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LIEU HAUTEMENT CABALISTIQUE

Date inconnue.

L’endroit dans lequel je ressuscitais de mes turpitudes d’un temps jadis fit jouer sur mon visage l’exactitude des expressions faciales que seul le masque de l’étonnement de l’habile acteur aguerri sait si bien interpréter aux heures des représentations mystiques.

Sanglé aux bras et aux jambes, je me vis alors allongé sur un lit d’une supposée chambre d’hôpital dont l’espace un tant soit peu confiné m’hébergeait sans que j’en sois un invité bien informé.

Le bruit d’un climatiseur vrombissant régularisait la température d’un air frais. Aussi, tant bien qu’amusé que stupéfait, je n’imaginais pas ce que ma présence se trouvait être là. Alors, n’écoutant que ma vilaine curiosité, j’inspectais les lieux d’un regard ahuri, tel un nouveau-né ingénu, vierge d’aucune animosité. Je n’avais d’autre que dans l’espoir celui de n’être pas débarqué dans un monde d’infâme bandit à la verve insultante.

Les rideaux tirés aux fenêtres et les lumières allumées, je compris aisément que dehors il faisait nuit. Et bien que je ne me souvienne guère de ma tenue que je portais autrefois, je puis t’affirmer qu’en cette « notte », j’avais sur moi une tenue d’une couleur blanchâtre, couleur fantomatique pareille aux lumières du néon qui, accroché au plafond, m’éblouissaient de ses rayonnements incandescents.

D’ailleurs, sans que j’en sois le maitre d’œuvre, l’ensemble de la pièce dans laquelle je séjournais, était toute blanche. Le paradis ? Que nenni. L’enfer, plutôt.

Assise sur une chaise posée tout au fond de la pièce, une femme au visage disgracieux sommeillait face à moi. Cette infirmière, roupillant et ronflant, me fit prendre conscience de cette situation saugrenue dont j’étais la mystérieuse vedette. Dès lors, avec un certain aplomb, j’apostrophais d’une voix hurlante cette dame qui ne semblait guère pas plus âgée d’une quarantaine d’années : « Hé ! » braillai-je, d’un ton sec et claquant, giflant vocalement la vilaine. L’interjection eut l’effet voulu, car la pauvre femme assoupie se leva d’un bon, toute surprise de me voir éveillé. De ses yeux ahuris elle me scruta comme si elle n’en revenait pas de me savoir vivant. Dès lors, stupéfaite, comme triomphante sur une étrange affaire, elle s’écria à haute et intelligible voix : « Il s’est réveillé ! Le jeune homme s’est réveillé ! »

C’est alors que dans un empressement bien confus, elle sortit de sa poche un trousseau de clefs qu’elle fit tomber maladroitement sur le sol carrelé. Le cliquetis des dizaines de pièces métalliques qui s’entrechoquèrent entre elles, fit un vacarme de sons aigus à tout rompre, et cela au sein d’une pièce dont l’insonorisation plus que médiocre agressa mes oreilles d’un écho strident.

À genoux, ma chaperonne d’un temps cherchait péniblement la clef de sa délivrance. Dès que l’objet fut retrouvé, elle poussa un « eurêka » de victoire. Alors, prestement, elle se mit debout, tenant dans sa main droite le précieux sésame avec lequel elle ouvrit la serrure d’une porte à l’allure massive.

Elle s’engagea alors dans un couloir.

Bien qu’éloignée, je l’entendis parler à une personne. Ses mots furent alors les suivants : « Docteur Joshua, venez vite, le jeune homme vient tout juste de se réveiller. ».

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