contrôle et parviendrait-il à s’échapper sans être poursuivi.

Un objet lui cogna l’arrière des genoux. Déséquilibré, il parcourut deux mètres d’une foulée chaotique avant de déraper et glisser sur le béton mouillé. Désemparé, Jim se redressa rapidement, mais un nouvel objet lui percuta le dos pour l’empêcher de se relever. Un ballon : l’un de ceux qu’il avait aperçus dans le filet aux pieds de M. Cross.

— Hep, hep ! lança ce dernier en approchant, une balle sous le bras.

Effrayé, Jim se redressa sur les genoux, mais son professeur lui bondit immédiatement dessus. L’adolescent poussa un cri de surprise mêlé de douleur lorsqu’il se râcla le menton sur le sol. Sans délicatesse, son prof lui tordit le bras droit dans le dos d’une main et lui maintint la tête face-contre-terre de l’autre. Jeremy peinait à respirer avec le poids de l’homme sur son torse.

— Tu comptais aller où comme ça, ma colombe ? soupira M. Cross d’un ton désabusé en forçant son élève à se redresser.

Il lui pliait toujours le bras dans le dos – le même qu’Emily avait tordu quelques heures plus tôt – pour s’assurer de son obéissance. Dépité et furieux, Jim garda les lèvres closes et les yeux tournés dans la direction opposée à son professeur.

— Je savais que t’avais pas grand-chose dans la caboche, le railla ce dernier en lui tapotant le crâne. Tiens, ça sonne creux.

Une honte colorée d’indignation fit serrer les dents à Jim. Pourquoi ne se contentait-il pas de l’amener à la sécurité ? Qu’avait-il à gagner à le narguer ?

— Imbécile, finit par marmonner M. Cross en l’entraînant vers l’arrière du Centre. Tu pensais à quoi en t’en prenant à Hobs ? Tes parents t’ont jamais expliqué qu’on frappait pas les autres par plaisir ?

— C’était pas par plaisir ! s’insurgea Jeremy alors qu’il se faisait amener jusqu’au préau pour éviter la pluie. Elle s’en est prise à moi avant ça. Et elle m’a insulté. Ryu aussi.

— Ryu ? Tu veux dire Hitori ? (Comme Jim hochait la tête, mâchoires contractées et yeux étincelants de colère, le prof soupira.) Écoute, Wayne, ici les altercations physiques sont sanctionnées. Pas les insultes.

— Les mots blessent aussi, cracha l’adolescent alors qu’ils s’arrêtaient devant une baie vitrée.

M. Cross l’ignora pour frapper à la vitre. Perplexe, Jeremy observa l’intérieur de la pièce : c’était un bureau, assez grand pour s’y sentir à l’aise malgré les meubles en bois imposants. Un homme aux épaules droites se retourna brusquement vers eux, les dévisagea pendant quelques secondes puis se leva. Il affichait une expression dubitative lorsqu’il fit coulisser la porte-fenêtre.

— Manuel, marmonna l’homme d’une cinquantaine d’années en s’écartant pour les laisser passer. Jeune homme.

— Ryan, répondit en retour M. Cross avec un sourire en coin. Wayne, tu pourrais avoir la politesse de saluer le directeur.

Jim se sentit minuscule au milieu des deux hommes.

— Bonjour, finit-il par bredouiller, intimidé par le regard songeur du directeur.

Ce dernier lui adressa finalement un sourire encourageant avant de refermer la fenêtre.

— Tu ne pouvais pas passer par la porte, comme tout le monde, hein ? lança-t-il d’une voix amusée à son collègue.

D’un haussement d’épaules, Manuel Cross écarta le sujet et fit asseoir son élève sur l’une des deux chaises disponibles. Jim dégouttait sur le parquet du bureau et il se demanda vaguement si on allait aussi le sanctionner pour ça.

— Alors ? s’enquit Ryan Scott en redressant ses lunettes sur son nez. Qu’avons-nous là ?

— Notre fugitif, annonça fièrement le professeur en serrant douloureusement l’épaule du garçon. Tu veux savoir la meilleure ? Il m’est littéralement tombé sous le nez.

Guère certain de comprendre, M. Scott fronça les sourcils, mais ne fit aucun commentaire. Il se contenta d’observer Jeremy d’un air inquisiteur. Même s’il affichait un visage plutôt amène, son expression se durcit sans attendre.

— J’espère que tu as conscience qu’en prenant la fuite tu as empiré ton cas ?

Morose, Jim ne répondit rien et garda les yeux baissés sur ses pieds.

— Bon, au moins, tu n’as pas l’affront de prétendre le contraire, soupira le directeur en se laissant aller dans son siège à dossier.

— Elle est vraiment blessée ? souffla Jim en relevant le cou.

— Emily ? Oui : tu lui as fendu la lèvre et délogé deux dents. Rien de grave, mais assez pour que tu passes en conseil disciplinaire.

Le serpent d’angoisse au fond de ses tripes se mit à remuer. Pourquoi avait-il agi aussi impulsivement ? N’aurait-il pas pu attendre que la tension se calme et qu’ils le laissent partir ?

En les laissant nous traiter comme des sous-merdes ?

Tendu, Jim serra ses mains ensemble et se voûta légèrement. M. Cross l’observait depuis un coin de la pièce, bras croisés sur sa poitrine massive. Le gamin lui faisait un peu de peine, au fond.

— Vous allez me punir ? reprit Jeremy d’une voix atone. Me renvoyer ?

— À vrai dire, répondit le directeur d’un air contrit, tu n’es pas encore officiellement inscrit.

Ah oui, c’est vrai.

Un gros soupir affaissa la poitrine de l’adolescent. Il attendit quelques secondes, le temps d’accepter les événements à venir, puis se redressa. Résigné, il maugréa :

— Je peux vous demander une faveur avant d’être mis à la porte ?

Le visage du directeur se fendit de surprise. Puis il grimaça un sourire avant de souffler :

— Il n’est pas question de te mettre à la porte avant l’heure, jeune homme.

Sourcils froncés, Ryan fouilla dans la dizaine de documents qui occupaient son bureau avant de brandir un mince dossier.

— Si je ne me trompe pas, tu es sans nouvelles de ta famille, c’est bien cela ?

Lèvres pincées, Jeremy hocha la tête. C’était son dossier que M. Scott avait sous les yeux.

— On ne va pas t’exclure sans l’assurance que tu as un endroit où aller, lui apprit l’homme en feuilletant distraitement les quelques pages. Hum, tu n’as indiqué aucun adulte à appeler en cas d’urgence. Il n’y a vraiment personne de ton entourage que l’on pourrait contacter ?

Étonné, Jim se redressa sur sa chaise, bouche entrouverte. Lui qui s’était imaginé que ce serait terriblement difficile de joindre son parrain… Le directeur venait de lui offrir la possibilité sur un plateau d’argent.

— Si, si, bafouilla-t-il d’impatience à peine retenue. Euh… je… il s’appelle… Oh. Je connais pas son numéro.

Toujours adossé au mur dans un coin, M. Cross pouffa. Vexé, Jeremy lui jeta un regard noir, mais ne pipa mot. Quant au directeur, il soupira en plantant les yeux sur son écran d’ordinateur.

— On peut essayer de retrouver son contact, mais ça risque de prendre du temps.

Alors que Jeremy sentait l’abattement l’envahir avec amertume, il eut soudain une idée.

— Vous faites bien partie du réseau de S.U.I ?

— Oui, bien sûr, acquiesça M. Scott en fronçant les sourcils.

— Eh bien… vous devriez retrouver les coordonnées dans le répertoire. Si vous en avez un.

Ryan Scott échangea un regard surpris avec M. Cross puis plissa ses yeux bleu pâle.

— Tu as une connaissance qui travaille pour S.U.I ? Pourquoi tu ne l’as pas indiqué dans ton dossier ?

Une grimace agacée plissa les traits de l’adolescent, qui s’efforça quand même de répondre :

— En fait, je suis ici un peu par hasard. Je pensais pas rester longtemps… Bref, Mike travaille pour la A.A. Alors… vous pouvez trouver son numéro, non ?

Le directeur dévisagea l’adolescent quelques secondes avant de se décider à décrocher son téléphone.

— Tu peux me décliner son identité, s’il te plaît ?

— Michael Lohan.

Un nouvel éclair de surprise passa dans les prunelles de M. Scott. Il se retint toutefois de faire un commentaire et enclencha la touche rapide qui le mettait en contact avec le secrétariat de la A.A. Dans son dos, Jim entendit son professeur approcher et se retourna avec méfiance.

— Michael Lohan… marmonna M. Cross d’un air songeur. Tu connais ce fanfaron ?

— Fanfaron ? répéta Jeremy en sentant une flèche d’indignation lui brûler la poitrine.

M. Scott leur fit signe de se taire tandis qu’il indiquait au secrétariat de lui passer l’agent Lohan. Il dut attendre une longue minute durant laquelle Jeremy le dévisagea avec impatience.

— Oui, allô ? fit la voix de Mike dans le haut-parleur du téléphone.

Entendre son parrain arracha à Jim un sourire de soulagement. C’était si étrange de percevoir sa voix alors que celle de sa mère et de Thalia s’effaçaient dans son esprit.

— Désolé de te déranger, c’est Ryan Scott, annonça celui-ci d’un ton légèrement embarrassé, mais… j’ai un élève là, à l’École, qui prétend te connaître. Il s’appelle Jeremy Wayne.

Il y eut un silence en guise de réponse. M. Scott jeta un regard sévère à son élève, impatient de le sermonner s’il l’avait tourné en ridicule.

— Jeremy ? lâcha finalement Mike d’un ton éberlué. Il est vraiment à l’École ?

— Eh bien… oui.

— OK, j’arrive. Ryan, assure-toi qu’il reste près de toi, s’il te plaît ! Je fais au plus vite.

Sans attendre de réponse de la part de son interlocuteur, Michael raccrocha.

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