Chapitre 16. Claire / La tempête

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Souffle tempête

Déracine, fouette

Pose sur mes joues

Tes larmes blanches

(deux heures plus tard)

Abritée dans la maison, je recueille tous les vêtements mouillés et les mets à sécher.

En cours de route, j'ai dit aux musiciens de venir se réfugier le temps que se calme la tempête.

Nous sommes entassés tant bien que mal dans le salon.

Dehors, les arbres se courbent et des éclairs déchirent le ciel en zébrures d'argent.

Je distribue à droite et à gauche des couvertures et je demande à la ronde qui veut une boisson chaude.

Plusieurs mains se lèvent.

Je vais dans la cuisine préparer tasses et bols. Si je m'attendais à ça !

Sébastien jette son dévolu sur une des filles, Katia la brune, je crois...

Ah ce Sébastien, une vraie puce !

Je m'adosse un moment contre le plan de travail et pense à l'après-tempête, à tout le nettoyage qu’il faudra faire.

Je soupire déjà d'avance.

La bouilloire siffle, je vais pour tout mettre sur le plateau lorsqu'une voix m'interrompt.

— Vous avez besoin d'aide ?

C'est Gustave qui s'avance.

— Oui je veux bien, si vous voulez prendre le deuxième plateau.

Nous avançons tous deux jusqu'à la pièce principale où un joyeux tohu-bohu nous accueille.

C'est vrai qu'ils se connaissent tous. Je me sens étrangère à toute leur complicité évidente et je fais des allers-retours pour apporter biscuits et viennoiseries.

Je m'assois au bord d'un fauteuil étonnamment libre et écoute les conversations.

— Jamais vu un concert comme celui-ci !

— Tu as vu la tête des gens ? Certains ont sursauté et ont fait tomber leur sonotone !

— Ce sont les jeunes qui étaient les plus contents.

— C'est sûr ! Et les élus, je crois qu'ils ne s'en remettent toujours pas. Je me demande si on sera invité l'année prochaine ?

— Dommage pour la tempête, on avait prévu un final du tonnerre !!

C'est Vincent qui s'esclaffe en se tapant la main sur la cuisse en sortant sa vanne.

Elle était facile, je souris.

Je remarque que Sébastien progresse avec Katia. Je lui lance un clin d'oeil, il me répond par un sourire. Tout le monde a l'air de bien s'amuser, je me lève et vais regarder par la fenêtre l'évolution de la tempête.

Heureusement que les instruments ont pu être mis à l'abri dans la salle communale.

Je regarde le ciel qui vire du noir au gris clair. Cela semble s'apaiser.

— Vous savez si le réseau fonctionne ?

Gustave me pose la question les sourcils froncés, son portable à la main.

Je prends le mien et par automatisme j'appuie sur une touche de raccourci, puis j'écoute la sonnerie.

Personne ne répond au bout du fil.

— J'ai l'impression que c'est en panne. Il faut attendre qu'ils remettent la centrale en route.

— Zut, je n'ai pas de nouvelles de mon père.

— Il se trouvait où ?

— Avec les élus je suppose, me répond Gustave en haussant ses épaules.

— Ils ont dû se réfugier au bar. À moins d'aller voir sur place, on ne pourra pas les joindre au téléphone.

Nous fixons les arbres et le temps s'améliorant, Gustave décide d'aller voir si tout va bien.

J'hésite à l'accompagner mais me tournant vers le groupe, et ne me sentant pas de rester, je lui emboîte le pas.

— Attendez-moi, je vous accompagne.

Nous courons tous les deux pour échapper à la pluie fine. Essoufflés, nous arrivons devant la porte et nous poussons le battant.

Un brouhaha nous saute à la figure, j'aperçois le maire et Juliette Rambo, Rémi Bénichou et quelques militaires.

Gustave est en train de discuter avec un homme que je suppose être son père.

Je cherche des yeux Gaëlle, on me dit qu'elle est rentrée chez elle. Rassurée, je fais le tour des habitants du village, on me tend un verre que j'accepte avec plaisir.

Un groupe planifie d'aller voir les installations le lendemain pour répertorier les dégâts, un autre se propose de nettoyer la place du village.

J'irai certainement les aider demain.

Il se fait tard maintenant, je songe à regagner ma maison et me demande si tout le monde est encore là.

Je fais signe à Gustave que je m'en vais. Sur le chemin du retour, je profite du calme après la tempête.

J'aime sentir cette nature sauvage et l'odeur de la terre qui remonte à mes narines.

Je remplis mes poumons de petrichor, cela me calme et m'apaise. Je traîne un peu, n'ayant aucune envie de retourner dans le bruit.

Puisqu'il le faut, me dis-je, allez, courage.

J'entre dans la maison, ils sont encore tous là, chantant et buvant.

Eh bien, cela promet !

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