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Ami, quel malheur ! Quelle punition de m’avoir retiré ma mère. Qu’allais-je devenir sans elle ? Me trouver un travail et écrire ma vie ? Partir à l’autre bout du monde et fonder une famille ? En aucun cas je me voyais sortir du DEUS EX MACHINA. Pourquoi le ferais-je, au juste ? Personne ne connaissait mon existence à Richevalet. Si mon identité était autrefois présente dans les mémoires des quelques Richevalois, elle était depuis disparue dans l’oubli. Evanouie dans les méandres d’une encyclopédie impossible à trouver. La mémoire leur faisait défaut et moi je ne connaissais personne pour me sauver de cette impasse dans laquelle je me trouvais piégé.

Cependant, je me voyais mal vivre en martyre de la fatalité. Me résoudre au triste sort que me jouait la vie, était le meilleur moyen de sombrer dans la folie. Il me fallait réagir, et vite. C’est alors que je vis sur la table de chevet une lettre à mon attention. Une lettre posthume que ma mère avait écrite au retour de son séjour chez le pasteur Jean-Baptiste Dedzer. Cette lettre, j’aurais mieux fait de ne jamais l’ouvrir. Car elle allait devenir mon bourreau.

Précieusement je la lus avec toute l’application qu’il faille dans ces instants de recueillements. À sa lecture je n‘en crus pas mes yeux. Avec un style des plus désenchantés, ma mère m’expliquait tout un pan de sa vie qu’elle m’avait tu et qui était à l’origine du grand mal qui l’avait poussée à se suicider. À ses mots la stupéfaction m'envahit pour ensuite y laisser place à une clairvoyance des plus édifiante, car là où je crus vivre avec la femme de ma vie, la sienne appartenait à un autre, un éphèbe du nom d’Itane Bel.

Ami, une lettre pareille, soit en certain, je t’en ferais le partage. Je ne peux en rien la garder que pour moi. Dans ce récit, bientôt tu découvriras son contenu. Mais patience. Je me vois dans l’obligation de ne pouvoir t’en dévoiler sa contenance. Si je le faisais, tu ne pourrais en rien comprendre l’histoire de ma vie et fortiori de la tienne aussi. Saches, seulement, qu’après avoir pris note de tout ce que ma mère m’avait écrit, j’étais dans un état des plus lamentable. Je ne pouvais croire ce que j’avais lu.

La lettre était d’une telle teneur que je ne voulais qu’une seule chose désormais : mourir. Disparaître pour toujours de la surface de la terre. Plus rien ne me rattacher à la vie, je voulais éructer ma peine afin d’y laisser poindre une douce folie suicidaire, une douce folie qui allait être les prémices du certaine « vérité », car de l’autre coté du miroir, je n’existais déjà plus.

« Quoi ? Ami, suis-je encore celui qui t’écrit ? »

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