chapitre 16

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Eglise St Joseph. Shawn ouvre les yeux en sursautant, réveillé par la cloche de l’église. Sans s’en rendre compte, il s’est endormi sur le banc où il s’était avachi. L’alcool a fini par faire son effet. Le jeune homme est d’ailleurs étonné que la police ne soit pas venue pour l’obliger à quitter les lieux. Il regarde sa montre, il est plus de 20 heures. Il ne lui reste plus qu’une demie heure pour rejoindre le lieu du rendez vous. Shawn sait qu’il a intérêt à se dépêcher s’il ne veut pas arriver en retard. Il baille à s’en décrocher la mâchoire et se rend compte qu’il avait bien besoin de sommeil. Tous ses évènements ont fini par l’achever, aussi bien émotionnellement que physiquement. Il fait craquer ses articulations endolories, après être resté sans bouger aussi longtemps contre la dureté du banc.

Il regarde une dernière fois l’église, comme s’il attendait à déceler un signe, quelque chose qui pourrait l’aider ou lui indiquer la route à suivre. Un petit miracle serait vraiment le bienvenue. Il soupire en se rendant compte que c’est ridicule, ne croyant pas au happy end, en tout cas pas pour lui. Puis il finit par tourner le dos à l’édifice et à se mettre à courir pour aller au point du rdv. Le jeune étudiant n’a jamais eu la foi en lui, mais pour une fois, il aimerait bien croire en quelque chose. Quelque chose à quoi se raccrocher, qui lui permettrait de garder espoir et de ne pas tout voir en noir. Cela pourrait être un grand changement dans sa vie.

En pensant à ça, il ne peut s’empêcher de se demander si c’est la même chose avec Sarah. Est ce qu’il ne serait pas préférable de ne rien espérer, plutôt que de fantasmer indéfiniment sur elle ? Il sait que penser continuellement à elle lui jouera des tours et d’ailleurs il en souffre énormément. Cela doit cesser, même s’il n’ose rien faire de peur de la perdre pour toujours. Son amitié à défaut de son amour est primordiale pour lui. Il doit juste arrêter de croire qu’un jour, il pourrait atteindre son cœur. Mais comme toujours, c’est plus facile à dire qu’à faire. Tout en réfléchissant à cette utopie, il presse l’allure et remarque une station de métro, à sa gauche. Le jeune étudiant s’y dirige, préférant être au chaud plutôt que de courir à perdre haleine dans les rues. Il s’est suffisamment dégourdi les jambes pour la journée et veut garder des forces pour ce qui va suivre.

Il pose à peine un pied sur la rame qu’un métro fait son apparition. L’étudiant s’y engouffre et regarde le plan affiché afin de connaître le nombre de stations qu’il a à parcourir avant d’atteindre sa destination finale. Le métro est bondé, il ne reste plus aucune place assise. Ce qui ne dérange pas Shawn. Il est trop impatient pour songer à s’asseoir, c’est une véritable boule de nerfs, ne tenant plus en place. Il est tellement surexcité qu’il ne remarque pas qu’un vieil homme au fond du wagon le fixe depuis son entrée.

Lorsque le métro s’arrête à la première station, un homme voulant descendre, bouscule sans faire express Shawn. C’est à ce moment qu’il remarque le vieil homme au regard pénétrant. Shawn fait comme si de rien n’était, se disant qu’il devient à nouveau paranoïaque et qu’il doit rester concentré sur ce qui l’attend. Le métro repart et entre dans un tunnel obscur, les néons des wagons clignotent quelques secondes avant de s’éteindre d’un coup. Ce sont des choses qui arrivent très souvent à Chicago et plus personne n’y prête attention. L’obscurité totale du wagon est perturbée par quelques flashes provenant des installations électriques à l’extérieur le long du tunnel.

Lorsque quelques instants plus tard, les lumières se rallument, Shawn faillit sursauter en découvrant à moins d’un mètre, le vieil homme au regard pénétrant. Ce dernier s’est déplacé sans un bruit à travers l’obscurité pour arriver jusqu’à l’étudiant. Brusquement l’étrange individu agrippe le bras du jeune homme d’une main toute ridée. Shawn se tourne vers lui et essaye de se dégager mais la poigne de l’individu est ferme. Le vieil homme prend la parole, lui murmurant à l’oreille, afin que personne d’autre ne puisse l’entendre. Shawn ne peut s’empêcher de grimacer de dégoût à cause de l’haleine fétide dégagé par son interlocuteur.

- Tu n’es pas comme les autres lui dit le vieil homme d’une voix nasillarde.

- Je vous demande pardon ? demande Shawn, se demandant s’il n’a pas affaire à un illuminé.

- Ce n’est pas une malédiction, c’est une quête !

Shawn ne peut s’empêcher d’écarquiller les yeux de surprise et de déglutir avec peine. Mais il se reprend rapidement, ne voulant pas que l’on remarque son malaise. Comment cet homme pourrait il savoir qui il est et surtout le fait qu’il est utilisé le mot malédiction, cela ne peut pas être une coïncidence. Mais Shawn compte bien se montrer prudent et fait semblant de ne pas comprendre ce que le mystérieux individu veut dire.

- Je peux savoir de quoi vous parlez ?

Le vieil homme ébauche un large sourire complice, n’étant pas dupe, il se rapproche un peu plus de l’étudiant et lui murmure au creux de l’oreille :

- Tu le sais très bien !

Shawn recule un peu et se retrouve acculé contre la porte. Des gouttes de sueurs dégoulinent sur son front et sa respiration s’accélère. Il se sent piégé, comme un lion en cage, ne pouvant ni bouger, ni s’enfuir. Il a l’impression d’étouffer, comme s’il était en manque d’oxygène et ses jambes commencent à trembler. Il s’agrippe fermement à la barre métallique, de peur de s’écrouler au sol. Le jeune homme a l’impression que le vieil homme utilise des pouvoirs pour le plonger dans un tel tourment. Shawn ressent une vague de colère au fond de lui et ses forces lui reviennent petit à petit. Il fixe le vieil homme d’un visage haineux, avant de lui dire sur un ton dur et agressif :

- Je ne pige que dalle à ce que vous me dites et je vous conseillerai de reculer et de me foutre la paix, si vous ne voulez pas avoir d’ennuis.

Le vieil homme ne semble pas inquiet par les menaces du jeune noir et se contente de lui dire :

- Un jour très proche tu comprendras. Tu devras faire le choix entre les ténèbres ou la lumière. Cela aura de grandes et lourdes conséquences sur le monde tel que tu le connais. Je prie pour que tu fasses le bon choix.

- Je ne sais pas qui vous êtes, alors lâchez moi avec vos histoires ridicules. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ! s’exclame Shawn, en pointant un doigt menaçant sur la poitrine de son interlocuteur.

A cet instant, les lumières du métro, s’éteignent à nouveau et lorsque quelques secondes plus tard, tout redevient normal, le vieil homme a disparu. Shawn regarde de tous les côtés, mais ne trouve aucune trace du mystérieux individu. Les voyageurs commencent à le regarder bizarrement, se demandant s’il n’a pas un problème. L’étudiant n’arrive pas à croire ce qui vient de se produire, c’est tellement impensable. Pendant un instant, il se demande s’il n’a pas imaginé cette scène, mais il peut encore sentir l’odeur fétide du vieil homme tout autour de lui.

Comment ce dernier a-t-il fait pour disparaitre subitement ? Comme par magie ! Et surtout comment en savait il aussi long sur lui. Encore un mystère de plus à rajouter à la liste déjà suffisamment longue. Le jeune homme va avoir besoin d’un bloc note pour tout noter si cela continue. Shawn n’avait vraiment pas besoin de ça et encore moins ce soir.

Shawn pousse un long soupir, avant de respirer un bon coup. Il se colle contre les portes du métro et essaye de se faire le plus petit possible, tournant le dos à la plupart des autres usagers afin de ne plus voir leurs regards braqués sur lui. L’étudiant ferme les yeux, se concentrant uniquement sur les battements de son cœur afin de se calmer. Il enfouie ce moment au plus profond de son cerveau, sachant que ce n’est pas le moment pour réfléchir à cette mystérieuse apparition. Il doit rester concentré sur la suite des événements. Il attend patiemment que le métro atteigne la station où il doit descendre. Le plus vite sera le mieux.

QG du C.A.S. Cross a laissé de coté son costume Armani pour une tenue plus appropriée par rapport à ce qui va suivre. Il se trouve dans le vaste parking situé sous le bâtiment. Il a été construit lorsque le bâtiment a été acheté par le gouvernement. Il est grand et peut abriter plus d’une vingtaine de voitures. Il est équipé de détecteurs de mouvements et de caméras qui couvrent l’ensemble de la zone. D’autres dispositifs de sécurité ont été installés afin de s’assurer qu’aucun intrus ne puisse s’y introduire. La sortie est assez discrète, une seule voiture peut sortir à la fois et mène à une rue peu fréquentée. Tout a été mis en place pour ne pas attirer l’attention et que la couverture de l’agence ne soit jamais compromise.

En ce moment, le directeur du C.A.S est entouré d’une vingtaine d’agents, ils sont tous parés pour l’affrontement qui va suivre et écoutent les dernières directives. Ils sont tous équipés d’armes automatiques ou de fusils à pompe. Ils savent qu’il s’agit d’un grand jour, qui pourrait voir la fin de la menace tant redoutée.

Malgré le fait, que la plupart d’entre eux n’ont pas dormi depuis plus de 24heures, ils sont tous prêts à en découdre. Cela se voit dans leurs yeux ou dans leurs attitudes. Cross attire leur attention, Peterson se place à ses cotés, tandis que les agents se regroupent autour d’eux en silence.

- Bon, écoutez-moi ! Nous avons reçu un nouvel appel anonyme concernant notre enquête. Je veux des résultats, alors hors de question que cela ne finisse comme hier. C’est bien compris ! Je veux que tout soit terminé ce soir. Nous avons une chance inespérée qui ne représentera sans doute plus jamais. Vous êtes autorisés à ouvrir le feu mais seulement en cas de dernier recours. J’aimerai les étudier, mais je préfère les voir mort plutôt que de les laisser s’échapper une nouvelle fois. Nous avons une équipe sur place et apparemment il commence à y avoir du mouvement. Ils n’attendent plus que nous.

Les hommes autour de lui sourient et se lancent des regards complices entre eux, satisfaits de passer enfin à l’action. Cross est ravi de les voir si enthousiastes. Il n’aura pas besoin de se lancer dans un long discours pour motiver ses troupes. Ce qui lui convient parfaitement car les longs monologues l’ennuient profondément.

- Peterson vous divisera en petite équipe et vous expliquera où vous devez vous placer. Je veux des actions nettes et sans bavures. Ce soir, nous allons écrire l’histoire ! Gentlemans, en route !

Cross salue ses hommes d’un dernier signe de la tête, avant de se diriger d’un pas décidé vers sa voiture tandis que son adjoint s’occupe de la partie logistique avec les responsables des équipes.

Quelques minutes plus tard, Peterson rejoint Cross dans la voiture de tête. Il se met derrière le volant, tandis que les agents rentrent dans plusieurs minis vans. Cross a du mal à tenir en place, tapotant le tableau de bord avec ses mains. Peterson se tourne vers son supérieur, qu’il a rarement vu aussi excité. Ce dernier affiche un large sourire sur les lèvres.

- J’aime l’excitation de la chasse, allons y ! Nous n’avons pas une minute à perdre dit-il en réajustant son gilet par balle.

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