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Après ce léger temps d’observation, Jiznée s’avança à pas de velours dans ma direction. Elle s’arrêta devant moi ; je la dépassais d’une courte tête. Ses yeux n’avaient de cesse de me fixer. Face à elle, je sentais un trouble m’envahir telle une armée de petits soldats à l’assaut de mes émotions toutes plus chamboulées les unes que les autres.

Submergé par tant d’émois, je restais immobile. Je la devinais sauvage comme une chatte brulante prête à me bondir dessus. Sur son visage s’esquissait un air mutin. Malicieuse ? Oui, sans l’ombre d’un doute, avec en plus une ardente envie de me percer à jour.

À quelle sauce allais-je être mangé ? Pourquoi toute cette excitation perceptible à l’intérieur de son être ? Diantre ! Quelle prouesse sensorielle en elle que d’être ainsi sous son charme ? À m’en faire défaillir, ami ! À m’en faire devenir son esclave à jamais !

Aussi, trois secondes passèrent. Trois petites secondes s’écoulèrent avant que l’un de nous deux réagissent. Et c’est elle qui dégaina la première.

Délicatement, elle posa sa main droite à hauteur de mon torse pour la faire glisser sur mon cou. Son autre main, quant à elle, prit repos sur mon épaule droite. Ensuite, elle colla tout doucement son oreille sur ma poitrine afin d’écouter les battements de mon cœur. Elle resta dans cette position, les yeux clos, un temps que je crus infini.

Elle paraissait si calme, si apaisée, comme si les battements de mon cœur lui jouaient une musique enfantine. L’instant était précieux, jamais auparavant dans ma vie je n’avais eu un seul contact avec une fille autre que ma mère. À cet instant, « Belle nuit, ô nuit d’amour » envahissait chaque recoin de « la claire fontaine ».

Puis, elle rouvrit les yeux, et, tout en relevant la tête, elle fit glisser son regard vers le mien me plongeant dans un bain de délices et de merveilles. Comme fasciné, comme tout heureux de cette offrande, j’étais réellement sous son charme. À son regard l‘on pouvait y voir toute l‘ingéniosité d‘une étoile qui brille dans la nuit. C‘était beau, fabuleux et irréel à la fois.

Prenant appui sur moi, elle colla son corps tout contre le mien et se mit sur la pointe des pieds. Sa bouche qui se trouvait, désormais, face à la mienne, avait un léger frétillement. C’est alors qu’elle entrouvrit la bouche. Sa respiration devenait plus haletante. Son souffle chaud enivrait avec délice mes narines qui humaient son désir ardant. Sur ces entrefaites, elle passa sa langue entre ses lèvres afin de les humecter. Puis, advint ce que je convoitais le plus promptement. Dans un moment de pure beauté, dans un élan de pure allégresse, Jiznée posa ses lèvres contre les miennes, toute heureuse de ce contact nouveau et inespéré. Dès lors, les yeux clos, elle devint très entreprenante.

Par ce baiser, elle commença par m’ouvrir la bouche pour y faire pénétrer sa langue. Celle-ci s’anima avec douceur, comme pour m’inviter courtoisement à une danse savoureuse. Il me fallut une demi-seconde avant que ma langue s’agite avec la sienne, le temps de réaliser peut-être, que ceci n‘était en rien un rêve mais bien la réalité. Pendant que sa langue tournoyait avec la mienne, j’osai commander à mes mains de poser délicatement sur sa taille de guêpe pour venir après se placer derrière son dos. Je l’étreignis avec délicatesse d’une légère pression. Puis, par de légers à-coups, je collais mon corps tout contre le sien.

Ami, son corps était fiévreux, bouillonnant, pareil à un volcan en éruption. Cette chaleur exquise et érotique, excita mes mains qui ne demandaient pas mieux de la caresser avec ardeur. De mes doigts fébriles et émotionnés, je parcourais alors tout son corps en ébullition avec cette joie partagée de pouvoir la ravir de mes caresses. Du bas de son dos, ma main remonta jusqu’à sa nuque duveteuse, pour après se plonger dans sa chevelure soyeuse et parfumée d’une fragrance identique à celle d’un bouquet de roses. Avec l’ivresse du moment, très délicatement, ma main glissa sur son visage harmonieux afin d’effleurer sa peau douce et crémeuse. Enfin, je passai ma main sur sa poitrine pour y caresser ses seins dont les tétons bandaient à travers sa robe satinée. Dès lors, à ce contact érotique, sa langue se fit de plus en plus insistante, pour devenir de plus en plus présente. C‘est alors que je l’empoignai fermement à sa taille, frottant ainsi mon sexe turgescent contre le sien. Soudain, elle eut un sursaut. C’est à cette étreinte jouissive et voluptueuse, que je pris conscience qu’il n’y avait pas que moi qui s’émoustillait de cette complicité érotique. Elle aussi partageait avec émotion mon désir ardant.

Pendant que « Belle nuit, ô nuit d’amour » interprétait sa cadence enchanteresse, je ne sus résister à la tentation de nous voir valser ensemble, comme ceux d’autrefois qui dansaient devant la cour d’un roi. Étais-je alors un prince et elle, ma sublime princesse ? « Ô, ma Jiznée, mon joyau inestimable, à tes cotés je vivais un véritable rêve éveillé. »

Pourtant, malgré des circonstances illogiques, je te le martèle, ami, tout cela était bien réel, de son apparition dans ma chambre jusqu’à ce baiser échangé dont je ne voulais voir la fin.

Malheureusement, comme si tout était écrit d’avance, il y eut une fin.

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