chapitre 10

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Le lendemain, n’ayant qu’un seul cours de toute la matinée, le jeune étudiant en profite pour se rendre de bonne heure, au cabinet de Myrick. Pendant que Shawn l’attend devant l’immeuble, il réfléchit à ce qu’il va bien pouvoir lui dire, n’ayant pas véritablement réfléchi à sa plaidoirie. Il sait très bien qu’il ne peut pas tout lui révéler, même s’il a l’impression qu’il peut lui faire confiance. Il ne peut pas se le permettre, cela signerait la fin de sa nouvelle existence.

Il y tient trop pour y renoncer, personne ne lui enlèvera tous les futurs bons moments qu’il a encore a passé avec ses nouveaux amis. Plutôt mourir que de devoir vivre une telle déception. Shawn ne préfère pas courir le risque de se retrouver avec une camisole de force comme unique compagnon. Il a suffisamment donné de ce côté.

Il sait que c’est triste à dire, mais il n’a véritablement confiance en personne. Il préfère être méfiant, plutôt que de se faire manipuler par des personnes sans scrupule. Il en existe de plus en plus, c’est la société actuelle qui veut cela, mais en tout cas Shawn ne veut pas les côtoyer. Il est assez doué pour les reconnaître, faisant confiance à son intuition. Sarah, Jamie, Scarlet et Griffin ne sont pas ainsi. Shawn sait qu’il pourrait leur en dire plus sur lui et sur sa vie passée mais pourtant il ne le fera pas.

Il sait que tout révéler serait synonyme de délivrance intérieur, mais il doit se protéger. Ils ne pourraient pas comprendre. Il ne leur en voudrait pas le moins du monde car si les rôles avaient été inversés, il penserait avoir affaire à un malade mental. Il ne peut pas se permettre de tout leur dévoiler. Pour le moment, c’est ainsi mais qui sait, peut-être qu’un jour, les choses seront différentes. Pour l’instant, il doit tout garder au fond de lui.

Shawn ferme les yeux quelques secondes et revit son internement à travers des flashs très violents. Il était jeune à l’époque mais pourtant il s’en rappelle comme si c’était hier. Il s’agit d’une partie de sa vie qu’il aimerait oublier, mais qui restera à jamais graver dans sa mémoire. Dans chaque fibre de son corps.

On l’obligeait à prendre des cachets et on le plaçait en isolement. Il a cru devenir fou. Shawn était tout le temps attaché à une camisole de force suite à ses accès répétés de violence intense. Il hurlait de toutes ses forces, totalement effrayé. Les larmes aux yeux avec à ses côtés des gardiens impassibles qui l’encerclaient. De quoi devenir fou, s’il ne l’était pas déjà !

Un spectacle horrible qu’il aurait aimé pouvoir supprimer de sa mémoire. Mais, malheureusement de tels traumatismes ne disparaissent pas aussi facilement. On lui a souvent dit que le temps guérit tout. Eh bien il avoue que dans son cas, ce dernier prend tout son temps pour agir, jouant avec ses émotions.

Il ouvre les yeux et essaie d’oublier ses souvenirs traumatisants. Il se demande pourquoi la mémoire humaine retient principalement les incidents qu’on souhaite à tout prix oublier. Il n’a pas le temps d’y réfléchir plus longuement car il aperçoit le docteur qui se dirige vers lui. Ce dernier semble étonner de le voir et regarde sa montre.

- Je ne savais pas que tu m’aimais autant. Notre prochain rendez-vous n’était pas fixé pour dans trois jours ? demande Myrick, lorsqu’il arrive à sa hauteur.

- Désolé, j’espère que je ne vous dérange pas.

- Non. Mon premier patient n’arrive que dans une demi-heure. Entres ! tu dois avoir froid ici.

- Merci dit Shawn, en grelotant, content à l’idée de profiter du chauffage après avoir passé trois quart d’heure à attendre dans le froid.

Quelques minutes plus tard, Shawn est assis en face de son docteur avec une tasse de thé bien chaude entre les mains. Le docteur sort un bloc note et se tourne vers l’étudiant après s’être servi une tasse de café. Il hume l’odeur qui se dégage de sa tasse avant de dire :

- Bien, dis-moi ce qui t’amènes ? Est-ce que tes malaises ont persisté ?

- Non. C’est juste que je souffre de migraines et de nausées. Je crois que vous aviez raison, ça doit être dû au changement de pays.

- Tu aurais mieux fait d’aller dans une pharmacie. D’habitude ces symptômes ont lieu lorsqu’on se rend dans un pays chaud comme l’Afrique ou à l’inverse froid comme l’Islande. Pourtant le climat américain n’est pas si différent que celui que tu as connu en Europe.

- Je sais, je trouve cela étrange aussi. Je suis peut-être sensible à quelque chose ou j’ai attrapé un germe. Je ne sais pas. C’est pourquoi j’aimerai faire des examens approfondis. Je me suis dis que peut être vous pourriez m’aider.

- Tu es sûr de toi ? Tu penses vraiment que c’est nécessaire ? C’est un peu rapide, non ?

- Je souhaite juste être fixé, ça me trotte trop dans la tête.

- Très bien. Si ça compte autant pour toi, je m’occupe de ça. Mais bon je suis sûr que ce n’est rien du tout. Tu n’as pas à t’inquiéter, outre mesure.

Shawn se sent tout de suite mieux, il ressent un poids en moins dans sa poitrine. Il sait qu’un secret est dur à porter, mais il préfère ne compter que sur lui-même. Il a toujours fonctionné ainsi, au moins ainsi les mauvaises surprises ne sont pas légion.

- Alors sinon, puisque es-tu là, nous avons bien cinq minutes pour discuter. Qu’as-tu ressenti lorsque tu es arrivé dans ce pays ?

- Vous allez dire que je regarde trop de films, mais c’est un peu comme un rêve qui devient réalité. Je me sens enfin libre et j’ai l’impression que je vais peut-être finir par découvrir qui je suis vraiment.

- Je te le souhaite de tout cœur. La recherche de soi peut prendre très longtemps. Parfois des personnes n’apprennent qui ils sont que lorsqu’ils sont vieux et d’autres ne l’apprennent jamais.

- Et vous, vous savez qui vous êtes ?

Myrick sourit, amusé par l’aplomb de son patient, avant de boire une gorgée de son café.

- Je l’espère vraiment, sinon ma carrière médicale ne vaudrait plus rien.

- C’est vrai, ce serait embêtant. Comme on dit qui vivra verra.

Le psychiatre hoche la tête, approuvant les paroles du jeune homme. Il allait ajouter une remarque, lorsque l’interphone accroché au mur se met à résonner. Shawn comprend qu’il s’agit du premier rendez-vous du docteur et se lève pour prendre congé. Il se rend compte que le temps passe vraiment vite quand on se sent à l’aise.

Myrick prend un petit bloc-notes où il inscrit les ordonnances pour ses clients. Il griffonne rapidement dessus avant de remettre le papier au jeune étudiant.

- Voilà, maintenant tu peux aller faire tes tests et ne t’en fais pas je suis sûr que tu ne te tracasses pour rien.

- Je l’espère aussi. En tout cas merci de m’avoir reçu, je me sens déjà mieux.

- C’est que je dois être doué dans mon travail ! Prends soin de toi et à bientôt.

Le docteur se lève de sa chaise, fait le tour de son bureau avant de serrer chaleureusement la main du jeune homme. C’est la première fois que Shawn se sent à l’aise avec un praticien, il n’aurait jamais pensé cela possible en raison de son passé. Il a toujours cru que se confier à un psychiatre le renverrait dans un asile où une camisole de force l’attendrait. Il se rend compte qu’il ne faut jamais avoir d’idées préconçues, que la vie peut avoir de bonnes surprises à nous offrir parfois.

En tout cas, Shawn espère que cette bonne entente durera et qu’avec l’aide de Myrick, il apprendra qui il est vraiment et qu’il se sortira une bonne fois pour toute des moments de dépression qui l’habite encore aujourd’hui. Qu’il arrivera à se sentir normal, même si ce n’est pas gagné, vu ce qui lui arrive en ce moment.

De retour à l’université, Shawn arrive au moment où le cours est en train de se terminer. Il est content de savoir qu’à la faculté, les absences ne sont pas comptabilisées sauf lors des examens. Cela le change beaucoup de son lycée très stricte où tout était enregistré et apposé dans son dossier scolaire. Mais le jeune français ne compte pas faire constamment l’école buissonnière. Il sait qu’il doit se dicter une ligne de conduite s’il veut s’en sortir. A lui de prouver qu’il est assez mature pour se prendre en main.

Il sait d’avance que ce ne sera pas la dernière fois qu’il sera amené à manquer un cours. L’étudiant est bien décidé à ce que ses absences ne deviennent pas une habitude. Il est motivé à obtenir son diplôme et surtout il ne veut pas passer pour un nul aux yeux de Sarah. Il attend devant la porte de l’amphithéâtre et voit la jeune fille en sortir.

- Alors dur réveil ? demande Sarah, après l’avoir rejoint, en souriant.

- On peut dire ça. J’ai raté quelque chose ? demande t’il.

- A part l’histoire de la vie du prof de lettre et son troisième mariage qui bat de l’aile. On peut dire que tu n’as rien manqué et que t’es même plutôt chanceux, en fait. Tu n’auras pas mal au crâne toute la journée. C’était horrible !

- Ok, je vois le genre, on dirait que Dieu est de mon côté aujourd’hui.

- Tu es croyant ? demande Sarah, n’ayant jamais abordé le sujet de la religion avec son camarade.

- Non. Je suis agnostique mais j’ai l’habitude de dire ça et toi ?

- Moi, je crois seulement en ce que je vois. Il doit bien y avoir quelque chose au-dessus de nos têtes, mais pour moi, cela s’arrête là. Les gens deviennent fous avec leurs croyances, se croyant supérieurs, prêts à tuer. Je suis donc agnostique comme toi. D’ailleurs, ça a fait tout un scandale chez moi, mon père est pasteur.

- Ah oui, je comprends le problème dit Shawn, en compatissant.

Les deux amis marchent vers l’extérieur du bâtiment, décidés à prendre un peu d’air.

- Dis-moi, si j’ai bien compris cette après-midi, on finit tôt. Tu as quelque chose de prévu ? demande Shawn.

- Non rien de spécial. Pour le moment on n’est pas trop surchargé de boulot. Pourquoi ?

- Je dois faire des examens dans un laboratoire médical, mais je n’en connais aucun.

- Pas de soucis, je t’emmènerai là où j’ai l’habitude d’aller. Ils sont très bons et assez sympas pour des docteurs.

- Ne t’embêtes pas avec ça. Dis-moi juste comment m’y rendre s’empresse d’ajouter Shawn.

- Arrêtes de dire des âneries, franchement ça me fait plaisir dit Sarah, en lui tapant amicalement sur l’épaule.

Shawn allait dire quelque chose, mais il n’ajoute rien car il voit bien Sarah n’est pas prête à changer d’avis. En même temps, il se sent encore coupable de l’avoir abandonné durant leur dernière soirée.

Sarah peut être têtue et Shawn est amusé par ce trait de caractère. Son amie est vraiment déterminée, quand elle a une idée en tête, il est impossible de l’amadouer. En même temps, le jeune homme se dit que cela lui permettrait de se retrouver seul avec elle. C’est une occasion en or pour en savoir plus et se rapprocher d’avantage d’elle. Alors pourquoi refuser ! Il n’est pas fou à ce point.

En milieu d’après-midi, les deux jeunes amis ont quitté la faculté pour se rendre dans un centre médical du nom de St Levis. Après réflexion, Shawn est content que la jeune fille l’ait accompagné. Il discute et plaisante tout le long du trajet, ce qui lui permet de ne pas stresser et ne de pas trop penser aux examens qu’il va subir. Il se demande ce qui a bien pu lui passer par la tête pour demander de son plein gré à aller voir un médecin. Shawn n’a pourtant pas des penchants sadomasos, il n’a pas spécialement envie de s’auto torturer. Mais il sait qu’il est trop tard pour faire machine arrière, surtout après en avoir parlé avec Sarah.

Le centre médical est situé dans le quartier ouest de la ville. Tout près d’une crèche et d’un centre des impôts. Le centre comprend trois étages : au rez-de-chaussée l’accueil avec le dentiste, au premier étage les médecins généralistes. Au dernier étage se trouve le laboratoire pour faire des radios, des scanners et des prises de sang.

C’est là que se trouve Shawn, il est assis dans la salle d’attente avec à ses côtés Sarah. Celle-ci bouquine une revue féminine, en sifflotant.

Le moment magique a disparu, ce qu’il pensait être une bénédiction est en train de virer au cauchemar. L’étudiant ne se sent pas bien du tout, comme s’il avait un mauvais pressentiment. Dans sa tête, il a l’image d’un feu rouge qui n’arrête pas de clignoter pour le mettre en garde.

Il réussit, au prix d’un terrible effort à ébaucher un semblant de sourire lorsque Sarah se tourne vers lui. Mais il se sent incapable d’échanger la moindre parole avec elle. Tout son corps tremble et il a l’impression d’être glacé au fond de son être. Le jeune étudiant ne trouve rien à dire, toutes ses pensées sont tournées vers des souvenirs traumatisants. La période où il était interné, avec les nombreux traitements auxquels il était soumis. La pire période de sa vie.

Rien que d’y penser, Shawn en à la chair de poule. Il regarde tout autour de lui, à la recherche d’une sortie de secours. Il se sent mal à l’aise et se demande s’il ne serait pas en train de devenir paranoïaque. Il a l’impression que tous les autres occupants de la salle d’attente l’observent. L’étudiant ferme les yeux et prie silencieusement afin que les voix qui l’ont persécuté ne reviennent pas à la charge.

Ce ne serait vraiment pas le moment, surtout pas avec Sarah à ses côtés. Il pense de plus en plus que c’était une mauvaise idée de venir au centre médical, surtout accompagné de sa jeune amie. Shawn se demande ce qui a bien pu lui passer par la tête pour lui demander son aide. Il essaye de ne penser qu’à elle, afin que la jeune fille remplace toutes ses autres pensées négatives.

Il pousse un long soupir silencieux et baisse son visage afin que personne ne le voie. Il est tendu et a de plus en plus de difficultés à empêcher les tremblements de ses mains. Il les glisse entre ses deux jambes afin d’être discret, mais il a du mal à se contrôler. Malgré tous les efforts qu’il fait, c’est plus fort que lui. Tous les poils de son corps sont tendus.

Sarah finit par se rendre compte que son ami est tracassé. Elle pose sa main droite sur celle de Shawn et comme par magie, tout de suite les tremblements cessent. La peau douce et délicate de son amie a eu un effet apaisant. C’est comme si elle lui avait transmis des ondes positives à travers ce simple contact. Il aimerait se mettre en mode pause et que ce moment dure éternellement. Sarah est la seule à réussir à balayer les sombres pensées qui l’habitent, aucune personne n’avait réussi un tel exploit avant.

Shawn sent au fond de lui qu’il ne doit pas rester là, sinon les docteurs découvriront quelque chose d’anormal. C’est comme un sixième sens qui lui donne le pressentiment que s’il reste, quelque chose de grave va se produire. Le jeune français n’a aucunement l’intention d’attendre de voir si son pressentiment est justifié ou pas. Il veut juste mettre le plus de distance possible entre lui et ce centre, Il souhaite paraître normal aux yeux de tous, même si la vérité est autre. Le stress qu’il ressent lui fait mal au ventre et c’est comme s’il ne pouvait plus respirer. Il sait pourtant très bien que c’est juste psychologique, mais ce n’est pas pour autant que c’est plus facile.

Ne pouvant plus supporter ça, il quitte précipitamment la salle d’attente, sans demander son reste. Il marche en direction de la sortie d’un pas rapide et décidé.

Sarah n’a pas le temps de comprendre quoi que ce soit. Elle voit son ami qui se lève tout d’un coup, sans prévenir et qui se dirige vers la sortie d’un pas vif. Elle fait la moue avant de se lever à son tour, bien décider à le rattraper, Elle le retrouve à l’extérieur, dans une petite ruelle, appuyé contre un poteau, le visage baissé, en train de reprendre son souffle. Elle remarque avec inquiétude que le teint de son visage est devenu pâle et qu’il tremble de tout son corps.

- Tout va bien ? demande t’elle en le rejoignant, mais n’osant pas le toucher.

- Donnes-moi juste deux minutes et ça va aller. Désolé d’être parti comme un voleur, mais je me sentais vraiment mal.

- Si tu avais rendez-vous chez le dentiste, j’aurai compris. Mais là c’est juste pour une radio.

Shawn se redresse et prend une bonne bouffée d’oxygène avant de regarder son amie, droit dans les yeux. Il fait la moue car il ne sait pas comment expliquer son attitude, puis finalement se lance. Le jeune français sait que son amie attend une explication car elle se fait du souci pour lui. Il ne veut pas être la cause de son inquiétude. Shawn veut la faire sourire et rien d’autre. Il veut qu’elle pétille de joie en sa compagnie.

- Tu vas vraiment trouver ça débile, mais j’ai une peur bleue des médecins.

- C’est pour ça que tu ne voulais pas que je vienne ? demande Sarah, commençant à comprendre.

- J’avoue, je ne voulais pas que tu voies l’état pitoyable dans lequel je suis. Mais après, je me suis dit qu’avec toi à mes côtés, j’arriverai à me contrôler. Mais j’ai foiré encore une fois dit Shawn, en soupirant.

- Tu veux qu’on y retourne pour un nouvel essai ?

- Un autre jour si ça ne te dérange pas trop. Là, je crois que je dois déclarer forfait ! S’exclame Shawn, tout penaud.

Sarah acquiesce, compréhensive avant de regarder sa montre. Même si au fond de lui, il s’en veut de mentir autant à Sarah. Shawn se dit que cette fois, le mensonge se rapproche beaucoup de la vérité.

- Désolé de t’avoir fait perdre ton temps

- Ne dis pas de conneries ! Je sais ce qu’il te faut pour te remettre d’aplomb lui répond Sarah, avec un petit sourire malicieux sur les lèvres.

- Ah ouais ! s’exclame Shawn, intrigué et très désireux d’en savoir d’avantage.

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