A la recherche de la perle perdue

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Clip, clap, clip, clap. Bllllp.

Une petite huître clapote dans les courants marins. Elle se propulse par ouverture de clapet pour avancer. Lentement, avec opiniâtreté, elle poursuit sa quête. La petite huître cherche sa perle dérobée.

Au détour d'un corail elle distingue une forme énorme et sombre enfoncée dans la vase. Une coquille d'humain ! Voilà où elle pourrait trouver sa perle, les roussettes l'ont bien informée. La forme fait penser à une baleine, au dos plat et au ventre très rebondi, échouée sur le côté. Un trou bée sur son flanc rêche et dur duquel aucunes entrailles ne s'écoulent. Une nageoire brisée pointe tristement vers le bas, une sorte d’algue blanchâtre y est accrochée et flotte au gré des courants marins.

En quelques clips la petite huître passe par le trou. Que de bazar là-dedans ! Des sortes coquillages aussi gros que des rochers sont ouverts. Y dépassent des algues aux couleurs de corail percées de trous, d’autres petits coquillages aux formes très étranges : certains sont oblongs, d’autres ronds avec des aiguilles qui bougent à l’intérieur, et l’huître vit même une sorte de coquillage à la coquille transparente qui contenait un liquide noir ! Et toujours pas de perle.

Sa détermination la pousse à explorer en passant par des sphincters, les premiers grands ouverts la mènent vers le dos de la coquille humaine.

− Holàlà, tu m’étonnes que ça s’échoue ! s’exclama l’huître.

Elle repère d’autres ouvertures, bouchées celles-là par un clapet du même matériau que la coquille. Ce qui semble solide à l’huître se ramollit au contact de l’eau salée et la faune locale s’est chargée d’en grignoter des bouts par-ci par-là, ménageant des passages un peu partout.

Suivant cette piste creusée par ses confrères, l’huître déambule, fouille et s’étonne vraiment des entrailles de la coquille. Quel fouillis ! Elle croise des rochers aux formes similaires qui la laissent pantoises : ils sont tout fait de tubes longs avec une plaque. Parfois, quatre des tubes sont sur le sol et deux s’élèvent avec le haut, mais la plupart du temps, les tubes sont sens dessus-dessous. Voire même, totalement écartelés.

L’huître descend dans le ventre rebondi et trouve encore des algues blanchâtres, elle se demande s’il ne s’agit par de la nourriture des humains. Elle en grignote un bout et recrache aussitôt.

− Pouah ! C’est tout filandreux.

Dans cette grande caverne tout au fond du ventre, l’huître voit plein de rochers en forme de tube épais dont les extrémités sont plates et larges. En un voyant un éventré avec des fruits pourris déversés, l’huître se dit qu’il s’agit d’autres coquillages, cousins de la grosse coquille car ils ont la même carapace. En faisant le tour, elle aperçoit dans la paroi du fond un petit trou qui l’amène à la béance du début.

− Et ma perle ? se désespère-t-elle.

Elle retourne vers les coquillages remplis de fruits et en fait le tour. Elle scrute le moindre recoin, la moindre algue blanchâtre en tas au sol et finalement…

− Des perles, pleins de perles !

Un des coquillages déverse une quantité affolante de petites billes nacrées. Que de consœurs privées du fruit de leurs entrailles ! L’huître a une pensée émue pour toutes ces souffrances et choisit la plus belle des perles pour sa peine.

Elle quitte la coquille humaine. Cette visite a confirmé ce qu’elle pense des humains : ce sont d’étranges créatures qui vont sur l’océan sans savoir comment flotter !

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