Chapitre 23

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Je ralentis à peine pour lui laisser le temps de me rejoindre. Cynthia m'interpelle alors :


-Pourquoi tu te mets en colère comme ça ? Pierre-Jean te taquinait juste un peu, il n'y a pas de mal. Si c'est parce que tu bandais devant nous, moi j'ai trouvé ça plutôt flatteur.


-Arrêtes Cynthia, PJ te parle, il a bien dû te dire pour notre pari. Tu sais que s'il fait ça c'est pour me rabaisser devant Chloé, afin de réussir à la mettre dans son pieu, ou sur son pieu plus exactement. Ne fais pas l'innocente, j'ai bien compris que de ton côté ton petit jeu avec moi, c'est pour rendre Chloé jalouse, toujours dans le même but.


-Oui il m'a parlé du pari, d'ailleurs je crois que c'est toi qui l'a accepté, donc c'est facile de rejeter la faute sur les autres après. Mais moi si je joue avec toi comme tu me le dis, c'est parce que tu me plais, je le ferai même s'il n'y avait pas de pari. Si ça n'est pas réciproque, je m'arrêtes là, fin du jeu c'est tout. Mais vu tes réactions et tes regards sur moi, j'avoue que j'ai du mal à te croire.


-Bien sûr que tu me plais, mais ce n'est pas le problème, je suis en couple avec Chloé, je l'aime et je n'ai pas envie de lui faire du mal. Or tout ce que tu as provoqué avec moi jusqu'ici ça lui en a fait, ou ça lui en ferait si elle l'apprenait.


-Ok, ça je peux le comprendre, j'arrête de te prendre la tête, même si ça va être dur pour moi, je vais me contrôler. Mais c'est de ta faute aussi, si tu n'étais pas aussi mignon et que je ne te sentais pas intéressé par moi, je n'aurai pas envie de toi.


-Attends, tu ne peux pas te contenter de Pierre-Jean, c'est sûrement un plus beau mec que moi, même si ça me fait mal de l'admettre, pourquoi est-ce que tu te donnes à tant d'hommes, qu'est ce que tu y trouves ?


-Tu es sérieux Thomas ? Tu n'es pas moins beau que PJ, votre beauté est juste différente. Mais il faut que tu le saches, tu es très beau.


Malgré la situation, ses paroles me font du bien, de savoir que je peux plaire à une aussi belle femme ne peut que flatter mon ego. Je reste silencieux un moment alors que nous atteignons la mer. Je commence à rentrer dans l'eau atteignant rapidement le moment délicat où les vagues viennent rafraichir mes appareils génitaux. C'est alors que je reçois une projection glacée dans le dos (Même si l'eau est bonne la différence de température avec l'air est suffisamment importante pour que je ressente un frisson). Après avoir poussé un cri de surprise, je me retourne vers Cynthia qui sourit innocemment deux mètres derrière moi.


-Un problème Thomas ?


Sans lui répondre je plonge ma main dans la mer et l'arrose de toutes mes forces, provoquant à mon tour ses cris amusés alors que mes projections atteignent sa poitrine découverte que je ne peux m'empêcher d'admirer. Une fois tout les deux bien trempés, nous nous plongeons dans l'océan et commençons à faire quelques brasses. Je nage jusqu'à ne plus avoir pied et me retourne vers Cynthia qui me suit à quelques longueurs. Réfléchissant, je me dis qu'elle n'a pas répondu à ma question, je retourne vers elle et décide d'insister un peu.


-Au fait tu ne m'as pas répondu tout à l'heure, pourquoi est ce que tu aimes tant coucher avec d'autres hommes que ton copain. De ce que tu as pu en dire, j'ai pourtant l'impression que ça n'a pas toujours été rose pour toi avant lui ?


-Tu veux vraiment le savoir ? Tu es bizarre, d'habitude, ce qui intéresse les hommes, c'est surtout de savoir que j'ai envie d'eux, le reste est accessoire.


-Oui, ça m'intéresse vraiment de te comprendre et accessoirement de comprendre aussi Pierre-Jean par la même occasion.


-Ok, mais je te préviens, je ne suis pas sûre que tu vas mieux me comprendre. Pour t'expliquer, il faut que je reviennes quelques années en arrière. A l'époque j'étais toute jeune, je commençais ma carrière de mannequin et comme tu le sais sûrement c'est un milieu ultraconcurrentiel. J'étais dans une petite agence et j'avais quelques contrats peu payés, j'hésitais à ce moment là à arrêter ma carrière, j'avais du mal à joindre les deux bouts, comme je ne pouvais plus payer mon loyer, j'étais sur le point d'être expulsée. Comme je m'étais fâchée avec mes parents, quand j'avais décidé de faire ce métier, ils sont très religieux et ne pouvaient pas admettre que je vende mon image ainsi, je ne pouvais pas envisager de retourner chez eux. Ils m'auraient sûrement enfermée et mariée contre mon gré le plus vite possible. J'avais un copain, mais il vivait dans un petit appartement avec ses parents et je ne me voyais pas lui demander de m'héberger.


C'est alors que lors d'un shooting pour une pub, j'ai rencontré une femme qui m'a certifié pouvoir me faire rencontrer des personnes du métier ayant une certaine influence qui pourrait accélérer ma carrière. Elle m'a contacté quelques jours plus tard pour me dire qu'elle m'avait obtenu une entrevue avec l'un d'entre eux, j'ai accepté tout de suite. Lorsque je me suis rendu au rendez-vous, je me suis aperçu que celui-ci avait lieu dans une chambre d’hôtel. Mais je n’ai pas vu le mal sur le moment, j’étais naïve à l’époque, je pensais que le directeur de casting que je venais rencontrer était de passage et n’avait pas le temps de me recevoir dans des bureaux. J’ai très vite déchanté. Il m’a d’emblée expliqué qu’il voulait bien m’engager pour le défilé d’une maison de haute couture, mais qu’il fallait que je lui donne quelque chose en échange. Il m’a ensuite demandé de me déshabiller. Comme j’hésitais, il m’a dit que si je ne lui obéissais pas, il fallait que je dise adieu à ma carrière dans le mannequinat.


A ce moment-là, j’ai failli quitter la pièce, mais il m’a rassuré en me disant que si j’étais gentille avec lui, il serait doux avec moi et qu’ensuite il m’assurerait des contrats réguliers. Je me suis finalement décidée en me disant que ce ne serait qu’une seule fois et puis j’avais le couteau sous la gorge, c’était ça où la rue.


Je dois dire qu’il a tenu sa promesse et s’est montré très doux. Il a avant tout cherché à me donner du plaisir, on sentait qu’il avait l’expérience des femmes. Mais par ses caresses, autant que par son chantage, il m’a amené à faire tout ce que je refusais à mon copain de l’époque. C’est lui qui m’a sodomisé pour la première fois. Le pire, c’est que j’y ai pris du plaisir.


Finalement, lorsque j’ai quitté la chambre, j’étais devenu une autre femme, j’avais perdu une grande partie de ma naïveté et je me suis rendu compte qu’en plus je n’avais aucune certitude sur le maintien de sa parole. J’ai pensé à me jeter d’un pont, mais le passage d’une mère avec ses enfants qu’elle emmenait à l’école à ce moment-là m’en a dissuadé, je ne voulais pas les traumatiser à vie. Et je me suis ensuite dit que si je le faisais, je ne pourrai pas connaître la joie d’avoir moi aussi une vie de famille.


Je suis rentré dans mon petit appart et à ma grande surprise à mon réveil, j’avais un message sur mon portable qui me confirmait qu’un contrat m’attendait pour participer à plusieurs défilés. Il avait tenu sa promesse. Je t’avoue que j’ai alors éprouvé de la gratitude pour cet homme qui avait abusé de moi. Je voyais enfin une échappatoire à mes soucis.


Je me suis dépêché d’aller annoncer la nouvelle à mon copain de l’époque, il était étudiant et vivait chez ses parents, car il n’avait pas d’argent pour payer un loyer. Mais lorsqu’il m’a demandé comment s’était passé l’entretien, je n’ai pas été capable de lui mentir. Il est alors rentré dans une fureur noire et m’a viré de chez lui en me traitant de pute.


Les jours suivants ont été compliqué pour moi, je culpabilisais en me disant qu’il avait raison, mais je n’arrivais pas à regretter totalement ce que j’avais fait. Heureusement, le premier défilé est vite arrivé, ce qui m’a permis de moins cogiter et d’être dans l’action et finalement quand j’ai reçu mon premier chèque conséquent, mes regrets se sont estompés.


Ce que je n’avais pas compris, c’est qu’il n’y aurait pas qu’une seule fois. Par la suite avant chaque contrat je devais coucher avec lui. J’ai vite compris que c’était le cas pour beaucoup de mes collègues, c’était le système. Puis progressivement, il m’a demandé de coucher avec d’autres hommes, toujours soit disant pour m’aider dans ma carrière. Mais à ce moment-là, je n’étais plus capable de rien lui refuser. Je dois dire qu’il avait raison, j’’étais régulièrement invitée dans des soirées branchées, j’avais accès à la vie de paillettes dont j’avais toujours rêvé. J’ai commencé à prendre de la coke, je me donnais à tous ceux qui voulaient de moi, je subissais ma vie et faisais ce qu'’on me demandait. Avec certains je prenais du plaisir, d’autres ne pensaient qu’au leur, ça n’était pas grave. Jusqu’au jour où j’ai rencontré Pierre-Jean.

C’était dans un cocktail, j’avais déjà couché avec deux hommes ce soir là. Je suis allé vers lui, car je savais qu’il était l’héritier de ton entreprise. Mais un peu comme toi, il m’a demandé pourquoi je faisais ça. C’était la première personne depuis des années qui s’intéressait vraiment à qui j’étais. Un peu comme maintenant, je lui ai déballé toute ma vie pathétique. Il m’a écouté de façon bienveillante et à la fin, il m’a proposé de venir finir la nuit chez lui.

Une fois dans son grand appartement, je me suis déshabillée, m’attendant à ce qu’il veuille faire comme les autres. Mais il m’a alors dit qu’il avait très envie de moi, mais que nous ne coucherions ensemble que quand je serai vraiment en mesure de le décider, parce que j’en aurai vraiment envie et pas parce que je penserai devoir le faire.

Le lendemain, il m’a proposé de me faire intégrer une cure de désintoxication, m’assurant que je n’avais pas à m’en faire pour mes futurs contrats, qu’il s’occupait de tout. Il m’a ensuite dit qu’à ma sortie, si je le voulais toujours, nous pourrions nous mettre en couple. Il m’a donné envie de changer pour lui, j’ai donc accepté. Heureusement, je n’étais pas encore devenu une junkie irrécupérable, malgré des moments difficiles, j’ai réussi à me sevrer. A la sortie, il m’attendait. Il m'a dit alors que je n’aurai plus jamais à coucher pour travailler, il avait lui-même contacté le directeur de casting et lui avait expliqué que s’il voulait continuer à travailler pour son entreprise, il devait me laisser tranquille.

Le même soir, il m’a demandé si je voulais bien devenir sa compagne, ajoutant que quel que soit ma réponse, il s’assurerait que j’ai toujours du travail. Il m’avait d’ores et déjà séduite, j’ai dit oui. La nuit qui a suivi a été la plus merveilleuse de toute ma vie. Je crois que c’est la première fois que j’ai réellement fait l’amour. PJ m’a également expliqué qu’il ne croyait pas à la fidélité dans le couple et que si je voulais coucher avec d’autres hommes, il l’accepterait, disant que cela avait détruit le couple de ses parents. Mais que ce serait toujours moi qui déciderait. Il ne voulait pas me transformer et me faire rentrer dans un moule.

La seule fois où il a dérogé à sa règle, c’était avec Julien et Damien, mais il m’a demandé mon accord en leur expliquant ce qu’il leur devait et je dois dire que je n’ai pas eu à le regretter. Voilà, j’espère ne pas t’avoir trop soûlé avec ma vie et que tu ne me jugeras pas trop durement. Comme je te l’ai dit tu n’es que le deuxième homme à qui je la raconte ainsi.

Je la regarde depuis un bon moment, des gouttes salées coulent sur son visage, mais elles ne viennent pas de la mer. Intérieurement je ressens de la tristesse pour elle, je ne peux m’empêcher de me demander si à la place de PJ j’aurais été capable de faire ce qu’il a fait pour Cynthia. Je dois m’avouer que la réponse est sans doute négative. Le gosse de riche remonte dans mon estime. Mais là sur le moment, j’ai surtout envie de la consoler et de la protéger. Je me rapproche d’elle et sans doute à sa grande surprise autant qu’à la mienne, mon premier réflexe est de la prendre dans mes bras. Je ne fais aucun cas de nos deux nudités respectives, il n’y a d’ailleurs aucune intention sexuelle dans mon geste, juste le besoin d’un contact réparateur. Elle me rend mon étreinte, ses larmes coulent sur mon épaule. Puis au bout d’une ou deux minutes, je me décolle délicatement et lui dit :


-Je te remercie de t’être livrée ainsi à moi. Sache que je ne te juge pas du tout. Tout ce que je te souhaite c’est que ton rêve de famille se concrétise un jour. Ce que je peux te dire, c’est que si c’est moi que tu avais rencontré, je n’aurai pas pu te partager, car tu es quelqu’un à qui on peut facilement s’attacher quand on te connait. Laisse plus souvent sortir cet aspect de ta personne.


Elle me répond simplement :


-Merci pour tout Thomas. Tu es une belle personne. Sache qu’en ce qui concerne le pari, je n’aiderais pas PJ, mais pour ma part, là après tout ça, j’ai encore plus envie de toi.


Un peu gêné, j'esquive sa question en lui proposant de retourner avec les autres, afin que Chloé ne se fasse pas d’idées. Juste avant de sortir de l’eau je lui demande :


-Au fait d’habitude je raconte tout à Chloé, mais là cela te concerne, est ce que je peux lui dire ce que tu m’as raconté ou est-ce que je le garde pour moi ?


-Honnêtement, c'est une période de ma vie dont je ne suis pas fière, je préfèrerais que tu ne lui en parles pas.


-Pas de souci, ça reste entre nous. Et je te le redis, tu mérites d'avoir une belle vie après tout ce que tu as vécu.


-Je te rassures, elle est déjà très belle et il ne tient qu'à toi de l'embellir un peu plus.


-Cynthia !!!


-Ok j'arrête de te taquiner. Est-ce que je peux juste te dire que Chloé a beaucoup de chance.


-Oui, mais je pense que Pierre-Jean aussi. J'espère juste pour toi que c'est l'homme avec qui tu pourras construire ta vie. Je ne suis pas sûr que votre mode de vie soit vraiment compatible avec une vie de famille.


-Il changera quand il sera prêt et à ce moment-là, je changerai aussi.


En me dirigeant vers la plage, je lâche Cynthia du regard et me fige sur place en regardant nos deux conjoints respectifs qui étaient restés à faire bronzette. Je me rends compte que Pierre-Jean a bougé sa serviette et est venu se coucher à côté de ma belle. Ils sont tous les deux allongés sur le dos et semblent en pleine discussion. Mais en me rapprochant d'eux le détail qui m'interpelle vraiment, c'est l'érection manifeste que PJ ne cherche pas du tout à cacher. Et surtout Chloé ne semble pas du tout être dérangé par l'état de son voisin au vu des sourires qu'ils échangent.

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