chapitre 11

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Une vingtaine de minutes plus tard, après avoir fait une petite balade dans la ville afin que Shawn se remette de ses émotions. Les deux étudiants se retrouvent dans la résidence de Sarah. Shawn se rend bien compte qu’il s’agit d’un privilège et que peu de personnes en ont profité. Cette dernière laisse son ami faire tranquillement le tour de l’appartement. Le jeune français est impressionné et apprécie particulièrement la façon dont l’appartement est décoré. Même si cela ne l’étonne pas vraiment, il n’y a rien chez Sarah qui lui déplait.

Il ne saurait l’expliquer mais il pourrait facilement s’y sentir chez lui, appréciant beaucoup la disposition des lieux. On sent bien la petite touche féminine à travers les petits bibelots et le design des meubles. Shawn aurait beaucoup aimé y vivre, cela aurait sympathique de faire de la colocation avec ses deux amis. Mais au fond de lui, il se demande s’il pourrait vivre quotidiennement prés de Sarah, sans pouvoir ni la toucher, ni l’embrasser. Ce serait une vraie torture psychologique.

Il n’imagine même pas comment il réagirait si elle sortait avec un autre homme et que ces derniers étaient tout le temps fourré dans la chambre de la jeune fille. Il sait qu’il deviendrait fou d’imaginer un autre homme faire l’amour à la femme de sa vie.

Finalement, il se rend compte qu’il est très bien là où il est. Une petite chambre tranquille sur le campus avec des voisins agréables, que demandez de plus !

Il fourre ses pensées dans un petit coin de sa tête et se concentre sur l’instant présent, voulant en profiter au maximum. Il sait pertinemment que le temps passe toujours trop vite quand on se sent bien. Shawn s’installe sur une chaise dans la cuisine, juste en face de la jeune fille. Cette dernière est debout, en train de préparer consciencieusement une boisson avec son mixeur. Il la regarde d’un air béat, ne s’étant jamais senti aussi bien. Il est trop heureux de pouvoir partager ces petits moments avec elle. Cela compte énormément pour lui. Même s’il s’est ridiculisé au centre médical, cela en valait la peine.

- C’est vraiment chouette chez vous ! J’aime beaucoup, ça change de l’agitation du campus. Ça doit être sympa de vivre ici. On s’y sent vraiment bien !

- Je ne me plains pas ! C’est proche de tout, j’adore la vue panoramique que l’on a de la terrasse. Ça donne envie de se balader dans tous les recoins de la ville. Mais parfois c’est trop calme. Comme pendant le week-end par exemple, l’ambiance de la fac manque quand même un peu.

Shawn hoche la tête et regarde le mixeur d’un œil suspicieux, le mélange à l’intérieur prend une couleur vert kaki. Cela ne semble pas ragoutant et Shawn jette un regard pas du tout rassuré à son amie.

- T’es sûr que ça se boit ? Tu n’essayerais pas de m’empoisonner par hasard pour que je retourne au centre médical ?

- Tu vas voir, c’est vachement bon, tu m’en diras des nouvelles. C’est 100% naturel et n’oublie pas que j’ai ma licence de barmain.

- Ouais. Ben, j’aimerai bien la voir, juste pour être sûr quoi dit Shawn, se moquant gentiment

- Tu es vraiment comme Jamie, vous êtes de vrai rabat joie ! Toujours à vous plaindre.

- Arrêtes ! Je te taquinais. Bien sûr que j’ai confiance en toi ! s’exclame Shawn, en la fixant droit dans les yeux, sans ciller.

Les deux jeunes restent ainsi quelques secondes, à se regarder droit dans les yeux sans bouger. Ce doux moment semble durer une éternité, les yeux de chacun plongés dans ceux de l’autre. Sarah est la première à baisser le regard, ne voulant que cet instant devienne embarrassant. Shawn a l’impression que son cœur s’est arrêté durant cet interlude magique. Il est heureux que Sarah ait réagi en premier, il en aurait bien été incapable. Complètement hypnotisé par ces magnifiques yeux. Il déglutine avec peine afin de retrouver ses esprits.

Shawn verse la mixture dans un verre. Le liquide est assez épais et l’aspect est loin d’être ragoutant. Le jeune homme lève son verre, regarde le liquide, avant de le boire sans hésitation, d’une traite. Il s’apprête à se forcer à sourire pour ne pas vexer Sarah. Mais il se rend compte qu’il n’en a pas besoin car la préparation de son amie est vraiment bonne. Cette dernière voit au visage de Shawn qu’il est conquis et qu’il aime vraiment cela.

- Alors qu’est-ce que je te disais dit-elle, fière d’elle.

- Pas mal du tout ! C’est quoi ton secret ? demande Shawn.

- Si je te le dis, je serai obligé de te garder ici pour toujours.

- C’est un risque que je serai prêt à prendre.

L’étudiant sent que ses hormones commencent à le travailler et s’en veut d’avoir prononcé sa dernière phrase. Il n’a pas envie que la jeune fille interprète mal ses propos ou le prenne pour un dragueur de bas étage. C’est la première fois qu’il se trouve dans un appartement seul à seul avec elle.

Il essaye de penser à autre chose et d’enfouir ses sentiments au plus profond de son être. Il n’a aucune envie que Sarah puisse lire en lui comme dans un livre ouvert. Ce qui ne demanderait pas un grand effort, étant donné qu’il n’arrive pas à cacher ses émotions quand elle est près de lui. Il a une folle envie de l’embrasser, il la désire tellement. Son rythme cardiaque s’est accéléré d’un coup et il se sent tout bizarre. Transi d’amour mais il a peur que cela se voit sur son visage. En tout cas, si Sarah a remarqué un changement, elle ne le montre pas.

Il cherche désespérément un sujet intéressant afin de relancer la conversation. Il se dit que si la situation se poursuit ainsi, il a peur de la façon dont elle se terminera. Soudain, la porte d’entrée s’ouvre et Jamie fait son entrée, roulant sur quelques mètres avec son skate board. Shawn n’a jamais été aussi heureux de le voir.

Sarah se tourne dans sa direction et lui jette un regard empli de reproches, les mains sur les hanches.

- Fais gaffe à ne pas salir le sol. Je te l’ai déjà dit cent fois !

- Oui maman ! Salut Shawn ça gaze ? demande Jamie.

- Tranquille ! Je ne savais pas que tu allais à la fac en skate. C’est la classe dit le jeune noir

- Ouais ! Je ne m’en sépare jamais. Et puis faire des figures, ça épate toujours les jeunes filles.

- Va falloir que je m’y mette alors ! s’exclame Shawn

- Ne l’écoute pas ! Ce ne sont que des pauvres cruches sans cervelle avec des airbags qui ressemblent des ballons de basket dit Sarah.

Shawn se tourne vers Sarah, surpris de la voir parler ainsi.

- Sarah, je suis outré par ton vocabulaire ! Toutes les filles n’ont pas ton quotient intellectuel mais j’ai surtout l’impression que tu es jalouse dit Jamie, amusé, un sourire moqueur aux lèvres.

- N’importe quoi et puis, jalouse de quoi ! J’ai aussi de la poitrine à ce que je sache.

Shawn souhaite se faire tout petit, ne voulant pas rentrer dans cette conversation. Il monte sur le skate et essaye de faire deux ou trois mouvements, tout en gardant une certaine stabilité. Il s’est assez ridiculisé pour aujourd’hui devant Sarah.

- Un jour, il faudra que tu m’apprennes à en faire, j’ai toujours voulu épater la galerie dit Shawn.

- Quand tu veux, ce sera avec plaisir. Je suis un bon prof, tu peux compter sur moi dit Jamie

Sarah secoue négativement la tête, abandonnant l’idée de convaincre son ami de renoncer à cette idée. La jeune étudiante pousse un soupir d’exaspération, tout en levant les yeux au ciel. Elle se demande pourquoi tous les hommes réagissent de manière aussi puérile.

- Bon, je vous laisse entre hommes, je dois me préparer pour aller bosser dit Sarah.

Jamie et Shawn continuent à parler entre eux et la regardent se diriger vers sa chambre.

- Elle adore faire son cinéma dit Jamie.

- Elle est extra.

- Tu ne dirais pas ça, si tu vivais avec elle. Non je déconne. Je ne l’échangerai pour rien au monde.

- Je te comprends.

- Dis-moi, tu fais quoi ce soir ?

- Rien pour le moment dit Shawn en regardant son ami d’un air soupçonneux lorsque celui-ci ébauche un large sourire.

Le jeune noir commence à connaître le caractère de son ami et se demande ce que ce dernier a en tête, car il ne doute pas qu’il peut le surprendre. Jamie est un garçon difficile à cerner car il fait souvent le contraire de ce qu’on penserait qu’il ferait. Et Shawn adore ce côté-là chez lui.

La nuit est tombée depuis plusieurs heures sur la ville. Un quart de lune et quelques étoiles sont visibles dans le ciel sombre, offrant un panorama de toute beauté. Shawn et Jamie se trouvent à l’extérieur et font du roller, longeant le trottoir près d’un grand parc.

Il est près de 22 heures et très peu de personne sont présentes dans les rues. Ce qui leur permet de pouvoir s’amuser sans être gênés, ni devoir slalomer entre des passants. Cela arrange Shawn, n’en ayant pas fait depuis très longtemps. Les deux garçons font la course, ils évitent les poteaux, se talonnent de près. Ils tentent de faire des petits sauts et des figures à la moindre occasion. Les deux étudiants rient et s’amusent comme des enfants.

Au bout d’un moment, ils s’arrêtent près d’un banc dans le but de faire une pause. Ils s’écroulent dessus, le visage dégoulinant de sueur et reprennent leurs souffles en respirant bruyamment. Ils sont avachis sur le banc et commencent déjà à ressentir des courbatures au niveau des jambes. Les deux garçons, Shawn surtout ne sont pas des très grands sportifs et ils ont un peu forcés sur ce coup. Mais ils s’en fichent car pour eux le principal, c’est qu’ils se soient bien amusés. Ils se reposeront plus tard.

- Ça fait bien longtemps que je ne me suis pas autant éclaté dit Shawn.

- Moi aussi, ça me rappelle mon adolescence. Quand j’étais un rebelle insouciant dit Jamie.

- Sarah a vraiment raison, nous ne sommes que des gamins immatures.

Les deux garçons éclatent de rire, imaginant le visage de leur amie en train de leur faire des reproches avec son regard faussement exaspéré.

- Ouais c’est clair. Et bien je suis fier de l’être. Tu fumes ? demande Jamie en sortant un paquet de cigarette.

- Ce n’est pas de refus ! Je ne suis pas un gros fumeur, mais de temps en temps, je ne dis pas non dit Shawn en prenant une cigarette, avant de l’allumer.

- Pareil pour moi, j’ai réussi à arrêter mais bon ça fait du bien d’en griller une.

- C’est clair ! Ça fait du bien par où ça passe dit Shawn en exhalant la fumée.

- Après l’effort, le réconfort, c’est bien connu.

- On remet ça dit Shawn, lorsqu’ils ont fini leurs cigarettes.

- Je t’attendais. Je commençais à croire que les français étaient des petits joueurs dit Jamie, avant de s’élancer.

- Ça c’est dans tes rêves ! s’écrie Shawn, avant de se lancer à sa poursuite, sans perdre une seconde.

De son coté, Sarah s’amuse beaucoup moins. Elle a travaillé au bar depuis la fin d’après-midi jusqu'à 23 heures. Son service a été assez tranquille, le nombre de client étant assez réduit, en raison d’un match de basketball très important pour l’équipe locale les « Chicago bulls ». La plupart des habitants ont voulu se rendre au stade pour ne pas rater ce spectacle.

Elle n’a pas eu à courir dans tous les sens, ce qui lui convenait tout à fait. La jeune femme est restée assise derrière le bar, à discuter avec des habitués. Elle leur donnait des conseils lorsqu’ils abordaient leurs problèmes sentimentaux ou la vision qu’ils ont de la vie politique.

Le bar ne ferme qu’à 1 heure du matin, mais Sarah ne travaille pas toute la nuit. Une de ses collègues du nom de Candice est là pour prendre la relève. Une étudiante en médecine, qui travaille dans le bar depuis des années. Il s’agit d’une jeune anglaise qui après avoir fait un échange international, est tombée amoureuse de cette ville. Elle a décidé d’y rester pour s’y installer.

Sarah est dans la remise, à l’arrière du bar. C’est là que se trouve le vestiaire pour le personnel. Elle finit de ranger ses affaires dans son sac avant de se diriger vers la sortie.

La jeune femme fait quelques signes de main à des habitués avant d’embrasser Candice et de se diriger vers la sortie.

A peine a-t-elle fait un pas à l’extérieur, qu’elle sent un courant d’air glacial lui parcourir l’échine du dos. C’est une sensation assez désagréable qui la fait frissonner. La jeune fille ferme son manteau et le serre fortement contre elle afin d’avoir le plus de chaleur possible. Et surtout pour faire disparaître la sensation désagréable qui l’habite.

Sarah regarde sa montre et pousse un juron à voix haute. Elle vient de se rendre compte qu’elle a raté de quelques minutes le bus qui l’aurait déposé juste en face de chez elle. Elle a donc le choix entre attendre quarante minutes ou rentrer à pied. Cela ne l’enchante pas, mais elle choisi la deuxième possibilité. Elle aurait tant voulu rentrée rapidement chez elle et se blottir sous ses couvertures, bien au chaud. Elle en profiterait pour se poser devant la première émission ridicule qui passerait à la télévision. Elle bave d’avance en imaginant ce scenario. Une bonne petite fin de soirée comme elle les aime.

L’étudiante se demande encore pourquoi elle n’a pas écouté sa mère, lorsque cette dernière lui répétait de passer son permis de conduire. Même si en même temps, avoir une voiture à Chicago n’est pas la meilleure option. Ce n’est pas la ville la plus accessible pour ce mode de transport et Sarah se connait. Elle s’énerverait quotidiennement à cause de la circulation et des embouteillages fréquents. Les transports en commun, c’est mieux pour elle.

Elle décide de passer par le parc, c’est plus paisible et surtout plus direct pour arriver à destination. Sarah a déjà emprunté ce chemin à de nombreuses reprises sans jamais rencontrer le moindre problème. Elle fouille son sac et pousse un autre juron lorsqu’elle se rend compte qu’elle a oublié son iPod chez elle. La jeune étudiante aurait aimé un peu de musique, cela lui aurait permis de passer le temps et de ne pas ruminer bêtement.

Mais ce que Sarah ignore, c’est que depuis qu’elle a quitté son travail, une voiture noire la suit. Elle roule sans bruit, gardant une certaine distance avec la jeune étudiante, ne voulant pas se faire remarquer.

Alors que Sarah se rapproche de l’entrée du parc, la voiture accélère tout d’un coup, avant de faire un dérapage juste devant elle. Elle laisse une longue trace visible sur l’asphalte. La voiture lui obstrue le passage, la jeune femme reste paralysée sous la surprise, ne comprenant pas ce qui lui arrive. Elle ouvre grand les yeux, ne s’attendant pas à être témoin d’une telle démonstration.

Elle n’a pas le temps de réagir que quatre jeunes en sortent, dont les deux voyous qui l’ont agressé l’autre jour. Ces derniers ébauchent un large sourire sadique, semblant se réjouir du visage apeuré de Sarah. Ils n’ont qu’une envie, c’est se venger, lui faire payer leur cuisante humiliation. Et ils sont prêts à tout pour atteindre leur but.

Sarah se ressaisie au prix d’un gros effort. Elle réussit à vaincre sa peur et à ne plus rester pétrifiée, à attendre qu’on s’en prenne à elle. Prenant son courage à deux mains, elle saute par-dessus le capot. Elle profite de l’étonnement de la bande pour mettre le plus de distance possible entre elle et eux. Les jeunes n’arrivent pas à l’arrêter dans son élan, ils pensaient avoir affaire à une brebis apeurée. La jeune barmaid court aussi vite que possible, elle ne pense qu’à une chose, c’est se réfugier dans un coin du parc. Elle pourrait se cacher derrière des buissons et prier pour qu’ils ne la retrouvent pas.

Malheureusement, sa fuite est de courte durée. Sarah reçoit un ballon de basket à l’arrière de son crâne. L’étudiante pousse un hoquet de douleur, le coup est si violent, qu’elle a en le souffle coupé. Elle tente de se retenir à quelque chose, mais en raison du choc, sa vision se brouille et elle n’arrive plus à penser correctement. Elle s’écroule durement et dans sa chute, s’ouvre la lèvre inférieure. La douleur qu’elle ressent lors de sa chute lui fait reprendre un peu ses esprits. Mais elle n’a pas le temps, ni la force de se relever.

Elle ne sait d’ailleurs pas si elle en aurait été capable car les 4 jeunes sont déjà sur elle. Ces derniers la relèvent sans ménagement et l’insultent tout en la giflant violemment. Ils prennent tout leur temps, ricanant et se moquant d’elle tout en continuant à la frapper à tour de rôle. Ils prennent énormément de plaisir à l’humilier de cette manière.

Sarah est trop faible pour réagir, elle ne peut rien faire d’autre que d’encaisser les coups sans pouvoir répliquer. Elle a l’impression d’être un pushing-ball qui tourbillonne autour de plusieurs boxers. Tout ce qu’elle souhaite, c’est perdre rapidement conscience et ainsi ne plus ressentir la douleur. Elle veut que son esprit quitte son corps pour ne plus souffrir.

Des larmes coulent le long de ses yeux, se mêlant à son sang. Son corps la fait souffrir de partout, la douleur est insoutenable. Ses yeux sont tuméfiés et ses jambes ne la soutiennent plus. Mais les jeunes la tiennent fermement, n’en ayant visiblement pas encore terminé avec elle. Sarah aimerait tant être dans un film car c’est toujours à ce moment, qu’un héros arrive pour sauver la belle en détresse et mettre une raclée au méchant. Mais la jeune femme a arrêté de rêver depuis bien longtemps.

Au même moment, Shawn et Jamie continuent leur petit défi. Ils accélèrent la cadence, passant à travers le parc, tout en essayant de barrer la route à l’autre, afin de prendre l’avantage. Ils s’amusent comme des petits fous, agissant dans une ambiance bonne enfant. Ils ignorent tout de l’agression de leur amie.

- Le perdant paye sa bière dit Jamie, entre deux foulées

- Prépares ton billet dit Shawn, avec un large sourire sur les lèvres.

Arrivés à une bifurcation, les deux amis tournent à droite, en faisant un large dérapage. C’est à ce moment qu’ils aperçoivent une voiture au milieu de la route et quatre hommes en train de violenter une pauvre jeune fille.

Les deux amis s’immobilisent avant de se tourner vers l’autre. Ils peuvent voir dans les yeux de l’autre qu’ils pensent la même chose. Ils ne sont peut-être que deux, face à 4 individus qui ne doivent pas en être à leur cours d’essai. Mais ils font abstraction de leur peur, bien décidé à porter secours à la jeune femme. Ils ignorent s’ils vont en sortir victorieux, mais ils se doivent d’essayer. Si les rôles étaient inversés, ils apprécieraient qu’on vienne leur porter secours. Ils foncent vers les voyous, bien décidés à agir.

- Oh ! Mon dieu, c’est Sarah ! s’écrie avec effroi Shawn, lorsqu’il reconnaît la jeune femme.

- Quoi ! s’exclame Jamie d’une voix étranglée, n’en revenant pas.

Shawn sent ses forces redoubler d’énergie, une colère noire et froide s’empare de lui. Il se sent plus déterminé que jamais. Il accélère le rythme, dépasse Jamie et file, rapide comme l’air, vers les agresseurs. Il prend une impulsion sur ses genoux, avant de sauter dans les airs tout en levant bien haut son pied droit. Son roller atteint violemment un des hommes qui n’a rien vu venir, au niveau de la mâchoire.

Shawn ne lésine pas sur la force qu’il déploie et lors du contact un bruit d’os cassé se fait entendre. Il éprouve un plaisir malsain en entendant l’agresseur hurler de douleur. Il n’est pourtant pas porté sur la violence mais là tout de suite, il souhaiterait les voir six pieds sous terre. Son sang bouille dans ses veines et sa colère monte. L’homme crache du sang et hurle de douleur, avant de s’écrouler à genoux et de chercher désespérément son souffle.

Jamie pousse un cri de rage tout en percutant un voyou de plein fouet. Il lui rentre dedans, comme le ferait un joueur de football américain, le coude bien tendu afin de lui faire le plus mal possible. L’agresseur n’a pas le temps de se protéger, il vole en arrière sur plusieurs mètres. Avant de s’écrouler au sol, en hoquetant de douleur, le dos en miette et le souffle coupé.

Ce groupe n’est pas des plus courageux. Les deux derniers encore valides, se dépêchent d’aider leurs camarades à se relever et s’empressent de remonter dans la voiture. Ils jettent des grosses pierres ramassées sur le sol, en direction des deux protecteurs à rollers. Ces derniers sont obligés de ralentir et de faire des écarts sur les côtés afin de ne pas se blesser. Jamie les poursuit, il a très envie de les cogner jusqu'à ce qu’il se sente mieux. Cela pourrait prendre beaucoup de temps, tellement il se sent remonté.

Il essaie d’en attraper au moins un mais ils sont déjà à bord de la voiture. Le conducteur démarre en trombe et le véhicule prend rapidement de l’avance. L’étudiant tente le tout pour le tout en s’accrochant à l’arrière du véhicule. Mais sa main n’a pas le temps de l’atteindre et la voiture le distance rapidement.

Jamie s’arrête en faisant un petit dérapage, pousse un juron et crache sur le sol dégoûté. Il fulmine de rage. Les agresseurs n’auraient pas dû pouvoir s’enfuir pas avant d’avoir payé pour ce qu’ils ont fait à Sarah. Il n’y a donc aucune justice en ce bas monde.

Il fait rapidement demi-tour et rejoint Shawn qui est au chevet de Sarah. Il est à genou et a mis sa veste sous la tête de la jeune fille pour la protéger. Sarah ne se rend pas compte de la présence de ses amis, elle a perdu connaissance depuis un moment. Mais son corps continue à tressauter en raison de toute la tension accumulée. Shawn palpe délicatement les membres de son corps afin de s’assurer qu’elle n’a rien de casser.

Il déglutie avec peine et rencontre des difficultés pour regarder le visage de son amie. Elle a la lèvre inférieure ouverte et du sang coule de sa blessure. Son visage est ankylosé avec des bleues un peu partout et plusieurs coupures qu’il espère superficielles. Shawn sent une immense tristesse l’envahir et une grande peur, comme il n’en a jamais connu. Il espère de tout son cœur que ses jours ne sont pas en danger. Il connaît malheureusement des personnes qui suite à une agression sont tombées dans le coma.

Shawn ne veut pas que cela arrive à son amie, il ne l’acceptera pas. Il serait prêt à tout donner, y compris sa vie pour qu’elle puisse s’en sortir. Il se tourne vers Jamie, il a déjà sorti son téléphone portable et appelle une ambulance. Ce dernier a les jambes et les bras qui tremblent et semble complètement paniqué. Shawn tente de ne pas montrer sa propre détresse, mais au fond de lui, il est aussi stressé. Sans qu’il s’en rende compte des larmes commencent à dégouliner le long de ses joues.

Si le hasard ne leur avait pas fait prendre ce chemin, Sarah aurait pu encore plus mal finir. Rien qu’à cette pensée, Shawn sent une colère brûlante parcourir tout son corps. S’il n’était pas concentré sur Sarah, il aurait remarqué que les paumes de ses mains ont pris une couleur rouge écarlate.

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