39. Le (bon) gras, c'est la vie

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"Spartiates ! Mangez vos victuailles avec appétit... Car nous dînerons en enfer ce soir !"
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Ce qui est génial avec le régime cétogène, c'est que l'on ne s'ennuie jamais : mâchouillage et ingestion de découvertes dans un lent processus d'éducation où chaque étape digérée révèle un nouvel obstacle qui se dresse sur son chemin. Youhou. Un peu comme un apprentissage Jedi. Donc jeune Skywalker, pour trouver la force céto, ta peur et les glucides affronter tu devras.

À ceux qui ne savent pas ce qu'est le régime cétogène, ou qui se demandent pourquoi je m'impose cela, trois choses :

1- comme ça, on a sauté des étapes ? On n' a pas voulu se taper tous les billets ? Vous me ferez trois pompes et deux Je vous salue Galactica pour la peine.

2- nan nan nan, je ne suis pas victime d'un trouble alimentaire ou obsédée par mon poids et je ne fais pas de régime pour être belle en bikini. D'ailleurs je n'en mets pas, pour moi c'est shorty, merci bien.

3- la réponse est dans le billet Sugar sugar. Feignassou va.

4- je précise que je ne conseille aucunement de faire comme moi, le meilleur des régimes alimentaires dans l'absolu étant certainement de manger de tout (oui j'avais dit trois choses mais voilà, je fais comme je veux).

Alors arrêter les glucides, c'est facile. Relativement facile. Il faut juste arrêter de manger tout ce qui est sucré, tout ce qui contient de la farine ou des céréales, quasiment tous les fruits. Bref, arrêter les pâtisseries et les bonbons, les féculents et légumineuses, le pain et les glaces Ben&Jerry. Ce n'est pas ce qui est le plus dur dans un régime cétogène. Car comme souvent dans la vie, il est plus facile de dire non que de dire oui.

Et dans ce régime, on dit OUI OUI OUI aux lipides, qui doivent constituer 65 à 90% de l'alimentation. Ouais, 65 à 90% de gras. C'est là que le casse-tête chinois commence, car réussir à s'enfiler sa dose quotidienne de lipides est un challenge.

Les glucides, lipides et protéines sont les macronutriments qui font partie de nos aliments, mais ils n'en sont pas les seuls constituants. Par exemple cent grammes de viande ne sont pas égaux à cent grammes de protéines. C'est plutôt vingt à vingt-cinq grammes de protéines en fonction du type de viande. Dans les aliments, il y a aussi de l'eau, des fibres et pleins de micros trucs en plus.

On trouve du gras évidemment dans toutes les huiles, dans les viandes, la charcuterie, les produits laitiers, les poissons, les œufs, les fruits secs... Alors est-ce qu'on se gave de rillettes et de comté, arrosés d'un peu de Fruit d'or, et hop le tour est joué ? Ah ah ah, mais non mais non, la facilité ne sera pas de mise. Déjà, il y a une première difficulté : ne pas s'envoyer trop de protéines. Sinon, le corps, le McGyver de la nutrition, va les utiliser pour fabriquer des glucides. Petit junkie va.

De plus, si on croise les objectifs du régime cétogène avec les contraintes du cancer, le quadrant des aliments acceptables se réduit drastiquement. Un mot pour expliquer ceci : inflammation.

Quand on a un cancer, un des ennemis est l'inflammation. Parce que les petites cellules cancéreuses sont autant à l'aise dans un environnement inflammatoire que les fesses de Kim Kardashian dans du spandex, c'est leur endroit préféré. Elles y prospèrent autant que la famille Jolie/Pitt pré-divorce. Et c'est quoi donc qui cause de l'inflammation ?

Evidemment le susucre. Mais lui, il est déjà rayé de ma liste.

Les produits laitiers. Et oui, nos amis pour la vie ne sont pas vraiment de super potes. En plus, ils sont bourrés d'hormones. Avec un cancer hormono-dépendant, il vaut mieux faire l'impasse. Alors OK pour un poquito de fromage, si possible bio, issu de lait cru, une fois de temps en temps, plutôt de brebis, et le plus gras et mou possible. Adios yaourt et lait de vache et autres fromages blancs et faisselles. Le beurre, la crème fraîche 35% de matière grasse et le mascarpone sont acceptables car ils contiennent beaucoup moins de protéines, et du coup de caséine (la caséine, c'est le petit pyromane qui enflamme). Et puis je me suis gardée aussi les yaourts à la grecque, au vrai lait de brebis bio, parce que c'est bon. C'est mon côté rebelle décadent.

Les graisses hydrogénées, ou acides gras trans artificiel, ce gras transformé et boosté à l'hydrogène que l'on retrouve dans les plats préparés, les margarines et autres gâteaux industriels, sont très inflammatoires. Pourquoi les retrouve-t-on partout, alors que ce n'est pas terrible terrible pour la santé ? C'est très simple : parce que c'est un ingrédient économique qui stabilise mieux la préparation à la chaleur. Hyper pratique pour le fabricant. Comme le susucre, un produit peu onéreux qui rajoute du poids au produit fini, et bonus top à la vachette qui est encore plus addictif que la cocaïne. C'est pour cela qu'il y en a dans les produits transformés, même dans le petit salé aux lentilles ou le gratin de choux fleurs. Pour cette raison d'économie également, il y a des graisses hydrogénées dans tout le rayon quatre-heures de nos Trolls. C'est pas cher ma pauv' dame, vraiment moins cher que le vrai beurre.

Consommer de la viande rouge à haute dose, ce n'est pas très bon. Pire du pire : les viandes industrielles comme le jambon, le bacon, les saucisses... sont cause d'inflammation. Dedans il y a, entre autres petits cadeaux de l'industrie agro-alimentaire, des nitrites. Ils sont cancérigènes et sont rajoutés pour que les produits soient glamours et bien roses dans leurs rayons réfrigérés. Aïe, ça me fait mal particulièrement mal, car je mange du bacon chaque matin depuis un an. Merdoum. L'OMS a classé la viande rouge dans les cancérigènes probables et la viande industrielle type cordon bleu dans les cancérigènes certains.

Toutes les huiles et margarines à base de graines comme le tournesol ou les trucs mélangés soit-disant super bons pour notre santé etc... sont inflammatoires. Déjà, parce qu'elles sont bourrées d'omégas 6, qui surconsommés provoquent de l'inflammation. Aussi à cause des modalités d'extraction de ce type d'huile qui n'envoie pas du rêve : extraction à chaud avec ajout de solvant. Solvant... Pschiiiit. Enflamme-toi.

Trop d'alcool. Cause. De l'inflammation. C'est moche. Ceci dit, le petit verre de vin quotidien fait partie de pas mal de régimes anti-inflammatoires, grâce à l'un de ses composants, le resvératrol. Ou, plus certainement, parce que le lobbying des viticulteurs est vraiment trop fort. En tout cas, cela me déculpabilise pas mal pour mon verre occasionnel.

Mais alors, qu'est ce qu'il reste bon sang de bonsoir ? Ben faut cibler. Pour ma part, je ne regarde pas les familles d'aliments, je vise précisément ceux qui peuvent le faire pour incrémenter mon compteur de lipides. Par exemple l'aliment magique : l'avocat. Ce n'est pas bon pour la planète mais c'est top pour moi. Gras, riche en oméga 3, vitaminé. Je consomme avidemment les "bonnes" huiles, riches en omégas 3 ou omégas 9, bios et pressées à froid. Il n'y en a pas beaucoup, mais j'en fais bon usage : huile d'olive sur les plats chauds, huile de cameline sur les froids. Il y a aussi l'huile de lin. Il y a aussi les graisses saturées. En général, ce n'est pas terriblement recommandé d'en manger, mais bon, quand on ne consomme plus de glucides faut bien trouver de l'énergie ailleurs. Donc l'huile de coco est ma grande amie, dans tous mes thés à coup de cuillère à soupe.

Et sinon ? Les poissons gras, les viandes grasses, les oeufs, les amandes et noix de macadamia, la charcuterie raisonnablement, si possible bio. Des lichettes de produits laitiers : crème fraîche d'Isigny, mascarpone, et surtout des grosses tranches de beurre bio. Après, il reste le gras en direct avec le 2ème aliment magique : le beurre de cacao. C'est du gras saturé stéraïque, plutôt neutre voir pas trop mal du tout pour la santé. Surtout, ça a très bon goût le beurre de cacao. Du coup, on peut le gober tel quel, ou en fatbomb avec du cacao sans sucre, de la cannelle, de la stévia à la vanille. On ne crache pas sur vingt grammes de gras avalés d'un coup.

C'est un challenge quotidien d'avaler beaucoup de lipides par jour. Des fois, j'ai l'impression d'être une oie en pleine séance de gavage. C'est un peu frustrant aussi, car je ne dépasse pas souvent mes cent cinquante grammes quotidiens minimum. Certains diraient que ce n'est pas une vie, c'est trop chiant, trop de contraintes. Moi je me dis que "pas une vie", c'est être passé par la case crématorium. C'est une question d'adaptation. Pouvoir choisir son alimentation, c'est comme choisir ses vêtements.

Pourquoi se taper des jeans taille haute alors que cela ne va à personne et que ça entaille le ventre, sérieux ?

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