CHAPITRE 10 : « Quelque part » « Maître Lee Wong »

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CHAPITRE 10 : « Quelque part » « Maître Lee Wong »

La troupe marchande se retrouve maintenant très proche du village isolé, le plus âgé des trois hommes à cheval lève alors la main gauche, signal signifiant l’arrêt de la caravane.

L’homme descend de sa monture avec la difficulté occasionnée par son âge et sa petite taille. Originaire du plus lointain des cinq royaumes, il en porte les marques avec ses yeux en amande et son teint qui ne laisse aucun doute sur son origine du royaume de Baeck.

Un mètre soixante et un pour soixante-dix kilos et ses cheveux en natte lui tombant sur les reins, soixante-deux ans et toujours par monts et par vaux, accompagnant régulièrement l’une ou l’autre de ses caravanes marchandes et cela principalement quasiment à chaque fois qu’une nouvelle destination est programmée, ce qui est le cas puisque les colporteurs liés à son groupe marchand n’ont découvert ce village perdu dans les montagnes que depuis peu.

Le second personnage qui l’accompagne est l’un de ses plus fidèles régisseurs et aussi le chef de cette caravane parcourant les cinq royaumes, âgé de cinquante-huit ans, sa taille d’un mètre soixante-dix sans être exceptionnelle n’en est pas moins de quelques centimètres au-dessus du standard pour un notable.

Messire Frank descend à son tour de sa monture pour s’incliner devant celui qui est son maître tout autant que son ami de longue date.

- Pourquoi s’arrêter alors que nous y sommes presque ?

Lee Wong fait un geste au troisième homme qui était resté en selle, ce dernier s’incline en attendant de recevoir ses instructions.

C’est un homme beaucoup plus jeune d’environ trente-deux ans, de grande taille et à la musculature démontrant bien le travail de nombreuses heures d’entraînements, épéiste hors pair mais aussi maître en arts martiaux, il est le chef de la garde noire de maître Wong et il suit avec lui la caravane de messire Frank en prenant la responsabilité de sa sécurité.

- Prends quelques hommes et vérifie qu’aucun piège ne nous soit tendu.
- Bien maître !!

Un claquement de langue accompagné d’un léger coup d’étrier sur sa monture et le voilà faisant volte-face pour obéir aux ordres de son maître.
Ce n’est qu’une fois hors de portée de voix que le régisseur pose la question qui lui brûle les lèvres.

- Pourquoi de telles instructions à sire Timan ? Ce village où nous nous rendons n’a jamais eu une réputation de malfaisance ?
- Hum !! Cela ne coûte rien de prendre certaines précautions, les voleurs sont hélas bien souvent là où on ne s’y attend pas et ce n’est pas à mon âge que je vais risquer ma vie sur une simple négligence. De plus sire Timan bouillait d’impatience à se rendre utile depuis que nous avons atteint les montagnes.
- Cet homme nous est envié même des rois, c’est une vraie chance de l’avoir à notre service.

Maître Wong a alors un léger sourire moqueur qui n’échappe pas à son ami.

- Je sais bien ce que tu vas me dire, que tu avais raison d’avoir investi cet argent pour un gamin en haillon qui sinon serait sûrement devenu un esclave à force de traîner les ruelles les plus sordides de la capitale à mendier sa pitance.

Maître Wong se tourne pour observer le dos fier et altier de sire Timan, pourtant un bref soupir montre une certaine déception à ce qu’il aurait voulu qu’il devienne.

- Pffttt !!
- Tu regrettes toujours qu’il ait préféré les armes à la gestion des affaires.
- Je me fais vieux et j’avais tellement d’espérances en le sortant de la fange, malheureusement son esprit n’est pas aussi brillant que son corps ou tout du moins ne veut-il pas s’en servir comme je l’espérais.
- Il te faudrait retrouver un autre déshérité qui cette fois te ferait honneur.
- Comme si cela se trouvait sous les sabots d’un cheval, Timan même s’il était trop jeune pour se souvenir de ses parents est pourtant incontestablement de souche noble, son aspect physique ne trompe pas et d’ailleurs je me suis toujours demandé quelle famille a bien pu abandonner un si jeune enfant.
- Rien ne dit qu’il l’a été !!
- Tu es toujours pour cette version que sa famille aurait été tuée pour une quelconque vengeance ?
- Pourquoi ne serait-elle pas tout aussi valable que la tienne ? De toute façon nous n’aurons jamais de réponses et grand bien nous fasse qu’il soit devenu ce qu’il est grâce à ta clémence.
- C’est pour cette raison qu’il me sera difficile de trouver quelqu’un à mettre en charge du groupe Wong, un très jeune garçon ne ferait plus l’affaire du seul fait qu’il nous prendrait trop de temps à l’instruire de toutes les ficelles du métier et de plus mon âge ne l’autoriserait pas.
- Alors embauche quelqu’un qui sera directement apte à te succéder, les fils de marchands ne manquent pas que je sache ?
- Cette discussion tourne en boucle depuis déjà bien trop longtemps, tu sais très bien ce qu’il arriverait si je faisais comme tu dis. Le groupe Wong disparaîtrait le lendemain de ma mort pour venir grossir les affaires de sa famille.

Messire Frank soupire à son tour, ne connaissant que trop bien le problème de succession pour en avoir discuté maintes et maintes fois avec son maître et ami, eux deux ne s’étant jamais mariés pour des raisons personnelles et donc n‘ayant pas eu de descendances, ils avaient tout misé sur le jeune Timan mais avaient vite compris ses limites.

Les deux amis remontent en selle, l’ordre est alors donné de repartir au reste de la caravane et ce n’est que quelques kilomètres plus tard que réapparaît sire Timan et ses hommes.

Alors que ces derniers reprennent leur place dans la caravane, Timan rejoint celui qu’il considère comme son père adoptif et ce même s’il ne l’a jamais appelé de la sorte devant quiconque.

- Le village est calme, la place du marché semble manquer du genre de produits que nous transportons.
- Voilà une bonne nouvelle, comme quoi nos indicateurs méritent la somme d’argent que je leur ai promise.
- Pourtant si le village semble tranquille, nous sommes néanmoins suivis.

Maître Wong se tourne vers messire Frank en marquant la surprise, revenant ensuite sur sire Timan.

- Des bandits ??
- Je ne le pense pas mais je peux aller vérifier ce qu’il en est.
- Combien sont-ils ?
- Trois jeunes hommes, deux en dessous de la vingtaine et un avec quelques années de plus mais bien plus jeune que moi.

Les traits souriants de sire Timan interpellent suffisamment son maître pour qu’il lui en fasse la remarque.

- Qu'y a-t-il mon garçon ? C’est la première fois que je te vois un tel visage lors d’une mission où le péril existe !!
- C’est que… maître, ils ne semblent pas réellement dangereux et je pense même qu’ils se trouvent perdus, c’est du moins l’effet que ça m’a fait en les apercevant. J’avais déjà remarqué leur présence quand nous sommes passés non loin d’eux alors qu’ils se croyaient sûrement invisibles, quelque chose pourtant m’a poussé à ne pas montrer que je les avais découvert.

Maître Wong devient subitement plus attentif aux paroles de sire Timan, sa verve inhabituelle lui laissant à penser que ces trois individus ne l’ont pas laissé indifférent.

- As-tu pu voir comment ils sont vêtus ?
- On aurait dit un chaman accompagné de deux prêtresses acolytes, les tenues de ces dernières quoique incontestablement féminines, j’ai la certitude pourtant que ce sont des hommes déguisés.
- Pourquoi se déguiseraient-ils en femme ? C’est plutôt curieux, que peux-tu dire d’autre ?
- Ce ne sont certainement pas des roturiers ou des esclaves, deux sont grands et portent forte prestance qui ne sied pas à des gens de basse naissance, le troisième, celui en habit de chaman vient sans conteste du royaume de Baeck tout comme vous, la forme de ses yeux et le teint de sa peau ne sauraient mentir.

Maître Wong voit bien qu’il y a encore quelque chose rien qu’à voir l’embarras qui semble soudainement prendre le chef des gardes.

- Tu peux tout me dire, même si ce n’est qu’une impression qui se révélera fausse par la suite, elle aide à y voir plus clair et qui sait nous être utile.
- Rien de tout cela maître… juste que ces trois garçons sont…
- Oui ? Quoi donc ? Vas-tu parler à la fin !!
- Ils sont très beaux !!
- Hum !! La beauté est subjective à celui qui la remarque, cela ne veut pas dire grand-chose.
- Pourtant maître, je vous assure qu’ils le sont et de loin… très loin même !!

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