Chapitre 28

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Point de vue de Thomas:

Nous avons filé vers le village dans la voiture luxueuse de PJ. Il m'explique que depuis le temps qu'il vient en vacances ici, il a noué des relations avec les habitants et que le maire l'informe lorsque certains habitants ont des difficultés, ou lqu'il y a des projets pour faciliter la vie de tous. Grâce à l'aide du jeune héritier, le village bénéficie ainsi de la fibre. Il ajoute que ces rencontres sont souvent l'occasion de faire la fête avec les quelques jeunes qu'il connait depuis l'enfance.

Nous arrivons sur la petite place, PJ se gare sur un des rares emplacements disponibles. Puis nous rentrons dans un petit bâtiment aux murs blancs que je devine être la mairie. PJ échange quelques mots avec la secrétaire de l'accueil, c'est une jeune femme qui doit avoir la trentaine, elle a beaucoup de charme. Je vois à son attitude qu'il est passé en mode séduction. Sa démarche semble d'ailleurs porter ses fruits, au vu des regards énamourés que lui lance son interlocutrice. Finalement, il me fait signe de le suivre dans la pièce attenante. Au passage je lui dis qu'il a un ticket avec la jolie secrétaire. Il me répond alors :


-Katarina ? Cela fait longtemps que j'ai concrétisé. Mais j'avoue que je passe toujours de bons moments avec elle. Le plus dur c'est de rester discret vis à vis du reste du village et surtout de son mari. Heureusement l'île ne manque pas de coin isolés pour se retrouver. Si tu veux, je peux essayer de t'arranger un coup avant la fin des vacances. Ca ne comptera pas dans le pari, c'est en toute amitié.


-Tu m'excuseras, mais si je ne veux pas tromper Chloé, ce n'est pas que pour une histoire de pari. Par contre toi, ça ne te gênes pas de potentiellement détruire la vie de cette fille. Parce que j'imagine que si cela venait à se savoir, sa réputation serait faite, sans parler du divorce qui suivrait.


-D'abord, je ne force personne. C'est elle qui m'a fait comprendre que je lui plaisais. Et si ça arrivait, je lui proposerai de rejoindre Athènes pour travailler dans une de nos boutiques. Je ne suis pas sans-coeur. Bon rentrons je suis attendu.


Nous pénétrons dans le bureau du maire. Il s'agit d'un homme dans la cinquantaine, un peu ventripotent, avec une moustache brune qui lui mange la lèvre supérieure. Il accueille PJ avec un grand sourire et se lève de sa chaise pour venir le prendre dans ses bras avec de grands éclats de voix. Il se tourne ensuite vers moi et me tend sa main que je serre tout en lui disant kalimera ce qui doit être un des seuls mots de grec que je connais. Pierre-Jean lui par contre le parle couramment, il se charge donc de faire la traduction pendant qu'il nous introduit mutuellement. Le maire répond au nom d'Antonios Sokratis, cela fait 10 ans qu'il occupe le poste. J'apprends également qu'il est marié a deux enfants, un fils qui est parti à Athènes pour travailler et une fille Sophia qui est encore en train de faire ses études, mais est là pour l'été. PJ ajoute, qu'Antonios espère depuis de nombreuses années lui faire épouser sa fille, mais celle-ci n'en éprouve aucunement l'envie. Je ne peux m'empêcher d'en profiter pour le taquiner.


-Je croyais que pas une seule ne te résistait ? Tu me déçois.


-Sophia c'est différent, on se connaît depuis tout petits. Je n'ai jamais tenté ma chance avec elle. Mais elle sait comment je suis avec les filles, elle me l'a d'ailleurs souvent reproché. Toujours est-il que la question ne se pose pas pour moi. Cela serait comme faire l'amour avec sa sœur. Par contre le premier mec qui lui fera du mal, il a intérêt de se méfier.


Puis rapidement il change de sujet et reprend la conversation avec Antonios. Celui-ci le met au courant des derniers potins du village. Puis il en vienne à la raison de la venue de PJ : l'aide qu'il peut apporter aux habitants. Le maire explique alors que tout se passe bien actuellement, si l'on fait exception du moteur d'un des pêcheurs qui vient de rendre l'âme. Or du fait de son endettement lié à la crise, il n'a pas les moyens de s'en racheter un autre ne serait ce que d'occasion. Il risque donc la faillite à très court terme, il a quatre enfants dont l'aîné a tout juste treize ans. A ce moment de la conversation, le maire va chercher une bouteille d'alcool et sans rien demander, il nous sert un verre à tous les trois. Je goute du bout des lèvres, mais je dois dire que je suis agréablement surpris par le goût sucré de la mixture. En fait ça se boit comme du petit lait. Pendant que je déguste le breuvage, mes deux comparses continuent leur conversation. Pierre-Jean m'explique ensuite qu'il s'est engagé à payer une partie du nouveau moteur. Par le bais d'un versement à la caisse de sauvegarde des pêcheurs du village. Ainsi, il épargne la susceptibilité des gens qu'il aide.


La conversation se terminant, Antonios nous invite à venir partager son repas au restaurant voisin, pour un repas bien arrosé.


Quelques heures plus tard, je ne sais pas trop comment les évènements se sont déroulés, mais je sais que l'alcool n'y est pas étranger. Je suis dans l'unique bar du village, en train d'applaudir des habitués qui dansent sur des chants traditionnels grecs. Une des rares jeunes filles du coin a posé son séant sur ma cuisse et son bras autour de mes épaules, il faut croire que je lui ai tapé dans l'oeil. Je dois dire que la demoiselle n'est pas désagréable à regarder, mais je n'ai pas su comment lui dire que mon cœur n'était plus à prendre et elle s'est imposée sans vraiment me demander mon avis. Elle a bien essayé de m'entraîner à sa suite pour aller faire une promenade que je devinais coquine, lorsque PJ s'est éclipsé en compagnie d'une autre jeune fille. Mais d'un signe de la main j'ai réussi à lui indiquer que ça n'était pas dans mes intentions d'imiter mon comparse.


En tout cas, on ne peut pas dire que les grecs ne sont pas accueillant, chacune des personnes présentes dans le bar s'est montré amicale à un moment ou un autre de la soirée. Je ne sais pas si c'est parce qu'ils ne sont pas habitués aux nouvelles têtes. Mais il y a de plus fortes probabilités que la présence de PJ à mes côtés m'ait accordé un blanc-seing dans le village. Ce que je sais par contre, c'est que j'ai beau boire, ce qu'il y a dans mon verre ne diminue pas, ça doit être un coup de Dyonisos. Je suis suffisamment conscient pour savoir que je suis arrivé au moment de la soirée où le forfait voyelle s'est activé (vous savez ce moment où lorsque l'on parle les consonnes disaparaissent subtilisées par l'alcool). Mais je me sens bien. Je me dis d'ailleurs que c'est dommage que Chloé ne soit pas avec moi pour en profiter. Ben tiens quand on parle du loup je la vois rentrer dans le bar en compagnie de Cynthia.


Je suis trop content de la voir et je me lève directement pour aller lui faire un gros câlin. Dans le mouvement, je sens quelque chose tomber sur le côté, alors qu'un poids s'efface de mes jambes. Je me tourne et vois une jeune fille par terre, manifestement un peu fâchée. Je me dis dans ma tête : « Enchanté, je m'appelle Thomas, est-ce que je vous connais ? » . Puis, je l'aide à se relever, je me retourne ensuite vers ma chérie et me dirige vers elle. Je ne sais pas pourquoi, ils ont construit ce bar sur un terrain en pente, je glisse vers la gauche, c'est idiot. Sur son visage je lis un énervement incompréhensible mêlé à un amusement manifeste. Lorsque je réussi à l'atteindre, je veux l'embrasser, mais elle tourne légèrement la tête en me disant :


-Tu pues de la gueule Thomas, on croirait que t'as ingéré une barrique de calva mélangé à 300 gousses d'ails.


-'ais 'a 'érie, je t'Aiiime, 'u 'e 'anq'ais 'rop. (Mais ma chérie je t'aime, tu me manquais trop. Traduit du Thomas bourré au français avec l'aimable participation de fonebone22. Pour plus de commodités les phrases suivantes seront directement traduites, mais le forfait voyelle reste bien activé).


-Moi aussi tu me manquais Thomas, mais là je pense que c'est surtout ton lit qui te manque. Allez, suis nous on te ramène. Tu m'aides à le soutenir Cynthia, j'ai peur qu'il s'écroule avant d'arriver à la voiture.


Les deux jeunes filles prennent chacune un de mes bras sur leurs épaules et m'entrainent vers la sortie. Ca a le mérite de stabiliser le sol. Je me rends compte que j'ai plusieurs choses à leur dire, je commence par Chloé.


-Je t'aime ma chérie, tu es la plus belle chose qui me sois arrivé dans ma vie, je veux vieillir avec toi, avoir des enfants avec toi, tu es ma vie. (Note : il faut imaginer cette charmante déclaration avec un peu moins d'articulation et de prestance qu'en la lisant).


Puis je me tourne vers Cynthia :


-Je t'aime aussi Cynthia, mais tu es trop une petite coquine pour moi. Je sais que tu as envie de jouer avec mon zizi comme cet aprèm, mais tu ne pourras pas, il est réservé à ma chérie. Sinon après elle ira jouer avec celui de PJ, d'ailleurs il est où PJ. PPPPPPJJJJJJJ !!!!! Où es-tu.


-Chut crétin, tu vas réveiller tout le village, il est déjà dans la voiture à peine mieux que toi. C'est lui qui nous a appelé pour que l'on vienne vous chercher. Allez assieds-toi à côté de ton arsouille de pote, pas un pour rattraper l'autre.


Je m'affale sur Pierre-Jean qui dors déjà dans la caisse. Je sens vaguement la voiture démarrer. Des éclats de voix semblent indiquer que le ton monte à l'avant, mais mes yeux se ferment très rapidement tous seuls, me faisant sombrer dans un tourbillon qui se répercute jusque dans mon estomac. Il faut que je me soulage. J'ouvre la bouche et expulse le trop plein sous moi. J'entends entre l'énervement et l'amusement : « Oh non le con, il a vomi sur PJ ». Puis je me rendors plus tranquillement libéré d'un poids qui me pesait sur le corps.

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