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Le seuil du chalet franchi, j’étais comme sorti de prison. Il était près de neuf heures du soir, la nuit n’allait plus tarder à tomber.

Dehors, il faisait agréablement bon, comme si l’orage avait grondé une injustice malsaine venue d‘ailleurs. Une brise douce, tiède et érotique, dont la pureté caressait mon visage, m’invitait sur l’instant à traverser le jardin pour enfin épouser ma liberté.

Sur l’allée qui me conduisait vers mon évasion, je ne résistais pas à l’envie de fouler l’herbe de ma pelouse encore toute fraîche et humide. Dans l’air flottait comme un savoureux parfum de rose aux accents aphrodisiaques.

L’orage avait lavé la terre de sa crasse, de sa puanteur immonde et cela eut pour incidence de rendre la vue de mon jardin encore mille fois plus séduisante qu’elle ne l’avait été auparavant.

J’accordais à celui-ci une beauté sans pareil, digne d’une merveille d’un temps antédiluvien. Époque sacrée, où tout n’était que splendeur. Où rien n’était laissé à l’abandon. Où DIEU vivait dans le coeur des hommes.

Un jardin auquel je devais, si ce n’est déjà le besoin auguste, rendre hommage dans l’instant de ma contemplation. Mais à qui ? À DIEU ? Qui d’autre que DIEU peut se targuer d’être le créateur de ce jardin, de ce paysage céleste qui dans toute sa magnificence s‘offrait à moi.

Ravi de m’ouvrir à ce monde nouveau, j’observais chaque petit détail de ce paysage merveilleux. Au vrai, et c’est une exclusivité dont je t’informe, ce qui me plaisait le plus dans ce jardin c’était mon bois de sapin, des Abies albas majestueux, qui par leurs spécialités bien communes à ma région, entouraient somptueusement ma demeure.

De ces sapins, il devait y en avoir une centaine, peut-être mille, et à chaque fois je m’extasiais en les voyant. Dès à présent, ils ornaient avec toutes leurs seigneuries, le domaine de « mon » chalet de Haute-Savoie, « le » majestueux et toujours aussi célèbre DEUS EX MACHINA.

Devant mon attention, devant tant de génie botanique, une délicieuse musique me vint aux oreilles, celle-là même des dernières gouttes de pluies qui coulaient à travers les branches de sapin et qui ruisselaient sur les épines pour aller tout en bas s’écraser à même le sol, formant ainsi des flaques d’eau, résultat d‘une belle averse.

À cela, j’y entendais le chant des oiseaux qui, par leur ramage, animaient en moi ma douce rêverie. J’imaginais, avec toute mon humble poésie, que ces vertébrés ovipares à bec corné dialoguaient entre eux, avec piété, aussi bien de la pluie que du beau temps. L’alliance de ces deux mélodies me donna le tempo pour une nuit que j’espérais romancée et enchanteresse.

Et bien qu’à cet instant je ne savais en rien du dénouement fabuleux de la nuit dont j‘allais être l‘heureux protagoniste, j‘avais en moi la force de mille hommes. Rien ne me fit plus plaisir que cette impression de puissance que j’attribuais à l’heureuse effervescence d’aller à la rencontre de ma Jiznée.

Ma rêverie me troubla si abondamment que je ne pris même pas conscience que devant moi se dressaient, déjà, deux immenses grilles où étaient placardée une pancarte « défense d’entrer ». Ces grilles en fer forgé, aboutissement étrange de ma fugue, représentaient l’issue du DEUS EX MACHINA.

Ce domaine avait donc une fin, une échappatoire où j’allais prestement prendre la fuite.

Un soupir au fond de ma gorge, j’étais empli d’exaltation, tout à cet instant me paraissait merveilleux.

Une fois les portes franchies, très vite je les refermais derrière moi et, la tête haute, l’air frondeur, mais néanmoins joyeux je pris un temps abondamment religieux, priant même DIEU de m’aider dans ma quête. Puis, sans fanfaronnerie aucune mais avec toute l’allégresse du moment, je mis un premier pas devant l’autre.

Enfin, j’étais libre.

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