Chapitre 46

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Point de vue Chloé :

  Je ramasse le verre. Heureusement il n'est pas cassé. Pour le moment, je n'entends pas de bruits à côté. je réfléchis un peu, j'aimerais prendre quelques affaires, mais pour les vêtements c'est mort, impossible d'aller dans la chambre, tant pis, je vais me débrouiller avec ce que j'ai déjà. Par contre, je peux prendre quelques trucs dans la salle de bain. Mais il faut que je fasse vite parce que je risque de faire un peu de bruit.

  Je récupère mes produits de beauté, je n'en vois pas d'autres que les miens, ce qui me conforte dans l'idée qu'ils n'avaient rien anticipé, même pas une brosse à dents. Je repars vite, un peu de bruit se faisant entendre dans la chambre. Je suis sur le point de franchir la porte lorsque sa voix retentit :

  - Chloé attend !!!

  Que faire, fuir ou me confronter à lui ? Je ne peux pas l'ignorer, je lui dois bien ça. Mais ça n'a jamais été aussi difficile de le regarder. Que vais je lire sur son visage, va-t-il jubiler de m'avoir trompée et m'étaler sa vengeance, ou s'excuser comme je l'ai fait il y a quelques jours ? Je me retourne doucement. Mon dieu ce qu'il est beau, c'est trop dur de me dire que je l'ai perdu. Et moi qui me comportait comme une voleuse dans notre propre appartement (mais ce n'est plus vraiment le nôtre je crois). Qu'est ce qu'il doit en penser ? J'essaie de me justifier péniblement :

  - Comme tu m'avais dit que tu préviendrais quand tu rentrerais, je ne pensais pas te trouver là. Je voulais te laisser une lettre pour te prévenir que j'allais passer quelques jours chez mon frère. Je ne voulais pas te laisser sans nouvelles, j'espérais que tu en aies encore quelque chose à faire de moi.

  Ses traits me regardent pleins de compassion. Je comprends que je l'ai définitivement perdu, je ne lui inspire plus que de la pitié. J'ai un flash, je n'ai pas su le garder, mais il faut que je l'aide à me quitter. Il serait capable de rester avec moi uniquement pour ne pas me faire de mal. Il faut que je l'aide à passer à autre chose. Il mérite mieux que ça, il mérite mieux que moi. Je fais alors le contraire de ce que je voudrais. Alors que je rêve de me jeter dans ses bras, qu'il me pardonne et que nous reprenions notre vie, je décide de l'agresser.

  - Ce que je n'avais pas anticipé, c'est que tu serais pressé de rentrer pour me remplacer. En fait tu n'attendais que ça !!! Finalement, ça t'arrangeais bien que je couche avec PJ, comme ça tu avais une excuse pour m'éjecter sans passer pour le salaud de l'histoire. En fait vous étiez amant depuis longtemps ? Non ne réponds pas, je ne veux même pas savoir. Je ferais venir quelqu'un pour récupérer mes affaires, tu n'entendras plus jamais parler de moi et je ne veux plus que tu me contactes, nous nous faisons trop de mal.

  La colère s'imprime dans ses yeux, ça marche, il va m'en vouloir et ce sera plus facile pour lui de m'oublier. Je me maîtrise quasiment jusqu'au bout, mais lorsque je pars en courant. Je n'arrive pas à garder cette colère je ne peux m'empêcher de lui dire tendrement :

  - Soyez heureux tous les deux, vous ne me verrez plus jamais.

  Ces mots, je les pense du plus profond de mon coeur. Cela serait trop dur de les voir ensemble, de me confronter à leur bonheur, de voir ce que j'ai perdu. Pourtant j'espère encore qu'il me rattrape, qu'il me dise qu'il me pardonne. J'attends un peu en bas de l'immeuble avec cet espoir insensé, mais rien. Je réalise alors ce qu'il vient de se passer, cette fois c'est irrémédiablement fini. Qu'est ce que je vais faire ? Dans un premier temps, je décide de bloquer son numéro. Il faut que la séparation soit définitive pour que je puisse arrêter de vivre dans une attente qui sera de toute façon insatisfaite.

  Puis je commence à déambuler dans les rues qui conduisent à la gare, tout en laissant mon malheur s'écouler de mes yeux. Je me refais le film du mois écoulé faisant tourner les "et si" dans ma tête. Le problème c'est qu'à réfléchir ainsi, les souvenirs remontent, y compris ceux que je veux vraiment oublier. Alors que je passe sur un pont, les images de ce qui s'est passé dans ce club me reviennent en pleine face. Jusqu'ici j'avais presque réussi à totalement occulter ce qu'ils avaient pu me faire. Mais là en pleine rue, je m'écroule, des tremblements me saisissent. J'ai l'impression de sentir à nouveau leurs mains sur ma peau, la terreur que j'éprouvais à l'idée qu'ils fassent du mal à mon Thomas. Je n'ai plus qu'une envie, que tout cela s'arrête. Je ne maîtrise plus rien depuis ce moment, il faut que cela cesse. Je regarde le fleuve dont le courant puissant entraîne tout ce qui tombe dedans vers la mer. Ses eaux m'appellent, cela serait si simple de m'y oublier. Un petit pas par dessus la rembarde et voilà...

  la ritournelle que j'ai mise en sonnerie sur mon téléphone interrompt cette réflexion fatale. Je ne peux m'empêcher de regarder le nom qui s'affiche. C'est Gabriel !

  Je me rends compte qu'à ce moment précis, c'est vraiment la personne à qui j'ai envie de parler. Je décroche, immédiatement sa voix bienveillante me soulage. Il m'explique être au courant de tout, disant qu'une Cynthia qui s'inquiétait pour moi l'a contacté. Intérieurement et malgré ma jalousie, je ne peux m'empêcher de lui en être reconnaissante. Il me dit de venir tout de suite chez lui, qu'il va poser des jours de congés pour s'occuper de moi. Je lui réponds que ce n'est pas la peine. Mais il balaie mes réticences en me disant qu'il doit être là pour sa petite soeur.

  Je réalise alors les conséquences du geste que je m'apprêtais à faire, du mal que j'aurais fait à tout ceux que j'aime, y compris à Thomas. Comment aurait-il pu construire une nouvelle relation, s'il s'était senti coupable de ma disparition. Je me ressaisis et repars vers la gare, déterminée à me reprendre en main.

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