chapitre 26

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Il préfère un costume sombre, il n’a pas peur du ridicule, même s’il ressemble à un ninja. Il trouve une grande cagoule, un jean sombre, des rangers et un pull noir avec une flamme dessiné devant. Il réfléchit, se demandant s’il va conserver ce vêtement pour son costume avant de sourire. La flamme sera son symbole, sa carte de visite, exactement comme l’araignée que porte Spiderman sur le devant de son costume. D’ici peu, on ne parlera que de lui dans la rue et les voyous auront peur de ce que la flamme représente.

Il enfile le tout et trouve même une paire de gants. Il ressemble à un braqueur de banque au rabais en raison de la cagoule, mais il n’a pas le temps d’aller faire des courses pour améliorer son style vestimentaire. Il fait deux trous dans la cagoule pour ses yeux et un autre au niveau de la bouche pour respirer. Aucune autre partie de son corps n’est visible sous son costume, ce qui lui permettra de ne pas être reconnu.

Il se regarde dans la glace et serre les poings avant de faire une position menaçante, se penchant avec les deux poings tendus, prêt à les abattre sur le premier malfrat.

- Faites place à Fireman s’exclame Shawn, avant de se gratter la tête, trouvant que son nom de super héros manque de piquant.

Il hausse les sourcils, il en trouvera bien un autre. Mais pour le moment ce n’est pas sa priorité. Il doit secourir les gens, en mettant en avant ses pouvoirs, sans trahir sa véritable identité. Il retire son nouveau costume et enfile à nouveaux ses habits de la journée avant de sortir et de se diriger d’un pas rapide vers les téléphones de la résidence. Il prend celui le plus à l’écart et s’assure que personne ne puisse l’entendre. Il compose en un éclair le numéro de Cheyenne qu’il commence à connaitre par cœur. Cette dernière répond à la deuxième sonnerie.

- Cheyenne, c’est moi, j’ai besoin de ton aide, mais je n’ai pas le temps de passer par chez toi.

- Tu as l’air surexcité, je t’écoute.

- Tu m’as toujours dis que je devais faire des choix, que je devais trouver ma voie. Je crois que ça y’est. Je dois aider les gens. Mettre mes dons au service des autres. Je serai un super héros. Je suis sur l’affaire des enlèvements des jeunes filles, je suis sûr qu’une de mes amies fait partie des victimes. J’ai besoin que tu me donnes un indice.

- Je ne suis pas un médium, Shawn. Je ne suis pas non plus extralucide. Je ne vois pas tout.

- Je le sais très bien. J’ai juste besoin d’une adresse. Je suis sûr que tu peux m’aider.

Shawn entend la jeune indienne poussait un soupir et un long silence se fait sentir. Shawn n’ose pas le rompre, sachant que son amie en a besoin pour se concentrer. Il attend patiemment qu’elle lui parle à nouveau, en espérant qu’elle va effectivement pouvoir lui transmettre une piste à suivre. Le jeune étudiant sait qu’il lui en demande beaucoup, mais il n’a personne d’autre vers qui se tourner.

Au bout d’un moment, la voix de Cheyenne retentit à nouveau, d’une voix haletante. Cela lui a coûté de l’énergie de faire appel à ses dons.

- Je ne suis pas sûre mais tu devrais te rendre au bar « El Angel ». J’ai une sensation étrange et tu as un rôle à jouer las bas.

- Je te payerai un verre pour te remercier.

- Reviens en vie, ce sera déjà pas mal !

- Ne te fais pas de soucis pour moi répond Shawn, tentant de se montrer le plus confiant possible.

- Pourquoi tu ne préviens pas Max et Hayden ? Ils pourraient t’aider.

- Ils n’ont rien à voir là dedans, je peux m’en charger seul.

- Ok, je n’insiste pas, je te souhaite bonne chasse et surtout sois prudent.

- Je te contacte très bientôt et merci encore dit Shawn avant de raccrocher.

A l’autre bout du combiné, Cheyenne raccroche à son tour, tout en fronçant les sourcils. Elle est inquiète, elle a peur de la croisade dans laquelle Shawn se lance. Elle sait qu’il est tout à fait capable de prendre soin de lui. Mais elle a peur que son coté obscur finisse par l’avaler et le consume de l’intérieur. Il a envie de jouer aux super héros et il est tellement sûr de bien faire, qu’il pourrait vite basculer. La colère pourrait prendre le pas sur la déprime et le détruire. Cheyenne ne veut pas que cela se produise, elle fera tout ce qui en son possible, même si cela signifie de l’aider contre sa volonté.

- Désolé, Shawn, tu vas m’en vouloir mais je n’ai pas le choix ! s’exclame Cheyenne en décrochant le combiné, avant de composer un numéro rapidement.

Dans les environs de 21 heures, Shawn se dirige vers l’entrée du bar « El Angel », il porte un sac à dos où se trouve son costume. Il entend son cœur battre fort dans sa poitrine, mais il n’a pas peur, il est plutôt excité et prêt à en découdre. Il ne sait pas si cela provient de lui ou de son pouvoir, mais il a soif de sang. Le jeune étudiant se sent fin prêt, il espère juste que Cheyenne ne s’est pas trompé. Il a encore un peu du mal à avoir totalement confiance aux pouvoirs surnaturels de son amie. Mais quand on dispose de pouvoirs soi-même, on finit par avoir une ouverture d’esprit plus grande.

Il observe les alentours, le coin est assez malfamé. Plusieurs petites ruelles obscures sont visibles prés du bâtiment. Ce n’est pas le genre d’endroit où il aurait envie de se promener. Le coin ressemble à un vrai coupe gorge. Il ne serait pas étonné de voir des drogués ou des sdfs avachis dans les coins des rues. Pourtant, ce soir la rue est déserte, le silence est rompu par de la musique hard rock qui est diffusée à l’intérieur du bar.

Le jeune français préférait être ailleurs mais prenant son courage à deux mains, il ouvre la porte et entre à l’intérieur du bar. Il traverse un long corridor éclairé par des ampoules de couleur rouge, donnant un coté très « fashion ». Un motard est collé contre le mur droit, enlacé contre une jeune fille au style punk.

Shawn traverse le couloir sans un regard dans leur direction, avant d’entrer dans une grande salle sombre, le bar est sur le coté gauche. Le barman sert une pinte de bière blonde à un client.

Au total, une vingtaine de personnes sont présents dans la salle. Certains jouent au billard ou à un jeu de fléchettes, mettant un peu plus d’animation, dans ce lieu qui est déjà assez bruyant de base.

Shawn se contente de jeter un regard circulaire, faisant semblant de rechercher un ami. Mais en fait, il sonde le lieu en espérant qu’il aurait un pressentiment en regardant quelqu’un. Malheureusement ce n’est pas le cas mais il n’est pas du genre à se décourager pour si peu.

Il décide de s’asseoir dans un coin du comptoir, afin d’avoir une vue globale sur l’ensemble de la salle. Shawn commande une bière, il sent tout à coup un regard lourd posé sur lui. Il se tourne vers sa gauche et voit un homme, qui ne ressemble pas aux autres clients du bar. Ce dernier l’observe droit dans les yeux sans scillés. Shawn le salue d’un hochement de la tête, espérant que cela suffira pour s’en débarrasser.

L’homme qui n’est autre que Peterson, ne se doute pas un seul instant qu’il est tout prés d’un des jeunes que son agence recherche désespérément. L’agent lui rend son salut poliment avant de porter son regard ailleurs.

Shawn sirote lentement sa bière, prenant tout son temps. Il espère ne pas avoir à rester de nombreuses heures à attendre et à faire semblant de se saouler. Ce n’est pas ce qui est prévue au programme. Il tapote avec ses doigts nerveusement sur le bar, avant de souffler un bon coup, tentant de se reprendre en main. Il sourit en se rendant compte à quel point la patience n’est pas une de ses qualités. Il aimerait savoir tout de suite qui est celui qu’il recherche, afin de foncer dans le tas et de passer ses nerfs sur cet individu. Mais tant qu’il n’a pas identifié le « méchant », il va devoir prendre son mal en patience.

De son coté, Peterson observe chaque client et compare leur visage avec l’ensemble des fiches que lui a transmis Thompson. Le nouvel arrivant assis à coté de lui n’y figure sur aucune. Le jeune informaticien s’était proposé pour le seconder dans cette mission, mais l’agent a refusé. Il préfère travailler seul car une fois qu’il aura mis la main sur l’agresseur, il sait que cela va mal tourner. Il préfère qu’il n’y ait pas de témoins.

A quelques mètres d’eux, à une table occupée par quatre personnes, un homme éméché essaye de se lever précipitamment. Il réussit in-extremis à ne pas s’écrouler sur le sol, en faisant des moulinets avec les bras, d’une manière peu assurée. Il s’en prend verbalement aux autres hommes assis à sa table, n’appréciant pas leurs sourires condescendants.

- Moquez vous ! Moquez vous ! Mais vous verrez bientôt, j’aurai un grand pouvoir. Ces filles vont me l’apporter et je reviendrai vous prouver que j’ai raison. Vous ferez dans votre froc, tellement vous allez avoir peur de moi. Vous verrez !

Les hommes se contentent de secouer négativement la tête et de sourire, pensant avoir affaire aux délires d’un ivrogne de plus.

Shawn ne lui jette qu’un rapide regard, mais son intuition lui fait sentir qu’il ne se trompe pas. C’est comme si un courant électrique traversait toute l’échine de son dos et remontait jusqu'à son cerveau. Il sait qu’il s’agit de l’individu qu’il recherche. Shawn a décidé de faire confiance à son pouvoir, même s’il ne le maîtrise pas complètement. Tout en sachant que son pouvoir pourrait prendre le contrôle dans le but de faire un carnage. C’est un risque qu’il doit courir, mais il se promet de faire attention. Il ne finit pas sa bière et se faufile discrètement vers la sortie alors que tout le monde a les yeux braqués sur l’ivrogne qui fait son numéro.

Le barman crie d’une manière peu polie à l’attention de l’ivrogne de sortir du bar avant qu’il ne s’énerve. L’homme s’exécute après avoir proféré des insultes à l’ensemble des clients du bar. Les hommes se moquent de lui, se demandant combien de verres il a pu boire pour se retrouver dans cet état.

Quelques instants après que l’ivrogne se soit dirigé vers la sortie, Peterson s’y dirige à son tour. Il n’est pas sûr qu’il s’agisse de la personne qu’il recherche, mais ce dernier figurait sur la liste des suspects de Thompson. Et il ressemble en tout point à la description donnée par son indic.

Lorsque l’agent se retrouve dehors, une pluie fine et silencieuse l’accueille. Il arrange le col de son manteau, sentant une brise glaciale lui fouettait le visage. Peterson regarde à droite et à gauche, à la recherche de son suspect. Il ne le voit nulle part, l’agent fronce les sourcils, n’aimant pas ça. Lorsqu’il l’a vu dans le bar, ce dernier arrivait à peine à marcher, il ne devrait donc pas être loin. Soudain, il entend du bruit et du fracas, venant d’une petite ruelle à quelques mètres de lui sur la droite. Peterson dégaine son arme tout en enlevant la sécurité d’un mouvement du pouce. Il se dirige d’un pas déterminé mais prudent. Il sait que mort, il ne pourra rien faire pour aider sa fille. Ce n’est pas le moment de jouer les têtes brûlées. Mais il a besoin de réponse et est prêt à prendre tous les risques pour les obtenir.

Il marche à peine quelques mètres dans la ruelle en question avant de découvrir un spectacle inattendu près des bennes à ordures qui appartiennent au bar « El Angel ». Il voit son suspect, étendu contre un mur, avec plusieurs ecchymoses sur le visage. A ses côtés, un individu tout vêtu de noir, qui semble menaçant. Le mystérieux agresseur n’est autre que Shawn qui a enfilé sa tenue avant de s’en prendre à son suspect.

Shawn remarque la présence de Peterson et fait volte-face dans sa direction, surpris ne l’ayant pas entendu approcher. Peterson le met immédiatement en joue avec son revolver. Les deux hommes ne sont séparés que de quelques mètres. Ils pourraient presque se toucher sans faire un pas vers l’autre. Ils se regardent droit dans les yeux, en silence, évaluant l’autre du regard. Ils ressemblent à deux cowboys qui attendent le moment de se tirer dessus lors d’un duel.

- On peut savoir qui tu es ? demande Peterson, rompant le silence.

- Vous, vous attendez vraiment à ce qu’un homme qui a pris la peine de porter un masque, vous réponde ? demande Shawn, en essayant de modifier sa voix, en la rendant plus rauque et plus dure.

- Apparemment, on avait quelques questions à poser à la même personne dit Peterson, en désignant d’un mouvement de la tête l’agressé.

- Apparemment !

- Qu’est-ce que vous recherchez ?

- Une amie.

Peterson se détend quelque peu, comprenant qu’il n’a pas affaire à un malade. Mais ses années d’expérience le maintiennent toujours sur le qui-vive, prêt à faire feu à la moindre menace. L’agent utilise un ton conciliant pour faire comprendre au mystérieux individu qu’il n’a rien à craindre de sa part. Qu’il n’est pas son ennemi.

- Je pense que nous sommes sur la même enquête. Que vous a t’il dit ?

- Si vous êtes aussi efficace que moi, il vous dira tout. C’est un vrai moulin à parole, une fois qu’on arrive à le…. Persuader répond Shawn, cherchant le mot exact.

- Pourquoi ne pas travailler ensemble ! Vous avez l’air efficace et moi je suis flic. A nous deux, nous avons plus de chance.

Shawn secoue négativement la tête, il n’a aucune envie d’avoir quelqu’un dans son dos. Surtout quelqu’un dont il devra se méfier, ne connaissant rien de lui. Il a bien l’intention d’utiliser son pouvoir et il ne veut pas qu’une autre personne que ses agresseurs puissent être témoin de ses démonstrations.

- Je travaille seul !

Peterson allait rétorquer quelque chose dans le but de le convaincre. Mais Shawn fait quelques pas en arrière et se laisse engouffrer dans un coin sombre sans quitter des yeux l’agent du C.A.S. Ce dernier reste immobile, jusqu'à ce qu’il ne puisse plus voir le mystérieux individu masqué. Il avance dans sa direction et remarque sans être vraiment surpris que ce dernier ait disparu. Cela ne l’étonne pas outre mesure.

Il secoue la tête, étonné d’avoir rencontré quelqu’un de si particulier. Il pensait que ce genre de personnage n’existait que dans les films ou dans les comics. Cela pourrait être ridicule mais l’individu n’avait pas l’air de vouloir plaisanter et prenait son rôle de vengeur nocturne très au sérieux.

Peterson décide de réfléchir à tout cela plus tard. Le plus important pour le moment, c’est de faire parler l’homme saoul à moitié inconscient qui se trouve à ses pieds.

- Nous allons avoir une petite conversation tous les deux dit Peterson à l’individu qui essaye de se relever, sonné par les coups qu’il vient de recevoir.

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