chapitre 16

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A une vingtaine de mètres, une personne s’amuse à faire des figures en skateboard. Il agit avec un certain style et quelques étudiants s’arrêtent pour l’observer et l’encourager. Shawn et Sarah se dirigent dans sa direction. Il s’agit de Jamie, ce dernier arrête son petit spectacle. Il serre quelques mains avant de s’avancer rapidement dans leur direction. Sarah remarque que quelque chose cloche, Jamie a le teint pâle et semble essoufflé.

- Qu’est ce qui t’arrive ? t’as l’air en vrac ! C’est ton show qui t’a mis dans cet état ? demande Sarah.

- Non, rien à voir. Je vous cherchais en fait. Vous n’avez pas lu les journaux ? demande Jamie, le visage grave.

Sarah et Shawn secouent négativement la tête, reprenant leur sérieux.

- Je ne me débrouille pas trop mal en anglais, sans être bilingue bien sûr. Mais dans les journaux, ils utilisent des mots trop compliqués alors je me contente des infos télé dit Shawn.

- Pourquoi, qu’est ce qui s’est passé ? demande Sarah, curieuse.

- Vous vous rappelez de nos « amis » (en parlant des voyous) ? Eh bien ils sont tous morts lui dit Jamie, d’une petite voix, ne voulant pas attirer l’attention.

- Tous ! s’exclame Shawn, les yeux écarquillés, s’étranglant avec sa salive.

- Oui, pendant l’incendie, apparemment. La police n’a communiqué aucune autre information. Rien n’a filtrée pour l’instant dit Jamie.

Sarah se sent mal à l’aise et ne sait pas comment se comporter, ni quoi dire. Elle ne s’attendait pas à apprendre à une telle nouvelle. Toute la haine ressentie contre eux à complètement disparu, remplacé par … absolument rien. Elle se sent vide, totalement vide. Elle aurait juste voulu que cela se termine d’une autre manière. Personne n’avait à perdre la vie. Sarah est tellement assommée par la nouvelle, qu’elle ne fait pas attention à Shawn.

Ce dernier a toutes les difficultés du monde pour ne rien laisser paraitre sur son visage. Il n’arrive pas à croire qu’une telle chose ait pu se produire. Heureusement que ses camarades ne font pas attention à lui, ils auraient tout de suite compris que quelque chose clochait.

- Woauh ! c’est vrai que je les haïssais et que je souhaitais qu’ils souffrent. Mais pas de là à souhaiter leurs morts dit Sarah, n’en revenant pas.

- Je sais que c’est moche à dire, mais finalement y’a peut être un dieu sur terre ! s’exclame Jamie qui ne ressent aucune pitié.

- Arrêtes ! Tu ne peux pas dire ça. Des personnes sont mortes ! s’exclame Sarah.

Shawn est complètement déconnecté, il ne les entend plus. Il a l’impression d’être très, très loin d’eux, entendant à peine des brides de conversation. Il n’arrive pas à croire ce que Jamie vient de lui révéler et se sent de plus en plus mal. Soudain, tout tourne autour de lui à une vitesse hallucinante, il se demande s’il ne va pas faire un malaise. Il tente de faire discrètement des exercices de respirations apprises chez son psychiatre. Mais malgré sa bonne volonté, le jeune homme a toutes les difficultés du monde pour se concentrer. Il a de plus en plus l’impression qu’il manque d’air et qu’il commence à suffoquer.

Il se tourne vers Sarah et a l’impression que la tête de son amie est grosse comme une pastèque. Elle le regarde avec de grands yeux et sa voix semble différente, comme si elle provenait d’outre-tombe. Des gouttes de sueur dégoulinent dans le dos de Shawn, le long de sa colonne vertébrale, lui faisant froid dans le dos.

- Shawn, ça va ? tu as un drôle de regard dit Sarah, inquiète.

- C’est vrai ça mec ! tu ne te sens pas bien ? demande Jamie, en remarquant le visage tiré de son ami.

Shawn voit ses deux amis qui se rapprochent de lui. Il a l’impression d’étouffer et le fait qu’ils se rapprochent, ne l’aide pas à se sentir mieux. Le jeune noir secoue négativement la tête et réussit au prix d’un très gros effort à sourire à ses deux camarades.

- Je vous rejoins plus tard. J’ai juste quelque chose à faire. Je n’en ai pas pour longtemps.

Sarah et Jamie n’ont pas le temps d’ajouter quoi que ce soit. Il les a déjà quitté et se dirige d’un pas rapide vers les résidences universitaires. Il accélère le pas et bouscule quelques étudiants qui se trouve sur son chemin. Ces derniers lui jettent des regards noirs, n’en revenant pas qu’il ne prenne pas la peine de s’excuser. Mais Shawn n’y prête pas attention, commençant à avoir des hauts de cœur. L’étudiant sent qu’il ne va pouvoir se retenir encore très longtemps.

Il se faufile derrière un large buisson, à l’abri de tout regard. Shawn s’appuie contre un arbre, avant de s’écrouler à genou, ses jambes ne le soutiennent plus. Ne pouvant se retenir plus longtemps, il vomit tout son petit déjeuner.

- Mais qu’est ce qui m’arrive ! C’est moi qui les tous tués. Mais c’est quoi ce bordel, putain !

Il inspire et expire de grandes bouffés d’air, sans qu’il se sente mieux pour autant. Il n’arrive pas à croire ce que Jamie vient de lui révéler. Il a laissé sa colère, sa rage prendre le dessus et ils en ont tous payé le prix fort. Il ne va pas devoir vivre avec la mort d’une seule personne sur la conscience, mais celle de six. Comme si une n’était pas déjà suffisante !

Shawn ne sait pas s’il va réussir à vivre avec. C’est trop lourd à encaisser et à digérer. Sa vie est fichue, alors qu’il pensait qu’enfin tout allait véritablement commencer pour lui. La vie aime le tourmenter avec de nombreux coups bas et il a l’impression que c’est loin d’être terminé. La vie lui fait entrevoir ce qu’il désire, ce qui pourrait le rendre heureux et l’instant d’après, elle le gifle en pleine face. Le destin aime vraiment le tourmenter. Shawn a envie de hurler de frustration, mais il n’a plus de force.

Le pouvoir qu’il détient est une malédiction. Peu importe qu’il ait voulu faire le bien et prendre la défense de son amie. Il est devenu un meurtrier et représente le mal à l’état pur. La rédemption lui semble impossible, pas après ce qu’il a fait. Shawn pousse un soupir tout en s’affaissant complètement sur l’herbe, fraichement tondu. Il ne peut empêcher les tremblements qui agitent son corps tout entier. Il se demande comment il va se sortir de ce guêpier, son avenir radieux lui semble compromis.

Dans les environs du gymnase en ruine. Les pompiers ont eu beaucoup de difficultés à maîtriser l’incendie. Le feu a été très violent et toute la structure était à la merci des flammes. Parmi les pompiers présents, on pouvait trouver des vétérans qui n’avaient jamais vu un incendie d’une telle ampleur. Ils n’ont trouvé aucun déclencheur, ni traces d’un appareil qu’aurait utilisé un pyromane. Un feu d’une telle intensité, laisse obligatoirement des traces. Mais dans ce cas… absolument rien. La cause naturelle n’a pas été écartée non plus. Les experts sont dans un flou artistique total.

De l’édifice, il reste quelques murs encore debout. Le toit a pratiquement explosé sous la chaleur qui atteignait des degrés très élevées. C’est un vrai bazar maintenant, des planches, des bouts de bois, du métal inondent le sol. Personne n’a encore déblayé le terrain, il s’agit maintenant d’une scène de crime. Les autorités continuent à chercher des indices. De plus, le maire a reçu des ordres venant d’une personne très haut placée pour qu’il ne touche à rien sur le lieu du sinistre. Le maire n’a même pas cherché à réfléchir sur le bien fondé d’une telle requête. Il s’est exécuté et a transmis les ordres, ne voulant pas avoir de problèmes avec des personnes du gouvernement, surtout si près des futures élections.

Deux inspecteurs de police sont sur place et prennent des photos des décombres. Le premier est un homme blond, jeune, cheveux courts. Il porte un costume et cela se voit qu’il aime prendre soin de son look. Tandis que son collègue plus âgé, cheveux grisonnants, est toujours habillé comme dans les années 90. Il ne fait pas du tout attention à sa tenue vestimentaire. Ce qui a le don d’amuser son partenaire, qui ne peut s’empêcher de lui faire remarquer son manque de goût.

Le plus âgé des deux mange un sandwich au bacon, appuyé contre le capot de la voiture. Il attend que le temps passe et surtout que son coéquipier abandonne son idée saugrenue de trouver des indices sous les gravelas.

Son jeune partenaire est en plein milieu des décombres. Il fouille à la recherche de quelque chose de suspect mais il ne réussit qu’à salir ses vêtements. Il se relève et pousse un juron avant de se tourner vers son coéquipier :

- Tu ne pourrais pas bouger ton gros cul Barnes, on ne va pas avancer comme ça.

- Je te le dis pour la centième fois. On perd notre temps ici, il n’y a rien. L’équipe de nettoyage a déjà tout ratissée !

- Nous aussi, on est des pros. On va l’avoir comme les autres qu’on a coincé.

- Tu regardes trop de séries policières et puis tout le monde s’en fout. C’était tous des délinquants. Le dossier va vite être classé, personne n’en veut de cette affaire.

- Vous vous trompez répond une voix d’homme, provenant de derrière eux.

Les deux policiers se tournent et voient un groupe de six hommes avancer vers eux. Celui qui s’est adressé à eux se dirige vers Barnes. L’homme a 47 ans, le regard glacial, aux aguets. Les cheveux noirs coupés courts, bien bâti physiquement. Il mesure prés d’1m85 pour 95kgs, des yeux noirs, en forme d’amande. Sa démarche est menaçante alors que son attitude est pourtant calme. Mais il suffit d’un seul regard pour comprendre qu’il ne faut pas le sous-estimer et qu’il peut vous surprendre. Cela se voit tout de suite que c’est le leader du groupe. Il porte un costume noir, très distingué, provenant d’un célèbre couturier. Il montre une plaque du « F.B.I » aux deux agents.

Les deux policiers hochent la tête et déglutinent avec peine. Ils savent qu’il ne faut pas plaisanter avec le FBI s’ils ne veulent pas se retrouver à faire la circulation. Mais Barnes en a vu d’autres et sait qu’il ne doit pas se laisser marcher dessus.

- Qu’est ce que le F.B.I fait dans le coin ? Ce n’est qu’une petite histoire banale.

- Rejoignez votre commissariat. Votre supérieur est au courant de tout répond simplement l’agent mystérieux, avant de passer devant lui, sans s’arrêter.

Ce manque de politesse a le don d’énerver Barnes, mais il se contient, sachant que la colère ne les mènera à rien. Mais son collègue ne l’entend pas de cette façon.

- C’est quoi ces conneries. Y’a quelque chose de louche. Ce n’est pas à cause des gosses que vous êtes là répond le jeune, en se mettant sur son chemin.

L’homme le regarde droit dans les yeux et malgré sa colère, le jeune policier finit par baisser les yeux. Le regard de l’agent est si intense, si noir que le policier en tremble d’effroi. Pourtant il n’est pas du genre à ressentir facilement la peur et aime foncer dans le tas. Mais pourtant, l’homme qu’il a en face de lui a réussi à le mettre mal à l’aise. Le jeune policier recule de quelques pas pour ne pas se trouver sur le chemin de cet individu.

- Ok, on s’en va ! D’ailleurs, je n’en voulais pas de cette affaire dit Barnes.

- A la bonne heure lui répond l’homme d’un ton sarcastique, avant de continuer son chemin vers les décombres, suivi de près par son équipe.

Les deux policiers retournent lentement vers leur voiture, laissant le passage libre aux agents du FBI qui ne leur accordent pas la moindre attention. Les policiers se regardent en silence, pensant à la même chose. Ils ne sont pas dupes. Cette affaire cache quelque chose, on n’envoie pas des agents du FBI pour une affaire de ce type. Mais ce ne sont que de simples fonctionnaires, qui doivent respecter la hiérarchie. On leur a toujours appris à ne pas se mettre sur les plates bandes du FBI, c’est une règle si on veut durer dans ce métier. Et les deux policiers n’ont aucune envie d’en faire les frais.

Le leader du groupe rejoint le reste de son équipe. Ces derniers sont déjà à l’ouvrage et ont sorti toutes sortes d’appareils de détection très sophistiqués. Certains outils ressemblent à des compteurs gégeurs et d’autres servent à faire des études sur la température. Ils disposent d’autres instruments high tech qui coûtent une véritable fortune.

Le leader est le directeur d’une division secrète du nom de C.A.S (Control of Satanic Activity). Le président des Etats Unis ignore l’existence de ce groupe. Seuls quelques politiciens le sont et financent cette division en secret. Ces politiciens qui sont toutes des personnes très influentes font partie du « comité ». Cette division a été crée dans le but de retrouver cinq individus particuliers qui pourraient bien représenter un danger pour l’humanité toute entière. Mais tout le monde ignore leurs identités et le lieu où ils pourraient se cacher.

Après de nombreuses années d’attente, l’un d’eux vient de se manifester à Chicago. Le responsable de ce groupe du nom de Peter Cross à l’impression de renaître. C’est le plus beau jour de sa vie. Il a attendu ce moment tellement longtemps, il commençait à perdre espoir. Mais maintenant, tout est en marche et il ne compte pas en rester là. Il va s’occuper de cette affaire et en finir une bonne fois pour toute. Il n’y aura aucun endroit où ces individus pourront se sentir en sûreté. Cross ne trouvera pas le sommeil, ni la paix intérieure tant qu’il ne leur aura pas mis la main dessus. C’est son devoir, il a juré de les retrouver et de les éliminer. Il ne reste plus qu’à les démasquer. La chasse peut véritablement commencer.

Il fait un tour sur lui même afin de se rendre compte de l’étendue des dégâts. Cross doit reconnaître que le coupable n’a pas lésiné sur les moyens. Il se demande si le responsable a agi de manière préméditée. Il devait savoir qu’en faisant appel à son pouvoir, le C.A.S aurait fini par en être informé et qu’il mettrait tout en œuvre pour sa capture. Cross se dirige vers un agent et le prend à parti. Il s’agit de son bras droit de longue date du nom de Rick Peterson. Un homme loyal, consciencieux et qui va toujours au bout de ses tâches.

- Peterson. Informez Newark qu’on est sur place et qu’on commence le travail. Et je veux des nouvelles toutes les heures de l’équipe à la morgue.

- C’est comme si c’était fait répond l’appelé, sortant déjà son téléphone portable.

Ensuite, Cross se tourne vers les autres agents et attire leur attention en se raclant la gorge :

- Allez les gars, on n’a pas toute la journée. Trouvez tout ce que vous pouvez, on ne vous paye pas pour rien. Je veux des résultats et je les veux maintenant !

Il donne un coup de pied dans les décombres, la patience n’a jamais été son fort. Ce qu’il veut c’est des réponses rapidement afin de se lancer dans la traque des suspects. C’est ça qui lui plait dans ce métier, l’attente est insoutenable.

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