chapitre 5

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Centre ville, « students Friends ». Sarah travaille au comptoir depuis plusieurs heures. Parfois, Sarah se demande si elle pourra tenir le rythme toute l’année. Entre l’université et son travail, elle n’a pas beaucoup de temps à se consacrer à elle. Pourtant son planning professionnel a été allégé en fonction de ses cours.

Sarah verra avec le temps, si ses résultats scolaires ne sont plus à la hauteur. Elle n’aura pas le choix, elle devra arrêter de travailler et demander de l’aide à ses parents. Mais elle espère ne pas en arriver à une telle extrémité. La jeune femme sait que ses parents l’aideraient volontiers, mais Sarah veut être à 100% indépendante. Ne comptait que sur elle et ne rien devoir à personne. C’est important pour elle, cela fait partie de son caractère.

La barmaid fait le tour de l’établissement afin de prendre de nouvelles commandes. L’ambiance est assez calme, à peine une dizaine de personnes sont présentes. Sarah peut donc discuter avec tout le monde et rire avec les clients. Ils aiment parler avec elle de tout et de rien et se confient souvent. Sarah est toujours d’humeur joyeuse. Ça se voit tout de suite qu’elle aime le contact humain et qu’elle ne fait pas uniquement ce travail pour la rémunération. Tout le monde lui dit que c’est de plus en plus rare de rencontrer des personnes chaleureuses comme elle et cela a toujours le don de la faire rougir.

Elle pétille de bonheur, ce qui la rend encore plus resplendissante aux yeux des habitués. Certaines personnes vivent seules et n’ont pas de famille. Parfois Sarah est la seule personne avec qui ils discuteront de la journée. La jeune femme fait toujours beaucoup d’effort pour être ouverte à la discussion. Son supérieur lui a dit un jour, qu’elle était sa meilleure barmaid. Il n’a jamais reçu autant de bons échos pour un autre de ses employés. Quand Sarah travaille, c’est comme si elle illuminait le lieu de toute sa joie de vivre. C’est un spectacle très agréable à voir. Mais Sarah étant trop humble, lui dit toujours en riant, qu’il exagère et que si c’était le cas, il devrait l’augmenter. C’est toujours à ce moment que son patron fait la sourde oreille, s’en allant en prétextant qu’il est attendu ailleurs.

La jeune étudiante remarque un homme, qui l’observe depuis l’extérieur du bar, tout en essayant d’être discret. Sarah n’y prête pas plus attention que cela, se disant qu’il finira par se lasser et s’en aller. Elle retourne tranquillement vaquer à ses occupations. Jusqu’au moment où ce dernier se décide enfin à entrer dans le bar. L’individu a un regard fuyant comme s’il avait l’intention à chaque instant de faire demi-tour. Interloquée, Sarah décide d’aller à sa rencontre afin de savoir ce qui peut bien le tourmenter. Comme bonne samaritaine qu’elle est.

- Bonjour, vous attendez quelqu’un ?

L’homme la regarde droit dans les yeux, sans rien dire. Sarah détourne rapidement le regard, se sentant mal à l’aise. Le regard de l’individu étant si pénétrant. C’est comme s’il la violait de l’intérieur, qu’il voulait tout savoir d’elle. Un sentiment très désagréable qui lui file la chair de poule, mais Sarah réussit tant bien que mal à ne pas le montrer.

- Vous êtes bien une amie de Shawn ? demande t’il.

- Oui. Vous le connaissez ? par contre il n’est pas là aujourd’hui.

- Je sais répond t’il sur un ton las.

- Il n’a pas des soucis j’espère? demande Sarah, qui ne peut s’empêcher d’imaginer le pire, en voyant le visage déconfit de son interlocuteur.

- Non… enfin pas encore dit l’homme qui n’est autre que Myrick.

Le psychologue ne se sent pas à sa place. Il se gratte les cheveux, avant de finir par sortir de sa poche une enveloppe, ainsi que sa carte de visite. Il tend le tout à Sarah, qui les accepte, ne sachant pas quoi faire d’autre.

- Pourriez-vous lui remettre ceci. Il m’évite depuis un certain temps.

- Euh… oui, bien sûr dit Sarah, qui a soudainement la gorge sèche.

- Merci dit Myrick avant de faire demi-tour, un petit sourire poli, au coin des lèvres.

Sarah allait retourner vers le comptoir, lorsqu’elle lit la carte. Elle ne peut cacher sa surprise, en voyant ce qui est inscrit dessus.

- Vous êtes psychologue dit elle, en se retournant.

Mais Myrick a déjà disparu, Sarah se rue dehors, mais aucune trace du mystérieux individu, comme s’il s’était évaporé.

- C’est quoi ce délire !

Elle est tellement perdue dans ses pensées, qu’elle ne remarque pas Jamie qui arrive à ce moment. Son camarade lui touche l’épaule, pour lui signaler sa présence. Sarah sursaute de surprise et se retient de justesse de pousser un cri. Son colocataire la regarde bizarrement, se demandant si tout va bien.

- Désolé de t’avoir fait peur, ça va ?

- Oui, j’étais juste ailleurs.

- J’avais cru remarquer ! C’est quoi ce courrier, c’est un fan qui te l’a donné dit Jamie en plaisantant.

Sarah ébauche un sourire un peu forcé, pour lui faire comprendre que ce n’est pas le moment de faire de l’humour.

- Non, c’est quelqu’un qui est venu me voir par rapport à Shawn. C’était un psychologue. Tu savais que Shawn en suivait un ?

- Non, je l’ignorais. Mais à voir ton visage quelque chose te gêne dans cette histoire.

Sarah souffle un bon coup avant de dire le fond de sa pensée. La jeune femme n’a pas beaucoup de secret vis-à-vis de son meilleur ami. Elle n’a pas envie de commencer maintenant.

- Je pense sans trop m’avancer qu’il nous considère véritablement comme ses amis et pourtant on ne sait rien de lui. Il est tellement mystérieux. Parfois ça à son charme, mais ça peut aussi être déstabilisant. Il pourrait nous parler et j’ai cru comprendre qu’il pourrait avoir des ennuis. C’est super grave !

- Attends ! C’est normal de ne pas raconter qu’on va voir un psychologue. Il n’a pas spécialement envie qu’on le juge ou qu’on ait une mauvaise image.

- Attends, on est au-dessus de ça et il le sait. Non sérieux, ça m’énerve ! s’exclame t’elle en frappant du poing sur un mur, avant de grimacer sous le coup de la douleur.

- Si c’est le cas, y’a qu’une seule solution dit Jamie, très sérieux.

- Laquelle ? demande Sarah, en haussant les épaules.

- Vas lui parler et dis lui ce que tu as sur le cœur. C’est la seule chose à faire. Il est temps pour toi de crever l’abcès. Ça ne peut pas continuer ainsi.

Sarah réfléchit quelques secondes, se mord la lèvre inférieure avant de secouer la tête et de se diriger vers le comptoir.

- Laisses tomber, je finis à 22 heures. Je ne vais pas me pointer chez lui pour le sermonner alors qu’il dort.

- Vas-y maintenant, je te remplace.

- Tu déconnes !

- Je m’occupe de tout, tu sais très bien que je peux assurer. J’adore faire des cocktails.

- T’es sûr ? demande Sarah, se sentant mal à l’idée de se servir de son ami.

- T’en meurs d’envie, ça se voit. Alors fonces au lieu de réfléchir.

Sarah ébauche un sourire, avant d’embrasser son ami sur la joue.

- Tu sais que tu es un amour.

- Ouais, On ne me le dit pas assez souvent à mon goût !

La jeune étudiante le remercie d’un signe de la tête avant de frayer un passage parmi les passants. Elle a peine fait quelques pas qu’elle entend Jamie qui l’appelle. Sarah se retourne :

- Ne sois pas trop dur avec lui, Shawn est quelqu’un de bien. Réfléchis quand même à ce que tu vas lui dire.

- Je sais !

Ce qu’elle s’apprête à faire, n’est pas une tâche qu’elle fait de bonté de cœur. Mais elle sait qu’elle doit le faire, quoi que cela lui en coûte. La jeune femme a bien conscience qu’il y’a des risques qu’elle perde l’amitié du jeune français. Mais elle ne peut pas vivre dans le mensonge et le voir sans lui dire ce qu’elle pense. Sarah n’a jamais fonctionné ainsi et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle changera.

Elle se dirige vers le métro le plus proche avec le cœur lourd dans la poitrine, pensant à tout ce qu’elle pourrait perdre. Mais elle espère que Shawn la comprendra et que cette discussion leur permettra de se rapprocher, de partager plus de moments. C’est ce qu’elle souhaite du fond du cœur, tout en sachant que dans la vie réelle, on obtient rarement ce que l’on désire.

Campus de l’université de Northwestern. Après avoir traîné des heures dans les rues de la ville, Shawn se dirige vers son appartement. Il tente de se remettre en question pour la centième fois, mais tout s’embrouille dans sa tête. Il a du mal à tout mettre en place et à savoir par quel problème il devrait commencer. Il doit reconnaitre que ce n’est pas le choix qui manque ! Sa vie est sans dessus dessous encore une fois.

Le fait de marcher dans les rues désertes, l’apaise et lui donne l’impression que le temps s’écoule plus lentement. Il respire à pleins poumons l’air frais de la nuit, tandis qu’une petite brise nocturne lui caresse le visage.

Shawn entre dans son bâtiment et gravit les marches de l’escalier rapidement, ayant très envie d’oublier cette journée. Il avance dans le couloir, perdu dans ses pensées et ne remarque Sarah que lorsqu’il se trouve à moins de deux mètres d’elle. Celle-ci l’attendait, avachie contre la porte, son ipod sur les oreilles.

C’est toujours un plaisir de la voir. Mais ce soir, il aurait préféré rester seul avec ses ténèbres. Il ne se sent pas d’humeur à discuter. Shawn se demande ce que son amie peut bien venir faire surtout à cette heure tardive. Il a un mauvais pressentiment, d’autant plus en voyant le regard grave affiché sur le visage de son amie. Le jeune homme se demande ce qui peut bien la préoccuper, mais s’abstient de tout commentaire. Il ne veut pas la brusquer et si Sarah ne veut pas lui en parler, il ne l’obligera pas. Chacun a son jardin secret, d’ailleurs le sien commence à ressembler de plus en plus à une forêt. A force d’y enfouir des nouvelles découvertes jour après jour.

- Salut dit elle, en se relevant et en retirant ses écouteurs.

- Salut s’exclame-t-il avant de remarquer que sa gorge est sèche et qu’il a du mal à parler.

- Tu… tu veux entrer ? demande Shawn, après avoir sorti sa clef et s’apprêtant à la glisser dans la serrure de sa chambre.

- Non souffle Sarah, en lui posant la main sur la sienne, pour le stopper dans son action.

La barmaid a toujours la voix douce, mais quelque chose dans son regard est diffèrent. On peut y lire une grande tristesse et cela déchire le cœur du jeune français. Espérant ne pas être responsable de l’état de son amie. Il se sent idiot et ne sait pas quoi dire pour la réconforter ou pour qu’elle lui dise ce qui la tracasse autant. Shawn sort la première phrase qui lui vient à l’esprit, tout en la regrettant à peine l’a-t-il formulé.

- Tu n’as pas l’air dans ton assiette.

Sarah ne répond pas, elle se contente de lui tendre l’enveloppe remise par le docteur Myrick. Malgré le fait qu’il arrive facilement à cacher ses sentiments à autrui, Shawn ne peut rester de marbre. Il se sent très vite mal à l’aise. Il donnerait tout pour avoir un verre d’eau et pour pouvoir s’asseoir. Ses jambes commencent à trembler et il se demande s’il arrivera à rester debout encore très longtemps. Il prie pour que Sarah ne remarque rien de son désarroi.

Son cerveau tourne à plein régime, cherchant une explication plausible qui la rassurera. Jusqu'à présent, il a toujours réussi à trouver des mensonges convaincants. Mais là, il n’a pas eu le temps de peaufiner son plan et est pris au dépourvu.

Mais surtout, après sa séance de yoga, il se sent vidé et n’a plus envie de mentir à ses proches. Cela le culpabilise trop. Shawn ne voit pas comment il pourra se sentir de ce traquenard, tout en maudissant Myrick, de l’avoir plongé dans une telle situation. Ce dernier cherche vraiment à lui pourrir la vie jusqu’au bout. Il ne le laissera donc jamais tranquille.

- Rassure toi, je ne l’ai pas ouverte dit Sarah, d’une voix amère, en voyant le visage déconfit de son ami.

- Sarah, ce n’est pas ce que tu crois !

La jeune femme ne semble pas prête à l’écouter, ruminant ses sombres pensées depuis trop longtemps. Elle a besoin que cela sorte, ne pouvant plus garder tout cela pour elle. Sarah secoue négativement la tête, ne le laissant pas s’exprimer, avant de dire :

- Je croyais qu’on était amis. Qu’on se serrait les coudes et qu’on pouvait tout se confier. Alors pourquoi est ce qu’avec toi, c’est différent ? Tu ne dis jamais rien, on se demande ce que tu penses et si on peut vraiment avoir confiance en toi.

- Bien sûr que tu peux, quelle question !

Malgré les derniers événements qui pourraient faire croire le contraire, Shawn n’aime pas les conflits. Il cherche tant qu’il le peut, à les éviter. Mais il sait que ce ne sera pas le cas ce soir. Sarah a trop de choses sur le cœur. Il en a conscience et sait qu’il mérite son aversion. Il n’a jamais été honnête avec elle. Ce n’est pas ce qu’il a voulu, mais cela ne change rien. Il lui a menti et l’a manipulé. Ce n’est donc que justice qu’il paye les pots cassés. Il n’arrive pas à croire que ce soit la première fois qu’il se dispute avec elle. Il pensait que cela n’arriverait jamais, que leur relation sera toujours idyllique. Shawn vivait encore dans un monde utopique.

Il essaye d’être fort car il sait qu’elle va le blesser au plus profond de son être.

- Désolé de te le dire mais tu n’en donnes pas l’impression. Tu es là en train de me parler, mais je te sens si distant, si renfermé. Au départ, on a cru que c’était dû au changement entre la France et ici. Mais maintenant, je sais qu’il y a autre chose. Alors pourquoi, ne veux-tu pas en parler ? Tu sais très bien qu’on ne te jugera jamais. Tu as toujours été là pour moi, alors pourquoi je ne peux pas être là pour toi.

- Tu te trompes sur mon compte. Je ne suis pas le vilain petit canard de l’histoire.

- Je sais. Tu ne veux de mal à personne mais pourtant tu en fais. On a tous des choses enfouies au plus profond de nous, mais il faut savoir en parler. En discuter avec des personnes de confiance. Ne gardes pas tout pour toi, tu ne réussiras qu’à te détruire de l’intérieur. Tout le monde a des secrets. En parler à tes proches, prouves que tu crois en eux. Je ne te cache rien, je suis honnête avec toi. Alors pourquoi tu n’y arrives pas ? Pourquoi ?

- Je t’assure, il n’y a rien. C’est juste que…. commence Shawn, ayant de grandes difficultés à trouver les mots qui conviennent.

- Alors parles moi de cette lettre l’interrompt Sarah, sèchement.

Shawn déglutie avec peine, avant de se mordre la lèvre. Il se sent piégé, ne sachant pas du tout quoi répondre.

- Je…tu sais…ma vie est assez complexe et je … balbutie Shawn.

Sarah pousse un long soupir, avant de secouer négativement la tête. La jeune femme le regarde d’un air si triste, que ce dernier sent que quelque chose est en train de se briser en lui. Shawn a beaucoup de difficultés à soutenir le regard, désireux de baisser ses yeux. Se sentant suffisamment coupable et honteux.

Pourquoi sa vie est-elle si compliquée ? Tout ce qu’il voudrait c’est la prendre dans ses bras. Tout lui raconter sur ses pouvoirs et sur l’amour qu’il ressent pour elle. Ne plus rien lui cacher, s’ouvrir totalement. Mais il sait qu’il ne peut pas se le permettre, même si leur amitié (qui est pourtant ce qu’il chérit le plus) venait à en pâtir. Il ne vit pas dans un comte de fée et l’histoire ne va pas se terminer avec le mariage de la belle Sarah. Il préfère qu’elle croie qu’il lui cache des choses, plutôt qu’elle ne découvre le monstre qu’il est. Ça il ne pourra pas l’encaisser, ce serait trop dur. Malgré le fait qu’il dispose de pouvoirs surhumains, Shawn est toujours un jeune homme sensible et fragile.

- Laisses tomber ! Je ne vais pas te forcer et encore moins te supplier. On dirait que je suis en train de te torturer. Mais si tu veux qu’on soit vraiment amis, qu’on ait des liens solides. Il va falloir faire mieux que ça.

- Sarah, je…

- La balle est dans ton camp. En revoir Shawn.

La jeune femme se dirige d’un pas rapide vers l’escalier, ne voulant pas que Shawn remarque les larmes qui coulent le long de ses joues. Elle lui a dit ce qu’elle avait à dire et lui a laissé une porte de sortie afin d’arranger la situation. Sarah ne peut pas faire plus. C’est à Shawn de prendre certaines décisions et de savoir ce qui compte vraiment pour lui. La jeune femme espère juste qu’il prendra la bonne. Elle ne veut pas le perdre, mais elle ne pouvait plus se taire. Cela l’a bouffé de l’intérieur. Si Shawn disparait de sa vie, cela signifiera même si ce sera dur à accepter qu’il n’était pas l’homme qu’elle pensait qu’il était. Qu’il ne méritait pas son amitié. Tout simplement. Sarah n’arrive pas à croire qu’ils en soient arrivés à une telle situation.

Shawn la regarde partir, se sentant impuissant comme jamais. Il n’essaye même pas de la poursuivre car il sait qu’il n’aura rien à dire qui en vaille la peine. Il a juste envie de hurler et de frapper dans un mur. Mais il arrive à se retenir, à prendre sur lui. Tout son corps tremble sous la nervosité mais Shawn tient bon, ne la laissant pas s’exprimer.

- Fais chier, j’ai encore merdé !

Il entre dans sa chambre et claque violement la porte, ayant besoin de passer sa colère sur quelque chose. Le jeune français enlève son manteau, avant de le jeter violemment sur le lit. C’est à ce moment qu’il remarque un papier posé dessus. Shawn plisse les yeux, se demandant si le cauchemar de sa vie ne s’arrêtera jamais. Il est sûr de n’avoir rien laissé sur son lit en partant. Le jeune noir ramasse la feuille et écarquille les yeux de surprise en la lisant.

« SHAWN WEAVER

JE SAIS TOUT CE QU’IL Y’A A SAVOIR SUR TOI ET TES APTITUDES A T’ENFLAMMER (SANS MAUVAIS JEU DE MOTS). SI TU VEUX EN APPRENDRE PLUS, RENDEZ VOUS CE SOIR A 23H AU BATIMENT MERCKS »

- C’est quoi ces putains de conneries ! s’exclame Shawn, après avoir lu une seconde fois le message.

Le jeune étudiant regarde sa montre, il lui reste encore deux heures pour se rendre sur place et faire le point.

Il se laisse tomber sur son lit et pousse un long soupir, en se malaxant les tempes. Il pense à plusieurs choses en même temps, mais il doit avouer que ce qui le tracasse le plus, c’est sa dispute avec Sarah. Il ne se sent pas bien du tout et sait qu’il va devoir se triturer le cerveau pour trouver une solution. Qui lui permettait de tout arranger. La tristesse s’empare de lui. Il aimerait s’endormir et tout oublier.

Il se dit que la mort pourrait être une délivrance. Plus de fardeau à porter, plus de personne à décevoir. Il suffirait juste qu’il s’endorme et qu’il ne se réveille jamais, vivant dans le monde des rêves pour toujours. Mais Shawn sait qu’il a beau fantasmer sur la mort, il n’aura jamais le courage de passer à l’acte. Ce n’est pas une question d’ordre religieux. Il ne croit pas que les suicidés vont directement en enfer. Il a juste peur de tomber dans le néant et qu’il n’y ait rien d’autre après. Juste le vide et cela le terrifie.

Il aimerait tellement pouvoir tout reprendre à zéro. Il aimerait tout dire à Sarah, tout lui révéler. La prendre dans ses bras et s’envoler dans les airs avec elle, comme Superman avec Lois Lane. Malheureusement, cela n’est pas possible La vie réelle n’est pas aussi belle que dans les fictions américaines. Il serre le papier dans sa main avant de le jeter au loin, en poussant un râle de colère. Il ne sait pas qui est la personne qui a écrit ce mot. Mais Shawn compte bien le rencontrer et lui dire ce qu’il pense de sa manière de procéder.

On s’amuse depuis le début avec lui et bien maintenant, c’est terminé. Il n’a plus envie de jouer. Toute son énergie est revenue, il est gonflé à bloc, prêt à rendre coup sur coup. La vie ne lui apporte pas de bonheur, alors autant basculer du coté obscur et tout détruire à la place. Mais d’abord, il veut des réponses et il est prêt à tout pour les obtenir.

- Encore une chouette soirée en perspective ! s’exclame t’il, ironique, avant de laisser retomber sa tête sur son oreiller, en poussant un râle de désespoir.

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