chapitre 23

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Moins d’une heure plus tard. Tout en marchant dans la rue, Shawn pense à Cheyenne. Il se rend compte que pour lui, elle reste un mystère complet. La jeune fille connaît tout de sa vie alors qu’il ne sait absolument rien sur elle. Shawn est convaincu qu’elle en sait plus qu’elle ne le dit. Il se demande si c’est pour cette raison qu’elle l’a laissé s’en aller sans rien dire lorsqu’il a voulu quitter la ville. Elle savait sans doute que finalement il resterait à Chicago. Il n’aime pas du tout éprouver un tel sentiment. Il a l’impression d’être une marionnette. Que quoi qu’il décide, tout est déjà joué d’avance, qu’il n’a pas de libre arbitre. Et cela lui fait froid dans le dos.

L’étudiant doit absolument aller la voir, même s’il ne s’explique pas pourquoi. Il ne lui fait pas confiance pour autant. Mais il a besoin de parler de ses problèmes, de ses doutes à quelqu’un. Cheyenne est la seule personne qui l’écoutera et qui pourra le comprendre. Il n’ose pas reprendre contact avec Hayden et Max, de peur qu’ils l’envoient promener. Il ne pourrait pas leur en vouloir, n’ayant pas agi de la plus belle des façons lors de leur dernière rencontre.

Mais il est trop tard pour regretter quoi que ce soit. Ce qui est fait est fait et Shawn ne peut pas revenir en arrière, alors autant aller de l’avant. Plus il approche de la maison en question, plus son cœur bat fort dans sa poitrine. Comme lorsqu’il était plus jeune et qu’il allait dévoiler ses sentiments à une fille. Il respire un bon coup avant de lever le bras pour frapper à la porte, mais il n’en a pas le temps. La porte s’ouvre en grand et Cheyenne l’accueille un large sourire aux lèvres. Shawn, étonné, ne peut s’empêcher d’ouvrir grand les yeux.

- Je savais que tu serais devant la porte, j’adore voir ton visage surpris !

- Tu aimes t’amuser avec moi. Et le pire, c’est que ça fonctionne à chaque fois lui répond Shawn, en faisant la moue.

- J’ai moi aussi quelques pouvoirs. J’ai bien le droit de m’amuser un peu ! s’exclame t’elle, en l’invitant à rentrer.

Shawn accepte l’offre et pénètre dans la maison de la jeune femme. Son attention se porte sur une photo de famille en noir et blanc, posée au-dessus de la cheminée. Le jeune homme se rapproche afin de mieux la découvrir. On y voit un couple, dans la quarantaine, debout, devant l’entrée d’une forêt. Entre les deux personnes se trouve une petite fille avec un large sourire espiègle sur les lèvres. Même aujourd’hui, Cheyenne a toujours la même joie de vivre, elle n’a pas perdu ses désillusions d’enfance. Si Shawn comparait une photo de son enfance a une d’aujourd’hui, il sait d’avance que le résultat ne serait pas le même. Il a vieilli durant ces dernières semaines avec tout ce qu’il lui est arrivé et n’a plus beaucoup d’illusion sur la vie et le reste. Même s’il ne sait rien des épreuves qu’elle a pu traverser, il est presque envieux. Shawn aurait voulu lui aussi garder son innocence et sa joie de vivre.

- Mes parents préfèrent les photos en noir et blanc, j’avais deux ans sur la photo.

- Tu avais déjà ce… don en toi dit Shawn, cherchant le mot exact.

- Oui, mais il était latent, je n’ai commencé à l’appréhender qu’a l’âge de 13 ans. Ça a été un grand choc. Comme pour toi, j’imagine.

Shawn se contente d’hocher la tête, trop perdu dans ses souvenirs pour aborder le sujet. Il a l’impression que c’était hier. L’étudiant se revoit emprisonner dans une camisole de force, enfermé dans un asile, en train de hurler. Pendant qu’on lui piquait le bras avec toutes sortes de sédatifs. Personne ne l’a jamais aidé ou soutenu, il se sentait seul au monde et c’est une expérience déstabilisante qu’il ne veut plus jamais revivre. Il préférait mourir plutôt que de se retrouver enfermé à nouveau et analysé comme un rat de laboratoire. Il secoue la tête, essayant d’enfouir au fond de lui tous ses mauvais souvenirs.

L’étudiant se tourne vers la propriétaire des lieux et remarque qu’elle le regarde avec sur les lèvres, un sourire empli de chaleur. Comme si elle savait ce qu’il était en train de revivre et qu’elle voulait lui apporter du réconfort.

- Tu es encore dans un état de négation. Et pas besoin d’avoir un don de voyance, je l’ai bien senti lorsque tu as utilisé le mot don pour parler de mes pouvoirs. Tu vois encore les tiens comme une malédiction. Tu auras du mal à avancer si tu ne t’acceptes pas.

- C’est facile à dire ! J’ai tué quelqu’un et cette fois j’étais totalement conscient. J’ai vu son regard avant qu’il ne meure. Cette vision ne s’efface pas de ma tête. En plus, comme si je n’avais pas assez de soucis, des agents du gouvernement sont après moi et mes demi-frères qui ont les mêmes pouvoirs, veulent également ma peau. Je crois que je n’ai rien oublié ! Tu comprendras que je suis un peu sur les nerfs en ce moment dit il, avant de soupirer et de s’affaisser dans un des canapés qui compose le salon.

Cheyenne hoche la tête, comprenant très bien que la vie du jeune noir soit loin d’être simple. Elle se place derrière le fauteuil et commence à malaxer le cuir chevelu de Shawn. Au départ, il se sent mal à l’aise, les épaules crispées. Il n’a pas l’habitude d’être dorloté de cette façon, avant de finir par se laisser faire et de fermer les yeux.

Shawn se sent tout de suite mieux, une onde de chaleur et de bien-être parcourt tout son être. Il a l’impression que son esprit quitte son corps et qu’il est en paix avec lui-même. Ce n’est pas tous les jours qu’il ressent une telle évasion. Il s’imagine sur une plage paradisiaque, à l’abri de tout danger. Mais ce rêve ne dure que très peu de temps, Cheyenne finit par reprendre la parole, le ramenant à la réalité.

- Je ne peux rien faire malheureusement. Le combat que tu mènes, tu dois le livrer jusqu’au bout ! Mais je te promets que je t’apprendrais tout ce que je sais et je t’aiderai du mieux que je peux. Tu n’es pas seul. Ne l’oublie jamais !

Cheyenne arrête son massage après quelques minutes et s’assoit en face de lui. Celui ci rouvre les yeux lentement, comme s’il sortait d’un long sommeil. Au fond de lui, il se sent bien, ses batteries sont à nouveau chargées.

- Tu aurais continué encore 5mm et je m’endormais lui dit Shawn, avec un sourire au coin.

- C’est un massage indien qui est souvent utilisé pour revigorer les hommes avant les accouplements.

- C’est bon à savoir, mais dis moi, tu n’as pas l’intention de……

Cheyenne éclate de rire en secouant la tête. Elle est amusée de voir son nouvel ami être aussi facilement mal à l’aise.

- Non, nous n’allons pas coucher ensemble. Pourquoi tu en as envie ?

- Euh, c’est à dire que…

- Rassure-toi, je te taquine.

- Tu aimes vraiment me torturer l’esprit, c’est sympa ! Je me vengerai dit il avec un petit sourire complice.

- Tu veux rester manger ici ? J’ai préparé un plat typique de chez moi.

- Cela aurait été avec plaisir mais je ne peux pas.

- Dis-moi quand est ce que tu comptes aller les voir ?

- De qui tu parles ? demande Shawn, connaissant déjà la réponse.

Cheyenne se contente de le regarder dans les yeux et de faire la moue au coin des lèvres. En voyant ce regard, Shawn abdique et finit par confier le fond de sa pensée.

- Je n’arrête pas d’y penser. Mais je ne sais pas comment m’y prendre. J’ai été si nul avec eux. Et puis on ne sait jamais, ils ont peut-être envie de me tuer aussi comme les deux autres. Je suis peut-être de nature parano, mais je préfère prévenir que guérir.

- Ils ne te feront jamais de mal, tu peux me faire confiance sur ce point. Même si je sais qu’au fond de toi, tu te méfies aussi de moi. C’est tout à fait normal, on ne peut pas obtenir la confiance d’une personne en un claquement de doigt. Mais une chose est sûre, tu dois aller les voir et leur donner une chance. Vous deviendrez de très bons amis et soit assuré que tu pourras compter sur eux. Ne laisse pas cette barrière tout gâcher. Si tu t’allies à eux, tu ne mèneras plus un combat en solitaire. Personne ne peut mieux te comprendre qu’eux.

- Je sais ! Je le sens au fond de moi ! Je me fie toujours à mon instinct. Mais dis-moi, sait tu comment tout va se terminer ? demande Shawn, dont la question lui brûlait les lèvres depuis un moment.

- Qui l’emportera… Le bien ou le mal, je n’en sais rien. Tout est encore trop obscur. La fin de l’histoire dépendra de vos choix à tout les 5. Même moi, je ne peux pas le prédire. Mais qui sait, un happy end est toujours possible.

- On verra bien ! s’exclame Shawn, en haussant les épaules, nullement convaincu.

Lendemain matin, siège du CAS. L’agent Peterson arrive dans les locaux du bâtiment avec beaucoup de retard, alors qu’il devait remettre à son supérieur, un compte rendu à la première heure. Il marche d’une démarche peu assurée vers le bureau de Cross, sans saluer aucun de ses collègues. Le directeur de l’agence est assis devant son ordinateur et tapote nerveusement sur le clavier. Il fronce les sourcils en voyant son bras droit faire son entrée. Peterson a l’air épuisé aussi bien physiquement que moralement. Des cernes sont visibles sous ses paupières et le teint de son visage est livide. Sa veste est chiffonnée par endroit et il ne porte pas de cravate. Cross jurerait qu’il s’agit des mêmes vêtements que Peterson portait la veille.

- On peut savoir ce qui nous vaut votre visite Monsieur Peterson ? Vous n’êtes pas ici dans un moulin. Et je suppose qu’il est inutile de vous rappelez que vous deviez me remettre un dossier ce matin.

- Je vous prie de m’excuser, je sais que c’est impardonnable. J’ai quelques soucis d’ordre personnel.

Le directeur s’arrête dans ces tâches et relève son visage inquisiteur. Peterson soutient le regard, non sans difficulté. Mais, à l’heure actuelle, sa peur de Cross n’est pas son plus gros problème.

- Si vous avez des soucis, notre agence a des soucis et j’ai des soucis. Vous savez très bien que je déteste les problèmes.

- C’est à dire que… commence Peterson en déglutinant avec peine, n’osant pas aborder ses tracas avec son supérieur.

- Mais encore l’interrompt cross, sur un ton impatient, n’étant pas désireux de lâcher le morceau aussi facilement.

- Ma fille a disparu. Je l’ai recherché toute la nuit, sans succès dit Peterson, en baissant les épaules, abattu.

- Les enfants posent toujours des problèmes à leurs parents. C’est bien connu. Les fugues sont fréquentes. Vous ne devriez pas vous en faire.

- Ce n’est pas le genre de ma fille dit Peterson, en secouant la tête, sur un ton mordant.

- Vraiment et que comptez vous faire ?

- Je voudrai poser quelques jours de congé afin d’enquêter sur l’affaire des ravisseurs d’enfants. Cela fait la une des journaux depuis une quinzaine de jours. Je suis sûr que c’est lié. Je dois la retrouver !

- La police traite le dossier. Que voulez-vous faire de plus ? demande Cross, sur un ton nonchalant.

- La police ne dispose pas des ressources que nous avons. Je ne vous demande qu’une chose, laissez-moi enquêter.

Cross pousse un long soupir avant de se lever de son fauteuil. Il fait le tour du bureau, avant de déposer une main réconfortante sur l’épaule de son collègue. Peterson reste sans voix, n’ayant jamais vu son supérieur agir de cette manière. Il s’attend presque à ce qu’il s’agisse d’une feinte et que ce dernier en profite pour le frapper. Le visage de Cross semble montrer une certaine compréhension de la situation. Il s’assoit sur le bout de son bureau et après un silence de quelques secondes, prend la parole :

- Je ne crois pas avoir le choix. Si je vous veux efficace, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, il faut que vous retrouviez votre fille.

- Je vous remercie, Monsieur dit Peterson, étonné que son supérieur accepte si facilement sa demande.

Il ne s’attendait pas à ce que Cross se montre si prévenant, il l’a toujours vu comme un despote, un calculateur, prêt à tout pour prendre le dessus. Le bras droit avait préparé une plaidoirie pour défendre sa cause, il n’en revient pas qu’il n’en ait pas eu besoin. Peterson se demande s’il ne l’a pas mal jugé finalement. Son supérieur n’est peut-être pas le salaud qu’il pense.

- Mais soyons clair, vous ne devez en aucun cas, révéler notre activité au grand jour. Vous allez devoir travailler dans l’ombre. Sinon je serai obligé de me passer de vos services et vous savez ce que cela veut dire dit Cross sur un ton sec.

Peterson acquiesce, il comprend très bien ce que cela sous-entend. Il n’a pas besoin qu’on lui fasse un dessin. S’il venait à être découvert, Cross ordonnerait qu’on le tue avant qu’il ne puisse être une menace pour l’agence. Il sait que ce dernier n’aurait aucun scrupule à transmettre cet ordre. Pour lui, prendre cette décision aurait le même impact que s’il commandait un café. Cross ne doit jamais être sous-estimé. Il peut être prévenant et la seconde d’après, vous découpez en morceau, sans avoir aucun problème de conscience. Peterson se promet de ne jamais faire cette erreur.

Le bras droit remercie son supérieur avant de prendre congé. Il se dirige vers son bureau afin de regrouper le plus d’informations possible sur cette affaire.

Université de Chicago. Shawn se dirige vers le bureau du professeur Matthews. Il a dans ses mains le devoir qu’il devait lui rendre depuis plus d’une semaine. Au moment des faits, suivre assidûment les cours ne faisait pas partie de ses priorités. Mais s’il veut continuer à être étudiant, il doit se mettre à travailler de façon plus sérieuse. Il frappe deux coups rapides à la porte et attend, quelque peu stressé. Il n’obtient aucune réponse. Shawn est sur le point de laisser son devoir dans le casier du professeur et de faire demi-tour. Trop heureux de ne pas devoir l’affronter en face à face.

Mais il n’en a pas le temps car la porte s’ouvre en grand. Matthews en sort, une pipe allumée en travers des lèvres. Il sourit en reconnaissant Shawn et l’invite à entrer dans son bureau d’un mouvement du bras. Une fois seuls dans le bureau, le professeur dépose sa pipe dans un magnifique cendrier en forme de bateau. La pièce est assez modeste, juste assez grande pour mettre un bureau, deux chaises et une armoire. Les étagères sont remplies de livres en tout genre, certains semblent très anciens. Shawn arrête de regarder autour de lui pour se concentrer sur son professeur. Ce dernier fronce les sourcils, tout en se laissant tomber dans son fauteuil en cuir :

- Monsieur Weaver. Je ne vous vois pas souvent ces derniers temps durant mes cours. J’ai eu peur de vous avoir fait mauvaise impression dit le professeur, sur un ton amusé.

- J’ai eu quelques soucis à régler, d’ordre…personnel.

Matthews ne réagit pas tout de suite. Mais il finit par hocher la tête, en faisant la moue, peiné qu’un de ses élèves ait des problèmes. Tout dans son comportement prouve qu’il prend à cœur les soucis de ses étudiants.

- Je vois, bien sûr. Je peux comprendre, vous êtes tout excusé.

- C’est vrai ! s’exclame Shawn, extrêmement surpris que cela se règle aussi facilement.

Le jeune homme n’arrive pas à y croire et remercie sa bonne étoile d’être tomber sur un professeur aussi compréhensif. Matthews ne reprend pas la parole et se contente de lui jeter un regard, qui en dit long sur ce qu’il pense réellement. Shawn comprend rapidement qu’il se moque de lui depuis le début. Shawn pousse un long soupir et se retient de sortir une pique bien mordante. Il sait que cela ne va pas l’aider. Matthews récupère sa pipe et l’a fait glisser entre ses doigts avant de reprendre la parole, sur un ton sérieux :

- Je ne sais pas comment cela se passe en France. Mais ici les règles sont différentes. Vous vous absentez, vous ne rendez pas votre devoir, aucune excuse ne sera acceptée. Vous êtes majeur. On n’a pas besoin d’être continuellement derrière vous. Vous êtes seul sur ce coup là. A vous de choisir quel sera le destin que vous souhaitez dessiner.

- Il est peut-être déjà tout tracé marmonne Shawn, en pensant à ce que lui a dit Cheyenne.

L’étudiant se tourne à nouveau vers son professeur et pose son devoir sur la table. Il ne veut pas se lancer dans une grande discussion, ni essayer de l’amadouer. Tout ce qu’il souhaite, c’est sortir de ce bureau. Il a l’impression d’étouffer et ne sent pas à l’aise dans cette pièce, surtout face au regard que lui jette son professeur. C’est comme si ce dernier essayait d’entrer dans sa tête, pour lire ses pensées.

- C’est vrai, je n’ai aucune excuse. Je ne sais pas ce que vous ferez de mon devoir. Est-ce que vous allez le lire ou le jetez à la poubelle. Je mérite peut-être la pire des notes mais je vous laisse en être le seul juge déclare Shawn, en déposant son dossier sur la table.

Shawn sort du bureau du professeur sans attendre que ce dernier ait pu répondre. Il marche dans le couloir et pousse un long soupir, avant de se passer la main sur son front en sueur. Il n’arrive pas à croire qu’il vient de réagir ainsi devant Matthews. Jamais en temps normal, il n’aurait osé parler d’une façon si cavalière, si arrogante à un professeur. L’étudiant commence à croire que son pouvoir déteint de plus en plus sur son caractère. Il va devoir prendre sur lui pour ne pas laisser sa colère l’aveugler. Ce qui risque de ne pas être une mince affaire. Mais il se promet de se surveiller.

Il réfléchit à tout ça, perdu dans ses pensées, lorsque soudain il bouscule une personne qui arrivait en sens inverse. Sous le choc, cette dernière pousse un juron, énervée et se frotte le bras gauche.

- Je suis navré, j’étais un peu ailleurs s’excuse Shawn, avant de reconnaître la personne.

- Salut dit elle avec un petit sourire crispé sur les lèvres.

- Morgan ! ça fait plaisir de te voir. Je ne t’avais pas vu depuis un petit moment. Désolé pour ton épaule dit Shawn en faisant la moue, gêné.

- C’est ma faute aussi ! J’ai la tête ailleurs en ce moment.

En la regardant avec plus d’attention, Shawn remarque que son amie semble tracassée. Il ne la connaît pas aussi bien que Sarah et il ne se considère comme un décrypteur du comportement féminin, loin de là ! Mais inutile d’être un expert, cela se voit dans sa façon de se tenir, de baisser les yeux. Comme si elle ne voulait pas soutenir son regard. Elle a les yeux rouges comme d’avoir trop pleuré et plusieurs cernes sont visibles sous ses paupières. C’est comme si elle se sentait mal mais qu’elle ne voulait pas en parler. Le jeune homme sait que cela ne le regarde pas et il ne veut surtout pas l’embarrasser. Mais il aimerait pouvoir l’aider. Ils ne sont peut-être pas des amis proches, mais elle compte pour lui et il ne laisse jamais tomber ses camarades.

- Tu n’as pas l’air bien dit Shawn, ne sachant pas comment amener le sujet sur la table.

- Non, laisses tomber. Je ne veux pas t’ennuyer avec mes problèmes dit Morgan, en repartant.

Mais Shawn ne compte pas abandonner aussi facilement, il l’arrête dans sa course et l’oblige à ce qu’elle le regarde droit dans les yeux. Il veut qu’elle puisse voir son inquiétude et à quel point il est sincère dans sa volonté de l’aider.

- Je sais que cela ne me regarde pas ! Mais je vois bien que quelque chose te tracasse. Tu peux m’en parler. Je suis doué pour écouter tu sais !

Morgan regarde son camarade, tout en hésitant. Elle se mord l’intérieur de la lèvre inférieure et pousse un long soupir. Mais elle finit tout de même par céder et lui dire :

- Il s’agit de ma cousine. Elle devait venir me voir il y’a quelques jours. Mais elle n’est jamais arrivée et ma famille n’a pas de nouvelles.

- Tu ne devrais pas t’alarmer aussi rapidement. Elle a peut-être décidé de faire un petit break sans prévenir qui que ce soit ou de faire un crochet chez un de ses amis.

- Abigail n’est pas comme ça et j’ai très peur à cause de l’histoire du kidnappeur de Chicago.

- Du quoi ?

- Tu n’es pas au courant ! Tu ne lis pas la presse dit Morgan, en lui tendant le journal de ce matin d’une main tremblante.

Shawn parcourt rapidement la première page. L’histoire d’un mystérieux kidnappeur fait les gros titres. Il aurait enlevé plusieurs jeunes filles et serait insaisissable. La police n’a pas d’information dessus et appelle à la prudence.

- Non, j’ignorai tout de cette histoire dit Shawn lisant rapidement l’article en diagonale.

- J’ai vraiment peur ! Et s’il l’avait enlevé, hein ! Qu’est ce que ce taré va faire à Abigail se lamente Morgan, d’une voix sanglotante.

Shawn pose ses mains sur les épaules de son amie, dans un geste qui se veut réconfortant et tente de se montrer le plus optimiste possible.

- Eh ! Il faut que tu arrêtes de penser comme ça, il est trop tôt pour imaginer le pire !

- Tu parles ! Qu’est ce que cela pourrait être d’autres ? La police est complètement incompétente. Je ne sais pas vers qui me tourner !

- Je t’aiderai, tu peux compter sur moi, Morgan !

La jeune fille regarde le jeune noir dans les yeux et lui sourit tristement. Elle sait que son camarade tente de lui remonter le moral. Mais ignorant tout de ses mystérieux pouvoirs, elle doute fortement que Shawn puisse faire quoi que ce soit. La jeune étudiante se dégage lentement de l’étreinte amicale et le remercie d’un signe de la tête.

- Merci, mais… je dois y aller dit Morgan, avant de partir.

Shawn n’a même pas le temps d’ouvrir la bouche, qu’elle est déjà partie en courant. Le jeune français pousse un soupir de dépit. Il n’aime pas la voir dans un tel état et se sentir si impuissant.

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