Chapitre 38

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Point de vue Thomas :

Je me réveille péniblement, j'ai un mal de tête gigantesque, mais mon ventre semble aller mieux. J'essaie de rassembler mes souvenirs. C'est plus facile que si j'avais pris une cuite. Je me rappelle que Cynthia avait ramené Chloé qui m'avait doucement réveillé. Pendant ce temps PJ avait fait venir le chauffeur à l'entrée. Les filles m'avaient soutenu jusqu'à la voiture. Cynthia s'était mise devant, Chloé derrière. J'avais posé ma tête sur ses genoux. Pierre-Jean voulait monter avec nous, mais Cynthia lui avait dit que ce n'était pas nécessaire, il n'avait qu'à rester s'amuser, elle lui renverrait la voiture. Après nous avoir regardé, il avait fini par acquiescer en nous souhaitant un bon retour. Je crois que je m'étais assez vite endormi apaisé par les caresses que Chloé me faisait sur la tête et par le bruit du moteur que nulle conversation ne venait perturber.

Une fois à la villa nous nous étions vite couchés, non sans être d'abord passé par la case brossage de dents pour moi, preuve que j'allais déjà un peu mieux. Je crois que Chloé a eu du mal à s'endormir, car je l'ai senti beaucoup bouger dans mon demi sommeil qui précédait l'endormissement. Je me tourne vers elle et regarde son visage. Elle a les traits tirés, un mauvais rêve semble perturber son sommeil. D'habitude, quand elle dort, on dirait presque une enfant. Je lui caresse doucement le visage, cela semble l'apaiser. Dieu que je l'aime ! Doucement, je pose un baiser sur son front, puis me lève pour aller prendre la douche dont j'ai bien besoin.

A mon retour, je vois qu'elle s'est réveillée, à son expression, je vois que quelque chose la contrarie. Doucement je lui dis :

-Bonjour ma chérie, tu as bien dormi ? Excuse-moi de vous avoir lâché hier-soir j'étais vraiment trop mal.

-Non surtout ne t'excuses pas Thomas, tu n'as vraiment pas à le faire, je t'assure.

Son ton ferme, presque colérique me surprend. Qu'est ce qui se passe ? Je suis sûr qu'elle m'en veut d'avoir perturbé ce que nous avions projeté avec Cynthia.

-Si je vois bien que tu m'en veux, je sais combien ça a été compliqué pour toi d'organiser le plan avec Cynthia, mais ce n'est pas grave. Pour moi l'important c'est que nous soyons ensemble. Le reste est accessoire...

D'une voix douce, elle m'interrompt alors.

-Thomas, ce n'est pas à toi que j'en veux. C'est à moi. Il faut que je te parle.

A ces mots, à son regard triste et compatissant, je crois que j'ai déjà compris, mais j'ai besoin de l'entendre dire. Mon ton devient plus sec

-Que tu me parles de quoi ?

-Tu as dû deviner ?

Elle sait que j'ai compris. Elle a sûrement couché avec PJ, elle s'est rendue compte que c'était mieux avec lui. Elle préfère rester avec, il faut dire qu'il est beau, riche, je ne peux pas lutter. Ainsi c'est fini, ça y est elle me quitte, dire qu'il y a quelques minutes à peine, je pensais que j'avais vraiment de la chance de me réveiller auprès d'elle. J'essaie de me raisonner en me disant que j'aurais vécu quelques années de bonheur avec elle. Mais à ce moment précis cela m'est aussi utile qu'un smartphone à un mérou. Les larmes commencent à couler. Dans un mélange de chagrin et de colère, je lui réponds en haussant le ton.

-Oui j'ai deviné!!! Tu me quittes c'est ça ? Tu aimes PJ et tu veux rester avec lui !!!

Un instant la surprise apparaît sur son visage, mais elle m'interrompt aussitôt.

-Non je ne l'aime pas, te quitter non je ne le veux pas, mais toi oui tu vas le vouloir, j'ai couché avec lui hier soir et avec Cynthia il y a plus d'une semaine, ta fiancée est une salope qui ne te mérite pas !!!

Je mets un moment à assimiler ses paroles, un silence pesant s'installe dans la chambre. Chloé fuit mon regard, mais je vois maintenant qu'elle a honte d'elle-même. En moi le chagrin devient petit à petit de la colère. Elle m'a trompé, après tous ses discours sur la fidélité, ses crises de jalousie. Elle se fout de moi. En plus de ce que j'en comprends il n'y avait même pas de sentiments, à la rigueur, ça j'aurais pu l'accepter. Comme quoi PJ avait raison, au moins ce fichu pari m'aura aider à ouvrir les yeux sur elle. Dire que je comptais faire ma vie avec !!! Le bruit du vibreur de mon portable retentit à ce moment là. Je l'ignore et m'écrie simplement :

-Pourquoi ?

Chloé sèche ses larmes et se met alors à m'expliquer les circonstances qui l'ont amené à briser notre engagement. Elle commence par la soirée d'hier sans chercher à se donner d'excuses, elle m'explique son passage à l'acte lié autant à sa colère et sa jalousie, qu'à l'attirance qu'elle éprouvait pour lui. Puis ensuite elle m'explique comment cela s'est fait avec Cynthia. Au fur et à mesure de ses explications, je me rends compte que nous nous sommes faits manipuler par nos hôtes depuis le début. En fait ce sont tous les deux des prédateurs sexuels. Mais cela ne l’absout pas de ses actes pour autant. Moi aussi ils ont cherché à m'avoir, mais je n'ai pas cédé pour autant. Les images qui relevaient jusqu'ici du fantasme s'impose à mon esprit dans leur réalité la plus noire. Elle a couché avec un autre que moi, a pris du plaisir avec lui, est ce qu'elle regrette réellement au moins ? Je ne dis rien, je l'écoute me dire combien elle culpabilise de me faire mal à ce point. Mon portable vibre une nouvelle fois. Je l'ignore. Je lui pose enfin une question :

-Tu imaginais quoi, tu pensais qu'en faisant un plan à trois avec Cynthia, j'aurais plus facilement accepté que tu aies couché avec elle avant ?

-Oui, je me disais que tu aurais été plus apte à l'entendre après. Je ne pouvais pas te laisser dans l'ignorance, la culpabilité me dévorait de l'intérieur.

-Et elle te dévorait toujours quand tu as couché avec PJ !!!

-Pour être franche, non, j'étais tellement persuadée que tu en faisais de même avec Cynthia, que je me disais que ce n'était que justice.

-Quelle justice, tu avais déjà baisé avec elle avant !!! Je pensais te connaître, si tu veux savoir, PJ était persuadé qu'il réussirait à coucher avec toi, il avait parié un million d'euros qu'il y arriverait et moi bien sûr trop con, j'avais tellement confiance en toi, que j'ai tenu le pari.

-Attends, tu lui dois un million d'euros ?

-Non, bien sûr je devais juste ne rien te dire et ne pas trop réagir quand je le voyais flirter avec toi. Et je devais te rester fidèle, ce que j'ai fait et que j'aurais fait, même sans ce pari.

-Je crois qu'en d'autres circonstances, je t'en aurais voulu éternellement d'apprendre cela. Mais là je n'en ai pas le droit. Comme je te l'ai déjà dit, je ne te mérite pas.

Puis d'une voix suppliante, elle ajoute :

-Qu'est ce que tu comptes faire ?

-Dans l'immédiat quitter, cette villa de malheur, peut-être dire leurs quatre vérités à nos hôtes et rentrer chez moi. En ce qui te concerne, fais ce que tu veux. On dit qu'il n'y que les gens que l'on aime réellement qui peuvent nous blesser et bien tu m'as blessé plus profondément que n'importe qui sur cette terre. Et pourtant, je ne n'arrive même pas à te vouloir du mal, juste que tu sortes de ma vie.

Le portable vibre une nouvelle fois, mettant mes mots en suspens. Chloé éclate en sanglot. Puis elle finit par me dire :

-Je redoutais cette décision et pourtant, elle me fait encore plus mal que je le croyais. Je dois au moins te dire que je t'aime toujours, que si tu changes d'avis, je ne ferais plus jamais les mêmes erreurs. J'espère que tu changeras d'avis, mais je ne vais pas te harceler. Sache que tu resteras mon seul amour et maintenant je me rends compte que c'est de ma faute s'il est détruit.

Ses mots s'étouffe dans des sanglots incontrôlables. J'ai envie de la prendre dans mes bras pour la consoler. Malgré ma colère lui faire du mal m'est insupportable. Mes larmes coulent en réponse aux siennes. Il faut que je m'endurcisse. Pour détourner mon attention, je m'intéresse à mon portable qui vient une nouvelle fois de vibrer. Je vois enfin le message de ma mère : « Thomas répond moi ! appelle moi, c'est urgent ! »

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